Kim a perdu. Par deux voix ! Monsieur M. dit qu’il a recompté lui-même tous les bulletins à trois reprises et que le résultat est le même. Il avait l’air déçu. Il s’est même excusé.
Comment j’ai réagi ? C’est comme si j’avais reçu une flèche dans le cœur, mais pas celle de Cupidon. Non, celle-là avait un pointe empoisonnée et enflammée. Je n’ai rien laissé paraître. Du moins, j’ai essayé.
Même chose pour Kim. Elle est restée de glace quand Monsieur M. a donné les résultats. Le dos droit, elle est allée féliciter Jimmy qui hurlait avec sa bande de babouins comme s’ils venaient d’apprendre que les fontaines de l’école allaient fournir de la crème autobronzante.
Puis Nath, Kim et moi sommes sorties. Des larmes coulaient déjà sur les joues de ma meilleure amie. En passant devant les toilettes, elle s’y est précipitée. On l’a suivie. Et toutes les trois, on a pleuré.
Mais la vie continue. Ça va faire mal quelques jours et lentement, on va oublier.
Kim a reçu des félicitations des professeurs et des élèves. Tout le monde lui a dit que l’année prochaine allait être la bonne.
C’est quand même incroyable :Jimmy n’avait aucun programme électoral et rien d’intéressant à dire. Et il a gagné. C’est beau la démocratie mais des fois, c’est enrageant.
Le problème, c’est que les membres de l’équipe de Jimmy rient de nous. Genre, ils nous montrent du doigt et, avec le pouce et l’index, ils forment un L sur leur front, L pour loser. C’est humiliant. J’espère qu’ils vont cesser ce petit jeu.
Il y a des mauvais perdants, mais eux, ce sont de mauvais gagnants. J’ai tellement le goût de m’enfoncer dans le plancher quand j’en croise un. Je fais comme si je n’avais rien vu, mais ça m’affecte.
Je vais aller dîner même si je n’ai pas faim.