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LOLA
MERCREDI MATIN

Il est neuf heures. J’adore les mercredis matins ! Maman reste à la maison, exprès pour moi.

Il paraît que Nélio a insisté pour que papa le conduise jusqu’au collège. La semaine dernière encore, il refusait de voir nos parents à cent mètres du portail ! N’importe quoi… Il faut que je comprenne pourquoi mon frère devient aussi niais !

Je crois que je vais me lever. Et je crois qu’après, je vais inviter Violette, ma meilleure copine. Elle habite deux étages en dessous de chez moi. On ne s’ennuie jamais toutes les deux. En plus, je viens de mettre au point un plan d’enfer pour aujourd’hui.

Chewing-Gum vient me chercher. Hop, je me lève ! Rien ne vaut un bon chien et un petit déjeuner plein de confiture et de biscottes craquantes pour commencer un jour de vacances.

Maman fait du courrier dans le salon. Elle me sourit :

— Ton chocolat est prêt, Lolita !

En vrai, je m’appelle Lola, mais maman fait souvent pétiller mon nom, juste pour le plaisir.

Mon lait et mes tartines avalés, je saute dans mon jean et je fonce sur le téléphone. Une demi-heure plus tard, Violette est chez moi. Je lui dévoile mon plan :

— Voilà : aujourd’hui, pas de répétition de danse, on va enquêter. Nélio est bizarre depuis hier soir. Il semble arriver tout droit de la planète des renfrognés. Je te jure : en ce moment, si je rigole trop fort, je risque ma peau !

— Il a des mauvaises notes ? Je secoue la tête :

— Pire que ça ! Violette, l’heure est grave : il n’a même pas repris de lasagnes hier soir ! Les contrôles ratés n’ont jamais empêché mon frère de se resservir de son plat préféré. La vérité est plus simple : Nélio est amoureux. Il faut vérifier mais, a priori, c’est sûr.

Violette adore qu’on parle d’amour. Elle se frotte les mains :

— Si c’est sûr, il y a urgence : on commence l’enquête tout de suite ! Tu crois qu’elle est brune ou blonde ? Il me tarde de la voir !

Au bout d’une demi-heure, le plan d’attaque est au point. Violette descend chez elle pour prendre ses jumelles. Pendant ce temps, je fouille partout dans ma chambre. Enfin, dans le désordre de mon tiroir, je découvre une lanière. Je tire… gagné ! L’appareil photo est au bout !

Le matériel est bien caché dans un sac. Bonnet sur la tête et baskets aux pieds, nous partons avec la bénédiction de maman. Elle a semblé surprise :

— C’est gentil d’aller chercher Nélio au collège ! J’espère simplement qu’il le prendra bien, vous savez qu’il n’aime pas trop ça… Enfin, soyez discrètes.

Pas de souci, maman ! Nous serons comme des agents secrets, style Nestor Burma et Hercule Poirot qui se seraient déguisés en copines de CM2.

Un quart d’heure avant la sortie des cours, nous sommes sur place. Il manque juste le poste d’observation idéal, le buisson situé ni trop près ni trop loin pour espionner à l’aise. Le voilà ! Nous sommes à peine installées que la sonnerie retentit.