(AT, IX,) Après avoir lu avec attention vos Méditations, et les réponses que vous avez faites (218) aux difficultés qui vous ont été ci-devant objectées, il nous reste encore en l’esprit quelques scrupules, dont il est à propos que vous nous releviez.
Le premier est, qu’il ne semble pas que ce soit un argument fort certain de notre être, de ce que nous pensons. Car, pour être certain que vous pensez, vous devez auparavant savoir quelle est la nature de la pensée et de l’existence ; et, dans l’ignorance où vous êtes de ces deux choses, comment pouvez-vous savoir que vous pensez, ou que vous êtes ? Puis donc qu’en disant : je pense, vous ne savez pas ce que vous dites ; et qu’en ajoutant donc je suis, vous ne vous entendez pas non plus ; que même vous ne savez pas si vous dites ou si vous pensez quelque chose, étant pour cela nécessaire que vous connaissiez que vous savez ce que vous dites, et derechef que vous sachiez que vous connaissez que vous savez ce que vous dites, et ainsi jusques à l’infini, il est évident que vous ne pouvez pas savoir si vous êtes, ou même si vous pensez.
Mais, pour venir au second scrupule, lorsque vous dites : je pense, donc je suis, ne pourrait-on pas dire que vous vous trompez, que vous ne pensez point, mais que vous êtes seulement remué, et que ce que vous attribuez à la pensée n’est rien autre chose qu’un mouvement corporel ? personne n’ayant encore pu comprendre votre raisonnement, par lequel vous prétendez avoir démontré qu’il n’y a point de mouvement corporel qui puisse légitimement être appelé du nom de pensée. Car pensez-vous avoir tellement coupé et divisé, par le moyen de votre analyse, tous les mouvements de votre matière subtile, que vous soyez assuré, et que vous nous puissiez persuader, à nous qui sommes très attentifs et qui pensons être assez clairvoyants, qu’il y a de la répugnance que nos pensées soient répandues dans ces mouvements corporels ?
Le troisième scrupule n’est point différent du second ; car, bien que quelques Pères de l’Église aient cru, avec tous les platoniciens, que les anges étaient corporels, d’où vient que le Concile de Latran a conclu (219) qu’on les pouvait peindre, et qu’ils aient eu la même pensée de l’âme raisonnable, que quelques-uns d’entre eux ont estimé venir de père à fils, ils ont néanmoins dit que les anges et que les âmes pensaient ; ce qui nous fait croire que leur opinion était que la pensée se pouvait faire par des mouvements corporels, ou que les anges n’étaient eux-mêmes que des mouvements corporels, dont ils ne distinguaient point la pensée. Cela se peut aussi confirmer par les pensées qu’ont les singes, les chiens et les autres animaux, et de vrai, les chiens aboient en dormant, comme s’ils poursuivaient des lièvres ou des voleurs ; ils savent aussi fort bien, en veillant, qu’ils courent, et en rêvant, qu’ils aboient, quoique nous reconnaissions avec vous qu’il n’y a rien en eux qui soit distingué du corps. Que si vous dites que les chiens ne savent pas qu’ils courent, ou qu’ils pensent, outre que vous le dites sans le prouver, peut-être est-il vrai qu’ils font de nous un pareil jugement, à savoir, que nous ne savons pas si nous courons, ou si nous pensons, lorsque nous faisons l’une ou l’autre de ces actions. Car enfin vous ne voyez pas quelle est la façon intérieure d’agir qu’ils ont en eux, non plus qu’ils ne voient pas quelle est la vôtre ; et il s’est trouvé autrefois de grands personnages, et s’en trouvent encore aujourd’hui, qui ne dénient pas la raison aux bêtes. Et tant s’en faut que nous puissions nous persuader que toutes leurs opérations puissent être suffisamment expliquées par le moyen de la mécanique, sans leur attribuer ni sens, ni âme, ni vie, qu’au contraire nous sommes prêts de soutenir, au dédit de ce que l’on voudra, que c’est une chose tout à fait impossible et même ridicule. Et enfin, s’il est vrai que les singes, les chiens et les éléphants agissent de cette sorte dans toutes leurs opérations, il s’en trouvera plusieurs qui diront que toutes les actions de l’homme sont aussi semblables à celles des machines, et qui ne voudront plus admettre en lui de sens ni d’entendement ; vu que, si la faible raison des bêtes diffère de celle de l’homme, ce n’est que par le plus et le moins, qui ne change point la nature des choses.
Le quatrième scrupule est touchant la science d’un athée, laquelle il soutient être très certaine, et même, selon votre règle, très évidente, lorsqu’il assure que, si de choses égales on ôte choses égales, les restes seront égaux ; ou bien que les trois angles d’un triangle rectiligne sont égaux à deux droits, et autres choses semblables ; puisqu’il ne peut penser à ces choses sans croire qu’elles sont très certaines. Ce qu’il maintient être si véritable, qu’encore bien qu’il n’y eût point de Dieu, ou même qu’il fût impossible qu’il y en eût, comme il s’imagine, il ne se tient pas (220) moins assuré de ces vérités, que si en effet il y en avait un qui existât. Et de fait, il nie qu’on lui puisse jamais rien objecter qui lui cause le moindre doute ; car que lui objectez-vous ? que, s’il y a un Dieu, il le peut décevoir ? mais il vous soutiendra qu’il n’est pas possible qu’il puisse jamais être en cela déçu, quand même Dieu y emploierait toute sa puissance.
De ce scrupule en naît un cinquième, qui prend sa force de cette déception que vous voulez dénier entièrement à Dieu. Car, si plusieurs théologiens sont dans ce sentiment, que les damnés, tant les anges que les hommes, sont continuellement déçus par l’idée que Dieu leur a imprimée d’un feu dévorant, en sorte qu’ils croient fermement, et s’imaginent voir et ressentir effectivement, qu’ils sont tourmentés par un feu qui les consume, quoiqu’en effet il n’y en ait point, Dieu ne peut-il pas nous décevoir par de semblables espèces1, et nous imposer continuellement, imprimant sans cesse dans nos âmes de ces fausses et trompeuses idées ? en sorte que nous pensions voir très clairement, et toucher de chacun de nos sens, des choses qui toutefois ne sont rien hors de nous, étant véritable qu’il n’y a point de ciel, point d’astres, point de terre, et que nous n’avons point de bras, point de pieds, point d’yeux, etc. Et certes, quand il en userait ainsi, il ne pourrait être blâmé d’injustice, et nous n’aurions aucun sujet de nous plaindre de lui, puisqu’étant le Souverain Seigneur de toutes choses, il peut disposer de tout comme il lui plaît ; vu principalement qu’il semble avoir droit de le faire, pour abaisser l’arrogance des hommes, châtier leurs crimes, ou punir le péché de leur premier père, ou pour d’autres raisons qui nous sont inconnues. Et de vrai, il semble que cela se confirme par ces lieux de l’Écriture, qui prouvent que l’homme ne peut rien savoir, comme il paraît par ce texte de l’Apôtre à la première aux Corinth., chapitre 8, verset 2 : Quiconque estime savoir quelque chose, ne connaît pas encore ce qu’il doit savoir ni comment il doit savoir ; et par celui de l’Ecclésiaste chapitre 8, verset 17 : J’ai reconnu que, de tous les ouvrages de Dieu qui se font sous le soleil, l’homme n’en peut rendre aucune raison, et que, plus il s’efforcera d’en trouver, d’autant moins il en trouvera ; même s’il dit en savoir quelques-unes, il ne les pourra trouver. Or, que le Sage ait dit cela pour des raisons mûrement considérées, et non point à la hâte et sans y avoir bien pensé, cela se voit par le contenu de tout le Livre, et principalement où il traite la question de l’âme, que vous soutenez être immortelle. Car, au chapitre 3, verset 19, il dit : Que l’homme et la jument passent de même façon ; et afin que vous ne disiez pas que cela se doit entendre seulement du corps, il ajoute, un peu après, que l’homme n’a rien de plus que la (221) jument ; et venant à parler de l’esprit même de l’homme, il dit qu’il n’y a personne qui sache s’il monte en haut, c’est-à-dire s’il est immortel, ou si, avec ceux des autres animaux, il descend en bas, c’est-à-dire s’il se corrompt. Et ne dites point qu’il parle en ce lieu-là en la personne des impies : autrement il aurait dû en avertir, et réfuter ce qu’il avait auparavant allégué. Ne pensez pas aussi vous excuser, en renvoyant aux théologiens d’interpréter l’Écriture ; car, étant chrétien comme vous êtes, vous devez être prêt de répondre et de satisfaire à tous ceux qui vous objectent quelque chose contre la foi, principalement quand ce qu’on vous objecte choque les principes que vous voulez établir.
Le sixième scrupule vient de l’indifférence du jugement, ou de la liberté, laquelle tant s’en faut que, selon votre doctrine, elle rende le franc arbitre plus noble et plus parfait, qu’au contraire c’est dans l’indifférence que vous mettez son imperfection ; en sorte que, tout autant de fois que l’entendement connaît clairement et distinctement les choses qu’il faut croire, qu’il faut faire, ou qu’il faut omettre, la volonté pour lors n’est jamais indifférente. Car ne voyez-vous pas que par ces principes vous détruisez entièrement la liberté de Dieu, de laquelle vous ôtez l’indifférence, lorsqu’il crée ce monde-ci plutôt qu’un autre, ou lorsqu’il n’en crée aucun ? étant néanmoins de la foi de croire que Dieu a été de toute éternité indifférent à créer un monde ou plusieurs, ou même à n’en créer pas un. Et qui peut douter que Dieu n’ait toujours vu très clairement toutes les choses qui étaient à faire ou à laisser ? Si bien que l’on ne peut pas dire que la connaissance très claire des choses et leur distincte perception ôte l’indifférence du libre arbitre, laquelle ne conviendrait jamais avec la liberté de Dieu, si elle ne pouvait convenir avec la liberté humaine, étant vrai que les essences des choses, aussi bien que celles des nombres, sont indivisibles et immuables ; et partant, l’indifférence n’est pas moins comprise dans la liberté du franc arbitre de Dieu, que dans la liberté du franc arbitre des hommes.
Le septième scrupule sera de la superficie, en laquelle ou par le moyen de laquelle vous dites que se font tous les sentiments. Car nous ne voyons pas comment il se peut faire qu’elle ne soit point partie des corps qui sont aperçus, ni de l’air, ou des vapeurs, ni même l’extrémité d’aucune de ces choses ; et nous n’entendons pas bien encore comment vous pouvez dire qu’il n’y a point d’accidents réels, de quelque corps ou substance que ce soit, qui puissent par la toute-puissance de Dieu être séparés de leur sujet, et exister sans lui, et qui véritablement existent ainsi au Saint Sacrement de l’autel. Toutefois nos docteurs n’ont pas occasion de s’émouvoir beaucoup, jusqu’à ce qu’ils aient vu si, dans cette physique que vous nous (222) promettez, vous aurez suffisamment démontré toutes ces choses ; il est vrai qu’ils ont de la peine à croire qu’elle nous les puisse si clairement proposer, que nous les devions désormais embrasser, au préjudice de ce que l’antiquité nous en a appris.
La réponse que vous avez faite aux cinquièmes objections a donné lieu au huitième scrupule. Et de vrai, comment se peut-il faire que les vérités géométriques ou métaphysiques, telles que sont celles dont vous avez fait mention en ce lieu-là, soient immuables et éternelles, et que néanmoins elles dépendent de Dieu ? Car en quel genre de cause peuvent-elles dépendre de lui ? Et comment aurait-il pu faire que la nature du triangle ne fût point ? ou qu’il n’eût pas été vrai, de toute éternité, que deux fois quatre fussent huit ? ou qu’un triangle n’eût pas trois angles ? Et partant, ou ces vérités ne dépendent que du seul entendement, lorsqu’il pense, ou elles dépendent de l’existence des choses mêmes, ou bien elles sont indépendantes : vu qu’il ne semble pas possible que Dieu ait pu faire qu’aucune de ces essences ou vérités ne fût pas de toute éternité.
Enfin le neuvième scrupule nous semble fort pressant, lorsque vous dites qu’il faut se défier des sens, et que la certitude de l’entendement est beaucoup plus grande que la leur. Car comment cela pourrait-il être, si l’entendement même n’a point d’autre certitude que celle qu’il emprunte des sens bien disposés ? Et de fait, ne voit-on pas qu’il ne peut corriger l’erreur d’aucun de nos sens, si, premièrement, un autre ne l’a tiré de l’erreur où il était lui-même ? Par exemple, un bâton paraît rompu dans l’eau à cause de la réfraction : qui corrigera cette erreur ? sera-ce l’entendement ? point du tout, mais le sens du toucher. Il en est de même de tous les autres. Et partant, si une fois vous pouvez avoir tous vos sens bien disposés, et qui vous rapportent toujours la même chose, tenez pour certain que vous acquerrez par leur moyen la plus grande certitude dont un homme soit naturellement capable. Que si vous vous fiez par trop aux raisonnements de votre esprit, assurez-vous d’être souvent trompé ; car il arrive assez ordinairement que notre entendement nous trompe en des choses qu’il avait tenues pour indubitables.
Voilà en quoi consistent nos principales difficultés ; à quoi vous ajouterez aussi quelque règle certaine et des marques infaillibles, suivant lesquelles nous puissions connaître avec certitude, quand nous concevons une chose si parfaitement sans l’autre, qu’il soit vrai que l’une soit tellement distincte de l’autre, qu’au moins par la toute-puissance de Dieu elles puissent subsister séparément : c’est-à-dire, en un mot, que vous nous enseigniez comment (223) nous pourrons clairement, distinctement et certainement connaître que cette distinction, que notre entendement forme, ne prend point son fondement dans notre esprit, mais dans les choses mêmes. Car, lorsque nous contemplons l’immensité de Dieu, sans penser à sa justice, ou que nous faisons réflexion sur son existence, sans penser au Fils ou au Saint-Esprit, ne concevons-nous pas parfaitement cette existence, ou Dieu même existant, sans ces deux autres personnes, qu’un infidèle peut avec autant de raison nier de la divinité, que vous en avez de dénier au corps l’esprit ou la pensée ? Tout ainsi donc que celui-là conclurait mal, qui dirait que le Fils et que le Saint-Esprit sont essentiellement distingués du Père, ou qu’ils peuvent être séparés de lui. De même on ne vous concédera jamais que la pensée, ou plutôt que l’esprit humain, soit réellement distingué du corps, quoi que vous conceviez clairement l’un sans l’autre, et que vous puissiez nier l’un de l’autre, et même que vous reconnaissiez que cela ne se fait point par aucune abstraction de votre esprit. Mais certes, si vous satisfaites pleinement à toutes ces difficultés, vous devez être assuré qu’il n’y aura plus rien qui puisse faire ombrage à nos théologiens.
J’ajouterai ici ce que quelques autres m’ont proposé, afin de n’avoir pas besoin d’y répondre séparément ; car leur sujet est presque semblable.
Des personnes de très bon esprit, et de rare doctrine, m’ont fait les trois questions suivantes :
La première est : comment nous pouvons être assurés que nous avons l’idée claire et distincte de notre âme.
La seconde : comment nous pouvons être assurés que cette idée est tout à fait différente des autres choses.
La troisième : comment nous pouvons être assurés qu’elle n’a rien en soi de ce qui appartient au corps.
Ce qui suit m’a aussi été envoyé avec ce titre :
DES PHILOSOPHES ET GÉOMÈTRES
À MONSIEUR DESCARTES
Monsieur,
Quelque soin que nous prenions à examiner si l’idée que nous avons de notre esprit, c’est-à-dire, si la notion ou le concept de l’esprit (224) humain ne contient rien en soi de corporel, nous n’osons pas néanmoins assurer que la pensée ne puisse en aucune façon convenir au corps agité par de secrets mouvements. Car, voyant qu’il y a certains corps qui ne pensent point, et d’autres qui pensent, comme ceux des hommes et peut-être des bêtes, ne passerions-nous pas auprès de vous pour des sophistes, et ne nous accuseriez-vous pas de trop de témérité, si, nonobstant cela, nous voulions conclure qu’il n’y a aucun corps qui pense ? Nous avons même de la peine à ne pas croire que vous auriez eu raison de vous moquer de nous, si nous eussions les premiers forgé cet argument qui parle des idées, et dont vous vous servez pour la preuve d’un Dieu et de la distinction réelle de l’esprit d’avec le corps, et que vous l’eussiez ensuite fait passer par l’examen de votre analyse. Il est vrai que vous paraissez en être si fort prévenu et préoccupé, qu’il semble que vous vous soyez vous-même mis un voile devant l’esprit, qui vous empêche de voir que toutes les opérations et propriétés de l’âme, que vous remarquez être en vous, dépendent purement des mouvements du corps ; ou bien défaites le nœud qui, selon votre jugement, tient nos esprits enchaînés, et les empêche de s’élever au-dessus du corps.
Le nœud que nous trouvons en ceci est que nous comprenons fort bien que 2 et 3 joints ensemble font le nombre de 5, et que, si de choses égales on ôte choses égales, les restes seront égaux : nous sommes convaincus par ces vérités et par mille autres, aussi bien que vous ; pourquoi donc ne sommes-nous pas pareillement convaincus par le moyen de vos idées, ou même par les nôtres, que l’âme de l’homme est réellement distincte du corps, et que Dieu existe ? Vous direz peut-être que vous ne pouvez pas nous mettre cette vérité dans l’esprit, si nous ne méditons avec vous ; mais nous avons à vous répondre que nous avons lu plus de sept fois vos Méditations avec une attention d’esprit presque semblable à celle des anges, et que néanmoins nous ne sommes pas encore persuadés. Nous ne pouvons pas toutefois nous persuader que vous veuillez dire que, tous tant que nous sommes, nous avons l’esprit stupide et grossier comme des bêtes, et du tout inhabile pour les choses métaphysiques, auxquelles il y a trente ans que nous nous exerçons, plutôt que de confesser que les raisons que vous avez tirées des idées de Dieu et de l’esprit, ne sont pas d’un si grand poids et d’une telle autorité, que les hommes savants, qui tâchent, autant qu’ils peuvent, d’élever leur esprit au-dessus de la matière, s’y puissent et s’y doivent entièrement soumettre.
Au contraire, nous estimons que vous confesserez le même avec nous, si vous voulez vous donner la peine de relire vos Méditations avec le même esprit, (225) et les passer par le même examen que vous feriez si elles vous avaient été proposées par une personne ennemie. Enfin, puisque nous ne connaissons point jusqu’où se peut étendre la vertu des corps et de leurs mouvements, vu que vous confessez vous-même qu’il n’y a personne qui puisse savoir tout ce que Dieu a mis ou peut mettre dans un sujet, sans une révélation particulière de sa part, d’où pouvez-vous avoir appris que Dieu n’ait point mis cette vertu et propriété dans quelques corps, que de penser, de douter, etc. ?
Ce sont là, Monsieur, nos arguments, ou, si vous aimez mieux, nos préjugés, auxquels si vous apportez le remède nécessaire, nous ne saurions vous exprimer de combien de grâces nous vous serons redevables, ni quelle sera l’obligation que nous vous aurons, d’avoir tellement défriché notre esprit, que de l’avoir rendu capable de recevoir avec fruit la semence de votre doctrine. Dieu veuille que vous en puissiez venir heureusement à bout, et nous le prions qu’il lui plaise donner cette récompense à votre piété, qui ne vous permet pas de rien entreprendre, que vous ne sacrifiez entièrement à sa gloire.