enregistrement
n° 2097-06-30-006
Fransen dit : Mais viens ici, nom d’un chien.
Je cours dans le hangar. Emportée par mon élan, je grimpe sur le mur en béton. Je m’arrête à cinq mètres du sol. En bas, Fransen me regarde avec son air fâché. Son halo n’est pas particulièrement perturbé. Son empreinte thermique est très stable. Je sais qu’il joue un rôle, qu’il n’est pas véritablement en colère mais qu’il cherche à me faire comprendre que je ne dois pas me conduire ainsi. Il tient dans sa main une énorme seringue remplie d’un liquide vert clair. J’esquisse un mouvement de recul et grimpe d’un mètre sur le mur.
Fransen dit : Je n’ai pas envie de jouer. Descends de là tout de suite.
À l’autre extrémité du hangar, une porte s’ouvre. Un homme entre. Je me sers de tous mes capteurs pour l’analyser et plonge immédiatement dans une parfaite confusion. Apparence visuelle, infrarouge, empreinte thermique, halo, tout semble indiquer qu’il s’agit de Fransen. Un autre Fransen, puisque le premier est là, juste au pied du mur. Je reste immobile, cherche à trouver des différences entre les deux modèles de Fransen qui sont maintenant côte à côte dans le hangar. Ils se serrent la main et s’embrassent chaleureusement. Le Fransen qui vient d’entrer a des cheveux légèrement plus longs, la forme de son visage est un peu plus ronde. J’enregistre son empreinte comme Fransen prime. Ça n’est pas mon empreinte-père. Je ne dois pas les confondre.
Fransen dit : C’est très gentil d’être venu. Comment vas-tu?
Fransen prime dit : Ça va, tout va bien. Mais toi? Tu tiens le coup?
Fransen dit : Oui, c’est important. Pour elle. Mais je me sens tellement impuissant.
Fransen prime dit : Elle ne peut pas avoir de meilleurs médecins. Dis-toi bien ça. Vous avez fait tout ce qu’il fallait. Elle est entre de bonnes mains.
Fransen dit : Tu es gentil. Mais je suis un scientifique. Je sais ce qu’elle a. Je sais ce que ça signifie. Elle aussi.
Je descends du mur calmement. J’essaie d’analyser ce que disent Fransen et Fransen prime, mais je n’ai pas assez d’éléments. De qui parlent-ils? Est-ce moi qui suis malade? Est-ce à ça que servait cette piqûre, à me guérir?
Fransen dit : J’aimerais tant pouvoir les aider. Être dans le laboratoire avec eux. Passer mes jours et mes nuits à essayer de trouver un remède. Mais je ne ferais que les déranger. Je suis un généticien. Et la génétique n’a rien à voir là-dedans.
Fransen prime pose sa main sur l’épaule de Fransen. Leurs halos sont incroyablement synchrones. Je n’ai jamais vu une telle harmonie entre deux personnes. Je ne sais pas quoi en penser. Est-il possible qu’une seule personne possède plus d’un corps?