Vendredi 20 décembre
Réveil à midi.
Répondeur qui clignote, boîte mail et soleil qui débordent. Y a des matins comme ça, c’est même plus le matin. Mallock grimaça. Son dos et sa tête le faisaient encore souffrir. Dehors, la journée avait commencé. Fallait croire que le monde ne se gênait pas pour tourner sans lui. C’était désagréable comme sensation, même à son âge. Pourquoi, nom de Dieu, ne reste-t-on pas, pour toujours et à jamais, le centre du monde ? Comme lorsqu’on gazouillait, la tétine au bec ? Au lieu de devoir marcher encore et toujours, de plus en plus loin… jusqu’au bord, jusqu’au vide ? Jusqu’à ce que mort s’ensuive !
La veille au soir, Mallock avait bu plus que de coutume. Et la coutume, chez lui, c’était déjà pas mal imbibé. Mais y avait la tristesse de Bob. Son inquiétude à lui. La voix de Judioni. Et ses mots : « sacré salopard ». Il n’aimait pas ça. Avoir joué les balances non plus. Il y a encore deux ou trois ans, jamais il n’aurait passé le coup de fil en question.
Donneuse, murmura une petite voix au fond de lui.
Ça ferait mal pendant encore quelques jours, puis ça s’effacerait. Mais ça lui foutait le doute. Sur lui et ce qu’il était devenu. Se pourrait-il qu’il se soit mué en « sacré salopard », sans même s’en rendre compte ? Il lui fallut deux verres pour noyer cette attaque de panique. Faire taire la grande déferlante. Il caressa affectueusement sa bouteille de malt. Dans ces moments-là, il n’y avait que l’alcool pour accomplir ce miracle. Et puis, sans rien demander, sans donner de leçon et sans faire attendre son patient dans l’antichambre de la culpabilité.
Pas beau, l’alcoolisme ?
D’accord, mais le chagrin non plus !
Mallock se retrouvait régulièrement entre les deux, sommé de choisir, et il ne succombait à la sobriété que contraint.
On ne choisit pas le désespoir à la légère.
13 heures déjà. Mallock enfila son uniforme des jours de grands froids et sortit pour se rendre à la librairie de Léonid Scheinberg, son Léon.
Durant son emprisonnement dans les camps nazis, le jeune garçon de l’époque avait fait la promesse de se convertir s’il s’en sortait. Le jour de son baptême, en juillet 1949, il en avait profité pour changer de nom. Drôle de catholique que ce Juif homosexuel, libre penseur érotomane. Pas la recrue du siècle, avait dû se dire le vieux curé de Saint-Placide qui avait procédé à l’adoubement. Ce jour-là, Léon Galène, alias Léonid, qui avait eu le temps de tripler de poids depuis son arrivée à la gare de l’Est, s’était promis tout un tas de choses, comme se taire pendant un an, voir une aurore boréale, ne plus jamais mentir ou nuire à lui-même ou à autrui, manger des ortolans, rire sous l’eau, ouvrir une librairie et tout tenter pour retrouver la légèreté de ses trois ans…
Et le plus incroyable, c’est qu’il avait tenu toutes ses promesses.
Les petites cloches pendues au plafond tintinnabulèrent. La boutique était vide. Tout au fond, parmi les amoncellements de bouquins se tenait monsieur Léon. Il était encore très beau, avec ses yeux bleus, son pif d’Ashkénaze, ses lèvres ourlées et ses cheveux argent. De petite taille, il portait toujours des costumes gris unis, des cravates en soie bleue et des chaussures de golfeur, bicolores, noir mat et vernis. Une sorte d’uniforme élégant ou un « look rétro », comme on dirait maintenant.
Galène releva la tête pour lancer un rapide sourire en direction d’Amédée.
— Salut, sorcier. Alors, tu as encore fait des tiennes !
Mallock, surpris, se demanda à quoi son vieil ami faisait allusion.
— Comment ça ?
— Ne joue pas l’innocent et laisse-moi encore un peu de temps.
— Mais j’ai rien dit !
— Et la photo que tu m’as envoyée, c’est par hasard ?
Mallock faillit lui demander de quoi il parlait mais il se ravisa. On verrait plus tard. Surtout qu’il avait la dalle. Le dernier repas de l’ours remontait à la veille au soir et il n’avait pas avalé grand-chose. Ours contrarié, ours pas manger, alors ours affamé.
— Il est presque 14 heures. J’ai peur que le resto ne veuille plus nous prendre.
— Alors pars devant, je te rejoins. Tu as prévu d’aller au Marseillais ?
— Ben ouais, à moins que tu aies une meilleure idée…
— Franchement, je m’en fous. Tu comprendras pourquoi lorsque je t’amènerai le résultat de mes recherches.
— C’est plutôt positif ? demanda Mallock l’angoisse.
Léon hésita.
— Disons que c’est la surprise du chef. C’est même le grand chef de toutes les surprises.
Mallock ravala sa curiosité et sortit dans la rue, direction le Paris-Marseille.
À son arrivée, le patron l’apostropha dans un grand rire.
— Oh ! Putain, je rêve. Môssieur le commissaire !
— C’est du comique de répétition, ton truc, Marius. Tu ne vas pas me resservir la même rengaine à chaque fois que je débarque, non ?
— Surtout que je n’ai pas d’excuse, je t’attendais.
— Et comment ça, tu m’attendais ?
— Eh ouais ! Ton harem est déjà là. Je les ai installées dans la salle du fond. Tu tournes mal, mon commissaire, tu les fais poireauter comme un vrai macho de chez nous.
— Mais de quel harem tu parles ?
— Tes pitchounes, les deux canons de la dernière fois… T’as plusieurs harems, toi ?
Du fond de la salle, Kiko et Julie souriaient à Mallock.
— Les grands esprits se rencontrent, les filles. C’est pour draguer le gros Marius que vous êtes revenues ?
Elles se levèrent toutes les deux pour embrasser leur commissaire.
— Et vous, ce n’est quand même pas pour la cuisine ? lança Julie avec malice.
Marius rebroussa chemin en levant les bras.
— Oh putain ! Un tir groupé, un triolet de flics. Je me casse avant la bavure.
En riant, Mallock prit une chaise et s’installa à la table d’à côté :
— Ça ne vous dérange pas ? Parce que je peux aller…
— Mais non, au contraire. On parlait justement de venir vous voir avec Kiko, pour faire un point. Et puis, j’ai des informations toutes fraîches.
Avec ce temps, il ne pouvait en être autrement.
— Vas-y, Julie, fais tomber.
— Jo a essayé de vous joindre ce matin. C’est moi qui ai pris l’appel. Elle m’a confirmé que les cheveux trouvés sur place, à côté du puits et de la chaîne, ceux attribués à Krinkel si l’on en croit le récit de Manu, correspondent bien à ceux des échantillons rapatriés de Saint-Domingue.
— Quels échantillons ?
Mallock n’y était plus.
— Ceux que vous avez demandés à Daranne derrière mon dos, commissaire. Les prélèvements sur le corps de Darbier.
— C’est pas beau d’être rancunière, capitaine, sourit Mallock, heureux de la nouvelle.
Plus de doute, Klaus Krinkel et Tobias Darbier sont, ou plutôt, étaient un seul et même homme.
— Enfin quelque chose de concret, d’attendu et de logique. Je commençais à en perdre l’habitude. Et pour Manu, l’analyse de sang ?
— C’était l’Identité qui était sur le coup. Mais là aussi, j’ai eu les résultats ce matin par l’intermédiaire de Jo. Négatifs. Manu n’avait rien dans le sang, ni alcool, ni drogue.
Mallock poussa un petit grondement d’ours qui se retourne en dormant. Il aurait bien aimé trouver un joli cocktail de stupéfiants. Enfin ! Comme avec toutes les infos dans cette affaire, faudrait faire avec.
— Rien d’autre ?
— Si, mais je ne sais pas si Kiko a besoin d’entendre ça.
Kiko lui lança un regard noir.
— J’ai plus le droit de tout savoir sur cette affaire que vous deux réunis. C’est l’avenir de mon mari et de ma famille qui est en jeu. Pas le vôtre ! Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as peur que je transmette des infos à Manu ? Je t’ai juré que je ne dirai jamais rien. Je veux connaître la vérité, pas la fabriquer.
Julie poussa un profond soupir avant de se retourner vers Mallock et de lâcher :
— Les petits os trouvés sont bien humains. Ce seraient ceux de deux enfants, de six et quatorze mois. On a même les noms. Ça correspond à des déclarations faites quelques jours plus tard. Une à la mairie du village, l’autre dans une gendarmerie un peu plus éloignée.
Julie fit une pause avant de déclarer, comme à regret :
— Il y avait, en effet, des traces de carbonisation et de dents sur ces os. Incisives humaines et canines, mais surtout molaires.
Kiko mit quelques secondes à concevoir ce dont parlait Julie. À l’instant où elle comprit, sa main se précipita contre sa bouche pour tenter d’y emprisonner un cri. Le silence s’installa entre eux. Chacun avec ses démons qu’il essayait de maîtriser. Rage et colère pour Mallock, désespérance et incrédulité chez Kiko, envie de pleurer chez Julie.
C’est dans ce silence que Léon débarqua. Il ramenait sur ses épaules quelques flocons du dehors qui se mélangeaient, frileux, aux deux petites troupes de pellicules qui campaient sur son vieux manteau depuis quelques jours déjà. Il ne parut pas surpris par la présence des deux jeunes femmes qu’il salua d’un bref « mesdemoiselles ».
Julie ne s’en contenta pas.
— On ne me reconnaît pas, Léon ?
— Oh, pardon, Julie ! C’est que j’ai fait de telles découvertes que ça m’a tout chamboulé. Et puis, tu es de plus en plus belle. Je ne sais jamais si c’est toi ou une femme encore plus jolie… Tu me transis, ma petite Julie.
— Espèce de vieux pervers, l’interrompit Amédée. Arrête ton cinéma et accouche.
Léon prit une profonde respiration emplie de regrets.
— Dès que je suis revenu ici, il y a deux jours, j’ai enquêté. Je vous passe les détails, ça a été plutôt coton. Enfin, j’ai obtenu des précisions sur cet Oberleutenant de SS de mes deux. En farfouillant et en travaillant au corps tous mes contacts, y en a un qui a fini par me raconter toute l’histoire. Je vous préviens, c’est tordu. Personne ne sait si c’est du vrai de vrai… Cependant, il y a des témoignages concordants. C’est énorme mais je ne m’avance pas sans…
Regard impatient de Mallock.
— Bon, bon, j’y vais. Au départ, ce serait une idée de Himmler. L’autre taré avait exprimé l’envie de réunir l’élite de l’élite de la
Schutzstaffel, comme si les SS ne lui suffisaient pas. Il avait déjà le nom de son regroupement d’aliénés, les SSS ! Le premier S symbolisant « supra ». On en serait peut-être resté là, parce qu’au départ Hitler n’en voyait pas l’utilité, mais l’autre malade de Joseph Goebbels a repris le concept en le mettant à sa sauce. Et là, bingo, le Adolph, il aurait craqué. L’idée du propagandiste du Reich était de semer une véritable panique parmi les troupes ennemies et les civils par le biais de la rumeur, mais une rumeur manipulée et manipulable car fondée, et surtout, non vérifiable. Il fallait qu’avant l’arrivée des troupes allemandes sur le terrain, des histoires terrifiantes envahissent la région.
Pour alimenter ces horreurs, ils auraient donc décidé de former des unités spécialisées en
Gesamtterror : terreur absolue. Six bataillons de six hommes, avec six malades à leur tête. Le 666 du diable. Toujours cette fascination pour la mythologie à deux balles et les légendes prussiennes à la con. Tenez-vous bien, ces bataillons auraient eu le droit et le devoir de se comporter de la façon la plus ignoble. Viol, éventration, décapitation, supplice et torture, tout devait être pratiqué sans retenue et avec la plus grande perversité. Un seul mot d’ordre : frapper les esprits. Ils avaient également pour consigne de laisser s’échapper un ou deux témoins à chaque exaction. En contrepartie, ils devaient abandonner le moins de preuves possible sur le terrain et ils n’avaient pas le droit de se laisser prendre vivants, en aucune circonstance. C’est curieusement ce dernier point qui a concouru à décrédibiliser cette histoire. Un peu facile, le coup du suicide et des preuves effacées pour justifier l’absence d’éléments tangibles, même si, aujourd’hui, sachant ce que l’on sait, ça explique en fait que l’on n’ait rien su. Je me fais bien comprendre ?
— Un peu confuse, ta dernière partie. Mais ce n’est pas grave, continue.
Mallock, comme Julie et Kiko, n’avait qu’une envie, entendre la suite. Mais son esprit partait en spirale, KKK, SSS, 666… Les trois cicatrices sur le crâne de Darbier. Il se mit à penser à la double hélice de l’ADN. Le mythe de la race supérieure ne pouvait-il pas s’exprimer par une triple hélice ? Un délire sur la mutation génétique par la sélection. Mallock dut prendre sur lui pour revenir sur Terre et écouter Léon :
— Il fallait que la rumeur reste, sinon infondée, du moins non prouvée. Et ça a marché en partie. C’est ça que je voulais dire, en fait…
— Et Krinkel ? demanda Julie qui pensait surtout à son frère.
— Kraus Krinkel, KKK. Eh bien, comme vous le savez maintenant, il a bel et bien existé. Son trajet passe par Saint-Pétersbourg. Mais il disparaît en 44, tué lors du débarquement. Il aurait pris la tête du premier et seul bataillon que Goebbels serait parvenu à rassembler. On peut penser qu’il était formé de l’ensemble des effectifs prévus d’abord pour les six commandos distincts, les trente-six hommes sur lesquels sont tombés le lieutenant Lafitte et son unité. Un autre aspect du récit de Manuel qui est troublant, c’est cette histoire de combat à la fourche contre Krinkel. Ça colle sacrément bien avec ce que l’on sait. Tous les documents, les rares photos et les descriptions faites par diverses personnes se recoupent sur un point : le chef des SSS était un très bel homme, rien à voir avec Tobias Darbier.
— Et alors ? C’est pourtant le même individu. On a ses empreintes et son ADN.
— Je n’ai pas dit le contraire, Amédée. C’est encore une sale farce du destin. Ironie du sort, c’est en le défigurant que Jean-François Lafitte lui a, en quelque sorte, sauvé la vie. La nature sadique de ses crimes l’avait placé au premier rang des personnes à juger après la guerre. Il n’aurait jamais dû ni pu s’en tirer. Les rares témoignages de ses exactions, que ce soit en Pologne ou sur le front russe, laissent rêveur. Et là, la légende rejoint l’histoire. Ce que j’ai retrouvé sur ce beau monsieur, même son surnom, « l’Ogre », serait-il à prendre au pied de la lettre. Vous n’allez pas me croire mais il y a contre lui et certains de ses lieutenants des accusations abominables. Tenez-vous bien, même de cannibalisme. Des histoires effrayantes de disparitions de bébés. Attention, ce n’est pas moi qui dis ça, je crois que la douleur peut égarer les gens qui ont…
Mais Léon s’arrêta. Les regards de Mallock et de Julie étaient sans équivoque.
— Pourquoi vous faites cette tête ? Vous avez trouvé quelque chose ? Comment vous…
— On a retrouvé des ossements autour du puits. Et, malheureusement, mon vieux Léon, ça ne laisse que peu de doute sur cette… légende qui n’en est pas une. Julie vient de me dire que les analyses confirment nos pires craintes. La taille et le développement des petits squelettes. Et puis de multiples traces de morsures.
Le téléphone portable de Léon se mit à vibrer. L’antiquaire ouvrit l’engin en le tenant à bout de bras pour parvenir à repérer le cryptogramme vert en forme de téléphone.
Il le ramena contre son oreille :
— Oui, c’est moi, Scheinberg. J’attendais votre coup de fil. Oui, l’inscription. Alors ?
Mallock remarqua que Léon avait exceptionnellement repris son nom de naissance. Puis il y eut deux minutes de silence. Le libraire murmura une série d’exclamatifs… Pendant ce temps, Mallock bouillait d’impatience. Il se doutait bien que c’était en rapport avec l’histoire de la croix, mais il ne voyait pas comment ce simple objet pouvait mettre son ami dans un tel état.
— Incroyable ! lança Léon, en refermant son portable.
— Tu as trouvé à qui correspondaient les initiales ?
— Ce n’est pas « à qui », mais « à quoi ». MPF, ces fameuses initiales, je les ai tordues dans tous les sens. Tous les prénoms y sont passés, puis les noms composés. Je suis ensuite passé du français à l’anglais, puis à l’allemand. En fait, ce sont deux historiens de mes amis qui m’ont sorti de ma recherche stérile. L’un d’eux m’a regardé comme si j’étais le dernier des cons. « Mort pour la France », c’est à ça que ces lettres
correspondent. J’ai d’abord eu un petit doute, mais ces initiales étant sur une croix, j’ai fini par me rendre à l’évidence.
Mallock n’était pas vraiment surpris, juste énervé d’être passé à côté de l’énigme. Bravo, le devin !
— Mais qu’est-ce qu’elle faisait au fond d’un puits vide au milieu de nulle part ? interrogea Julie.
— Ça, ma petite chérie, c’est ce que je cherche depuis quarante-huit heures. Et je peux te dire que j’en ai emmerdé du monde. Tous mes contacts et les meilleurs experts ont été mis à contribution. Ceux que tu m’as donnés aussi. J’ai un peu ramé, jusqu’au moment où j’ai fini par avoir de la chance. Un coup de fil anonyme, figurez-vous. Une voix d’homme, un vieux, qui m’a demandé si je voulais entendre l’histoire de cette croix. Il aurait été mis au courant de nos recherches par l’un de tes contacts, Julie. Je lui ai dit que je ne parlais pas aux gens qui ne se présentaient pas. Il a hésité, et puis il m’a demandé instamment d’oublier son nom. Alors, j’ai promis, juré, craché. Je n’avais rien à perdre et, si vous saviez, ça valait le coup. Ce que le gus m’a raconté est tellement étrange que j’aurais sans doute hésité à le croire, si je n’avais déjà eu des indices qui m’emmenaient dans la même direction. Dites-vous que ça dépasse tout ce que vous pouvez avoir imaginé, et vous serez encore loin du compte. On s’est mis d’accord et il a accepté de transmettre une copie de tous ses documents à une tierce personne que nous connaissons tous les deux, grand spécialiste de cette sombre période, celle-ci étant chargée de les analyser et de me faire part de ses conclusions.
Et là, Léon s’arrêta. Comme si tout était dit.
— Mais encore, l’encouragea Mallock. Tu les auras quand, ces fameuses conclusions ?
— Je les ai, mon commissaire chéri. C’est le coup de fil que je viens juste de recevoir.
— Et alors ? Ça donne quoi ?
Mallock l’aurait bien égorgé pour obtenir plus rapidement les mots que Léon devait avoir stockés sous son gros crâne chenu le temps de faire monter la tension chez son auditoire. Pour une fois que c’était lui qui détenait l’information en exclusivité, le libraire avait envie d’en profiter. C’était de bonne guerre. Il eut cependant pitié des regards implorants de Julie et Kiko.
— Eh bien, je crois pouvoir vous dire enfin où se trouve avec précision le corps de Jean-François Lafitte. Tout commence en fait par une décision prise par un célèbre général !