Pourquoi ça va mal dans notre tête ?

Si nous nous sentons mal, c’est parce que notre activité mentale – qui prend la forme d’un commentaire intérieur permanent – a pris le pouvoir. Les mots ont envahi notre existence de façon excessive sans que nous en ayons conscience.

Notre esprit confond ce qui nous préoccupe et ce qui est perçu : nous assimilons notre activité mentale à la réalité. Étudier la relation que nous avons avec notre mental est le début du travail d’exploration de l’esprit.

La prise de pouvoir du mental

Nous fusionnons avec nos pensées, et cet amalgame nous empêche de connaître notre fonctionnement de base. Nous sommes dans l’illusion que nos pensées sont réelles et qu’elles sont « nous ».

Nous attribuons à notre mental – à nos pensées – une existence absolue, et non pas relative. La pensée décapite notre conscience ; elle nous fait croire qu’il n’y a rien de plus grand qu’elle et nous oblige à vivre à son niveau.

Cette fusion avec notre mental limite le fonctionnement de l’esprit : il ne peut s’ouvrir au monde et aux autres car il est coincé dans ses propres pensées.

En fait, nous ne sommes pas conscients de la présence envahissante et asservissante de la pensée dans notre existence :

• nous ne réalisons pas combien nous sommes soumis à nos pensées ;

• nous ne comprenons pas notre sensibilité aux mots, qui sont l’expression du mental ;

• nous ne réalisons pas ce qui se passe et nous trouvons cela normal.

L’asservissement à nos pensées

Mais que veut dire être asservi par les pensées ?

Cela veut dire que nous sommes fixés sur le contenu mental et l’identifions à notre existence : nous sommes persuadés que rien n’existe en dehors de l’objet de notre attention.

Nous vivons un moment qui n’est pas le présent, puisque notre vision est tout entière dans le mental. En permanence, nous avons une vision immobile d’un film que nous prenons pour la réalité.

Notre mental crée l’illusion de la réalité.

Nous avons à comprendre que la prison du mental n’est pas le présent. Ces moments perçus relèvent de l’ignorance. Le présent relève, lui, de la connaissance.

Par excellence, la conscience n’a rien à voir avec le temps, et le temps n’a rien à voir avec le présent : la conscience est dans le présent, qui est lui-même à l’extérieur du temps… mais nous verrons cela dans un autre livre.

Pour définir notre existence, nous nous référons à l’espace compris entre le moment où nous nous réveillons et celui où nous nous couchons, c’est-à-dire là où il y a de l’activité mentale.

L’activité mentale – les pensées – est un outil qui nous permet d’accomplir un certain nombre de tâches, mais nous ne devons pas lui donner le pouvoir.

Nous allons réaliser que notre activité mentale ne nous fait souffrir que quand nous lui accordons toute notre attention et ne sommes pas libres de la diriger.

Prenons une image : quand nous sommes devant un écran de télévision ou de cinéma, nous sommes parfois tellement impliqués dans ce qui se passe que nous nous identifions complètement aux images projetées.

Ainsi, nous croyons que notre activité mentale est la réalité. Nous adhérons complètement à ce que nous raconte l’activité mentale : nous sommes captivés par elle au point de ne plus voir la réalité.

Pensées, mots, concepts et jugements nés de nos préjugés s’interposent entre ce que nous vivons et ce que nous croyons vivre ; c’est tout le drame de la dualité, de la séparation entre la réalité et notre réalité.