Camus en voyage
Cartes des principaux voyages de Camus
Bernard Mahasela et Béatrice Vaillant
Les voyages d’Albert Camus (1935-1959)
Rendre lisibles les déplacements d’Albert Camus, dans l’espace et dans le temps n’est pas une tâche facile. Tout d’abord, ces déplacements sont de plusieurs natures qui se confondent souvent : obligation due à sa santé, invitations à donner des conférences, voyages d’agrément personnel ou culturel, déplacements professionnels, journalistiques ou artistiques. Dans certains pays comme l’Amérique du Nord ou l’Amérique du Sud, où il est invité à donner des conférences, Camus s’essaie à l’école buissonnière. Il ajoute des visites, remplace certaines rencontres protocolaires par des balades inattendues. Ces digressions révèlent son profond intérêt pour les gens du pays traversé et pour leur situation. Lors des déplacements professionnels, Camus voyage souvent seul ou en voiture, s’il est accompagné (Allemagne en 1945, Algérie en 1939, 1945 et 1952, etc.). Il veut, en effet, pour rendre compte de la façon la plus juste possible, se faire sa propre opinion en allant sur le terrain dès que cela lui est possible. À chaque déplacement pour raison de santé (régions d’altitude, moyenne montagne), il utilise le temps des soins et du repos pour écrire (La Mort heureuse à Embrun en 1937, L’État de siège à Leysin en 1948 par exemple). C’est dans ces moments-là, dans ces lieux-là, qu’il prend véritablement conscience de son attachement à la Méditerranée. Et dans cet ordre d’idée, on peut noter que ses voyages d’agrément, qu’il aurait souhaités plus nombreux (certains ayant été annulés : Tunisie, Maroc, Grèce, Egypte), vont tous en direction de la Méditerranée.
Pour réaliser ces cartes, il a été nécessaire de croiser trois catégories d’informations : l’œuvre elle-même (en particulier Les Carnets), les biographies (Lottman et Todd notamment) et les correspondances échangées entre Camus et ses proches. Ce travail n’a pas un caractère exhaustif, il présente un état qui pourra être complété au fur et à mesure des futures recherches. Il nous a semblé évident, essentiellement pour des raisons de volume d’information et de contraintes techniques, de nous en tenir pour cette publication à la seule représentation des voyages effectués par Camus hors de France et hors d’Algérie. En effet, puisqu’il a vécu plusieurs décennies entre ces deux espaces, chacun d’eux pourrait faire l’objet d’un ensemble cartographique particulier. Nous avons tenu malgré tout à représenter le voyage d’août à septembre 1937 qui mêle la France et l’Italie.
Pour l’heure, les voyages à l’étranger sont représentés à partir d’un fond de carte adapté disposant d’une échelle graphique. Ces fonds de cartes reproduisent, dans la mesure du possible, les limites frontalières de chaque époque (certaines frontières n’étant plus d’actualité aujourd’hui). Les déplacements sont figurés par des flèches grises. Les noms des lieux visités, certifiés par des sources documentaires, sont présentés avec les dates correspondantes. Les trajets représentés ne prennent en compte que les grandes étapes des déplacements, le détail des itinéraires ne pouvant pas être exposé avec véracité. Les séjours prolongés dans certaines villes (Rio de Janeiro, New York, Rome...) et les déplacements qu’ils ont occasionnés ne pouvaient pas non plus être détaillés à cette échelle. Pour le lecteur, la reconstitution de chaque trajet peut se faire de manière assez fidèle en tenant compte du sens des flèches, et de la chronologie des dates. La contrainte du noir et blanc, souhaité par l’éditeur, et l’usage du gris moyen, nous a conduits à ne pas différencier par deux plages distinctes la terre et les espaces maritimes. Quelques noms de pays et de mers complètent ce dispositif.
Aix-en-Provence, 22 février 2013.
Bernard Mahasela pour la cartographie. Béatrice Vaillant pour la chronologie (sources : correspondances personnelles).