Beth se pencha vers lui et ferma les yeux sous ses baisers. La peau de Jack portait encore le parfum boisé de son après-rasage qui se mêlait aux effluves musqués de son désir. Elle sentit le corps musclé, merveilleusement ferme contre le sien, et ses jambes faiblirent sous le désir qui se lovait dans son ventre.
L’envie de Jack grandissait à mesure qu’il lui dévorait la bouche et laissait courir ses mains sur le corps impatient de Beth, empoignant ses fesses pour la rapprocher du membre dur qu’elle sentait contre son propre ventre. Reculant son visage, il la serra à nouveau contre lui ; le souffle chaud sur sa nuque la fit frissonner, mais elle n’avait pas froid. Les mains de Jack remontèrent le long de son corps jusqu’à ses clavicules et, du bout des pouces, il massa le creux à la base de son cou.
— Dis-moi si tu veux que j’arrête, murmura-t-il en levant une main tremblante de désir vers sa joue pour la caresser.
— Continue s’il te plaît.
Son corps réclamait le contact de Jack, aussi près que possible, mais lui semblait encore plus nerveux qu’elle. Doucement, il cueillit le menton de Beth au creux de sa paume.
— Beth, ta confiance m’honore et m’intimide.
Elle recula son visage et le regarda dans les yeux.
— Tout va bien, Jack. Je n’ai pas peur de toi. Je n’imaginais pas que j’aurais un jour envie d’un autre homme, et pourtant tu es là.
— Oui, je suis là.
Il se pencha et l’embrassa à nouveau. Les mains viriles descendirent le long de ses côtes pour saisir ses hanches et les mouler aux siennes, et elle sentit toute la dureté de son excitation contre son propre ventre.
Promenant les lèvres sur le côté de son cou, Jack la faisait frissonner et attisait le feu dans ses entrailles, ranimant son corps après des mois d’engourdissement. Soudain, Beth avait à nouveau conscience de chaque centimètre carré de sa peau affamée de caresses, et à mesure qu’elle ressuscitait sous les mains de Jack, les sentiments qu’elle contenait depuis si longtemps explosaient. Elle ne vivait, ne respirait que pour sentir la course de ses doigts et le murmure de son souffle chaud.
Remontant le long de sa mâchoire, il lui mordilla le lobe de l’oreille, envoyant une armée de frissons dévaler sa colonne vertébrale.
Soudain, il leva la tête.
— Allons ailleurs, dit-il en la prenant par la main pour l’entraîner jusque dans sa chambre au bout du couloir, où ils s’enfermèrent à clé.
Un grand lit-bateau occupait toute la pièce — ou du moins en donnait-il l’impression.
Jack s’assit sur le bord du matelas et amena Beth devant lui. Le visage empourpré, les yeux voilés de désir, il leva la tête vers elle et la regarda, attendant qu’elle fasse le pas suivant. Beth se pencha et lui retira son tee-shirt afin de pouvoir toucher son torse large et robuste. Posant les mains sur les muscles durs de ses épaules, elle sentit la chaleur monter du corps de Jack. Il retint un souffle tandis qu’elle lui effleurait le mamelon du bout des doigts et ses yeux se dilatèrent à mesure qu’elle caressait ses pectoraux et son estomac fermes.
Suivant son exemple, les mains de Jack se faufilèrent sous la chemise de Beth et glissèrent lentement sur la peau lisse de son dos. Elle se cambra en réponse. Impatiente de sentir leurs peaux se toucher, Beth déboutonna sa chemise, les lèvres de Jack suivant ses doigts à mesure qu’ils remontaient vers sa poitrine. Il fit glisser la chemise de ses épaules et promena une bouche avide sur ses clavicules et le creux de son cou. Il sentait le pouls de Beth palpiter sous ses lèvres affamées tandis qu’il descendait vers ses seins.
Elle laissa échapper un léger gémissement lorsque la langue de Jack s’attarda juste au-dessus de la dentelle de son soutien-gorge, avant de s’y glisser pour lui taquiner le téton. Un tremblement de plaisir la traversa tout entière.
— Retire-le, dit-il en soufflant sur sa peau humide. S’il te plaît.
Elle dégrafa son soutien-gorge et laissa les bretelles tomber sur ses bras. Jack se figea quelques secondes, le regard fixé sur ses seins, avant de baisser la tête et de lui lécher un téton du bout de la langue, jusqu’à ce qu’il durcisse et pointe douloureusement. Reculant son visage, il souffla sur le téton humide et elle ondula des hanches sous la moiteur qui s’installait entre ses cuisses.
Jack se tourna vers son autre sein et lui prodigua la même attention.
— Déshabille-toi, marmonna-t-il entre ses lèvres. Maintenant.
— Attends. (Beth se recula et releva la jambe de son pantalon pour détacher le pistolet de sa cheville et le poser sur la table de chevet.) Ça aussi, je te l’avais caché.
Étrangement, Jack ne parut pas surpris en voyant l’arme à feu.
— C’est rien, dit-il. Ça me rassure de te savoir armée. Maintenant reviens là.
Il la ramena près du lit et glissa les pouces dans la ceinture de son jean pour le faire lentement descendre sur ses hanches. Le jean tomba au sol et Beth se retrouva devant lui, vêtue uniquement de son string noir ; Jack poussa un soupir frémissant. Le regard braqué sur son entrejambe la fit rougir.
— Tu es époustouflante, murmura-t-il en passant un doigt sous l’élastique à sa hanche pour l’attirer plus près. Seigneur… en trente ans, je n’ai jamais eu à me contrôler comme je le fais maintenant.
Son doigt glissa le long du string jusqu’à la chair plus tendre et, écartant la barrière de soie, il la caressa légèrement. Elle propulsa aussitôt son bassin.
— C’est pas du jeu, dit-elle. Tu as toujours tes vêtements.
— Ça peut s’arranger, répondit-il avec un sourire malicieux.
Elle tendit la main pour déboutonner et descendre sa braguette, puis il se souleva du lit tandis qu’elle lui retirait son pantalon avec beaucoup moins de finesse que lui n’en avait montré. Son érection surgit enfin à l’air libre, éperdument demandeuse, et Beth enroula une main chaude autour de la longueur de son membre, lui tirant un tressaillement. Jack était à la fois dur comme l’acier et doux comme le satin.
— Si tu continues à me toucher comme ça, ça va finir avant d’avoir commencé, gémit-il.
Il posa sa main sur la sienne pour l’arrêter, puis glissa lentement un doigt en elle en laissant échapper un grondement qui semblait monter du plus profond de sa poitrine. Elle se contracta une seconde, puis se détendit comme il continuait de la caresser en lui soufflant des paroles rassurantes. Avec son pouce, il tournait autour de son petit bourgeon.
Beth s’avança contre lui pour augmenter le contact. Ça ne suffisait pas. Pas encore.
Tout à coup, il s’arrêta, les traits assombris de frustration.
— Beth. Je peux pas croire que je m’apprête à dire ça, mais on devrait arrêter. Je n’ai pas de préservatif.
Les hanches de Beth cessèrent d’onduler comme elle répondait à son regard interrogateur par un sourire triste.
— T’inquiète pas. Je ne peux plus avoir d’enfants.
Il hésita, une seconde seulement, et Beth fut surprise de voir un semblant de déception traverser son visage. Les doigts agiles de son amant se remirent alors à s’activer et lui firent oublier le motif de sa tristesse. Ils lui firent oublier jusqu’à son propre nom.
Beth sentit ses genoux faiblir comme d’anciennes sensations la submergeaient.
— Donne-m’en plus, demanda-t-elle le souffle court, en le regardant droit dans les yeux.
Elle s’avança alors au-dessus de lui et l’accueillit en elle, descendant jusqu’à l’enfouir au plus profond de son corps, et ils soupirèrent à l’unisson. Jack ne bougeait pas, mais elle le sentait palpiter en elle.
Il souffla pour calmer son excitation, ce qui la fit rire doucement.
— C’est pas sympa de se moquer d’un homme dans ces moments-là, lui chuchota-t-il gentiment à l’oreille, essoufflé. Ça aide pas à la performance.
— J’essaierai de m’en souvenir, répondit-elle.
Elle s’arrêta un instant, laissant son corps s’habituer à la douce et virile intrusion, savourant la présence de Jack en elle. Lui restait immobile, mais sa tension se devinait à ses mâchoires crispées et aux veines saillant sur son cou. Il lui abandonna alors les rênes et la laissa décider du rythme tandis qu’elle commençait à bouger, lentement d’abord, une lenteur atroce qui lui tira les premiers élans de plaisir.
Bientôt, les sensations elles-mêmes se mirent à dicter l’allure et son corps humide et haletant prit les commandes.
— Beth, soupira-t-il à son oreille.
Il glissa sa main entre eux, la pointe de son pouce cherchant, trouvant, et caressant la chair gonflée de désir ; et elle se cambra tout à coup en lui enfonçant ses ongles dans le dos, pour l’attirer plus profond. Tout son corps se contracta sous le plaisir qui palpitait dans son ventre et explosait dans chacun de ses membres. Comme il lui attrapait les hanches pour mieux s’enfoncer en elle, une série de secousses le libéra de sa tension.
Jack s’écroula sur le lit en la prenant dans ses bras. La tête posée sur son torse, elle entendit son cœur tambouriner dans l’obscurité tandis que la joie et la délivrance inondaient son propre corps lâche et humide.
* * *
Les mains posées sur son dos, Jack caressait délicatement sa peau soyeuse, des épaules à la courbe de ses fesses.
— Whaou, murmura-t-elle, toujours lovée contre lui.
— Ouais. Whaou, répéta-t-il en l’embrassant sur la tête.
Il n’était certainement pas pressé de se lever. À vrai dire, il devrait sans doute attendre un jour ou deux pour pouvoir bouger à nouveau.
— Ça va ?
— Ça va merveilleusement bien, répondit Beth. (Elle avait l’air soulagée.) Ça fait longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi bien.
Et voilà qu’aujourd’hui elle était là dans son lit, nue et détendue, les cuisses enveloppant mollement son bassin épuisé. Quand elle roula sur le côté, il l’attira contre lui, se délectant du contact de sa peau douce, et la tint quelques minutes, le temps que leurs respirations s’apaisent.
— Je n’avais pas été aussi nerveux depuis mes dix-sept ans, quand je m’étais tapé cette pom-pom girl qui me faisait fantasmer sur le siège arrière de ma Chevrolet Nova. Il m’avait fallu tout l’été pour en arriver là, et le truc avait duré moins d’une minute. Et encore je suis généreux. Bon, à l’âge que j’avais, j’étais prêt à remettre ça une minute plus tard. (Il colla sa tête sous son menton.) Mais maintenant que cette entrée en matière maladroite est derrière nous, je vais prendre mon temps pour savourer chaque centimètre carré de ton corps.
Comme elle ne répondait pas, Jack tourna la tête vers elle. À ses yeux fermés et à sa respiration profonde et régulière, il comprit qu’elle dormait. Rien de tel qu’un orgasme intense pour vous détendre. Il espérait que l’expérience avait été aussi bouleversante pour elle que pour lui : son cœur lui avait semblé sur le point d’exploser.
Il la regarda s’enfoncer dans le sommeil. Elle paraissait plus jeune, son visage temporairement débarrassé des signes de fatigue dans un rare moment de paix. Jamais il ne l’avait vue aussi calme. Ses yeux parcoururent son corps nu, appréciant le contraste entre ses membres lisses et graciles et les siens, robustes et velus.
Il sentit bientôt son cœur chavirer. Si elle n’avait pas eu tant besoin de dormir, il l’aurait réveillée pour remettre ça. Il avait déjà envie d’elle à nouveau. Dieu existait, songea Jack, et en ce moment il l’avait manifestement à la bonne.
Elle roula sur le côté en soupirant, et le clair de lune entrant par les volets vint illuminer sa peau. Retenant un souffle anxieux, Jack regarda de plus près la peau de son ventre. La cicatrice rose et boursouflée ressortait sur sa peau blanche et lisse, comme un vif rappel de sa souffrance. Il laissa courir le bout de son doigt sur la marque, le cœur serré à l’idée qu’elle avait frôlé la mort de si près cette nuit-là.
Jack sentit monter en lui un instinct protecteur, comme une brume épaisse voilant toute autre émotion. Il se nicha contre elle et remonta les couvertures sur ses épaules, fermant les yeux pour tenter d’effacer les images violentes qui défilaient dans son esprit et se concentrer sur le plaisir physique qu’il venait de lui offrir. Dieu savait combien elle avait souffert.
Il se fichait que ce type soit important ou pas. Il n’hésiterait pas à le tuer de ses propres mains et à le balancer au fond d’un profond trou s’il tentait à nouveau de s’approcher d’elle.
* * *
Beth se réveilla tôt le lendemain matin, brièvement surprise de sentir un corps chaud pressé contre elle. Elle tourna le regard vers la fenêtre de l’autre côté de la pièce. Dans le ciel gris pâle, les premières lueurs orangées pointaient au-dessus de l’horizon. Elle avait prévu de se lever bien avant l’aube et de regagner son lit afin que les enfants ne la voient pas quitter la chambre de Jack, mais au lieu de cela, elle avait dormi toute la nuit, d’un sommeil paisible et profond. Étonnée du bien-être qu’elle ressentait, elle se retourna vers Jack. Il était déjà réveillé et la regardait, appuyé sur son coude. Glissant une main derrière la hanche de Beth, il l’attira contre son corps nu et musclé avant de l’embrasser langoureusement.
— Bonjour, dit-il d’une voix basse et râpeuse.
Elle sentit l’excitation matinale de Jack durcir contre son abdomen à mesure qu’il la caressait, et son propre désir grandir dans son ventre tandis que la bouche de son amant vagabondait sur son cou.
— Je ferais mieux de filer avant que les enfants se lèvent.
Elle dut faire un effort pour aligner les mots. Comment réfléchir quand la bouche de Jack descendait le long de sa clavicule vers ce point sensible qu’il avait découvert entre le cou et l’épaule. Les mains puissantes glissaient sur sa peau souple, pétrissant les muscles de part et d’autre de son dos.
— Il est encore tôt. Ils ne se lèveront pas avant une heure ou deux au moins.
La peau de Beth s’échauffait sous sa langue qui remontait vers l’épaule, et un désir insoutenable grandissait en elle. Son corps se rappelait combien il avait été bon de le sentir bouger en elle la nuit dernière et, sans aucune autre sollicitation que celle de ses sens, elle avança son bassin vers lui.
— Oh, je sais pas, je… pense…
— Ne pense plus, répondit-il.
Sa bouche se referma sur un téton, le happant doucement, et elle se tendit comme un arc. Il sourit avec malice, bien décidé de tenir la promesse qu’il lui avait faite la nuit passée. Promenant ses lèvres sur les côtes délicates, il effleura la chair douce sous le sein, puis son souffle chaud descendit sur la peau sensible du ventre et Beth se tortilla d’impatience tandis que les lèvres de Jack s’aventuraient plus bas. Elle lui prit le visage pour le reculer.
— Relax, dit-il en écartant complètement les draps. Laisse-toi aller. Je crève d’envie de te goûter.
Glissant encore plus bas, il lécha le creux tendre près de l’os de sa hanche, puis lentement, prenant le temps de laisser enfler son désir, il se délecta de ses jambes soyeuses, baladant ses lèvres le long de ses mollets, s’attardant sur le creux derrière ses genoux, réveillant sur sa peau des endroits dont elle ignorait jusqu’alors l’existence. Son corps se tordait d’impatience à mesure que les lèvres de Jack remontaient l’intérieur de ses cuisses tremblantes. Gémissant à son tour, il la contenta d’un long coup de langue sur son intimité. Il releva alors la tête pour la regarder dans les yeux et se lécha les lèvres en laissant monter un grondement affamé.
Passant les bras sous ses jambes pour les écarter, il descendit sur elle. Beth sentit son cœur battre la chamade et bourdonner à ses oreilles tandis que des secousses lui agitaient le bassin ; des vagues de plaisir lui balayaient le corps au contact brûlant de ses lèvres et de sa langue. Elle agrippa les draps, tous les muscles de son corps se crispèrent, elle cessa de respirer, et le plaisir déferla finalement sur elle, l’étourdissant, l’inondant et l’emplissant du désir de le sentir en elle.
Alors qu’il remontait sur elle, Jack s’arrêta et grimaça de douleur.
— Désolé, dit-il. Mauvaise position.
Roulant sur le côté, il ramena la jambe de Beth au-dessus de la sienne et la pénétra d’un coup franc.
Enroulant ses bras autour de lui, elle le regarda un instant tandis qu’il luttait pour se retenir, puis ils entremêlèrent leurs doigts et accordèrent leurs rythmes. Leurs corps ruisselants de sueur glissaient l’un contre l’autre, s’abandonnant à la montée de volupté. Au moment où Jack sentit le plaisir de Beth culminer, il lui couvrit la bouche d’un profond baiser, étouffant ses cris de jouissance. Dans un dernier élan de passion, il explosa alors en elle avant de s’effondrer dans un gémissement essoufflé.
Jack resta couché sur Beth, son front appuyé contre le sien. Son cœur battait fort au-dessus d’elle et un ultime frisson de plaisir lui tira un dernier soubresaut. Leurs deux corps alanguis toujours enchevêtrés, elle leva la tête et plongea les yeux dans son profond regard brun. Dommage qu’ils ne puissent pas rester au lit toute la journée. Jack savait certainement comment s’y prendre pour lui vider l’esprit de toute pensée rationnelle. Les enfants n’allaient pas tarder à venir la chercher.
— Je crois que je vais monter prendre une douche, dit-elle.
Une vague de soulagement la saisit. La veille encore, Beth avait cru le sexe une chose révolue pour elle. Elle avait craint de ne plus avoir l’occasion d’y goûter.
Et voilà non seulement qu’elle l’avait fait, mais qu’elle y avait pris du plaisir qui plus est. Bien plus qu’elle ne l’aurait cru possible.
Leurs jambes étaient encore enchevêtrées. Elle n’était pas prête à briser le lien physique entre eux. Beth réalisa soudain à quel point cette connexion intime et primale lui avait manqué : sentir contre elle le corps solide d’un homme ; le battement de deux cœurs synchronisés. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait le corps aussi chaud à l’intérieur qu’à l’extérieur, et tous ses muscles étaient décontractés. Il lui semblait que toute la tension avait été évacuée de son corps.
— Je peux t’aider à la prendre si tu veux, dit-il, en nichant son nez dans son cou et en promenant ses lèvres le long de sa mâchoire. Il y a peut-être des coins que je n’ai pas visités.
Elle sourit.
— Alors là, je ne suis pas redescendue avant midi, répondit-elle d’un ton tristement résolu.
— C’est très probable.
Avec un soupir de regret, il la lâcha et roula sur le dos. Un bras derrière sa tête, il l’observa tandis qu’elle faisait le tour de la chambre, nue, pour récupérer ses habits. Devinant le regard de Jack dans son dos, elle lui jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et son cœur chavira quand elle vit la faim qui brillait encore dans ses yeux.
Elle enfila son jean et sa chemise, glissa son soutien-gorge dans sa poche et se pencha pour lui déposer un baiser sur les lèvres, puis entrouvrit la porte sans faire de bruit et jeta un coup d’œil à l’extérieur. Elle sortit discrètement et traversa le couloir en silence. Les portes des enfants à l’étage étaient toujours fermées quand elle passa devant sur la pointe des pieds, mais un bruissement de couvertures dans la chambre de Ben indiquait qu’il n’allait pas tarder à se lever. Une pointe de culpabilité la saisit, qu’elle balaya tout de go. Ce qui s’était passé entre elle et Jack était merveilleux, et elle refusait de s’en vouloir pour cette nuit qu’elle s’était accordée. Beth ouvrit le robinet de la douche et se regarda dans le miroir en attendant que l’eau chauffe.
Son visage avait rajeuni, et elle se sentait incroyablement bien. Elle avait dormi toute la nuit. Enfin, presque toute la nuit, songea-t-elle en souriant toute seule. Alors qu’elle se glissait sous le jet fumant et laissait l’eau couler sur son corps, elle regretta un long moment d’avoir décliné l’offre de Jack. Ses mains étaient magiques, et dès qu’elle repensait à sa bouche, un feu se rallumait dans son ventre. Ses cuisses se crispèrent et un frisson courut sur sa peau comme elle se rappelait les activités de Jack quelques minutes plus tôt.
Elle se savonna le corps et se shampouina les cheveux. Peut-être s’achèterait-elle un gel douche parfumé. Elle avait envie de sentir bon. Pour la première fois depuis des années, Beth se sentait sensuelle. Ses problèmes lui semblaient tout à coup si loin, moins pesants. Elle lui avait montré toutes ses cicatrices, dévoilé tous les secrets de son passé tumultueux, et il ne l’avait pas repoussée.
Vingt minutes plus tard, Beth entrait dans la cuisine. Les enfants mangeaient des céréales à la table. Elle leur donna à chacun un baiser sur la tête et, d’un coup d’œil à la fenêtre, vit Sean et ses employés décharger du matériel d’un fourgon utilitaire. Elle salua Mme Harris et prit la tasse de café qu’elle lui tendait.
Son café à la main, elle frappa à la porte du bureau et l’entrouvrit pour glisser un regard. Jack, le téléphone sans fil à son oreille, lui fit signe d’entrer. Elle referma la porte derrière elle et le rejoignit derrière le bureau. Il glissa un bras autour de sa taille pour l’asseoir sur ses genoux et aussitôt, la flamme du désir s’alluma dans ses yeux. Incroyable. Il venait de lui faire l’amour il y avait moins d’une heure.
— Salut, Wes, dit-il, c’est Jack. Rappelle-moi. C’est important. (Il raccrocha et reposa le combiné sur le bureau.) Wes est mon ancien coéquipier. Je vais lui demander de passer ici. Je voudrais que tu lui racontes tout. Il pourra nous aider.
Beth sentit la panique lui nouer la gorge. Parler à Jack était une chose, déballer son histoire à un flic inconnu en était une tout autre.
— Je ne suis pas sûre de vouloir faire ça.
Jack lui caressa le bras.
— Ne crains rien. Je me fie entièrement à lui. Tu peux lui faire confiance.
La voyant se raidir, il fronça les sourcils.
— Hé, ne stresse pas. Si tu ne t’en sens pas capable, on trouvera une autre solution.
Sans quitter son visage des yeux, elle prit une profonde inspiration et souffla lentement. Jack ne la forçait pas. C’était sa décision.
Elle plongea son regard dans le sien. Ni lui ni elle n’avaient avoué leur amour, mais elle entendait ce que lui disait son propre cœur. Et elle décida de l’écouter.
— Non. Je vais lui parler.