Elle était contrainte au silence, Jesse le savait et il en profita. Il lui semblait que ses mains, sa bouche étaient partout sur elle à la fois. Oh ! Mais elle saurait se venger !
En bas, les adolescents discutaient et riaient, visiblement peu pressés de quitter les lieux.
Elle crut défaillir lorsque Jesse glissa une main sous la dentelle de son slip. De l’autre, il remonta carrément son pull et dénuda ses seins. Puis il les effleura de ses lèvres, de la pointe de sa langue, l’excitant à lui faire perdre la tête. Le sang battait à ses tempes. Elle se sentait perdre pied.
Elle agrippa ses cheveux, voulant le forcer à s’arrêter, mais il continua et lorsqu’il s’écarta enfin, ce fut pour reprendre sa bouche en un baiser profond, intense, qui lui coupa le souffle. Elle se laissa faire lorsqu’il la renversa doucement sur la couverture, tendit la main et la referma sur la braguette de son jean.
Elle sentit son sexe se dresser sous sa paume, palpiter sous ses doigts. Il avait envie d’elle… Elle songea alors à ce que cette jeune femme avait dit à son sujet. Qu’il ne se laissait pas facilement attraper… Pourtant, il était là, avec elle, et il la désirait si fort qu’il ne pouvait attendre qu’ils soient dans sa chambre. Et ils avaient fait l’amour déjà deux fois aujourd’hui ! Elle n’en revenait pas.
Elle voulut faire glisser la fermeture de son jean, mais elle était trop fébrile et n’y parvint pas. Il le fit à sa place, d’un geste preste, et elle entendit sa respiration siffler lorsqu’elle referma ses doigts impatients sur son sexe dur.
— Laisse-moi te caresser, murmura-t-il en la repoussant doucement en arrière.
La caresser ? Elle le fixa, déconcertée. Il n’avait pas cessé depuis qu’ils étaient montés. Il prit sa main, l’écarta de son sexe et la posa sur la couverture. Elle comprit alors qu’elle allait devoir le laisser faire, demeurer silencieuse, immobile, sans pouvoir le caresser à son tour. C’était incroyablement érotique, incroyablement troublant, et son corps tout entier réclamait déjà qu’il commence…
Elle entendit, comme dans un brouillard, le murmure des voix des adolescents au-dessous d’eux. Elle allait devoir faire attention, ne pas se laisser emporter. Mais comment allait-elle y parvenir, alors que Jesse la provoquait déjà, l’excitait, laissant ses lèvres glisser le long de son épaule, la pointe de sa langue effleurer sa peau d’une caresse humide et chaude qui faisait courir de délicieux frissons dans tout son corps ? Il avait enfoui une main dans ses cheveux. De l’autre, il écarta son jean.
Shea serra les poings. Son cœur s’emballa soudain lorsqu’il quitta son cou, descendit vers ses seins, les caressa, les pressa avec volupté du bout de la langue. Elle sentit sa joue toute douce, fraîchement rasée, effleurer son ventre, tandis qu’il poursuivait sa délicieuse exploration.
Avait-il décidé de lui faire perdre la tête ? Sans doute car il fit glisser son jean sur ses hanches, puis son petit slip et lui écarta les jambes. Un instant plus tard, elle sentit sa langue chaude s’insinuer dans sa chair. Elle pressa sa main sur sa bouche, serra très fort les paupières. Mais ce n’était rien encore. Elle crut défaillir lorsqu’il se mit à caresser son clitoris, à le titiller de la pointe de sa langue, par petites pressions insistantes, enivrantes.
Mon Dieu, il allait la rendre folle ! Il la suçait maintenant, sa langue plongée en elle, sa bouche refermée sur sa chair. Elle emprisonna sa tête entre ses mains, voulant qu’il s’arrête, mais il ne la lâcha pas. Il lui était impossible de protester et elle se sentait déjà chavirer, le corps parcouru de tremblements.
— Donne-m’en une, dit soudain un gamin.
— Ça ne va pas, non ? lui répondit une fille. Tu sais bien qu’on ne peut pas fumer ici !
— Je ferai attention.
— Tu allumes cette cigarette et je m’en vais, je te préviens ! Je ne plaisante pas !
Il y eut le craquement soudain d’une allumette.
— Tu l’auras voulu…
Jesse se redressa, en alerte.
— Bon, ça va. Je l’éteins…
— De toute façon, il fait trop froid ici.
La voix s’éloigna. L’adolescente avait déjà gagné la porte.
Jesse remonta le jean de Shea sur ses hanches et remit son pull en place.
— Je doute qu’ils en restent là, dit-il, caressant sa joue.
Il se leva tandis qu’elle achevait de se rhabiller. Effectivement, il y eut de nouveau le craquement d’une allumette. Jesse s’approcha du bord.
— Je ne vous conseille pas de fumer ici ! dit-il d’une voix sévère.
Il y eut quelques mouvements précipités en bas.
— On s’en va, répondit l’un des garçons.
— Ça me paraît être une bonne idée, en effet.
Jesse attendit qu’ils aient disparu, puis la rejoignit sur la couverture.
— Ce sont des gamins des ranchs alentour. Ils savent pourtant qu’on ne fume pas près du foin.
— Je leur en veux d’avoir gâché ce moment.
— Rien n’est gâché. Je me sens tout à fait d’humeur à recommencer…
Il lui tendit la main, l’aida à se lever et l’attira dans ses bras. Elle referma les siens autour de son cou, pressa lascivement ses hanches contre lui.
— Que faisons-nous maintenant ? murmura-t-elle.
— Nous rentrons. Tu pars la première et je te rejoins dans quelques minutes.
Son pull était plein de brindilles. Elle entreprit de les enlever une à une.
— Rappelle-moi de ne pas porter ce pull s’il nous prend de nouveau l’envie de batifoler dans le foin. J’imagine que c’est tentant, lorsqu’on est cow-boy, non ?
— Je n’en suis pas vraiment un, murmura Jesse.
C’était incroyable cette capacité qu’il avait à l’exciter ! Il aurait suffi d’un rien pour qu’elle roule de nouveau avec lui sur la couverture. Brusquement, elle prit conscience de ce qu’il venait de dire.
— Pourquoi dis-tu ça, Jesse ?
Pour toute réponse, il posa ses mains sur ses seins, les pressa sous ses paumes. Elle le repoussa.
— Je ne sais pas, finit-il par répondre.
Il avait l’air contrarié, aussi préféra-t-elle ne pas insister.
Elle ramassa la couverture. Elle était pleine de brindilles aussi. Il la lui prit des mains et la posa sur la rambarde.
— Laisse, je m’en occuperai demain…
Elle s’approcha de l’échelle.
— C’était une remarque idiote de ma part, Shea. Elle n’a aucun sens.
— C’est déjà oublié.
Elle tendit la main et caressa sa joue. Il la saisit, la pressant tendrement.
— Tu sais… Cole et Trace étaient ici, au ranch, pendant les années difficiles. Après la mort de notre père, Cole a mis toute son énergie à apprendre ce qui était nécessaire à la gestion du domaine. Il lui a consacré toute sa vie d’adulte jusqu’à maintenant. Trace aussi… Il a beau être un fêtard, il s’est échiné au travail tous les week-ends pendant que ses copains de lycée faisaient la bringue. Jamais il ne s’est plaint. Le Sundance a toujours été la priorité pour lui. C’est un garçon intelligent, il aurait pu faire de brillantes études à l’université, mais il a refusé d’y aller. Il a choisi de rester au ranch et d’aider Cole.
— L’université n’est pas faite pour tout le monde, dit-elle d’une voix douce, s’efforçant de calmer la tension qu’elle sentait monter en lui.
Pourquoi se mettait-il à lui parler ici, maintenant ? Elle sentait que quelque chose le travaillait et elle était tout à fait disposée à l’écouter. Mais ils avaient besoin d’intimité pour cela, d’un endroit tranquille où ils ne risqueraient pas d’être dérangés. Elle aurait pu l’entraîner vers la maison, mais elle craignait qu’il ne se renferme de nouveau et ne lui parle plus.
— Tu regrettes d’avoir suivi une voie différente de celle de tes frères ? demanda-t-elle.
— Pas vraiment. Cole n’a jamais aimé être enfermé. Etudier lui pesait. Il a tout quitté pour le ranch. A l’époque où les finances étaient encore florissantes et où ils n’avaient pas besoin de travailler, Trace et lui passaient déjà tout leur temps dehors, à seconder les ouvriers. Ils aiment la terre. Le ranch est toute leur vie.
— Tu ne penses pas que c’est une bonne chose ?
Elle jeta un coup d’œil autour d’elle et avisa une balle de foin. Ils allaient pouvoir s’y asseoir. Elle le prit par la main et l’y conduisit.
Elle s’assit. Il hésita un instant, puis prit place à côté d’elle. Elle regrettait de ne pas être plus à l’aise, plus douée pour les discussions, de ne pas toujours savoir ce qu’il fallait dire ni quand. Devait-elle insister, lui poser des questions ?
— Nous devrions rentrer, dit-il brusquement.
Voilà, c’était exactement ce qu’elle redoutait !
— Non. Parle-moi, dit-elle, décidée à risquer le tout pour le tout.
— Il n’y a pas grand-chose à dire. Je ne sais même pas pourquoi j’ai abordé le sujet.
— Il y a certainement une raison, insista-t-elle d’une voix qui tremblait légèrement.
L’important était de ne pas rompre le fil, de faire en sorte qu’il poursuive.
Il s’était tourné vers elle. Il posa une main sur les siennes.
— Que se passe-t-il, Shea ?
— Je t’en prie, ne change pas de sujet. Je veux que tu me parles de toi.
— Tu trembles ?
Oh ! Non… Elle n’allait pas craquer maintenant !
— Ecoute, Jesse… Je veux être là pour toi, mais je ne sais pas m’y prendre. Ce que…
Elle baissa les yeux vers leurs mains enlacées.
— Fais-moi confiance. Parle-moi…
Elle sentait son regard posé sur elle. Elle en avait trop dit. Pourquoi ne pouvait-elle pas se taire ?
Il ôta sa main et elle eut subitement l’impression d’un grand froid. Mais, déjà, il glissait un bras autour de ses épaules et l’attirait contre lui. Il posa un baiser sur ses cheveux, caressa tendrement son bras.
— Quelle femme courageuse tu es !
— Tu trouves ?
Il sourit contre ses cheveux.
— Tu te souviens, dans la cabane, lorsque je t’ai raconté que j’avais proposé de laisser tomber mes études, après la mort de mon père ?
— Oui.
— Lorsque ma mère et Cole m’ont dit que ce n’était pas nécessaire, qu’il fallait que je finisse mon cursus à l’université, j’ai cru devenir fou. Pourquoi refusaient-ils de m’écouter, pourquoi s’entêtaient-ils ? Je trouvais leur attitude totalement irrationnelle, mais plus que tout…
Il dut prendre une longue inspiration avant de poursuivre.
— Plus que tout, je me suis senti inutile. Je ne comptais pas. Ils n’avaient pas besoin de moi. Ils ne l’ont pas dit ainsi, bien sûr, mais c’est ainsi que moi, je l’ai ressenti.
Elle serra plus fort sa main.
— C’est totalement faux, Jesse ! Jamais ils n’auraient pensé une chose pareille. Pas eux. Pas ta famille.
Il eut un haussement d’épaules et, le regard perdu, il poursuivit.
— J’étais jeune, très affecté par la disparition de mon père et je cherchais ma voie. J’avais vraiment envie d’être à la maison, d’aider, de faire de ce ranch le premier de la région. Comme tout gamin, je voulais que mes parents soient fiers de moi. Même si mon père n’était plus là, je l’imaginais me souriant, songeant que j’étais bien son fils, un vrai McAllister dont la place était au Sundance.
— C’est ce que pense ta mère. Et tes frères. Et Rachel aussi, j’en suis certaine. C’est ce qu’ils pensent tous.
— Comment peux-tu l’affirmer ? Tu les connais à peine !
— Peut-être, mais je le sais. Et je ne pense pas me tromper. Après que Cole et Trace nous ont ramenés au ranch, j’étais assise dans la cuisine avec Rachel et ta mère, ils se sont montrés tous si gentils avec moi, si sincèrement inquiets à mon sujet. Et moi, je me sentais dans un état bizarre, ne sachant que dire ni que faire… Et puis j’ai eu cette révélation… Toute ma vie, on m’avait estimée pour mon intelligence. On ne m’appréciait pas parce que j’étais gentille, drôle, ou tout simplement une enfant. Non, j’étais le petit singe savant de mon père, pour ma mère un pion qu’on manœuvre et la fierté de mes professeurs. J’ai grandi, mais rien n’a changé. Mes camarades de classe, mes collègues de travail, Brian, mon patron, tous n’ont fait que confirmer ce que j’avais appris enfant. Je n’étais qu’un QI censé produire et chacun attendait de moi quelque chose. Sauf toi, Jesse… Sauf ta famille… Vous vous moquez éperdument que je sois intelligente ou que je fasse faire des profits aux actionnaires de l’entreprise. J’étais assise dans la cuisine et les McAllister ne souhaitaient qu’une seule chose : que j’aille bien.
Elle dut s’interrompre tant l’émotion était grande.
— Ce sont des signes qui ne trompent pas. Ne sous-estime pas ta famille. Ce serait leur faire beaucoup de tort.
Elle regretta aussitôt ce qu’elle venait de dire. Elle sentit qu’elle était allée trop loin. Jesse la regardait avec cette expression lointaine qu’il avait eue, le matin de leur retour, dans la cuisine. Ce n’était plus le Jesse qu’elle connaissait. Tant pis pour elle. Cela lui apprendrait à parler de ce qu’elle ne connaissait pas.
Pourtant, elle n’abandonna pas.
— Tu comptais et tu comptes toujours pour eux, poursuivit-elle avec une intensité qu’elle ne se connaissait pas. Moi, j’ai toujours fait ce que l’on attendait de moi et je me suis jetée à corps perdu dans le travail. Si je ne suis pas la meilleure dans ce que je fais, je me sens pire qu’inutile. Je ne suis plus rien. Toi, ta famille t’aime, Jesse. Ce n’est pas rien.
Elle se sentait vidée. Elle n’en revenait pas de s’être livrée à ce point. Il fallait qu’elle se lève à présent, qu’elle quitte la grange et regagne sa chambre au plus vite.
Mais Jesse ne la laissa pas s’en aller. Il lui prit la main et l’attira sur ses genoux.
— Reste…, murmura-t-il, la voix rauque.
Elle enfouit son visage au creux de son épaule. Elle avait les larmes aux yeux et ne voulait pas qu’il le voie. Si elle était parvenue à le toucher, alors elle ne se serait pas mise à nu pour rien.
— Tu dois penser que je ne suis qu’un imbécile, un monstre d’égoïsme…
— Bien sûr que non !
— Tu es vraiment quelqu’un de bien, Shea Monroe.
Il glissa un doigt sous son menton, leva son visage vers le sien.
— Merci…
Puis il se pencha et prit sa bouche.
* * *
Shea était à peine parvenue à regagner discrètement sa chambre qu’il frappait à sa porte. Il attendit quelques instants, puis entra.
Il la trouva étendue sur le grand lit, le drap rabattu sur ses hanches, ses jolis seins aux pointes roses tout dressés, véritable invite à la rejoindre.
Il ôta sa chemise tout en s’avançant vers elle, puis son jean et ses bottes. Il avait attrapé un préservatif dans sa poche. Jamais il n’avait eu à ce point envie d’elle. Une envie désespérée qui ne lui ressemblait pas. Mais Shea avait le don de faire naître en lui des sentiments qu’il n’avait jamais éprouvés, qui ne lui ressemblaient pas, justement. Il lui avait fait des confidences, parlé de sujets qu’il n’avait jamais abordés auparavant avec personne.
Comment une femme comme elle, si douce, avec si peu d’expérience des hommes, pouvait-elle à ce point lui faire perdre la tête ? Il en oubliait même son avenir ! La perspective de se réengager lui paraissait de moins en moins envisageable. Lorsqu’il se trouvait avec elle, ou lorsqu’il songeait à elle, tout simplement, la vie semblait merveilleuse. Dire qu’elle pensait ne rien savoir, être inadaptée au monde. Comme elle se trompait ! Elle était bien plus avisée, beaucoup plus en phase avec la réalité que bon nombre de personnes qu’il avait connues.
Et quel courage ! Elle s’était ouverte à lui de ses peurs, de ses difficultés les plus intimes, pour l’aider à se comprendre, à admettre qu’il s’était peut-être trompé, qu’il n’avait pas tiré les bonnes conclusions de certains événements de son passé. Elle lui avait énormément donné…
Mais en cet instant, il ne voulait qu’une seule chose : qu’elle soit à lui.
Elle était magnifique, allongée sur ce lit, ses cheveux épars sur l’oreiller, les joues toutes roses d’excitation tandis qu’elle l’attendait.
— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle, le regard soudain inquiet.
Sans doute parce qu’il n’avait pas bougé et la fixait en silence.
Il écarta le drap et se glissa à côté d’elle.
— Rien. Je t’admirais, c’est tout. Je me disais que tu es très belle…
Elle allait protester, mais il posa ses lèvres sur les siennes et l’embrassa. Un baiser profond, intense, qui exprimait tout ce qu’il ne parvenait pas à traduire en mots. Du moins l’espérait-il…
Il laissa ensuite ses lèvres glisser vers ses seins, les embrassa tour à tour, puis il caressa son ventre, ses hanches, et enfila le préservatif.
Elle ouvrit les jambes pour lui et il se glissa entre elles, résistant à l’envie de la prendre d’un seul coup de reins. Il se pencha, emprisonna son visage entre ses mains et, son regard plongé dans le sien, la pénétra lentement. Lorsqu’il fut tout entier en elle, elle souleva les hanches, se cramponna à ses épaules.
Il aurait voulu résister encore, mais il sentit tout contrôle l’abandonner. Elle l’accompagna, chaque mouvement s’accordant au sien comme s’ils avaient fait l’amour si souvent que leurs corps possédaient leur propre langage. Pas un instant, ils ne cessèrent de se regarder et ce lien était aussi intense que le plaisir qu’ils sentaient monter et qui menaçait de les emporter, lui, tel un flot déchaîné.
Un cri monta de la gorge de Shea lorsque l’orgasme vint, secouant son corps d’un long spasme. Jesse lâcha prise alors et la serra comme un fou dans ses bras, comme s’il ne devait plus jamais la lâcher.