Note de l’auteur

Les assassinats perpétrés par l’Unité de Liquidation s’inspirent librement, très librement, de faits réels.

Les meurtres du Dr Robert Smit et de sa femme Jean-Cora ont eu lieu le 22 novembre 1977 dans la maison qu’ils louaient à Springs, à la périphérie de Johannesburg. Tous les deux ont été tués par balles. Mais Jean-Cora a également reçu quatorze coups de stylet. Smit devait représenter le Parti national, alors au pouvoir, dans le cadre d’une élection législative partielle. Selon certaines rumeurs, il détenait des informations relatives aux lingots d’or enfermés dans des banques étrangères et s’apprêtait à les rendre publiques, ce qui aurait pu causer du tort à des membres éminents de son parti. Raison pour laquelle le gouvernement aurait commandité cet assassinat. L’inscription RAU TEM avait été peinte sur le mur de la cuisine. Nul ne sait si elle avait un sens.

Le ou les meurtriers n’ont jamais été arrêtés. La Commission de vérité et de réconciliation chargée d’enquêter sur les crimes commis durant l’apartheid s’est intéressée à cette affaire au milieu des années quatre-vingt-dix. Elle a conclu à un mobile politique. Au cours de cette enquête, la fille de Smit a reçu des menaces de mort et s’est vu proposer de l’argent en échange de son silence.

En 2006, trois hommes appartenant à la Security Branch ont été désignés comme coupables. L’un d’eux, Phil Freeman, s’était suicidé au Cap en 1990. Un autre, Dries Verwey, a été retrouvé mort à Port Elizabeth. Il avait reçu une balle dans la tempe gauche. Bien que cela ressemble à un suicide, les enquêteurs estimèrent que Verwey avait été assassiné car il était droitier. Quant au troisième homme, dont on ne connaît que les initiales, R.A., il vit en Australie. Aucune demande d’extradition n’a été formulée à son encontre.

 

Le meurtre des trois hommes dans une ferme fait référence aux assassinats perpétrés par un commando de la mort dirigé par Eugene de Kock, surnommé Prime Evil, le Mal absolu, et qui opérait dans une ferme de Vlakplaas, près de Pretoria, dans les années quatre-vingt. De Kock a été condamné à deux cent douze ans de prison pour crimes contre l’humanité. Parmi les quatre-vingt-neuf chefs d’inculpation, six concernaient des meurtres, des complicités et tentatives de meurtres, des coups et blessures, des enlèvements, des détentions illégales d’armes à feu et des escroqueries. Le 30 janvier 2015, la libération conditionnelle lui a été accordée, après qu’il a accepté de collaborer avec la justice.

 

Une unité connue sous le nom de Bureau de coopération civile, un commando de tueurs soutenu par le gouvernement, a mené des opérations de liquidation dans les pays voisins de l’Afrique du Sud, y compris le Swaziland, durant les dernières années de pouvoir du Parti national. Dans son témoignage devant la Commission de vérité et de réconciliation, le général Magnus Malan a déclaré : « Dans le cadre de mes fonctions de Chef des forces armées sud-africaines et de ministre de la Défense, les instructions données aux membres des forces armées étaient claires : détruire les terroristes, leurs bases et leur potentiel. C’était également la politique du gouvernement. En tant que soldat professionnel, j’ai donné des ordres et plus tard, en tant que ministre de la Défense, j’ai autorisé des ordres qui ont entraîné la mort de civils innocents pris entre deux feux. »

 

L’épisode où l’Unité de Liquidation intercepte une voiture dans un col du Cap-Oriental fait allusion à l’assassinat des Quatre de Cradock : Matthew Goniwe, Fort Calata, Sparrow Mkonto et Sicelo Mhlauli. Dans la nuit du 27 juin 1985, des forces de sécurité ont installé un barrage pour immobiliser leur véhicule. Les quatre hommes ont été assassinés et leurs corps carbonisés retrouvés plus tard près de Port Elizabeth.

 

L’assassinat du personnage d’Amina Kahn évoque le meurtre de Dulcie September à Paris en 1987. Cette femme ayant bâti un puissant lobby anti-apartheid qui réclamait des sanctions et le retrait des investissements, elle était devenue une menace pour le régime de l’apartheid. En mars de cette année, elle fut abattue de cinq balles dans le dos tirées par un fusil muni d’un silencieux au moment où elle ouvrait la porte des bureaux de l’ANC. En 2011, l’État a refusé à la famille de September le droit de consulter les documents la concernant.

 

Quant au personnage du Pr Gold, il s’inspire plus ou moins du président Nico Diederichs qui, durant son passage au ministère des Finances, a fait transférer les réserves d’or de l’Afrique du Sud de Londres à Zurich. Il aurait, dit-on, touché une petite commission sur toutes les transactions. Certains affirment que ces lingots constituaient un trésor de guerre, au cas où le gouvernement nationaliste aurait été contraint à l’exil. Du fait de son implication dans cette opération, Diederichs était surnommé Pr Gold.

 

Il est fait une brève allusion aux gangs des Nombres à travers le personnage de Seven. Ces gangs (les Vingt-Six, les Vingt-Sept, les Vingt-Huit) font partie de la réalité des prisons sud-africaines depuis plus d’un siècle et trouvent leur origine dans l’incarcération de Jan Note, accusé à tort d’avoir volé un cheval. L’injustice de cette condamnation le conduisit à former le Régiment des collines : un gang soigneusement structuré et composé d’individus ayant eu des démêlés avec la justice. Dès les années vingt, son influence s’étendait dans tout le système pénitentiaire.

 

Un ouvrage de Human Rights Watch consacré aux conditions de vie dans les prisons sud-africaines affirme : « Chacun de ces gangs possède une structure de commandement quasi militaire qui peut compter jusqu’à trente grades différents ; chaque grade remplit des tâches spécifiques et la discipline interne est stricte. Pour accéder aux échelons les plus élevés, il faut commettre des actes de violence sur des personnes extérieures au gang. Par ailleurs, ces gangs se distinguent en fonction de leurs objectifs et de leurs activités. Les Vingt-Huit, considérés comme le gang le plus haut placé, se caractérisent principalement par leur système de “vyfies” (littéralement : “les petites femmes”), c’est-à-dire des partenaires homosexuels contraints. Les Vingt-Six sont davantage associés à la ruse, aux moyens d’obtenir de l’argent et des marchandises en ayant recours à l’escroquerie ou au vol. Les Vingt-Sept, eux, protègent et font respecter les codes des Vingt-Huit et des Vingt-Six, et sont symbolisés par le sang. » Africa Watch Prison Project, Prison Conditions in South Africa, Human Rights Watch, New York, 1994.

 

Citons deux ouvrages instructifs sur les gangs des Nombres :

The Small Matter of a Horse, de Charles van Onselen (Ravan Press, Johannesburg, 1984)

The Number, de Jonny Steinberg (Jonathan Ball Publishers, Cape Town, 2006).

 

Vous pouvez consulter également sur YouTube une interview, réalisée par le journaliste britannique Ross Kemp, de John Mongrel, le membre le plus élevé du gang des Vingt-Huit :

http://www.youtube/com/watch?v=q27xtHbgXcU

 

Durant la guerre qui se déroula à la frontière entre l’Angola et la Namibie à la fin des années soixante-dix, jusque dans les années quatre-vingt, les populations des rhinocéros et des éléphants furent décimées dans la région. Les troupes de l’UNITA, soutenues par les forces d’Afrique du Sud, « échangeaient des cornes de rhinocéros et de l’ivoire contre des armes avec des gradés des forces armées sud-africaines, contribuant ainsi à l’éradication presque complète des rhinocéros dans le sud de l’Angola », d’après les auteurs Richard Emslie et Martin Brooks. Dans une étude de l’IUCN, ils écrivent : « Il apparaît également que les autorités de l’ancien régime de l’apartheid en Afrique du Sud ont fermé les yeux sur le trafic d’ivoire et de cornes provenant du reste de l’Afrique et transitant par l’Afrique du Sud, car les trafiquants fournissaient des renseignements militaires précieux. » Emslie, Richard et Brooks, Martin ( editors), African Rhino : Status Survey and Conversation Action Plan, IUCN Publications, Cambridge, 1999.

 

À ma connaissance, le dernier concours de beauté Miss Champ de mines a été organisé en Angola en 2008 : http://miss-landmine.org/

 

Quelques chansons de Jim Neversink

« Zooming out of Life » : http://www.myspace.com/music/player?sid=65692724&ac=now

« Western World » : https://soundcloud.com/jim-neversink/01-western-world

« Always Dreaming of You » : https://soundcloud.com/jim-neversink/12-always-dreaming-of-you