Développer les qualités de l’esprit

Comprendre nos défauts nous permet de nous confronter à nos limites. Nous ne pouvons ignorer nos actions : nous nous voyons agir. Nous pouvons consciemment corriger notre comportement jusqu’à ce que celui-ci se stabilise dans le sens voulu. Nos efforts nous conduiront vers une transformation profonde, proche de notre « nous » idéal.

Devenir un être accompli demande une focalisation sur ce qui est négatif pour le corriger, puis une concentration sur ce qui est positif – nos valeurs et qualités.

Nous allons dissoudre ce qui s’est installé par habitude et, ensuite, nous reconstruire grâce à la conscience des qualités de notre idéal.

Souvent, nous connaissons mieux les défauts que les qualités. Si les défauts capitaux – que nous venons de passer en revue –, ceux qui donnent naissance à tous les états émotionnels pathologiques doivent être surveillés, le plus efficace est de nous focaliser sur les vertus correspondantes.

Ces qualités vont équilibrer les défauts. Il est possible de travailler plusieurs qualités si nous avons identifié plusieurs façons malades de fonctionner.

Caritas : la charité

Si nous nous reconnaissons nous-mêmes dans l’autre, la charité – la volonté de l’aider – s’appuie sur notre égoïsme. Nous sommes ici loin de la compassion (du latin cum patior, « je souffre avec »), qui est l’idée de partager tendrement les malheurs avec les autres. Dans notre Voie, nous souhaitons aller bien avec les autres.

Nous parlons ici de la capacité d’agir justement parce que nous connaissons notre vraie nature. Chaque fois que nous suivons notre nature, que nous allons dans le sens de ce que nous avons compris de nous-mêmes, nous allons dans le sens de caritas.

Ainsi, caritas est aussi dirigé vers nous : nous devons nous respecter dans nos choix, aller dans notre sens. Pythagore dit dans ses Vers dorés : « Et ne pratique de chose honteuse jamais, ni avec un autre, ni en particulier ; Mais plus que tout respecte-toi toi-même. »

Le respect de nous et des autres – au sens où ils sont une partie de nous – nous offre la liberté de nous exprimer justement dans la vie, de prendre la place qui nous revient sans empiéter sur celle des autres.

Suivre les signes de la vie, accepter d’écouter ce qui est au plus profond de nous et nous fondre dans les changements du monde façonne une vie heureuse.

Caritas, c’est agir en fonction de ce que nous avons compris de nous-mêmes : cela implique d’agir sans précipitation et avec une direction.

« Ne fais rien de ce que tu ignores, mais apprends tout ce qu’il te faut, et c’est la plus agréable vie qu’ainsi tu passeras », nous rappelle encore Pythagore.

Justitia : la justice

« Suum cuique tribuere », « attribuer à chacun sa part » : voilà la vision d’Aristote.

Justitia, c’est l’espace donné à chaque humain pour se réaliser dans la société.

Dans la société socratique parfaite, le groupe s’organise pour fonctionner avec une acceptation des particularités de chacun, mais dans le respect des lois de la cité.

Pour Socrate, justitia est la médecine de la société. C’est un équilibre et une osmose qui permettent de préserver la santé des groupes humains.

Justitia, pour l’humain, c’est respecter les règles de la nature et avoir une bonne hygiène de vie. Pour la société, justitia, c’est accepter les autres, mais dans le respect du groupe et de l’endroit où vit ce groupe.

Pythagore nous dit : « Ensuite exerce la justice et en acte et en parole et de te comporter en tout sans réflexion ne prends point l’habitude ; Mais sache que mourir est la destinée de tous. » Si nous sommes attentifs à la réalité, chacun et chaque chose ont une place évidente.

Si nous ne prêtons pas trop d’importance à notre ego et à notre recherche de plaisirs ponctuels, nous savons où est la part juste pour chacun.

N’acceptons jamais ce qui n’est pas à sa place : quand c’est injuste, nous nous devons d’agir si nous le pouvons.

Parfois, nous avons à nous exprimer : c’est un test de nos peurs et une confrontation à une réalité que nous ne percevons pas comme droite.

Apprenons à nous manifester davantage dans les moments où c’est nécessaire et dépassons nos peurs.

Nous voilà armés de nombreux efforts à faire en permanence dans notre vie. Avec ces informations, notre quotidien ne peut qu’évoluer.

L’enthousiasme à travailler ces qualités n’est possible que si nous sommes engagés dans une démarche de développement spirituel, mais nous pouvons garder ces informations en mémoire pour vivre plus consciemment.

Travaillons ces qualités pour devenir meilleurs et faire évoluer notre monde dans le bon sens.