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Tout au bout de la péninsule, dans la nuit noire, Seven et Jouma sont tapis.

– Non, bru, tu perds la boule. Non, non, tu es cinglé.

Seven soulève le grillage pour que Jouma puisse se faufiler et répond :

– Tu crois que je suis cinglé ? C’est ce que tu crois, hein ? Tu penses à ce qui va se passer si le forum vient frapper à la porte ? Comme à leur habitude. Comme il y a deux jours. Tu y penses à ça ?

Jouma traîne le sac noir contenant les cornes de rhinocéros à travers le grillage, le plastique s’accroche dans les fils de fer.

– Putain, mec. Fais gaffe, dit Seven.

Il allume la torche qu’il tient à la main. Il y a une grande déchirure dans le sac, le bout d’une corne dépasse.

– Prends-le par là, ordonne-t-il en braquant la lumière sur le trou.

Jouma entortille le sac dans son poing et suit Seven sur le chemin.

– Où c’est qu’on va ?

– Les planquer, moegoe, dit Seven.

– On pourrait les planquer dans le plafond. Ni vu ni connu.

– Je te le répète, dit Seven. Si le forum débarque et s’ils les trouvent, on est dans la merde.

– Si tu les laisses ici, quelqu’un les trouvera.

Jouma commence à haleter à cause de la pente raide.

– Non, bru. Y a personne ici. J’ai surveillé le coin. On peut les planquer pour de bon.

Il s’arrête pour reprendre son souffle. Et braquer le faisceau de la lampe sur le visage fin de Jouma. Celui-ci a la bouche grande ouverte pour avaler l’air, sa poitrine se soulève et retombe.

– Tu en chies, bru ? T’as besoin de faire de l’exercice avec une pucelle énergique.

Jouma demande, le souffle coupé :

– Combien de temps ? Combien de temps tu vas les laisser ici ?

– Je sais pas. Jusqu’à demain. Demain, on réglera ça.