Le squire Bickerstaff démasqué
ou
l'Imposteur astrologue convaincu

par John Partridge
étudiant en médecine et en astrologie

Il est dur, mes chers concitoyens de ces royaumes unis, il est bien dur, pour un homme né dans la Grande-Bretagne, pour un astrologue protestant, pour un partisan de la révolution, pour un défenseur de la liberté et des droits du peuple, de demander en vain justice contre un Français, un papiste, et un prétendu savant, qui veut flétrir ma réputation, m'enterrer inhumainement tout en vie, et priver ma patrie de mes services que j'offre journellement au public dans ma double capacité.

Que le lecteur impartial juge quelles grandes provocations j'ai reçues, et avec quelle répugnance, même pour me défendre, j'entre à présent en lice contre la fausseté, l'ignorance et l'envie ; mais je suis exaspéré, à la fin, et décidé à tirer ce Cacus de l'antre de ténèbres où il se cache, à le démasquer à la clarté de ces astres qu'il a si impudemment calomniés, et à montrer qu'il n'est pas de monstre dans le ciel aussi pernicieux et malveillant pour le genre humain qu'un ignorant qui se donne pour médecin et pour astrologue. Je ne tomberai pas tout de suite sur les nombreuses et grossières erreurs, et je ne mettrai pas en lumière les absurdités notoires de ce libelle mercenaire ; je veux auparavant mettre le monde savant loyalement au fait de la controverse pendante, et ensuite laisser aux gens sans préjugés à apprécier les mérites et la justice de ma cause.

C'est vers la fin de l'année 1707 qu'un impudent libelle se glissa dans le monde, intitulé Prédictions, etc. par Isaac Bickerstaff, esq. Parmi toutes les arrogantes assertions de cet esprit menteur de divination, il lui a plu de nous prendre pour plastrons le cardinal de Noailles et moi, entre autres personnes éminentes et illustres, et d'annoncer que nous allions mourir dans le courant de l'année prochaine, et il fixe formellement le mois, le jour et l'heure de notre mort : cela, je pense, c'est se jouer des grands et de l'esprit public, au scandale de la religion et au blâme du pouvoir ; et si les princes souverains et les astrologues doivent servir d'amusement au vulgaire, – alors adieu, dis-je, à tous gouvernements, ecclésiastiques et civils. Mais, mon étoile en soit louée, je suis encore en vie pour attaquer de front ce faux et audacieux prophète, et lui faire regretter l'heure où il a outragé un homme de science et de ressentiment. Le cardinal prendra envers lui les mesures qu'il voudra ; comme Son Excellence est étranger et papiste, il n'a aucun motif de compter sur moi pour sa justification ; je me contenterai d'assurer au monde qu'il est vivant ; – mais comme il est lettré et sait manier la plume, qu'il s'en serve pour sa propre naissance. En attendant, je présenterai au public un récit fidèle des indignes procédés et des mauvais traitements dont je suis redevable aux papiers virulents et aux malfaisantes pratiques de ce prétendu astrologue.

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