Le monastère gothique de Notre-Dame du Mont de Sion se dressait à Esplugues de Llobregat, au-dessus de Barcelone, mais Eymerich haïssait cette ville. En tant qu’inquisiteur général du royaume d’Aragon, il la trouvait futile. La plupart des bâtiments arboraient d’inutiles décorations : dentelles de pierre, chapiteaux, colonnettes. Saragosse, la capitale nominale du royaume aragonais, ne lui plaisait guère plus. Elle exhalait cependant moins cette odeur de poisson pourri qui flottait dans toutes les rues du port de Barcelone.
Seule Gérone, où il avait vu le jour, trouvait une relative grâce à ses yeux. Ville au relief affirmé, pleine de ruelles et d’escaliers, de montées et de descentes qui décourageaient les visiteurs importuns.
Vers l’heure de Sexte du 20 septembre 1371, Eymerich s’approchait du portail en discutant avec deux compagnons.
— Vous comprenez, frère Bagueny ? dit-il au plus petit et grassouillet des deux. Désormais l’Inquisition n’a plus d’argent. Le roi a l’air d’avoir oublié l’ordonnance du premier juin 1359, qui donnait mandat au trésorier de l’époque, Bernard d’Olzinelles, pour me verser mille sols barcelonais par an en rétribution de mes fonctions.
Bagueny sourit. C’était un dominicain aux traits d’ironie peu en phase avec les études théologiques excessivement sérieuses qui l’accaparaient depuis des années. Au monastère Saint-Dominique, à Gérone, il était considéré comme l’homme le plus proche d’Eymerich, que la plupart de ses confrères détestaient.
— Je crois bien que vous avez causé trop de soucis à Pierre IV, magister… L’ordonnance du 24 juin 1366 par laquelle le roi reconnaît au « religioso et dilecto nostro fratri Nicholao Eymerici » le droit de confisquer les biens des prisonniers de l’Inquisition devrait cependant rester valide.
Eymerich haussa les épaules.
— Un droit purement théorique. Les derniers hérétiques que nous avons condamnés, à part quelques juifs, n’avaient pas un sou. Y compris celui que nous allons voir. Un cadavre, heureusement… Maître Gombau, vous avez vérifié s’il y avait de l’argent dans sa cellule ?
— Non, magister, je n’en ai pas eu le temps.
Celui qui venait de répondre n’était pas un religieux, mais un colosse d’âge mûr. Un serviteur de l’Inquisition, chargé d’accomplir ce que les autres n’aimaient guère faire.
— Les religieuses tournaient autour de moi pendant que j’examinais le corps, comme vous me l’aviez ordonné. Il pendait encore du plafond.
— Si je ne me trompe pas, vous ne recevez plus votre solde depuis des mois.
— C’est exact, mais ne vous inquiétez pas. Je vous sers depuis des dizaines d’années et j’ai des économies. Mon fils cultive un petit champ, ma femme tresse des paniers. Je peux patienter.
— Quoi qu’il en soit, il faudra régler le problème.
Les trois hommes étaient arrivés devant le portail. Eymerich tira la chaîne d’une clochette que le soleil avait chauffée à blanc. Un battant s’entrouvrit en grinçant. Une vieille religieuse glissa son nez crochu dans l’ouverture. Elle portait la robe blanche et la cape noire des « Mantelées », les dominicaines qui appartenaient au troisième ordre féminin des Prédicateurs.
— Dominus vobiscum, murmura-t-elle.
— Qu’il soit également avec vous, ma sœur, s’empressa de répondre Eymerich. Vous me reconnaissez ?
— Je reconnais ce monsieur, là.
La religieuse désignait maître Gombau.
— Je lui ai expliqué que notre couvent respectait une semi-clôture. Je l’ai laissé entrer ce matin, uniquement parce qu’il avait une lettre de l’inquisiteur général du royaume d’Aragon.
— C’est moi. Et maintenant, ma sœur, laissez-nous passer.
La religieuse s’écarta d’un bond comme si elle avait été actionnée par un ressort. Puis le battant s’ouvrit entièrement en grinçant de nouveau. Eymerich pénétra dans le hall sombre et humide qui sentait la moisissure. Ses compagnons le suivirent.
— Où est la cellule du suicidé ? demanda l’inquisiteur à la religieuse qui s’était recroquevillée dans un coin. Elle avait l’air effrayée.
— Je vais appeler la prieure pour qu’elle vous y conduise.
— Je n’ai pas de temps à perdre. Chargez-vous-en.
Après une courte hésitation, la sœur s’exécuta à petits pas rapides et silencieux. Son corps voûté paraissait glisser sur une glace invisible. En les voyant traverser les couloirs, d’autres sœurs s’éclipsèrent rapidement derrière des petites portes ou le long d’escaliers qui conduisaient aux étages supérieurs.
La religieuse s’arrêta à côté d’une porte grande ouverte. Elle était plus épaisse que les autres et renforcée par des barres de fer. Des chaînes et des cadenas ouverts pendaient du verrou. Cela ne faisait aucun doute : cette cellule avait servi de prison.
De sa petite voix tremblante, la sœur dit en levant le bras :
— Entrez donc. Le pauvre homme a encore la corde autour du cou. Nous n’avons pas osé le toucher.
— Le pauvre homme ?
Eymerich était scandalisé, mais il avait d’autres préoccupations. D’un pas décidé, il franchit le seuil de la cellule. Elle était minuscule et munie d’une fenêtre percée dans un mur épais et protégée par une grille au maillage serré. Le peu de lumière qui y pénétrait éclairait une petite table avec des livres et des couverts, deux sièges, une paillasse posée sur le sol, un vase pour les besoins corporels, des bougies éteintes. Le cadavre du suicidé pendait d’une poutre du plafond, les pieds à quelques centimètres du sol, étranglé par une corde tissée à partir de fragments de couvertures. Une petite flaque d’urine s’étalait sous le corps, caractéristique d’une mort par étranglement.
Eymerich se dressa sur la pointe des pieds et souleva le capuchon en soie de la bure blanche que portait le suicidé. La vision le glaça d’effroi. Il fit un pas en arrière.
— Ce n’est pas lui ! s’exclama-t-il d’une voix rauque.
— Que dites-vous, magister ! protesta maître Gombau. Bien sûr que c’est lui ! Je l’ai très bien reconnu.
— Non. Ce n’est pas Ramón de Tárrega. Soit vous vous êtes trompé, soit c’est moi que vous trompez !
L’inquisiteur retrouvait son assurance.
— Mais magister, je vous assure…
— Regardez vous-même.
Après avoir jeté un coup d’œil au pendu, Gombau manifesta aussitôt sa surprise.
— Vous avez raison, ce n’est pas le mort que l’on m’a présenté ce matin. Celui-ci est beaucoup plus jeune. Et puis ce visage…
Le frère Bagueny s’était approché à son tour.
— Il ne s’agit assurément pas de notre Ramón. Il était laid mais ne ressemblait pas du tout à ce jeune aux traits plus bovins ou porcins qu’humains. Un véritable monstre.
La petite religieuse s’avança, un peu moins timide qu’à leur arrivée.
— Père inquisiteur, nous n’avons jamais eu de prisonnier du nom de Ramón de Tárrega. Notre détenu s’appelait Raymundo Neófito.
— C’est la même personne.
Eymerich hurla, furieux :
— Qu’avez-vous fait du corps qui pendait ici ce matin ? Où l’avez-vous mis ? Qui l’a remplacé ?
La religieuse parut rétrécir, mais sa réponse révélait une certaine assurance.
— Personne n’a touché ce pauvre homme, père. L’homme qui vous accompagne nous a ordonné de le laisser ici et de ne pas le bouger.
— Qui est venu au couvent après maître Gombau ?
— Nous n’avons pas eu d’autres visites. Le jeune qui nous apporte le pain et les légumes était passé avant votre émissaire.
— Il ressemble au monstre suspendu au plafond ?
La religieuse, qui avait jusque-là évité de le faire, regarda le pendu. Elle afficha une moue de dégoût.
— Non, absolument pas, dit-elle horrifiée. Et cet homme ne ressemble pas non plus à Raymundo Neófito.
Eymerich était persuadé que la vieille disait la vérité car elle était toute tremblante. Elle ne pouvait pas être complice de cette machination.
— Allez chercher la prieure, ordonna-t-il sèchement.
— Tout de suite, père !
La religieuse sortit aussitôt de la cellule, comme soulagée.
Quand ils furent seuls, Eymerich, maître Gombau et Bagueny se regroupèrent près du cadavre.
— Vous l’avez trop souvent traité de noms d’animaux, magister, commenta Bagueny. Il se situe entre le veau et le porc. Son nez est très large, dressé vers le haut, les narines sont énormes. Et ses yeux immenses et ronds. Et sa bouche, projetée vers l’avant, comme si elle faisait partie du museau… S’il n’était pas aussi jeune, je dirais que votre Ramón s’est adapté au fil du temps à vos insultes.
Eymerich, à présent plus nerveux que troublé, ignora Bagueny et s’adressa à maître Gombau.
— Il était comme ça ce matin, mais hier soir ? Quand vous êtes entré en cachette dans la cellule ?
— Il avait l’air normal d’un vieil homme un peu mal en point.
— Vous êtes sûr d’avoir fait… tout ce qu’il fallait ?
— Oui, magister. Il était faible, il n’a opposé…
— Taisez-vous !
L’ordre était arrivé trop tard. Les yeux noirs du frère Bagueny s’écarquillèrent. Il était effaré et scandalisé.
— Père Nicolas ! Vous n’avez tout de même pas demandé…
— Taisez-vous, vous aussi ! ordonna Eymerich.
Il comprit cependant qu’il allait devoir fournir des explications à son confrère et passer du cas particulier aux principes généraux.
— Ramón de Tárrega était bien plus qu’un invocateur de démons, c’était un démon incarné. Un juif infiltré dans l’ordre dominicain, un semeur de péchés et de blasphèmes. Il y a treize ans, à Montiel, il me fila entre les doigts après avoir été complice de crimes innommables.
— Mais ensuite, vous l’avez de nouveau capturé.
— Oui, mais pour me retrouver coincé par les hiérarchies ecclésiastiques, d’Avignon, de notre propre ordre. Elles m’ont obligé à le laisser expier ici, dans ce monastère. Surveillé par des femmes, ce qui revient à dire sans surveillance. Libre de poursuivre ses plans diaboliques.
Bagueny affichait un air toujours aussi effaré.
— Et vous avez donc décidé de le faire tuer ?
— Je n’ai rien décidé du tout ! répliqua rageusement Eymerich en gonflant la poitrine. Un inquisiteur sait ce qu’il faut faire pour la chrétienté mieux qu’un évêque ou un cardinal. Peut-être même mieux que le pape. Mais cet homme… je veux parler du véritable Ramón de Tárrega et pas de ce fantoche… s’est suicidé. Si ce n’était pas le cas, j’en répondrais en confession ou en mon âme et conscience. Mais cette substitution de pendu prouve que j’avais vu juste.
Il s’avança vers la petite table couverte de livres manuscrits que la bougie, entièrement consumée, n’éclairait plus. Il en feuilleta quelques-uns.
— L’écriture de Ramón est plutôt pitoyable, tout à son image. Je veux savoir ce qu’il lisait. Maître Gombau, récupérez ces volumes et portez-les chez moi, à Santa Catalina. Une couverture vous servira de sac.
Le serviteur s’exécuta et quitta la cellule, courbé sous le poids des livres. La religieuse ridée apparut aussitôt après.
— Père Nicolas, la mère prieure est en train de descendre. Vous la rencontrerez dans le couloir.
— Pourquoi pas ici ?
— Elle a une mauvaise vue, et ici il y a très peu de lumière.
Eymerich soupira, mais il fut soulagé de quitter cette ambiance macabre et sombre, où flottait l’odeur d’un mort proche de la décomposition. Il appuya son coude contre une fenêtre trilobée qui donnait sur Barcelone et le labyrinthe de ruelles descendant vers la mer. Dommage que les effluves saumâtres ne vinssent pas jusque-là. Les seules odeurs perceptibles étaient écœurantes, avec des relents de pourriture.
Bagueny l’avait suivi, encore secoué par ses dernières révélations. Il lui demanda :
— Père Nicolas, vous pensez vraiment qu’un inquisiteur a le droit de commanditer un homicide ?
— Homicide ? J’espère que vous plaisantez, frère Pedro. Quelle différence y a-t-il entre la mort de Ramón de Tárrega, en admettant qu’il ait été tué et qu’il soit vraiment mort, et celle des hérétiques ou des juifs que nous envoyons de temps en temps au bûcher ? Une seule : le sorcier a moins souffert. Celui qui nous en a libérés a commis un acte de charité. Il a par ailleurs exaucé son principal désir. Ramón voulait invoquer les démons ? Eh bien, en supposant qu’il soit mort, il est maintenant parmi eux. Il devrait nous en être reconnaissant depuis les flammes de l’enfer. Il peut s’abandonner à ses fréquentations préférées.
Bagueny n’avait pas l’air convaincu.
— Notre religion nous impose de ne pas tuer…
— Excepté pour les hérétiques. Ou alors il nous faudrait nier des siècles d’histoire de l’Église.
— … et les règles de l’Inquisition nous imposent de ne pas exécuter directement une sentence, mais de livrer le coupable, après un procès régulier, au bras séculier.
Eymerich trouva l’observation amusante. Il s’écarta du rebord de la fenêtre et fixa son confrère avec ironie.
— Le nécromancien a eu un procès on ne peut plus régulier. Mais il a joui de faveurs illégitimes qui ont empêché de le condamner justement. Quant au bras séculier, nous savons tous deux que l’on ne peut s’y fier au royaume d’Aragon. Grâce à un roi qui, comme son père, vénère comme s’il s’agissait de saints ou de grands intellectuels des maîtres hérétiques tels Arnaud de Villeneuve et Raymond Lulle. Sans compter les astrologues arabes dont il écoute les conseils.
L’arrivée de la prieure interrompit leur discussion. Plutôt âgée et de grande taille, elle affichait des traits autoritaires, mais fins et avenants. Elle avait cependant les pupilles dilatées et se déplaçait avec hésitation. La vieille religieuse trottinait derrière elle en essayant de suivre son pas rapide.
— Je suis sœur Magdalena Rocaberti, dit la prieure, et je dirige ce monastère. Je suis ravie de faire votre connaissance, père Eymerich… J’ai tellement entendu parler de vous.
Sa voix changea brusquement de registre, se fit plus dure et agressive. Ses sourcils bien dessinés se froncèrent.
— Est-il vrai que vous intriguez pour nous chasser d’ici et concéder le bâtiment à des dominicains de sexe mâle ?
Pris par surprise, Eymerich ne se laissa pas intimider.
— C’est exact, ma sœur, bien que vous cheminiez sur la voie du bien, je ne pense pas que des femmes puissent gouverner un complexe religieux aussi important que le Mont de Sion. Les événements récents tendent à le démontrer. Vous vous êtes laissé dérober le cadavre d’un prisonnier dont vous aviez la charge.
— Sœur Margarita m’a tout raconté.
Magdalena indiqua la religieuse qui l’accompagnait.
— Ce qu’elle dit semble incroyable. Je suis venue vérifier de mes propres yeux. À supposer que ma faible vue me permette de distinguer quelque chose.
Tout en sachant très bien qu’il ne s’agissait pas d’un sentiment particulièrement chrétien, Eymerich détestait tous ceux qui présentaient des infirmités, des estropiés aux gauchers. Il éprouva la nécessité de lancer une pique à la prieure, au risque de s’éloigner du sujet de leur dispute.
— Votre myopie doit être vraiment grave. J’ai ordonné depuis longtemps que les hérétiques reconnus coupables portent des habits de couleur vive à la fois grotesques et punitifs que le peuple appelle maintenant « sac de San Benedetto » contracté en sambenito. L’homme qui pend dans cette pièce, ajouta-t-il en indiquant la cellule, porte sur sa carcasse d’homme, de veau et de porc une tenue normale. Vous avez désobéi à mes instructions.
Sœur Magdalena ignora la réflexion sur les vêtements. Elle était sidérée.
— Homme, veau et porc ? Mais que dites-vous ! C’est impossible !
— Suivez-moi et vous verrez bien.
Eymerich pénétra dans la cellule. Une boule d’angoisse lui obstrua la gorge, l’obligeant à déglutir plusieurs fois. Il réussit finalement à murmurer :
— C’est impossible !
La prieure résuma de façon simple les raisons de sa stupéfaction.
— Je ne sais pas si ma mauvaise vue y est pour quelque chose, mais je ne vois aucun cadavre suspendu à la corde qui descend des poutres. Vous l’avez détaché ?
Le frère Bagueny s’avança. Il était très pâle lui aussi et son expression hilare avait disparu.
— Comme c’est étrange ! Le présumé Ramón de Tárrega n’est plus là ! Et pourtant nous ne sommes restés dans le couloir que quelques minutes !
— Il doit exister un passage secret ! cria Eymerich, retrouvant son contrôle et son rationalisme coutumier.
Il entreprit de cogner sur les murs, produisant un son étouffé et uniforme. Il piétina le sol en terre battue couvert de paille à la recherche d’une trappe. Finalement, hors de lui, il libéra toute sa colère sur sœur Magdalena.
— Pourquoi restez-vous impassible ? Cela vous amuse de me voir perdre mon temps ? Où est le passage secret ? Dites-le moi, ou je…
La réponse de la prieure fut désarmante de sincérité.
— Je ne sais pas de quoi vous parlez, père. Je vis ici depuis des années et je n’ai jamais entendu parler d’ouverture cachée dans le sol ou dans les murs. S’il y en avait eu une, Raymundo Neófito en aurait profité avant de… mourir.
Le frère Bagueny poursuivait l’inspection des lieux de son côté. Il déplaça même le lit.
— C’est la vérité, magister. Cette cellule n’a pas d’autre issue que la porte.
Eymerich s’avoua vaincu. Un sentiment d’abattement le terrassa. Il dut même se soutenir à la petite table branlante vidée de ses manuscrits.
— Eh bien, soit. Nous allons devoir affronter encore une fois le plus terrible des ennemis de Dieu. Nous y sommes habitués, mais ces dernières années il nous avait laissés tranquilles. C’était une trêve illusoire.
Il se redressa.
— Je suis vraiment désolée pour tout ce qui s’est passé, dit sœur Magdalena. Je ne m’y attendais vraiment pas.
— Je l’espère bien.
Eymerich posa sur elle un regard d’une ambiguë bienveillance.
— Vous n’y êtes pour rien. J’en porte l’entière responsabilité : je n’ai pas agi avec suffisamment de circonspection. J’aurais dû me douter qu’une femme à moitié aveugle n’était pas la gardienne idéale d’un serviteur du démon.
Il soupira.
— Je vous laisse, mais vous et vos sœurs pouvez préparer vos bagages. Le Mont de Sion va devenir un monastère d’hommes.
Magdalena joignit les mains devant sa poitrine.
— Vous ne parlez pas sérieusement, murmura-t-elle.
— Ai-je l’air de quelqu’un qui aime plaisanter ?
Eymerich quitta la cellule à grandes enjambées, suivi par le frère Bagueny.