9.
Ava s'était certes attendue à ce que Vince fût content, ne serait-ce que
parce que l'avis de Giuseppe avait validé le sien. Elle n'avait pas prévu, en
revanche, la tournure physique que prendrait son ravissement, A
l'évidence, elle avait sous-estimé son héritage italien, ainsi que le
caractère émotif et démonstratif qui se cachait sous des dehors si machos.
— Je le savais ! s'exclama-t-il.
Et avec un hululement ravi, il la prit dans ses bras et la fit tournoyer tout
autour de lui. Lorsqu'il la reposa enfin, il l'étreignit à lui en couper le
souffle puis la laissa pantelante et quelque peu troublée.
— C'est une nouvelle merveilleuse ! reprit-il en faisant un pas en arrière,
mais sans lui lâcher les épaules. Et à combien a-t-il estimé la peinture que
j'aime ? Combien est-ce que je vous dois ?
— Rien du tout.
Il la relâcha enfin tout à fait, et Ava poussa un léger soupir de
soulagement.
— Rien du tout ? Allons, ne soyez pas ridicule. Giuseppe n'est pas un
philanthrope. S'il propose de vous exposer, c'est qu'il va vendre vos toiles.
Ava en rougit de plaisir. Qu'il était bon de rencontrer quelqu'un qui
croyait en elle ! Après ce que Giuseppe avait dit, elle s'était senti pousser
des ailes et avait achevé la toile de Vince en un rien de temps. Lorsqu'elle
l'avait contemplée, après coup, elle n'y avait plus trouvé trace des défauts
qu'elle lui avait prêtés. Preuve qu'elle se les était imaginés !
— Si jamais j'ai du succès..., commença-t-elle.
— Vous voulez dire, quand vous aurez du succès.