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Mart Velaze téléphone à Clifford Manuel.

– Vous avez retiré l’affaire à votre collègue, maître Manuel ?

Mart Velaze est dans le salon de Samson et Daphne Appollis, il observe la rue à travers les voilages. Mais le type dans la Perana est parti depuis longtemps.

– Comme vous me l’avez demandé.

– C’est pour ça qu’il furète partout et qu’il vient embêter les parents du garçon ?

Il entend Clifford Manuel dire :

– J’ignore de qui il s’agit, monsieur Velaze.

Il y a énormément de bruit de fond. De toute évidence, ce type déjeune quelque part.

– Je dois vous laisser maintenant, je suis avec des invités.

– Votre collègue, Vicki Kahn, a recruté un gars pour jouer les détectives privés. Un certain Fish Pescado.

– Je ne sais rien de M. Fish Pescado, ce détective privé.

– Eh bien, vous devriez. Il contrarie de pauvres gens qui s’inquiètent pour leur fils. Et il me contrarie, moi aussi. Je vous ai expliqué la situation. Votre aide juridique gratuite n’est plus nécessaire.

– Et j’ai compris. Si ce type, quel qu’il soit, assistait ma collègue, sachez qu’il ne travaille plus pour nous, monsieur Velaze,

– Parfait. Alors, appelez votre collègue et dites-lui d’arrêter ces absurdités.

– C’est déjà fait.

– Sage décision.

Mart Velaze se débarrasse de Clifford Manuel et se tourne vers les Appollis avec un grand sourire. Il aime bien la façon dont ils le regardent, comme des lapins effrayés. Il tend l’index.

– Un dernier appel.

Il compose le numéro de Cake Mullins.

– Cette Vicki Kahn, dit-il, tu l’as contactée ?

Il entend Cake Mullins boire bruyamment une gorgée de quelque chose.

– À la tienne, Cake.

– Mart, rétorque celui-ci, reste à ta place, mon frère.

Mart Velaze regarde les Appollis, aucun des deux ne croise son regard.

– Je voulais juste vérifier, dit-il.

– Ce n’est pas nécessaire. Je n’apprécie pas.

– Alors, tu l’as fait ?

Cake Mullins boit de nouveau. Il imagine qu’il s’agit d’un cappuccino. Cake aspire la mousse.

– Oui, c’est fait, mon seigneur et maître.

Mart Velaze est sur le point de réagir à ce sarcasme, mais il se retient et ferme les yeux un instant.

– Cake, Cake, dit-il, j’obéis aux ordres, c’est tout. À la demande de Jacob.

– Il aurait pu m’appeler.

– Je suis sûr qu’il le fera. Il est très occupé en ce moment.

– Tant mieux, je suis content de l’apprendre. Je suis ravi qu’il ait apprécié son safari.

Mart Velaze s’apprête à couper la communication, mais il demande :

– C’est un cappuccino que tu bois ?

Cake Mullins émet un petit grognement.

– C’est quoi, cette question ?

Mart Velaze range son téléphone et s’assoit en face des Appollis.

– S’il vous plaît, leur dit-il, regardez-moi.

Ils s’exécutent. Assis au bord du canapé, ils ne ressemblent plus à des lapins, plutôt à des pigeons perchés côte à côte sur une gouttière.

– Eh bien, que voulait ce M. Fish ?