Le 6 avril 1994, le président Juvénal Habyarimana du Rwanda1 se rendit à Dar es-Salaam, en Tanzanie, pour y participer à un sommet régional réunissant ses homologues Ali Hassan Mwinyi de Tanzanie, Yoweri Museveni d’Ouganda, Cyprien Ntaryamira du Burundi et George Saitoti, vice-président du Kenya. Le président zaïrois Mobutu se décommanda au dernier moment (Ngabanda-Nzambo, 2005)2. La réunion terminée, le chef de l’État rwandais décida de rentrer dans son pays.
Vers 20 h 30, alors qu’il allait atterrir à Kigali, son avion fut abattu par deux missiles sol-air portant les références 04-87-04814 pour l’un, et 04-87-04835 pour l’autre. Fabriqués en URSS, ils faisaient partie d’un lot de missiles SA-16 IGLA livrés à l’armée ougandaise quelques années auparavant (Bruguière, 2006 : 38)3 (voir plus loin chapitre III).
Trouvèrent la mort dans cet acte de terrorisme commis en temps de paix, deux chefs d’État en exercice, les présidents Juvénal Habyarimana du Rwanda et Cyprien Ntaryamira du Burundi, ainsi que deux ministres burundais, MM. Bernard Ciza et Cyriaque Simbizi. Parmi les victimes se trouvaient également le chef d’État-Major des FAR (Forces armées rwandaises), le général Déogratias Nsabimana, le major Thaddée Bagaragaza, responsable de la maison militaire du président rwandais, le colonel Élie Sagatwa, beau-frère du président Habyarimana et chef de son cabinet militaire, ainsi que l’équi-page français composé de MM. Jacky Héraud, Jean-Pierre Minoberry et Jean-Michel Perrine, tous trois civils.
En quelques secondes le Rwanda se retrouva sans chef de l’État et sans chef d’État-Major. Le ministre de la Défense, Augustin Bizimana, était en mission à l’étranger ; quant au ministre de l’Intérieur, Faustin Munyazeya qui faisait lui aussi partie de la délégation du 6 avril à Dar es-Salaam, il n’avait pas pris l’avion et il décida de ne pas rentrer au Rwanda.
Dans la nuit du 6 au 7 avril, l’APR (Armée patriotique rwandaise), la force militaire du FPR (Front patriotique rwandais) rompit unilatéralement le cessez-le-feu en vigueur et entama la conquête du Rwanda à partir de ses bases situées dans le Nord du pays et adossées à la frontière ougandaise. Cette offensive avait été minutieusement préparée avec installation de dépôts à proximité des lignes d’attaque.
Selon le capitaine sénégalais Amadou Dème, ex-officier de renseignement de la MINUAR (Mission des Nations unies pour le Rwanda) :
« La progression (du FPR) était rapide et cela prouvait qu’une opération planifiée avait déjà été fomentée avant l’abattage de l’avion. Le déploiement rapide du FPR dans les alentours de Kigali et la liberté de mouvement de ses troupes pour s’infiltrer, traverser la zone démilitarisée (dans le Nord du pays, voir la carte n° 8) et s’approcher de Kigali constituaient simplement les preuves que les forces gouvernementales étaient totalement surprises par les évènements. Le FPR avait tout planifié et était prêt depuis longtemps à reprendre la guerre.» (Dème, 2011 :193).
Nous savons aujourd’hui que tout était prêt depuis plusieurs semaines et que les hommes de l’APR n’attendaient qu’un signal pour se lancer à la conquête du Rwanda. L’attentat contre l’avion du président Habyarimana le donna.
Le 6 avril 1994, à Kigali, les FAR4 (Forces armées rwandaises) ne disposaient que de 5 bataillons de 400 à 800 hommes, chacun de valeur très inégale et totalement incapables à la fois de contenir une attaque de l’APR et d’assurer la sécurité de la capitale 5. De plus, elles subissaient véritablement l’embargo sur les armes et ne purent même pas remplacer les munitions utilisées au combat.
Tout au contraire, l’APR ne souffrait d’aucune restriction de ses approvisionnements qui lui parvenaient depuis l’Ouganda. De plus, la sympathie internationale lui était largement acquise, les médias présentant ses hommes comme des combattants de la liberté luttant contre des forces dictatoriales et bientôt des « génocidaires ».
Dans la journée du 7 avril, depuis son casernement du CND situé en plein centre-ville, l’APR lança une offensive à Kigali et attaqua le camp de la garde présidentielle (carte n° 6) (TPIR, -98-41-T, Dallaire, 23 janvier 2004, p. 6).
Au lieu de s’interposer avec les 2 539 hommes dont il disposait, le général Dallaire fit au contraire replier ces derniers dans leurs cantonnements. L’aéroport dont l’ONU avait la garde fut abandonné ainsi que la route y menant, ce qui permit à l’APR de développer sa manœuvre. Le matin du 8 avril, la jonction fut ainsi réalisée entre les colonnes de l’APR venant de la frontière ougandaise et les troupes casernées au CND.
Selon le capitaine Dème, ce fut le FPR qui eut l’initiative des massacres et non les « extrémistes hutu ». Selon son témoignage, dès le 6 avril dans la soirée :
«(…) ce qui est rarement rapporté, j’entendis des coups de feu secs qui avaient l’air ciblés de la vallée derrière le CND (casernement de l’APR) (carte n° 6), ce qui corroborera des infos arrivées plus tard comme quoi le FPR avait commencé à nettoyer la zone. Ce n’était pas encore la GP (garde présidentielle) qui tirait. Le FPR est ensuite sorti derrière l’hôtel Méridien pour se placer le long de la route principale entre Urugwiro et le circuit de Kimihurura, et se mit à creuser des tranchées le long de cette route.» (Dème, 2011)
Voilà qui expliquerait pourquoi, dès le 7 avril au matin, plusieurs dignitaires hutu allèrent se réfugier dans les ambassades étrangères, notamment à l’ambassade de France (voir l’annexe n° 11).
À Paris, dans la soirée du 6 avril, dès l’annonce de l’attentat qui venait de coûter la vie au président Habyarimana, l’État-Major des armées décida la mise en alerte des forces prépositionnées en Afrique centrale et de certains éléments spécialisés.
Le 8 avril une réunion se tint à Bruxelles, destinée à coor-donner les opérations qui seraient menées par la France et par la Belgique. À 22 heures, un communiqué du ministère français des Affaires étrangères indiqua que :
« (…) devant les risques que présente la situation au Rwanda, des dispositions sont prises pour procéder à l’évacuation de nos ressortissants.»
Moins de deux heures plus tard, l’opération Amaryllis fut déclenchée. Ses objectifs étaient définis par un ordre de mission diffusé le 8 avril à 23 h 30 :
« (…) tenir et contrôler les installations de l’aéroport international de Kigali pour le 9 avril en fin de matinée ; être en mesure, si les circonstances le permettent, de procéder dans un premier temps à l’évacuation d’une soixantaine de passagers dont le choix et l’acheminement jusqu’à l’aéroport relèvent de l’ambassadeur de France (…) le détachement français adoptera une attitude discrète et un comportement neutre vis-à-vis des différentes factions rwandaises.» (ETR, 1998, op. cité, t. II : 349).
Le colonel Henri Poncet, chef de corps du 3e RPIMa fut désigné comme commandant d’opérations (COMOPS).
Le 9 avril, entre 01 h 27 et 01 h 29, quand quatre appareils français déposèrent 151 hommes sur la piste de l’aéroport de Kigali, l’opération Amaryllis entra dans sa phase active6. À 17 heures un premier avion C-130 décolla avec à son bord 55 personnes : 43 ressortissants français et 12 membres de la famille Habyarimana, dont la veuve du président.
Le 10 avril, la Belgique déclencha l’Opération Silverback, mais le débarquement des paras commandos belges aurait pu tourner au drame. Comme l’a raconté le colonel Henri Poncet, les soldats rwandais étaient très remontés contre les Belges qu’ils accusaient d’être pro-FPR. De plus, ils craignaient des représailles à la suite de l’assassinat des dix Casques bleus belges qui s’était produit le 7 avril (voir chapitre VIII, pp. 155-160). Le détachement des FAR en position dans la zone de l’aéro-port disposait de pièces d’artillerie anti-aérienne et semblait déterminé à tirer sur les avions envoyés par Bruxelles. Le colonel Poncet fit alors positionner, à proximité de chaque pièce, un militaire français avec ordre d’abattre quiconque serait tenté d’ouvrir le feu sur les avions belges (ETR,1998, op. cité, I, p. 260). Au total, 600 para-commandos belges renforcés le 11 avril par 400 autres prirent à leur tour position à Kigali et les évacuations aériennes se poursuivirent.
Le 12 avril la situation à Kigali devint incontrôlable et la France décida de fermer son ambassade. Un convoi protégé fut organisé vers le Burundi qui permit d’évacuer 178 personnes. La journée du 12 avril fut également marquée par le départ à l’aube de l’ensemble du corps diplomatique français et des coopérants militaires vers l’aéroport. Tous quittèrent le Rwanda à 7 h 30 à bord de deux C-160.
Le 14 avril l’ordre d’évacuation final fut donné au lieutenant-colonel Maurin cependant que l’APR décrétait un cessez-lefeu unilatéral se terminant à minuit, ce qui permit d’achever l’évacuation des expatriés. Cette mission menée à son terme, les derniers parachutistes belges et français quittèrent le Rwanda, laissant les Rwandais face à eux-mêmes. Le 15 avril vit la fin de l’opération d’évacuation belge7.
À plusieurs reprises les FAR demandèrent un cessez-le-feu qui fut refusé par l’APR dont la stratégie était clairement de profiter du chaos. Le capitaine Dème écrit même que le FPR) avait une volonté de chaos humanitaire (Dème, 2011 : 193). L’APR rendit ainsi inopérante la police militaire chargée de la discipline au sein de l’armée et seule capable d’arrêter les déserteurs en ville, en attaquant Kami, son camp. Assiégée, cette unité ne fut donc pas en mesure d’intervenir contre les déserteurs. Quant à la seconde position attaquée, ce fut l’état-major de la gendarmerie, ce qui désorganisa totalement cette arme dont la fonction était la sécurité des personnes et des biens.
Au bout de quelques jours, l’armée rwandaise, paralysée par l’embargo sur les armes et les munitions qu’elle subissait, fut défaite8 et à partir du 20 avril l’APR s’imposa sur le terrain.
Du mois d’avril au mois de juin 1994, le Rwanda connut un génocide doublé d’une guerre atroce. D’immenses tueries se déroulèrent alors dans le pays, le génocide des Tutsi étant doublé d’un massacre de masse des Hutu par l’APR (Merelles, 2008).
LES TUTSI NE FURENT PAS LES SEULES VICTIMES
Selon F. Reyntjens, 600 000 Tutsi, soit 75 % de tous les Tutsi qui vivaient au Rwanda à la veille du 6 avril 1994 furent massacrés, ainsi que 500 000 Hutu9.
Selon les actuelles autorités de Kigali, il y eut très exactement 1 074 017 victimes (Dénombrement des victimes du génocide. Analyse des résultats, Kigali, République rwandaise, mars 2001) dont 93,7 % de Tutsi, ce qui donnerait donc le chiffre de 1 006 353 Tutsi assassinés. Démographiquement cela est impossible puisque ce chiffre serait égal ou supérieur à la population tutsi totale du Rwanda de l’époque. Les Tutsi ne furent donc pas les seules victimes des tragiques évènements.
Reyntjens donne l’exemple d’une colline dans la région de Gisenyi où sur 27 personnes tuées, une seule était Tutsi (TPIR-98-41-T, 21 septembre 2004, sans pagination).
Avant le mois de décembre 1993, les gendarmes français menèrent des enquêtes auprès des réfugiés hutu venant des zones occupées par le FPR et leurs résultats semblent montrer qu’au fur et à mesure de son avance, l’APR pratiquait des massacres de masse. Cependant :
« (…) comme dans le cas des mines (voir page …), les autorités rwandaises (de l’époque) n’ont pas su ou pas voulu exploiter les éléments qu’elles détenaient sur les massacres commis par le FPR dans la zone qu’il occupait car nous avions également enquêté sur ces massacres, en interrogeant, par le biais des gendarmes OPJ rwandais que nous avions formés, les réfugiés que nous choisissions nous-mêmes afin de ne pas nous laisser intoxiquer. Les résultats étaient éloquents et convergents. Ils attestaient que le FPR liquidait systématiquement les notables des régions conquises, chassait devant lui la population, ce qui lui évitait d’avoir sur ses arrières des éléments hostiles. Ces terres conquises étaient repeuplées avec des familles issues de la diaspora ou politiquement sûres. De plus, le FPR accélérait la déstabilisation du régime Habyarimana en lui envoyant un million de réfugiés.» (Entretien avec le colonel Robardey).
Face au drame, la communauté internationale se montra à la fois impuissante, incohérente et irresponsable. La France fut alors la seule à réagir. Le 22 juin 1994, le Conseil de sécurité adopta la Résolution 929 qui, pendant deux mois, l’autorisait à « employer tous les moyens » pour protéger les populations10. Ce fut l’opération Turquoise (Lafourcade, 2010) qui débuta le 23 juin11. Le 5 juillet, l’armée française créa dans le Sud-Ouest du Rwanda, une Zone humanitaire sûre cependant qu’au Nord, dans la région de Gisenyi, un flot ininterrompu de Hutu s’écoulait en territoire zaïrois où de gigantesques camps surgirent de terre.
Le 21 août, leur mission terminée, les forces de Turquoise quittèrent le Rwanda conformément au mandat de l’ONU dont la France était dépositaire. La MINUAR prit ensuite leur relais. 2 000 soldats de la MINUAR II12. L’opération Turquoise prit fin le 30 septembre 1994, date du départ du dernier élément postcurseur de Goma pour Djibouti et la France (carte n° 10).
Pendant que Turquoise se déroulait, la guerre continuait entre l’APR et ce qui restait des FAR. Le 4 juillet, à Kigali, les dernières poches de résistance de ces dernières furent réduites, le 7 juillet l’aéroport de Kigali fut rouvert et le 14 juillet, la ville de Ruhengeri passa sous le contrôle de l’APR. Le 17, ce fut le tour de Gisenyi et le 18 juillet des milliers de soldats des FAR gagnèrent le Zaïre. Le major Kagamé13 déclara alors que la guerre était finie et qu’un cessez-le-feu existait de facto. Le 19 juillet, le FPR décida unilatéralement l’arrêt des combats.
À partir de ce moment, l’histoire officielle du génocide fut écrite par les vainqueurs et par leurs affidés étrangers, ceux que Pierre Péan (2005) désigne sous le nom de « Blancs menteurs »14.
Pour ces derniers, il y a d’un côté les victimes donc les « bons », lire les Tutsi et le FPR, de l’autre, les bourreaux et les « génocidaires », lire les Hutu, moins les Hutu dits « modérés » (voir le chapitre V).
Tirant sa « légitimité » du génocide, le régime de Kigali se cramponne aujourd’hui à cette histoire officielle. D’autant plus qu’elle a servi de base à l’acte d’accusation que dressa ensuite le procureur du TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda) créé par le Conseil de sécurité de l’ONU afin de juger les responsables et les auteurs principaux du génocide.
Cette histoire officielle peut être ainsi résumée :
1. les « extrémistes hutu » assassinèrent leur propre président le 6 avril 1994,
2. dans la nuit du 6 au 7 avril, ils firent un coup d’État qui leur permit de mettre en place un gouvernement génocidaire (le GIR ou Gouvernement intérimaire rwandais),
3. ce dernier déclencha et coordonna le génocide des Tutsi lequel avait été programmé, organisé et planifié depuis des mois, voire des années.
Cette doxa ne fut pas remise en question avant les années 200016. Puis, les certitudes bétonnées par les terribles images des massacres commencèrent peu à peu à se fissurer quand des transfuges tutsi accusèrent directement le FPR (Front patriotique rwandais) et son chef, le général Kagamé, d’être les commanditaires de l’attentat du 6 avril 1994 qui fut l’élément déclencheur du génocide.
Le renversement de perspective historique fut à ce point réel que le 17 avril 2000 Madame Carla Del Ponte, ancien procureur du TPIR, déclara même que : « S’il s’avérait que c’est le FPR qui a abattu l’avion du président Habyarimana, l’histoire du génocide devrait être réécrite ».
Or, cette réécriture a été faite devant le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), à travers les dizaines de milliers de pages des procès-verbaux des audiences tenues devant les diverses cours composant ce tribunal, à travers les auditions de centaines témoins, à travers les innombrables pièces ajoutées en preuves ou en contre-preuves, à travers les rapports présentés et défendus par les experts16, à travers les interrogatoires et les contre-interrogatoires et à travers les jugements rendus en première instance ou en appel.
Cependant, ces travaux sont soit inconnus, soit délibérément ignorés par les tenants de l’histoire officielle car ils contredisent leurs postulats. Et pourtant, leur exploitation permet d’affirmer que tout ce qui, jusque-là, fut écrit au sujet du génocide du Rwanda, est scientifiquement dépassé.
1. Le Rwanda a deux grandes composantes humaines, les Tutsi, entre 10 et 15 % de la population et les Hutu.
2. Selon l’ancien ministre zaïrois de la Défense et conseiller spécial du président Mobutu en matière de sécurité, le président zaïrois aurait informé son homologue rwandais qu’un attentat le visant était imminent.
3. La bibliographie de cet ouvrage est référencée dans le texte ou dans les notes infrapaginales et elle se retrouve en fin de volume p. 269.
4. Les FAR étaient composées de l’Armée rwandaise (AR) et de la gendarmerie nationale ; elles relevaient directement du ministre de la Défense. Le chef suprême des FAR était le président de la République. L’Armée rwandaise (AR) était dirigée par un chef d’État-Major assisté des responsables des quatre bureaux qui étaient le bureau du G1 (Personnel et administration), le bureau du G2 (Renseignement et intelligence), le bureau du G3 (Opérations militaires) et le bureau du G4 (Logistique).
5. Entretien avec le colonel Jean-Jacques Maurin, adjoint opérationnel du chef de la Mission d’assistance militaire (MAM) française et conseiller du chef d’État-Major des FAR.
6. Pour tout ce qui concerne cette opération, on se reportera à Lugan (2005 : p. 174-200).
7. Le bilan de l’opération Amaryllis établi au 14 avril 1994 fait état de l’évacuation aérienne par la France de 1 238 personnes dont 454 Français et 784 étrangers, parmi lesquels 612 Africains dont 394 Rwandais (40 % Tutsi, 60 % Hutu). Parallèlement, 115 Français furent exfiltrés par la route vers le Zaïre et le Burundi. La Belgique évacua pour sa part I 226 personnes dont 1 026 Belges, l’Italie et le Canada respectivement une centaine de personnes.
8. Les FAR résistèrent à Kigali alors qu’elles n’avaient pas de réserves de munitions. À ce sujet, on se reportera au récit très documenté fait par le major Faustin Ntilikina (2008).
9. Reyntjens, F., « Estimation du nombre des personnes tuées au Rwanda en 1994 », in Maryse, S. et Reyntjens, F. (éds), L’Afrique des Grands Lacs : Annuaire 1996-1997, Paris, p.182. Voir également : Dénombrement des victimes du génocide. Analyse des résultats, Kigali, République rwandaise, mars 2001.
10. Votèrent pour : Argentine, Djibouti, Espagne, États-Unis, Fédération de Russie, France, Oman, République tchèque, Royaume-Uni, Rwanda. Contre : aucun. Abstention : Brésil, Chine, Nouvelle-Zélande, Pakistan. La France obtient donc l’accord du Conseil de sécurité avec une majorité « serrée » de dix voix et cinq abstentions alors que majorité y était de neuf voix.
11. Cette opération fut décidée par la Résolution n° 929 du 22 juin 1994 du Conseil de sécurité de l’ONU. Selon la résolution, cette force devait « contribuer de manière impartiale à la sécurité et à la protection des personnes déplacées, des réfugiés et des civils en danger au Rwanda ». Contrairement à la MINUAR qui relevait du Chapitre VI, l’opération Turquoise relevait du Chapitre VII de la Charte de l’ONU qui permet le recours aux armes en cas de menace. Cette opération qui s’est déroulée du 23 juin au 21 août 1994 était composée de 2 550 militaires français et de 500 autres venus du Sénégal, de Guinée-Bissau, d’Égypte, du Tchad, de Mauritanie, du Niger et du Congo.
12. 450 hommes demeurèrent à Goma, au Zaïre, affectés à la gestion de l’aéroport. Leur mission essentielle fut cependant de rapatrier le matériel de l’opération et d’assurer initialement le soutien logistique du groupement africain. Cette mission ne dépassa pas les deux mois.
13. À partir de cette date, les communiqués rwandais donnent à Paul Kagamé le grade de général. Nous ralliant à cet usage, nous parlerons donc désormais du général Kagamé et non plus du major Kagamé.
14. Après la publication de ce livre, Pierre Péan fut la victime d’une campagne de terrorisme judiciaire lancée par des associations proches du régime de Kigali relayées par SOS Racisme et qui déposèrent plusieurs dizaines de plaintes contre lui pour « complicité de diffamation raciale », « complicité de provocation publique à la haine raciale », « racisme, xénophobie, révisionnisme et négationnisme ». Pour une mise au point sur ces procès en sorcellerie, voir Hervé Deguine (2008).
15. Essentiellement par les auteurs suivants par ordre alphabétique : Lugan (2004, 2005 et 2007), Onana (2002 et 2005) et Philpot (2003).
16. Notamment à l’occasion de mes expertises dans les affaires Emmanuel Ndindabahizi (TPIR-2001-71-T), Théoneste Bagosora (TPIR-98-41-T), Tharcisse Renzaho (TPIR-97-31-I), Protais Zigiranyirazo. (TPIR-2001-73-T), Innocent Sagahutu (TPIR-2000-56-T), Augustin Bizimungu (TPIR- 2000-56-T) ainsi que de mes commissions dans les affaires Édouard Karemera (TPIR-98-44 I) et J. Bicamumpaka. (TPIR-99-50-T).