Daro Attilane ne dit rien dans la voiture qui le ramène au showroom. Fish le tanne pour qu’il débouche quelques bières bien fraîches, ce n’est pas tous les jours qu’il réalise une vente, au comptant et en liquide, carrément.
Cela ne provoque pas la joie ni l’hilarité de Daro. Il dit simplement :
– Il était temps.
Fish roule des yeux, en songeant : qu’est-ce qui le tracasse ?
Ils effectuent le restant du trajet en silence. Dix minutes plus tard, Fish s’arrête devant le showroom. Il coupe le moteur et se tourne vers Daro.
– Hé, mec, c’est quoi, le problème ?
– Rien. Je pense à Steffie, c’est tout.
Fish réfléchit. Ils sont toujours dans la voiture, face aux deux véhicules présentés dans le showroom : une Audi A4 et une Mercedes Kompressor.
– Et ?
– Et ce gangster de Seven traîne dans le ghetto. Il mène la vie dure à la police du forum. Je te l’ai déjà dit. Tout le monde sait qu’il fournit de la came aux gamins ; y a des filles, des adolescentes, qui entrent et sortent de chez lui à toute heure du jour et de la nuit, comme ça, sans problèmes. (Il soupire.) Les flics sont censés mener une opération cette semaine. Mais ça ne servira à rien.
Daro ouvre sa portière et descend de voiture.
– Alors, tu m’invites à boire cette bière, oui ou non ? demande Fish.
– La prochaine fois. Merci de m’avoir ramené.
Daro Attilane regarde Fish repartir. Il sort une bière du petit frigo de son bureau. Dessus sont posées deux photos, dans des cadres argentés. Une de Steffie. L’autre de son épouse, Georgina. Il les dispose devant lui sur son sous-main. Il boit une gorgée de bière, en regardant les deux femmes de sa vie. Il les regarde, mais ce qu’il voit, dans son esprit, c’est l’homme aux chaussures en croco : Jacob Mkezi.