À MI-HAUTEUR DU FLANC DE LA COLLINE, Nuage de Feuille se retourna pour suivre des yeux sa sœur et le reste de la patrouille. Grâce au lien unique qui l’unissait à Poil d’Écureuil, elle ressentait son impatience, tant d’aller explorer le nouveau territoire que de retrouver ses amis. L’apprentie éprouva une pointe de jalousie : elle enviait la force de cette amitié, bâtie sur une confiance mutuelle et nombre d’expériences partagées.
Son regard se posa sur la silhouette charbonneuse de Plume de Jais. Des quatre compagnons, il était le plus difficile à comprendre. Elle regrettait de ne pas le connaître davantage. Il semblait le moins enclin à faire confiance aux guerriers des autres Clans. Pourtant, au cours de leur longue traversée des montagnes, elle l’avait vu prendre des risques multiples pour aider les autres, quels que soient leurs Clans. Elle frissonna, et sa fourrure se hérissa. Elle sut alors que leurs ancêtres réservaient à Plume de Jais un destin hors du commun. Quel serait-il ? Elle l’ignorait, et il n’y avait aucune raison pour que le Clan des Étoiles le lui dévoile.
Elle sursauta en sentant qu’on lui frôlait l’épaule : c’était Museau Cendré, qui la contemplait de son regard bleu plein de sagesse.
« Tu aurais aimé partir avec eux ? » demanda la guérisseuse.
Le jeune chatte tigrée ne sut que répondre. Elle était apprentie guérisseuse, non guerrière… Son devoir l’appelait auprès de ses camarades de Clan affaiblis et épuisés. Alors pourquoi désirait-elle aussi suivre la petite patrouille qui longeait la rive marécageuse ? Elle s’imagina en train de bondir à leur suite pour cheminer auprès de Plume de Jais, qui fermait la marche. Elle en eut le souffle coupé : elle arrivait presque à sentir son pelage gris sombre frôlant le sien.
« Tout va bien ? s’enquit Museau Cendré, qui la dévisageait.
— Oui, fit l’apprentie après avoir cligné les yeux. Moi ? Partir avec la patrouille ? Quelle idée ! Il y a bien assez à faire ici.
— C’est vrai. Nous devons soulager quatre Clans à bout de forces et nos réserves de remèdes se résument à quelques feuilles et quelques baies pilées. »
Nuage de Feuille sentit sa gorge se nouer. Peut-être aurait-elle dû partir avec les autres pour chercher des herbes ?
« Nous allons retrouver les autres guérisseurs, poursuivit Museau Cendré. Il faut organiser une cueillette de plantes et discuter de la façon dont nous allons communier avec nos ancêtres, si loin des Hautes Pierres. » Elle leva les yeux au ciel, et sa voix se fit murmure. « J’espère que nous trouverons bientôt une autre Pierre de Lune. »
Papillon, la guérisseuse du Clan de la Rivière, était assise à l’abri d’un buisson épineux en compagnie de Petit Orage, le guérisseur du Clan de l’Ombre. Autour d’eux, les guerriers et les apprentis des quatre Clans se répartissaient en patrouille de chasse.
Museau Cendré attendit que la plupart des chasseurs soient partis avant de rejoindre les autres guérisseurs. Nuage de Feuille se précipita vers son amie.
« Je me sens si inutile ! gémit Papillon à son oreille. Je n’ai plus de remèdes et tout le monde est si fatigué… »
L’inquiétude de la chatte dorée ne surprenait guère Nuage de Feuille. Papillon avait suivi l’entraînement des guerriers, avant de devenir apprentie guérisseuse. Et Patte de Pierre avait rejoint le Clan des Étoiles juste avant leur départ de la forêt, alors qu’elle n’avait pas fini sa formation. Elle devait maintenant assumer ses responsabilités. La jeune chatte tigrée se réjouissait que Museau Cendré eût encore bien des lunes devant elle. Elle n’était pas pressée de perdre son mentor, et elle n’enviait pas du tout le sort de son amie. Enfin, Papillon avait eu un excellent mentor et elle pourrait demander conseil aux autres guérisseurs en cas de besoin. De plus, sur cette terre inconnue, ils auraient tous des choses à apprendre.
Elle donna un petit coup de langue sur l’oreille de sa camarade.
« Ça va aller, promit-elle. Nous t’aiderons.
— Où est Écorce de Chêne ? demanda Museau Cendré.
— Toujours avec Étoile Filante, je pense, répondit Petit Orage dans un soupir. Je crains que personne ne puisse plus rien pour lui. »
Nuage de Feuille se crispa. Quelle injustice que le Clan des Étoiles doive accueillir le chef du Clan du Vent avant même qu’il ait pu voir le nouveau foyer de ses guerriers !
« Le voilà », annonça Museau Cendré en pointant les oreilles vers le matou brun qui venait vers eux tête basse, la queue pendante.
« Comment va Étoile Filante ? » s’enquit Petit Orage.
Écorce de Chêne poussa un profond soupir en se laissant tomber sous les ronces.
« Il dort. Il est très faible. Le voyage l’aura achevé. Le Clan des Étoiles attend maintenant qu’il le rejoigne.
— Il n’y a vraiment rien à faire ? insista Nuage de Feuille.
— Non. Si nous avons tous accompli le long périple qui séparait la forêt de ce lac, lui seul devra affronter un voyage plus long encore. Il a été un noble chef, mais il ne peut vivre éternellement.
— Tous les Clans lui rendront hommage », murmura Museau Cendré. Elle s’inclina un instant, avant de se redresser et de s’ébrouer. « En attendant, de lourdes tâches nous attendent.
— Nous devons chercher des plantes médicinales, répondit Papillon. Nous sommes tous épuisés et morts de faim, des maladies risquent de se déclarer.
— C’est vrai, reconnut Museau Cendré. Nous partirons bientôt chercher des herbes, en priant pour que le Clan des Étoiles nous aide à trouver le nécessaire. Mais avant cela… » Elle gratta le sol avant de poursuivre. « Si une patrouille est partie chercher de nouveaux camps, il nous en faudra plus pour que nous nous sentions ici chez nous. Où les Clans se rassembleront-ils à la pleine lune ? Et la Pierre de Lune ? Il nous faudrait des jours et des jours de marche pour rallier la Grotte de la Vie. »
Nuage de Feuille eut mal aux pattes à cette simple idée. À l’évidence, il serait impossible de retourner aux Hautes Pierres toutes les demi-lunes pour communier avec le Clan des Étoiles, non ? Dans ce cas, où les chefs iraient-ils recevoir leur nouveau nom et leurs neuf vies ?
Un long silence s’installa. Nul n’avait de réponse, ni ne savait où commencer les recherches.
« Est-on seulement certains d’être au bon endroit ? demanda finalement Petit Orage. Sans la Pierre de Lune, seuls les signes et les rêves nous lient au Clan des Étoiles, et je n’ai jusqu’à présent rien vu d’encourageant.
— C’est forcément le bon endroit », gémit Nuage de Feuille. Elle se creusa la tête pour trouver un moyen de convaincre Museau Cendré et Petit Orage, qui étaient bien plus expérimentés qu’elle. « Je l’ai vu en rêve. Et Conteur communiait avec les ancêtres de la Tribu dans la Grotte aux Pointes Rocheuses, ajouta-t-elle en se remémorant leur visite à la Tribu de l’Eau Vive. Il y a peut-être d’autres endroits comme la Pierre de Lune.
— Je pense que le Clan des Étoiles nous a envoyé un signe lorsque nous avons vu son reflet à la surface du lac », miaula Museau Cendré.
Soulagée, Nuage de Feuille sentit aussitôt son pelage hérissé se remettre en place.
« Peut-être nous enverra-t-il un autre signe pour nous guider vers une autre Pierre de Lune, hasarda Écorce de Chêne.
— Peut-être, répéta Petit Orage, perplexe. J’espère juste qu’il ne tardera pas.
— Est-ce si important ? s’enquit Papillon. Dans tous les cas, rien ne nous empêche de trouver les bonnes plantes et de… »
Voyant les regards étonnés des autres guérisseurs, elle s’interrompit. Nuage de Feuille se raidit ; comment Papillon pouvait-elle croire que la tâche du guérisseur se résumait à soigner ses camarades ?
La chatte au pelage doré les regarda l’un après l’autre, confuse.
« Ce que veut dire Papillon, déclara Nuage de Feuille pour sortir son amie de ce mauvais pas, c’est que nous pouvons continuer à traiter les malades en attendant un signe du Clan des Étoiles.
— Oui, c’est ce que je voulais dire », ajouta la jeune guérisseuse en se tournant vers elle, visiblement soulagée.
Museau Cendré remua les oreilles.
« C’est vrai, on pourrait déjà commencer par reconstituer nos réserves, miaula Petit Orage.
— Si vous voulez bien m’excuser, ma place est auprès d’Étoile Filante, répondit Écorce de Chêne en se levant péniblement. Mais j’aurais bien besoin de feuilles de pas-d’âne, si vous en trouvez. Il a du mal à respirer.
— On ne trouvera pas de pas-d’âne avant la saison des feuilles nouvelles, fit remarquer Papillon, inquiète. Est-ce que des baies de genièvre feraient l’affaire ?
— Ce serait parfait, merci Papillon.
— Nous t’en rapporterons », promit Museau Cendré.
Écorce de Chêne les remercia d’un grognement et retourna auprès d’Étoile Filante, immobile tas de fourrure noir et blanc. Il échangea quelques mots avec Moustache, qui veillait son chef agonisant, puis s’étendit tout près du vieux meneur. Par sa présence, il voulait lui faire savoir qu’il ne serait pas seul lorsqu’il entreprendrait son dernier voyage.
« Bravo, Papillon ! miaula Nuage de Feuille. Jamais je n’aurais pensé aux baies de genièvre pour remplacer le pas-d’âne. »
Papillon ronronna avant de demander :
« Par où commence-t-on ? »
Museau Cendré se leva d’un mouvement raide pour ménager sa vieille blessure.
« Si nous nous dirigeons de ce côté, répondit-elle, nous finirons sur le territoire des chevaux. À mon avis, on devrait aller dans l’autre sens, vers le lac.
— D’après Étoile de Feu, la rive est marécageuse, lui rappela Nuage de Feuille.
— Des tas de remèdes poussent dans les marécages », rétorqua Papillon. Du bout de la queue, elle donna une petite pichenette sur l’oreille de son amie. « Si tu appartenais au Clan de la Rivière, tu n’aurais pas peur de te mouiller un peu les pattes !
— Quant à moi, je serais bien content d’attraper une grenouille ou un crapaud », déclara Petit Orage. Il vit que les autres le dévisageaient et ajouta, sur la défensive : « Leur chair n’est pas si mauvaise ! On en trouvait en toute saison sur le territoire du Clan de l’Ombre, alors même que le gibier manquait ailleurs. »
À mesure qu’ils s’approchaient du rivage, l’herbe coriace de la lande laissait place aux joncs et à la mousse. Le sol était spongieux. À chaque pas, de l’eau suintait sous les coussinets de Nuage de Feuille.
« J’espère que ce n’est pas comme ça partout », marmonna-t-elle en s’arrêtant un instant pour secouer ses pattes mouillées.
Elle observa le paysage et s’aperçut que, même si ces marais se poursuivaient jusqu’au lac, des arbres poussaient un peu plus loin sur la rive. Elle remarqua même une presqu’île boisée. Un endroit parfait pour un camp, se dit-elle.
Elle gambada pour rattraper les autres et les rejoignit près d’une énorme touffe de prêles. Cette plante semblait se développer à merveille dans cet endroit. Le moral de Nuage de Feuille remonta aussitôt.
« C’est formidable, miaula Museau Cendré. Elle n’a jamais aussi bien poussé sur notre ancien territoire. Nous en cueillerons en revenant. Nuage de Feuille, dans quel cas utilise-t-on la prêle ? »
La novice n’appréciait guère de se faire interroger devant les autres guérisseurs comme si elle venait à peine de commencer son apprentissage, mais elle connaissait la réponse :
« Les infections.
— Exact, miaula Petit Orage. Et nous allons en avoir besoin. Nos camarades se sont fait beaucoup d’égratignures et autres coupures durant le voyage.
— Tu as malheureusement raison », convint Museau Cendré, avant de repartir, suivie des autres guérisseurs.
Nuage de Feuille se félicita lorsqu’elle aperçut en premier un parterre de menthe aquatique, l’un des meilleurs remèdes contre les maux de ventre.
« Nous ne trouverons jamais de baies de genièvre par ici, fit remarquer Papillon en franchissant d’un bond un petit ruisseau. C’est bien trop humide.
— En effet. Nuage de Feuille et toi, vous pourriez poursuivre vos recherches plus loin du rivage, suggéra Museau Cendré. Je vois des buissons, là-bas. Ce sont peut-être des genévriers.
— D’accord », fit la chatte dorée en tournant le dos au lac pour se diriger vers la crête qu’ils avaient franchie la veille au soir.
Nuage de Feuille la suivait de près, soulagée de sentir sous ses pattes un sol plus sec et plus dur. Les deux chattes arrivèrent bientôt à un bosquet, où l’apprentie reconnut aussitôt les feuilles sombres et dentelées ornées de baies pourpres d’un genévrier.
« Parfait », miaula-t-elle gaiement tout en attaquant quelques branches avec les dents.
Elles en arrachèrent autant qu’elles purent avant de redescendre vers le lac. La novice repéra alors en contrebas les silhouettes minuscules, indistinctes, de Museau Cendré et Petit Orage sur le rivage. Elle s’aperçut également que ce qu’elle prenait pour une presqu’île était en fait un petit îlot, bien séparé de la rive par un étroit chenal.
« Papillon, regarde ! Il y a une île sur le lac !
— Voilà un endroit idéal pour les Assemblées ! s’exclama son amie. Elle est assez grande pour accueillir les quatre Clans, et là, rien ne viendrait nous déranger. Allons prévenir les autres. »
Elle ramassa son fardeau et dévala la colline vers Museau Cendré et Petit Orage. Nuage de Feuille prit ses propres branches dans la gueule et la suivit plus lentement. Papillon ne lui avait pas laissé le temps de répondre : seuls les membres du Clan de la Rivière savaient nager et aucun des autres Clans ne pourrait atteindre cette île. C’était bien dommage, car Papillon avait vu juste : l’île aurait été un lieu de rassemblement parfait pour les Clans, à l’abri des prédateurs et des Bipèdes.
Lorsque l’apprentie rejoignit les autres, Papillon évoquait déjà leur découverte avec des miaulements enthousiastes. Les quatre félins s’approchèrent de l’eau pour voir l’île de plus près. Sur le rivage, sec et rocailleux, quelques ronces émergeaient des fissures.
« L’endroit a l’air sûr, admit Museau Cendré. Mais comment nous y rendre ? Tu te vois annoncer aux anciens qu’ils devront nager chaque fois qu’ils voudront assister aux Assemblées ? »
Petit Orage émit un ronron amusé, mais Papillon eut l’air blessée.
« Si l’eau n’est pas trop profonde, il n’est peut-être pas nécessaire de nager, déclara Nuage de Feuille avec tact, même si elle n’était pas pressée de le découvrir.
— Je pourrais aller m’en assurer, proposa Papillon.
— Si tu veux », répondit Museau Cendré.
Il n’en fallut pas plus à la guérisseuse : la chatte à la robe dorée dévala les rochers à toute allure.
« Fais attention ! » lança l’apprentie.
Son amie la rassura d’une ondulation de la queue avant de se glisser dans le lac. L’eau lui arriva bientôt jusqu’au ventre et elle dut se mettre à nager, avançant un peu plus vite à chaque coup de patte puissant. Nuage de Feuille plissa les yeux pour se protéger du reflet du soleil et suivre la progression de la petite tête sombre qui disparaissait par intermittence entre les arbres.
Derrière elle, Petit Orage suggéra :
« Et si on chassait, en l’attendant ? J’ai tellement faim que je pourrais avaler un blaireau ! »
La jeune chatte tigrée prit alors conscience des plaintes de son propre estomac. Pourtant, elle ne bougea pas avant d’avoir vu Papillon atteindre la rive de l’île ; la guérisseuse s’extirpa de l’eau et agita joyeusement la queue avant d’être engloutie par les buissons.
L’apprentie se retourna au moment même où Petit Orage se jetait sur un campagnol, dont il ne fit qu’une bouchée. Heureusement qu’il n’avait pas mis la patte sur une grenouille ou un crapaud. S’il lui en avait proposé, elle se serait sentie obligée d’accepter ! Or, elle n’était pas suffisamment affamée pour dévorer une proie si peu ragoûtante.
Un peu plus loin, Museau Cendré traquait une souris dans les hautes herbes au pied des rochers. Un instant plus tard, elle l’acheva et interpella sa protégée.
« Viens chasser ! Papillon s’en sortira très bien. Le gibier est abondant par ici. »
La jeune chatte tigrée jeta un ultime regard vers la petite île, mais ne vit aucun signe de son amie. À pas de velours, elle gagna les rochers les plus proches et perçut les petits couinements d’un rongeur. Elle s’immobilisa. Quelques brins d’herbe se courbèrent, révélant la tête d’un autre campagnol qui grattait des graines tombées par terre. Elle rampa vers lui, ses coussinets décollant à peine du sol. Dès qu’il fut à portée de pattes, elle bondit et le tua d’un coup de dents.
Elle ne se rappelait pas la dernière fois qu’elle avait vu un rongeur aussi dodu. Pendant la destruction de la forêt, les rares animaux qui ne s’étaient pas enfuis, et qui étaient faciles à débusquer, étaient toujours maigrelets et coriaces. Et lors de la traversée des montagnes, ils n’avaient pas eu beaucoup d’occasions de chasser.
Rassasiée, elle finissait son repas lorsque Petit Orage lança à la cantonade :
« Papillon revient ! »
Nuage de Feuille se hâta d’avaler sa dernière bouchée et fila accueillir son amie, qui nageait lestement vers elle. Elle fut bientôt en mesure d’avancer sur ses pattes et sortit de l’eau pour s’ébrouer.
« Alors ? s’enquit Museau Cendré. Qu’as-tu trouvé ?
— C’est parfait ! s’exclama la guérisseuse, enthousiaste. Des arbres et des buissons poussent le long de la rive, mais au centre, il n’y a qu’une clairière verdoyante. Tous les Clans pourraient aisément s’y réunir.
— Le Clan de la Rivière, peut-être, répondit Petit Orage avec inquiétude. Mais tu ne convaincras jamais les autres de vous y rejoindre. Certains, ceux qui ont plus de courage que de jugeote, se noieraient s’ils essayaient.
— En plus, au milieu de la clairière, continua Papillon comme si son aîné n’avait rien dit, il y a un arbre gigantesque, aussi gros que les Quatre Chênes. Les chefs pourraient grimper sur les plus basses branches pour s’adresser aux Clans. » Ses yeux bleus brillaient d’excitation. « C’est l’endroit rêvé ! On y trouve aussi du gibier.
— C’est pourtant impossible, soupira Museau Cendré. Mais tu as raison, Papillon, cette île semblait idéale. Merci de l’avoir explorée. »
Dépitée que les guérisseurs s’opposent à son idée, Papillon s’était éloignée. Les autres la suivirent vers le camp de fortune. Nuage de Feuille s’attarda un instant, pour jeter un ultime regard vers l’île prometteuse. Les Clans avaient besoin d’un lieu de rassemblement et d’une nouvelle Pierre de Lune tout autant que de camps sûrs et abrités, et de gibier en abondance. À cette seule condition ils retrouveraient peut-être le cinquième Clan contraint de quitter la forêt : le Clan des Étoiles.
L’apprentie frémit, alors même que les roseaux la protégeaient du vent froid venu du lac. Tant qu’une solution ne se ferait pas jour, l’avenir des Clans sur leur nouveau territoire demeurerait incertain.