XXI

— Eh dis Lando, lança Jim goguenard, elle t’a serré un peu fort pour te remercier ta protégée !

Les trois policiers étaient en terrasse.

— Tu les attires, ma parole ! renchérit Ange. Dès qu’il y a des barjos dans un secteur, ils ont toujours envie de te faire bosser ! Avec ceux-ci, tu aurais pu mettre le holà bien avant non ?

— Disons que j’avais encore envie de m’amuser. Je voulais aller au bout du bout. Quand Marina a commencé à me mentir, j’ai tout de suite voulu savoir pourquoi ! J’ai suivi de loin en loin. Malbecques a eu ses vapeurs. Je vous ai mis tous les deux sur le coup et…

— Tu mets une pièce dans la machine et c’est parti !

— Le silence du bras droit posait question. Fallait une très bonne raison pour qu’il se taise à ce point. Seuls, les habitués y arrivent.

— Bien, le père de famille. Voulait sauver la sienne !

— Du coup les autres ont tourné autour et mis la pression. C’était sans compter sur Marina.

— Elle l’aurait tué le mec du TGV ?

— Je pense, dit Landowski. Elle voulait la libération de son mari mais aussi la punition pour les autres ! Elle n’avait plus d’autre choix. Elle était prête, et armée, pour la suite.

— Tu n’as pas cru au vol plané de Madame ?

— Non, les Amaindry étaient dans le cercle. Au centre, y avait les diam’s ! L’épouse a merdé avec Jamie. Son mec te l’a renvoyée dans les cordes. Il a compris qu’elle devenait un danger pour lui.

— Pourtant il avait prévu le coup en s’appuyant sur sa secrétaire !

— Acculée, sa femme n’aurait pas été de taille à résister. Il a préféré anticiper.

— Et ça l’arrangeait bien pour Marina ! ajouta Ange.

— Avec des félicitations pour avoir retrouvé le gamin chez lui. Preuves dans la voiture de la ravisseuse, témoignage de l’enfant. Jamie ne l’avait pas vu. Il aurait été son sauveur. Tout sur sa femme, médaille pour lui !

Landowski hocha la tête.

— Amaindry est un sacré loulou ! Son activité de négoce de pierres lui est montée à la tête. Il a tiré sur la corde sensible de sa femme en mal de gamin et combiné son affaire. Ils partiraient tous les trois avec beaucoup d’argent.

— Sa femme a vraiment gobé ça ?

— Elle y a cru parce qu’elle voulait le croire ! Il a dû lui vendre un plan plus ou moins plausible !

Landowski but une gorgée de café et continua :

— D’abord monter le casse. Il a envoyé sa femme sur place, lui, restant en arrière pour lui servir d’alibi. Léopold a trouvé du monde. Ils se sont pointés à l’hôtel du collaborateur. Il a eu peur pour sa famille et il a accepté de dessiner le plan. Le lendemain, pris de remords, il a voulu faire capoter le casse et il a reprogrammé la sécurité.

— Et les cailloux ? demanda Jim.

— C’est lui qui plaçait le sachet dans le tiroir. Soit il les a laissés et c’est quelqu’un d’autre qui s’est servi soit, il a été en position pour les emporter avec lui !

— Pour sa pomme ?

— Je n’en sais rien. Lui non plus à ce moment-là. Le casse a échoué mais les Amaindry ont voulu retrouver leur bien. Ils ont impliqué leur employé pour désigner un coupable. Ensuite ils ont mis la pression sur Marina, Rosie et leur mère en envoyant le dernier larron. Ils se sont occupés de Léopold pour voir s’il ne les avait pas dupés. Avec le père de Jamie peut-être d’ailleurs. Recherche tous azimuts !

— Et Marina a pris la mouche ! dit Jim.

— Elle a décidé de rendre les pierres qu’elle n’avait pas et donc de liquider le mec.

— Et Florence Amaindry l’a devancée, laissa tomber Ange.

— Elle n’avait pas confiance. Elle a dû penser que son acolyte allait la doubler. Elle s’est rendue au rendez-vous et elle a mis un terme à leur collaboration pour faire table rase. Constatant qu’elle avait fait chou blanc, elle est passée à la vitesse supérieure en enlevant le gamin.

— Deux nénettes qui s’affrontent ! Super combat ! dit Jim.

— Mais Florence Amaindry n’avait pas oublié son projet !

— Elle a bêtement cru qu’ils allaient disparaître ! dit Ange. Et tant pis pour les pierres !

— Amaindry, continua Landowski, avait un autre plan en tête. Pour les diam’s, il négocierait avec le détenu. Restait uniquement sa femme comme témoin de l’affaire.

— Elle allait donc avoir un accident ! dit Jim en s’agitant.

— Il s’est bien débrouillé, reprit le commissaire. Il a rejoint sa femme dans sa chambre.

— Après un moment comme ça, on ne zigouille pas sa partenaire ! dit Jim.

— Amaindry a profité de la panne du plafonnier et hop ! conclut Ange.

— Bien joué, Callaghan ! lança Landowski. On n’a pas pu le mettre en cause avec son ADN on devine pourquoi ! Il allait donc se tirer d’affaire. Sauf que j’ai pensé à la secrétaire. Elle m’avait dit qu’elle avait succédé à Marina.

— Succédé même ? demanda Jim en fronçant les sourcils.

Landowski plissa les yeux.

— C’est sur cette piste que je suis reparti en campagne. J’ai eu besoin de leur collaboration à elles deux pour coincer Amaindry. Elles ont joué le jeu mais pas pour les mêmes raisons. Il fallait que je détourne les soupçons ailleurs pour le remettre en confiance. La porte était très étroite.

— Et tu es passé ! dit Ange tout sourire.

— Quand j’ai attaqué Marina lors de l’entretien, il a cru qu’il sortait du cercle. Sa femme allait porter le chapeau. Son adjoint serait qualifié de complice et, lui, il pourrait continuer ses petites combines et se rapprocher de Marina. Elle aurait besoin d’un protecteur. Mais…

— Sa secrétaire a foutu son alibi en l’air ! anticipa Ange.

— Il a cru à sa bonne étoile mais son château de cartes s’est écroulé. Ensuite, on a joué sur du velours ! Il n’était plus le même. Il était fini. Il a avoué l’organisation du casse, l’implication de son collaborateur, le meurtre au bord du canal et celui de son épouse. Un sacré manipulateur qui fait son marché, prend, profite et jette. Un mec à fuir d’urgence !

— Et les diams’ ?

Landowski soupira.

— Seul, l’époux de Marina pourrait nous dire où ils sont ! Seulement peut-être, parce que personne n’a la preuve qu’il les ait retirés de l’enveloppe avant de refermer la salle sécurisée !

— Florence Amaindry alors ?

— Elle a pu les cacher pour les récupérer plus tard. Son mari aura tout le temps pour réfléchir à tout ça. Les nuits de détention sont plus longues que les jours !

— Il n’aura personne pour lui envoyer de colis !

— Son dévoué collaborateur peut-être s’il a les bijoux !

— Dans ces coups-là, la gratitude ce n’est que dans les romans !

Une berline remonta le chemin et s’arrêta devant le portail. Les trois amis se retournèrent. Le chauffeur vint ouvrir la porte arrière et Lorraine sortit du véhicule tandis que le conducteur sortait les bagages du coffre.

L’instant d’après, la magistrate s’annonça en terrasse, accueillie par Landowski qui se tenait sur le seuil. Ensemble ils s’approchèrent de Jim et d’Ange qui se levèrent lentement.

— Bonjour les garçons. On ne s’en fait pas à ce que je vois !

— On a bossé, répondit Jim. Là on est en week-end !

— Vous êtes les bienvenus mais ne me laissez pas la salle de bains dans le même état que la dernière fois, hein !

La patronne était de retour !