Un pic impressionnant se dressait au cœur d’une plaine sans fin, près d’une poignée d’habitations. Le sommet était entièrement occupé par un château qui ne paraissait faire qu’un avec la roche. Il n’avait pas de tours, inutiles à cette hauteur, mais affichait la puissance d’une machine de guerre. Il semblait être encore en construction : tout au long de la montée on découvrait des échafaudages dressés autour de nouveaux bâtiments en train de prendre forme. Eymerich avait rarement vu une forteresse aussi puissante et aérienne à la fois. Ils traversèrent le village.
— Voilà l’église de San Giorgio, que j’ai fait construire, lui dit Manfredi avec fierté.
Il indiquait un bâtiment de taille réduite, austère, aux arcs en plein cintre et au clocher trapu.
— Saint Georges est le protecteur de ma famille.
Eymerich acquiesça, surtout intéressé par les habitants de Manfridia. La plupart des hommes devaient être aux champs, car ils étaient peu nombreux dans le bourg. Les femmes, au contraire, presque toujours voilées et entourées d’enfants, les observaient, depuis une fenêtre ou un coin de rue. Ceux qui se trouvaient sur leur chemin, homme ou femme, s’inclinaient respectueusement. Ils écarquillèrent cependant les yeux lorsque la baliste passa bruyamment devant eux. Ils n’avaient jamais vu un engin pareil.
La machine roulante cahotait sur les pavés irréguliers, les dos-d’âne, faisant fuir des chats et des poules à l’allure rachitique. Les cris d’une bande de gamins qui s’installa en queue de cortège s’ajoutèrent aux aboiements, aux miaulements et aux piaillements des animaux. Ils imitaient les soldats et faisaient semblant de marcher au pas, ou bien ils se poussaient jusqu’à occuper toute la largeur du chemin. Eymerich se dit que la marche de Manfredi Chiaromonte vers son château n’aurait pas pu être moins solennelle.
Les autorités du village ne se manifestèrent qu’une fois les dernières bâtisses dépassées, sur le chemin qui conduisait au rocher et à la forteresse. Le gouverneur s’avança vers la colonne, suivi d’un prêtre et de quelques notables et propriétaires terriens, pauvrement vêtus.
Manfredi leva la main droite, pour faire signe aux siens de s’arrêter, puis demanda à Guglielmo de Romagne, d’une voix suffisamment forte pour qu’Eymerich puisse l’entendre :
— Vous venez souvent ici en tant que percepteur. Comment s’appelle celui-ci ?
— Antonio Sellato, amiral.
— Il paie son tribut ?
— C’est l’un des rares à le faire. Ce n’est pas un hasard si le village est toujours dans le besoin. Il vit des services qu’il rend au château et des maigres terrains cultivables qui vous appartiennent ou appartiennent à votre frère.
— Aucune pendaison dans ce coin-là, donc.
— Non, ça n’a jamais été nécessaire.
— Dommage. Il est bon de temps en temps de fouetter la plèbe. Pas pour la punir des fautes déjà commises, mais pour faire en sorte qu’il n’y en ait plus.
Eymerich laissa les chefs de l’expédition discuter avec les misérables notables et descendit de cheval. Simone dal Pozzo était descendu lui aussi de son chariot afin de se dégourdir les jambes. Le frère s’approcha de son supérieur.
— La nuit dernière nous n’avons pas pu parler, dit-il, hésitant comme s’il se sentait coupable. Ce matin vous me paraissez particulièrement en forme. Vous avez trouvé une explication à la série d’enfants monstrueux crachés par la ferme ?
— Non, mentit Eymerich. Et vous, vous en avez une ?
— La plus évidente. Il s’agissait des « êtres rationnels » engendrés dans le ventre d’une vache, d’après les formules du Liber Aneguemis. Qu’en pensez-vous ?
— Possible.
Dal Pozzo parut étonné.
— C’est bien vous qui disiez qu’il fallait chercher un bovin ? Je ne me trompe pas ?
— Bien au contraire. C’était tout à fait ça.
— Alors je ne comprends pas vos doutes, magister. Grâce à votre intuition, nous avons découvert la vérité. Pour atteindre son but, Ramón applique l’une après l’autre les formules du livre que vous m’avez fait lire. Certes, vous m’avez fait remarquer qu’il n’y avait aucune trace de fumigation, mais qui a dit qu’il devait s’agir d’une fumée visible ? Nous n’en savons rien. Les substances pour la provoquer sont quasiment impossibles à trouver. Tout le reste fonctionne.
Eymerich avait constaté du coin de l’œil que le gouverneur et sa troupe s’éloignaient, probablement après avoir promis au feudataire une plus importante contribution. On était sur le point de repartir. Il avait hâte d’en finir avec cette conversation.
— Père Simone, je prends acte de vos déductions. Qu’elles soient exactes ou pas, il est encore trop tôt pour le savoir.
Tandis qu’Eymerich faisait demi-tour pour rejoindre son cheval qui broutait au pied de la montée, Simone dal Pozzo lui posa une dernière question.
— Magister, hier au soir vous avez demandé à Guglielmo de Romagne si c’était une de ses lances qui avait mis le feu à la Miknas. Ce qui n’était apparemment pas le cas. Vous pensez donc que Ramón, présent d’une manière ou d’une autre à l’intérieur de la ferme, aurait pu le faire ?
Eymerich se sentit obligé de donner une réponse, s’il voulait se débarrasser une fois pour toutes de cet importun.
— Vous avez employé la bonne expression. « D’une manière ou d’une autre ». Et si Dieu le veut, nous le découvrirons. Et avec son aide, nous résoudrons peut-être une question plus difficile.
— Laquelle ?
— Pourquoi Ramón est-il venu en Sicile et a fait tout ce qu’il fallait pour m’attirer ici. J’ai des hypothèses, mais aucune certitude.
Et il s’éloigna. Il attaqua aussitôt la montée. Les habitations de Manfridia rapetissaient, faisant place à une vaste plaine où le vert des bois rivalisait avec l’or des buissons de genêts.
Le chemin était plus facile que prévu, malgré la chaleur qui augmentait à chaque minute. Ils longèrent les annexes du château en construction. Des ouvriers nus jusqu’à la taille, des esclaves ou des serviteurs proches du statut d’esclave, travaillaient sur les échafaudages. Des hommes petits et musclés, à la peau brune ou cuivrée. Il y avait également quelques Noirs, capturés en Méditerranée ou provenant d’Afrique centrale. Certains saluaient, d’autres continuaient à exécuter leur tâche, l’air indifférent.
L’accès à la forteresse se faisait par un portail qui donnait sur les écuries : gigantesques, à la voûte en berceau.
Une troupe de serviteurs vint prendre en charge leurs montures.
L’un d’eux indiqua les remparts juste au-dessus et dit à Manfredi en catalan :
— Mon seigneur, votre frère vous attend en haut. Le chemin est court, on le grimpe à pied. Nous sommes tous heureux de vous avoir en renfort. Ici, nous résistons, mais je ne sais pas jusqu’à quand nous pourrons tenir.
— Vous résistez à quoi ? Qui est en train de vous attaquer ?
— Nous ne le savons pas.
Le serviteur, un homme d’âge moyen, aux cheveux frisés s’inclina.
— Votre frère saura vous éclairer mieux que moi, le plus humble des défenseurs du château de Mussomeli.
— Réticent ?
Manfredi chercha du regard Guglielmo de Romagne, qui était derrière lui.
— Faites bastonner ce misérable. Dans les étables, au milieu des bouses de vache. Cent coups bien servis le puniront de son insolence.
— À vos ordres, amiral, répondit Guglielmo.
Le serviteur tomba à genoux, en joignant les mains. Il pleurait presque.
— Mais quelle faute ai-je commise, seigneur ? C’est un ordre de votre frère Giovanni de ne jamais évoquer les disques et les spirales dans le ciel ! Et les deux assauts des Lestrygons que nous avons péniblement repoussés !
— On dirait que tu deviens plus loquace, ironisa Manfredi. Pas suffisamment. Guglielmo ! Exécutez la punition !
Eymerich se désintéressa de la scène et entama la montée. Giovanni Chiaromonte se tenait devant le second portail, entouré de sa petite cour et de nombreux soldats. Il était plus vieux mais également plus grand et élancé que son frère. L’inquisiteur n’était pas pressé de grimper : précéder Manfredi aurait été insultant. Il appuya donc ses coudes sur la balustrade et observa le panorama qui s’étendait jusqu’à l’horizon.
Le précipice en dessous de lui, sur le flanc sud de la forteresse, était vertigineux. Il n’était pas encore l’heure Tierce et le soleil éclairait la vallée d’une couleur paille, uniforme, dans laquelle se diluait le vert des plantes. Le spectacle était éblouissant et son caractère enchanteur hypnotique. Difficile de l’associer aux monstres gigantesques et aux énigmatiques machines de guerre volantes.
Manfredi arriva enfin, tenant bien haut la main d’Eleonora d’Arborea. Guglielmo de Romagne le suivait, ce qui signifiait que le serviteur avait peut-être évité la bastonnade. Venaient ensuite les lances et les civils. Eymerich se faufila dans le cortège et se mit à côté de Simone dal Pozzo, qui respirait aussi fort qu’un soufflet. Il se garda bien de lui offrir son aide.
Les deux frères se saluèrent sans trop d’effusion.
— Je t’attendais plus tôt, dit Giovanni en catalan.
— Je suis venu dès que j’ai pu.
Eymerich détailla l’entourage du rector de Palerme. Son épouse, qui s’appelait Elisabetta Ventimiglia, était une femme aux cheveux blancs, très pâle, au visage si ridé qu’il paraissait usé. Il y avait également un jeune homme et une jeune femme sans distinctions physiques particulières. Les dignitaires et les militaires étaient plus intéressants : gentilshommes au regard intelligent, notables qui avaient trouvé ici une promotion sociale, un prêtre efflanqué, des officiers à la nationalité indéterminée, dont l’air à la fois ennuyé et hautain manifestait une certaine arrogance.
— Je t’ai apporté une baliste, annonça Manfredi à Giovanni. Elle est dans la première cour. Et une seconde machine de guerre qui pourra bien t’aider.
Giovanni acquiesça.
— La baliste pourra effectivement être utile. Mais quelle est l’autre arme ?
Manfredi Chiaromonte fit un geste un peu théâtral en direction de sa troupe.
— Là… Tu vois le dominicain, le plus grand ? C’est le père Nicolas Eymerich de Gérone, magister philosophiae, inquisiteur général du royaume d’Aragon, champion de l’intransigeance et du courage.
— Un moine ? murmura Giovanni stupéfait. Et catalan en plus ?
— Oublie sa nationalité. Il n’en a aucune. Je t’assure que je n’aurais pas pu t’amener un soutien plus efficace.
Eymerich avait été cueilli par surprise. Abasourdi, il détesta Manfredi pour ces éloges inattendus. Les militaires s’écartèrent devant lui. Il n’eut d’autre choix que d’avancer.
Le rector l’accueillit en affichant un certain scepticisme. Il s’inclina courtoisement, murmura quelques paroles de circonstance et passa aux présentations. L’inquisiteur fut obligé de saluer une petite foule d’inconnus. Seuls d’eux d’entre eux manifestèrent une certaine émotion : le prêtre efflanqué, aux yeux fébriles qui ressemblaient à des lanternes allumées dans la nuit, et un homme barbu et grassouillet, qu’on lui présenta comme « maître Avakum, instituteur ». Il s’occupait certainement de l’éducation des rejetons des Chiaromonte, bien qu’ayant l’air d’un de ces maîtres de rue fréquents à Palerme depuis une trentaine d’années.
— J’ai une autre surprise pour toi, Giovanni, dit Manfredi, en veine de surprises. J’ai emmené une dame d’un rang identique à celui d’une princesse. Avancez, dame Eleonora d’Arborea.
Cette fois-ci, le rector ne put réprimer sa stupeur.
— Eleonora de Sardaigne ? La fille du juge Mariano ?
— Tout juste.
Eymerich fut aussitôt oublié, à son grand soulagement. Toutes les attentions se portèrent sur Eleonora qui s’avança avec grâce et légèreté. Elle avait réussi on ne sait comment à se changer encore une fois, probablement dans le chariot. Elle portait une coiffe de satin noir, bordée de blanc, et une robe de velours rouge, pas du tout montante. Une voilette d’organdi semi-transparente recouvrait sa poitrine sur laquelle reposait un pendentif d’argent. Elle n’était pas vraiment belle, mais elle dégageait fraîcheur et dignité.
Eleonora laissa Giovanni lui embrasser la main, puis elle dit, avec la désinvolture d’un ambassadeur :
— Je suis honorée de vous connaître en personne, mon seigneur, après avoir tant entendu parler de vous. Je vous salue au nom d’une île sœur, également menacée.
Giovanni était encore sous le choc de la surprise.
— C’est votre père qui vous envoie ?
— Dans un certain sens, oui.
Eymerich, qui apprécia quelque peu le toupet de la jeune femme, profita de l’inattention momentanée de ses hôtes pour s’éloigner et replonger dans l’anonymat. Il fut cependant rejoint et quasiment plaqué contre la rambarde par l’instituteur Avakum.
Le petit homme puait la transpiration et s’approchait de son interlocuteur comme le font les myopes. Eymerich en fut dégoûté. Il envisagea de lui faire un croc-en-jambe et de l’envoyer s’écraser sur les rochers en contrebas, mais il repoussa cette idée : le raseur ne lui avait encore rien fait. Il se contenta de s’écarter de lui et de garder ses distances.
Avakum engagea la conversation.
— Excusez mes manières, magister… vous permettez que je vous appelle ainsi ?… mais je désirais vous connaître depuis si longtemps. J’ai lu certains de vos ouvrages à Barcelone et j’ai admiré votre profondeur, votre culture, vos connaissances théologiques. Vous rencontrer dans ce coin perdu est totalement inespéré.
— Vous êtes de Barcelone ? demanda Eymerich, distant.
Rien ne l’agaçait plus que de se sentir encensé sans raison. Il préférait encore être insulté.
Avakum se mit à rire en manifestant une joie insensée qui n’avait aucun rapport avec ce qu’il se préparait à dire.
— Oh non. Je suis d’origine serbe, vendu comme esclave par les Vénitiens aux Catalans alors que j’étais encore enfant. Après mille épreuves, j’ai été acheté par Giovanni Chiaromonte, qui m’a ensuite libéré et nommé précepteur de ses enfants légitimes, Matteo et Luchina. Ceux qui sont à ses côtés. C’est moi qui ai assuré leur éducation.
— Que j’imagine de qualité, commenta Eymerich, avec une pointe de sarcasme. Bien, ce fut un plaisir de rencontrer un de mes lecteurs. Veuillez m’excuser, maître Avakum, mais je dois échanger quelques mots avec mon confrère Simone dal Pozzo.
— Attendez, magister. Pourrai-je vous parler plus tard en privé ?
Le précepteur s’était de nouveau rapproché, et Eymerich fut contraint de reculer pour se soustraire à sa puanteur.
— Je crois que mes livres sont suffisamment clairs et ne nécessitent pas d’explications détaillées.
— Il ne s’agit pas de ça. J’aimerais vous parler des attaques que nous avons subies.
— Qu’est-ce que vous savez exactement ? demanda Eymerich, soudain intrigué.
— Rien de particulier. J’étais présent lorsque les Lestrygons ont débarqué du ciel, lorsque le château a tremblé et que Manfridia a failli être détruite. J’ai remarqué certains détails que j’aimerais soumettre à votre expertise.
L’intérêt n’était pas suffisant pour que l’inquisiteur accepte de discuter dans un espace clos avec quelqu’un qui, pour ses narines sensibles, empestait comme une carcasse en putréfaction et saisissait la moindre occasion pour le toucher. Par ailleurs, Giovanni Chiaromonte et d’autres témoins allaient bientôt le renseigner sur ces mystérieuses attaques que subissait le château. Il s’en sortit par une pirouette :
— Nous allons partager le même toit, nous aurons donc le loisir de nous rencontrer.
— Merci, mille fois merci, magister ! s’exclama Avakum au comble de l’enthousiasme.
Il fit une révérence, mais elle tomba dans le vide. Eymerich était déjà parti.
En fait, l’inquisiteur n’avait rien à dire à dal Pozzo, il voulait juste se débarrasser du précepteur. Le frère lui fit cependant un signe. Il tendit l’index vers l’horizon, où le soleil flamboyait et peignait toute chose en jaune.
— Vous avez remarqué, père Nicolas ? À côté de l’astre principal on peut en voir un plus petit, qui est en train de grossir. Comme s’il venait vers nous.
Eymerich fit battre ses paupières, meurtries par le soleil. Il plissa les yeux. Un corps céleste se rapprochait rapidement de la Terre, comme s’il était en train de tomber. Il se fondait dans la teinte jaune paille dominante. On put rapidement distinguer sa forme : une spirale lumineuse en forme de disque.
Giovanni Chiaromonte détourna un instant son attention des cérémonies en cours et enregistra le danger.
— Les Lestrygons attaquent de nouveau ! hurla-t-il. Les civils au château, les archers en position ! Nous allons les renvoyer en enfer, comme les autres fois ! Armez une catapulte !
Manfredi s’entretint d’un air excité avec Guglielmo de Romagne qui se tenait à ses côtés.
— Préparez immédiatement la baliste et qu’elle soit bien tendue. Allumez les tampons de filasse au bout des flèches. Visez la spirale et tout disque qui se trouve à notre portée. J’exige des coups précis et mortels.
— Je ferai de mon mieux, seigneur, répondit le capitaine avant de partir en courant.
Les femmes hurlaient, les hommes les poussaient à l’intérieur du château, tout aussi effrayés, et bloquaient la sortie des archers qui accouraient armés d’arcs et d’arbalètes. Aucun bruit ne provenait des hauteurs. La spirale, devenue énorme, se stabilisa au zénith. Des essaims de disques lumineux se matérialisèrent autour d’elle, surgis de nulle part. Leurs trajectoires erratiques, zigzagantes, pointaient cependant vers Mussomeli et son piton rocheux. L’air vibrait, comme si des ondes imperceptibles en perturbaient l’immobilité.
Eymerich n’avait pas suivi dal Pozzo, qui était parti se réfugier dans le château. Il fut rejoint par Eleonora d’Arborea, la seule femme qui ne s’était pas enfuie.
— Vous ne semblez pas avoir peur, magister.
— Vous non plus.
— Je suis habituée aux batailles.
— Celle-ci promet d’être insolite.
Un grondement fit vibrer les pavés, mais il ne provenait pas du ciel. Poussée à la force des bras, la baliste pénétrait dans la cour principale. Au même instant, une énorme catapulte était avancée sur les plus hauts remparts. Les serviteurs et les soldats faisaient péniblement rouler les pierres arrondies qui allaient les armer.