Marie Dabert était-elle méchante ? De la construction d’une réputation à la médiatisation d’une figure d’empoisonneuse dans la presse régionale à la veille de la Grande guerre

Sébastien Soulier

Marie Dabert, dite Célestine, habitante du canton rural de Saint-Nectaire, est jugée par la cour d’assises du Puy-de-Dôme le 24 octobre 1913 pour l’empoisonnement de son second mari et le 27 avril 1915 pour celui de sa belle-mère. Examinée par les médecins aliénistes à deux reprises, l’accusée sera considérée comme responsable de ses actes, bien que présentant des signes d’hystérie dégénérescente. Marie Dabert est-elle méchante ? À la lecture des journaux clermontois qui ont suivi les deux affaires, Moniteur et Avenir du Puy-de-Dôme, c’est une évidence. De l’ouverture de la première ins­­­truction judiciaire en juillet 1913 et jusqu’à son deuxième pro­­­cès en 1915, celle que l’on nommera successivement l’empoisonneuse de Freydefont et l’empoisonneuse de Saignes va être dépeinte par la presse locale comme une mauvaise fille, une mauvaise épouse et une mauvaise mère. Les recherches que nous avons réalisées sur la représentation médiatique de l’empoisonnement dans le Puy-de-Dôme[1275] ont démontré que, parmi les figures d’empoisonneuses, celle de la méchante femme au caractère fort, illustration parfaite de la femme dénaturée, était sans conteste la plus répandue dans la chronique criminelle du xixe siècle et de la Belle Époque. « Si la femme est criminelle, elle atteint un degré de perversité supérieur à celui du mâle. La femme criminelle se distingue des femmes normales et, à certains égards, elle se rapproche des hommes » souligne Michelle Perrot en faisant référence au discours naturaliste de la criminologie naissante[1276]. Toutefois, la description de leur comportement et de leur personnalité, assez similaire d’une affaire à une autre, laisse présager la dépendance des chroniqueurs à quelques procédés rédactionnels empruntés à la littérature et à la presse de première moitié du siècle, quitte parfois à déformer la perception des individus et à prendre quelques libertés avec la réalité des faits[1277].

La méchanceté apparaît comme un des principaux vices retenus par la presse pour caractériser les empoisonneuses et pour expliquer leurs actes[1278]. Reste que cette méchanceté, ou malveillance, les deux termes sont assez proches, n’est pas un comportement simple à identifier et à définir précisément, et la question volontairement simpliste de savoir si Marie Dabert était une femme méchante, appelle bien sûr d’autres interrogations, dont celle de comprendre comment et pourquoi on devient aux yeux d’une communauté villageoise et d’une presse locale, une personne stigmatisée et redoutée ? Pour mener à bien cette mission, nous avons entrepris, à partir des articles parus dans la presse locale clermontoise et des pièces présentes dans les dossiers de procédure criminelle des deux affaires Marie Dabert, de retracer sa vie, d’interroger son quotidien d’habitante du canton de Saint-Nectaire et, enfin, d’analyser les particularités de son portrait médiatique.

On peut distinguer quatre temps dans la vie del’empoisonneuse. Le premier est celui de la jeune Marie Dabert, fille, épouse et mère sans histoire qu’un événement malheureux va, aux dires de tous, littéralement transformer. Le second temps est celui qui débute avec la mort de son premier mari et qui se termine avec le décès du second. C’est durant cette période que va se façonner, jour après jour, la mauvaise réputation de Marie Dabert. Le troisième temps est celui de l’exposition médiatique de Marie Dabert, veuve Favier, accusée d’avoir assassiné son mari. Les habitants du Puy-de-Dôme découvrent alors celle qui, bien que jugée non coupable, sera désormais aux yeux de tous « l’empoisonneuse de Freydefont ». Enfin, la quatrième et dernière étape de la vie de Marie Dabert trouve son point de départ dans la mort suspecte de Marie Graneix, la mère de son troisième époux Théodore-Étienne Cohadon. C’est le temps de la revanche de la justice et de l’opinion publique après l’occasion manquée, en 1913, de mettre un terme aux agissements néfastes de Marie Dabert dans les mon­­­tagnes issoiriennes[1279].

Prologue : avant la dérive...

Marie Dabert est née le 6 mai 1872 à Saint-Nectaire, de l’union d’Antoine Dabert et d’Antoinette Delaigue. De son enfance, nous ne savons pas grand-chose : les articles de presse, les dépositions de témoins, les fiches et les procès-verbaux de renseignements ne font état d’aucune affaire, histoire ou rumeur la concernant avant la mort de son premier mari. Nous devons nous contenter des éléments recueillis par les médecins aliénistes directement auprès d’elle et de quelques témoignages qui annoncent, par leur ambigüité, toute la difficulté que nous aurons à appréhender le personnage de Marie Dabert, successivement femme Gratadeix, femme Favier et femme Cohadon.

La jeune Marie Dabert a bénéficié d’une bonne instruction que confirment les nombreuses lettres rédigées de sa main dans un français tout à fait correct [1280] . Interrogé sur ses relations avec sa fille, Antoine Dabert avoue ne jamais avoir eu à se plaindre de son comportement avant la mort du premier mari [1281] . Un autre témoignage, celui de Louis Favier, père du second mari de Marie Dabert, est beaucoup moins flatteur. Il affirme dans une lettre adressée au juge d’instruction qu’enfant, la fille Dabert ne supportait pas ses camarades et que la maîtresse d’école lui répétait sans cesse qu’elle « finirait mal [1282]  ». Il insiste également sur sa morale plus que douteuse en rappelant sa grossesse précoce à dix-huit ans. Rappelons, à ce titre, qu’être fille-mère ou être enceinte de relations adultères sont, pour l’opinion publique, parmi les indices les plus signifiants d’une moralité douteuse pour les jeunes femmes. Ici, toutefois, la critique n’a guère de sens dans la mesure où l’enfant de Marie Dabert est né le 2 novembre 1891, soit plus d’un an après le mariage avec Antoine Gratadeix.

Marie Dabert se marie une première fois le 5 juillet 1890 [1283] . Après avoir cohabité six mois dans la maison de la famille Dabert à Freydefont, le couple décide d’affermer un domaine à Saignes où ils restent une douzaine d’années. De ce premier mariage naissent deux garçons, Antonin-Maxime et Irénée Hubert Florence. Les témoignages s’accordent à dire que le ménage était heureux, sans accrocs ni histoires. La fermeté du mari est, selon le père de l’épouse, une des raisons de cette situation restée sous contrôle : « Son mari, homme très sérieux, ne lui permit aucune incartade [1284] . » La belle- famille ne trouvait rien à redire non plus sur la tenue de Marie Dabert avant le décès d’Antoine Gratadeix. C’est encore Louis Favier qui, dans la lettre évoquée précédemment, affirme le contraire en faisant état de mille et une misères qu’elle aurait fait endurer à son premier mari [1285] . Sont-ce là les mots excessifs d’un père ravagé par la mort de son fils et désireux de voir sa belle-fille condamnée ? Le ton de la lettre le laisse penser. Reste que le témoignage n’est pas complètement isolé : l’examen mental réalisé par le docteur Joseph Dubois dans le cadre de l’instruction ouverte à la mort du second mari de Marie Dabert associe clairement la seconde grossesse non désirée de Marie Dabert aux premiers signes de troubles mentaux : « La naissance du deuxième enfant avait amené un tel état de tension dans les relations de famille que la vie commune devient insupportable [1286] . »

Le 19 février 1909, Antoine Gratadeix succombe des suites d’une maladie qui aura duré deux ans. En dehors du rapport médical évoqué à l’instant et du témoignage isolé de Louis Favier, ce décès apparaît comme le véritable point de départ des mauvais agissements de Marie Dabert. Nous préférerons penser que c’est à partir de cette date, où naissent les tous premiers soupçons à l’égard du potentiel criminel de « l’empoisonneuse », que chaque détail de son quotidien va être scrupuleusement analysé, apprécié et jugé par les familles des victimes, les voisins et les autorités. Les relations entre la veuve et sa belle-famille se détériorent en effet très rapidement. Quelques jours après la mort d’Antoine Gratadeix, Marie Dabert écrit une lettre à l’un de ses fils dans laquelle elle accuse sa belle-sœur d’avoir empoisonné son frère [1287] . La démarche surprend tout le monde et éveille des soupçons au sein de la belle-famille :

« La mort de mon frère m’a paru étrange, sans toutefois trop le paraître, mais la lettre écrite par Célestine [...] a éveillé tout de même certaines questions dans mon esprit et dans celui de mes frères. Nous nous demandions si cette lettre avait pour but de surexciter l’hostilité de ses enfants contre nous qui défendions leurs intérêts ou si réellement elle s’était rendue coupable de l’empoisonnement [1288] . »

On ne juge toutefois pas opportun d’alerter les autorités judiciaires. Le médecin confirme la mort naturelle d’Antoine Gratadeix et le maire autorise l’inhumation du corps. Après deux mois à Saignes, Marie Dabert décide de retourner vivre chez ses parents à Freydefont.

 

La construction d’une mauvaise réputation

Dans le courant de l’automne 1909 ou du printemps 1910, Marie Dabert fait la rencontre d’Émile Favier, qu’elle suit à Olloix et avec qui elle se marie le 16 juillet 1910. Après des affaires malheureuses à Olloix, – le couple gérait une auberge – Émile Favier et Marie Dabert déménagent à Champeix avant que l’épouse quitte son mari pour, selon elle, s’occuper de sa mère malade. Aux termes de quelques mois de séparation, Émile Favier décide de rejoindre son épouse à Freydefont. Cette fois-ci, la mésintelligence qui règne dans le couple dès les premières semaines n’est un secret pour personne. L’épouse reproche notamment à son mari ses dettes et la mauvaise gestion de ses entreprises tandis que le mari reproche à sa femme sa malveillance, sa manie de chercher les histoires et son penchant pour la boisson. C’est en effet à cette période qu’éclate au grand jour l’alcoolisme de la femme Favier. Certains évoquent une ivrognerie d’occasion [1289] tandis que d’autres constatent, ou entendent dire, qu’elle s’enivrait beaucoup et souvent [1290] : « Pour éviter un scandale pareil, Favier lui fermait cave et liqueurs car comme aubergiste, c’est elle qui était la première cliente [1291] . » Cette situation conduit à une mésentente quotidienne qui ne passe pas inaperçue. Nous retrouvons dans les témoignages toutes les manifestations d’une situation conjugale précaire et commune d’ailleurs à la plupart des affaires d’empoisonnement. Le principal mobile des empoisonnements jugés par la cour d’assises du Puy-de-Dôme s’inscrit en effet dans une logique d’aboutissement tragique, à plus ou moins long terme, de mésententes conjugales. « Les femmes meurtrières ne présentent pas le même profil que celles qui succombent... Elles sont davantage actives dans une relation qui ne les satisfait pas », nous rappelle Gemma Gagnon dans son article sur les homicides conjugaux [1292] . Difficile d’avoir une vue claire sur le partage des responsabilités et le degré de violence atteint lors des confrontations entre Marie Dabert et son époux. Les témoignages divergent, encore une fois. Certains évoquent des échanges de coups réciproques : « Le ménage était très désuni et de fréquentes querelles s’élevaient entre le mari et la femme [1293] . » D’autres insistent sur la responsabilité de Marie Dabert « qui était presque toujours saoule, elle cherchait alors chicanes à son mari et les discussions se terminaient par des coups [1294]  ». D’autres, enfin, rappellent qu’Émile Favier pouvait être violent, bien que jouissant de la considération générale. Marie Dabert, pour sa part, affirme être victime de violences conjugales. À l’occasion d’une plainte adressée aux autorités contre son mari – elle signalera en effet au parquet à plusieurs reprises les difficultés relationnelles dans son couple – elle fait constater par un médecin des traces de coups [1295] . Émile Favier se défend d’avoir frappé sa femme, les bleus constatés sur son corps n’étant, selon lui, que le fruit des nombreuses chutes liées à son intempérance [1296] . Aucune suite n’est donnée à l’affaire.

Marie Dabert devient rapidement, aux yeux de toute la communauté villageoise, une mauvaise épouse mais également une fille indigne. C’est en effet durant cette période que les relations entre Antoine Dabert et sa fille vont considérablement se dégrader. À la mort de la mère de Marie Dabert, une brouille éclate entre eux sur fonds de droits de succession. Méfiant, le père refuse systématiquement les repas apportés par sa fille : « Quelques fois j’acceptais mais je les jetais par la fenêtre, d’autres fois je les refusais, jamais je n’en ai mangé [...] parce que j’avais des craintes [1297] . » Ivre, Marie Dabert ira jusqu’à mettre le feu au lit de son père en décembre de l’année 1911. L’incendie est alors contenu par Émile Favier [1298] . Finalement, Antoine Dabert capitule : il cède ses biens et les droits de succession de sa défunte femme à sa fille au début de l’année 1912 contre le versement d’une pension et une obligation de soins [1299] . Sa fille ne lui versera pas un centime et face à ses « chicaneries » incessantes, Antoine Dabert décidera de quitter la maison de Freydefont pour s’installer, sans ressources, à Chambon, à quelques kilomètres de là.

À l’instar du père de Marie Dabert, la méfiance d’Émile Favier à l’égard de sa femme et sa crainte d’être empoisonné ne cessent de croître : « il nous est arrivé quelques fois de demander à Favier, lorsqu’il mangeait à sa cave, « tu ne vas pas manger ta soupe ? », il nous répondait : « Je n’y vais pas parce que ma femme y a peut-être mis un péca dedans » », indique un ami de l’époux Favier [1300] . Cette inquiétude, que le père et le mari de Marie Dabert partagent avec leur entourage, va largement contribuer à façonner sa réputation d’empoisonneuse de Vernet-Sainte-Marguerite à Saint-Nectaire, et ce avant même que la justice ne soit saisie. La femme Favier « n’avait aucune sympathie, elle était redoutée » affirme le témoin Pierre Bellot, « elle était très cupide et parlait toujours d’argent [1301]  ». La terreur qu’inspire la femme Favier auprès de la communauté villageoise sera un élément clé du discours médiatique pour illustrer la malfaisance et la dangerosité de l’empoisonneuse. Difficile toutefois d’être certain, comme l’Avenir du Puy-de-Dôme le prétend, quetous les habitants de Freydefont « craignaient que Célestine Dabert n’empoisonnât l’eau qui alimente le village [1302]  ».

Fig. 1. – Photo Marie Dabert.

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Fig. 2. – Signalement Marie Dabert.

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Dossier n° 208, U 27894, 1913, AD63.

« L’empoisonneuse de Freydefont »

C’est dans ce climat d’animosité ambiante qu’Émile Favier tombe malade et décède le 7 juin 1913. Contrairement à la famille du premier époux, la famille Favier soupçonne immédiatement un acte criminel. Pourtant, la visite du docteur Antoine Versepuy quelques heures avant la mort de la victime ne permettait pas, aux dires de ce dernier, de déceler un quelconque empoisonnement : les symptômes étaient ceux d’un « embarras gastrique [1303]  ». Comme souvent dans les affaires d’empoisonnement, ce ne sont pas les premières observations médicales qui permettent de révéler la présence d’un crime, mais bien la réputation et le comportement de l’entourage de la victime [1304] . Et comme si la réputation de Marie Dabert ne suffisait pas à faire d’elle la principale suspecte, son attitude à l’égard du mari, avant et après son décès, ne laisse justement aucun doute sur ses mauvais instincts.

« “Lorsque j’arrivai, je trouvai ma belle-sœur très tranquille et nullement affligée par cette mort subite et imprévue”, affirme Vincent Favier, le frère de la victime : comme nous ne pouvions retenir nos larmes ma mère et moi elle nous dit même avec brusquerie : “Ne venez pas pleurnicher là, si vous avez envie de pleurer sortez.” Nous tous les habitants du village de Freydefont et les personnes du voisinage avec lesquelles j’ai pu causer pensent que mon frère a été empoisonné par sa femme... C’est pour cela que j’ai télégraphié à monsieur le procureur de la République [1305] . »

Cette lettre est adressée au parquet sur les conseils du maire de Saint-Nectaire. Le processus judiciaire ne souffre cette fois-ci d’aucun accroc, une instruction est ouverte et le parquet se déplace. L’autopsie du corps d’Émile Favier ne donne rien, mais l’expertise toxicologique révèle la présence d’arsenic en importante quantité, entraînant l’arrestation de la veuve Favier, principale suspecte depuis le premier jour de l’instruction. Son départ est vécu par la population, semble-t-il, comme une véritable libération. Les journaux évoquent en effet des huées émanant d’une foule hostile réunie autour des agents qui amènent Marie Dabert à la Maison centrale de Riom : « Tout le hameau s’était assemblé pour voir partir celle que l’on appelle hautement l’empoisonneuse [1306] . » Les voisins racontent au juge d’instruction, les uns après les autres, la mésentente qui régnait dans le couple : « J’ai entendu plusieurs fois les époux Favier se disputer ensemble », raconte la voisine Rabany, femme Rigaud :

« En mars dernier, Célestine Dabert poursuivait son mari à coups de pierre dans le chemin qui passe en face de chez nous, je l’ai très bien entendue dire : “ah salaud, tu m’en fais voir, mais je te ferai bien le bouillon” [1307] . »

Un autre témoin répète que « Célestine lui a dit à plusieurs reprises vouloir empoisonner son mari [1308]  ». La défense de Marie Dabert est assez maladroite. Dans un premier temps, elle affirme que du mauvais vin est à l’origine de la maladie mortelle de son mari ; elle évoque ensuite la prise accidentelle d’un poison pour renards. Elle prétend finalement, au bout de quelques jours, que son mari s’est suicidé et que ce dernier aurait formellement exigé d’elle un silence complet pour éviter que la honte et le déshonneur ne s’abattent sur la famille Favier. Cette thèse du suicide ne va convaincre personne : « Je suis bien certain que cet homme là n’a jamais eu envie de se suicider », assure Pierre Bellot comme tous les autres témoins, « il aimait trop la vie, était un bon travailleur, mais il était mal accompagné [1309]  ».

Dès les premières heures de l’instruction, la presse locale s’empare de l’affaire. Nous sommes en 1913, les grands quotidiens clermontois dépêchent des reporters sur chaque lieu où des soupçons d’homicide naissent et se répandent. L’affaire occupe une partie de la chronique locale du Moniteur et de l’Avenir du Puy-de-Dôme du 11 juin au 3 juillet 1913 avant que ne s’ouvre le procès à Riom le 24 octobre 1913. Les comptes-rendus d’audience, gros titres et photos à l’appui, s’étalent sur plusieurs colonnes [1310] . La description physique du Moniteur du Puy-de-Dôme ne manque pas d’insister sur la rudesse de sa physionomie : « Grande, mince, osseuse, le visage taillé en coups de serpe » en parfait accord avec la rudesse de son caractère :

« L’allure décidée, alerte, nullement émue. Elle s’exprime d’une manière réfléchie, posant ses mots, scandant ses phrases, d’une voix monotone, résignée [1311] . »

On insiste sur sa froideur et sa complète insensibilité, deux postures qui amènent inévitablement à se poser la question de l’état mental de l’accusée [1312] . Le degré de responsabilité et de l’état de conscience de Marie Dabert au moment du crime, alors même que celui-ci n’est pas prouvé, ne cessent d’alimenter les discussions : « La femme Célestine Dabert n’est pas une aliénée. Elle présente de l’hystérie avec dégénérescence mentale. Cet état constitutionnel doit la faire considérer comme doués d’une responsabilité atténuée », conclut le docteur Dubois chargé de son examen médical pendant l’instruction [1313] . « Victime d’une hérédité psychopathique assez chargée, [...] elle n’est pas folle, mais elle appartient à cette catégorie de délinquants pour lesquels la loi n’a pas de moyens de répression ni de moyens d’assistance » ajouteFélix Ronsérail, rédacteur du compte-rendu d’audience pour le Moniteur du Puy-de-Dôme [1314] .

Fig. 3a. – Lettres Marie Dabert.

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Dossier n° 208, U 27894, 1913, AD63.

Fig. 3b. – Lettres Marie Dabert.

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Dossier n° 208, U 27894, 1913, AD63.

Concernant la réputation de Marie Dabert, le récit de la presse locale ne se distingue guère de celui que l’on trouve dans la plupart des témoignages du dossier de procédure. Toutes les rumeurs sont reportées, qu’elles soient vérifiées ou non par l’instruction : « Maintenant que la femme Favier est sous les verrous..., l’on bavarde sur la maladie qui a emporté le prédécesseur de Favier », précise le Moniteur du Puy-de-Dôme dans son article du 26 juin 1913 [1315] . Par ailleurs, la presse locale ne s’encombre d’aucune présomption d’innocence : autour des faits et des gestes relayés par la rumeur vont se construire les certitudes d’une culpabilité que la défense maladroite de Marie Dabert et les résultats des analyses toxicologiques ne feront qu’attester. Les nombreuses lettres envoyées au parquet par la femme Favier avant le décès de son mari pour signaler la mésintelligence régnant dans le ménage sont davantage perçues, par les autorités puis par les journalistes, comme des signes d’hystérie procédurière que comme de véritables appels à l’aide. En cause la manie de Marie Dabert d’écrire à tous et tout le temps.

Reste que les preuves irréfutables de la culpabilité de Marie Dabert font défaut et le jury décide de l’acquitter. Sitôt le verdict prononcé, l’éclairage médiatique s’estompe : la chronique judiciaire n’apprécie pas les acquittements et l’affaire est classée judiciairement et médiatiquement. « Les habitants de Freydefont sont au premier rang pour regarder passer celle qu’ils n’auront plus le droit désormais d’appeler « l’empoisonneuse », conclut assez habilement Le Moniteur du Puy-de-Dôme [1316] qui insiste sur le fossé qui vient d’être creusé entre les convictions d’une opinion publique et les doutes d’un jury convaincu par la plaidoirie de M. Charles, l’avocat de Marie Dabert.

« L’empoisonneuse de Saignes »

Nous ne savons que très peu de choses du retour au pays de la veuve Favier, si ce n’est qu’après deux ou trois mois passés à Freydefont, elle rencontre Théodore-Étienne Cohadon, 26 ans, originaire de Saignes et de 16 ans son cadet. Emportant tous les biens de Freydefont avec elle, « enlevant jusqu’aux portes-fenêtres et volets » pour ne rien laisser à son père et à ses deux fils [1317] , elle décide de rejoindre son nouveau compagnon à Saignes où il réside chez sa mère Marie Graneix. Le couple officialise leur union le 7 avril 1914 et Marie Dabert devient femme Cohadon.

La réputation de l’empoisonneuse de Freydefontest désormais solidement ancrée dans l’opinion publique de tout le canton de Saint-Nectaire :

« On l’accuse couramment d’avoir empoisonné ses deux précédents maris, Gratadeix et Favier... Partout où Célestine Dabert habite, elle a eu des dis­­­­cussions avec ses voisins, elle a engagé plusieurs procès avec ses parents, elle se livre à l’ivrognerie [1318] . »

On l’accuse même, désormais, d’être à l’origine du décès de sa propre mère.

« Parce qu’elle imprime définitivement de son sceau les déviances passées, l’intervention de la justice dans la vie d’un accusé accrédite officiellement aux yeux de l’opinion publique sa nuisibilité sociale [1319] . »

Théodore-Étienne Cohadon a une réputation aussi mauvaise que sa nouvelle femme :

« C’est un fainéant et un brutal, du reste il a déjà encouru une condamnation à 3 mois de prison prononcée par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand le 20 février 1913 pour coups et blessures... à Saignes, Cohadon Théodore a eu des disputes avec tous les habitants de ce village, il allait jusqu’à les menacer de son fusil et de son revolver [1320] . »

À l’écoute des premiers témoignages, personne ne peut dire quels sont les rapports qu’entretiennent les trois occupants de la maison Graneix. L’habitation est isolée du hameau et les habitants de Saignes ne fréquentent pas les Cohadon, précise le garde-champêtre François Jamot. Il faudra attendre la maladie de la veuve Graneix, « pour que des voisins entrent chez eux [1321]  ».

En effet, le 3 septembre 1914, Marie Graneix décède après plusieurs jours de maladie. Aux dires des autorités locales, le décès ne cause aucun trouble dans l’opinion publique malgré la réputation de Marie Dabert. Le garde-champêtre affirme même qu’il n’est jamais venu à sa connaissance « que la mort de la dame veuve Cohadon n’était pas une mort naturelle et n’a entendu personne faire des soupçons sur les causes de cette mort [1322]  ». L’adjoint au maire de Vernet-Sainte-Marguerite, Michel Tardif, confirme ces propos et ajoute : « Si j’avais eu le moindre soupçon sur cette mort je n’aurais pas délivré le permis d’inhumer sans l’avis de M. le docteur [1323] . » Les autorités locales tentent de justifier ici leur décision, critiquée par la suite, d’avoir autorisé l’inhumation du corps de la veuve Gradeix [1324] . En fait, ce décès n’a pas laissé la communauté villageoise indifférente, bien au contraire : la surprise est partagée par la majorité des habitants et les soupçons sont immédiats. Pire encore, le docteur Michel Edmond Faure, après avoir visité la malade et observé l’attitude de Marie Dabert, était convaincu que la cause de la maladie qui avait emportée Marie Graneix n’avait rien de naturelle [1325] . Michel Planeix, le frère de la victime, alerte le procureur de la République et une enquête est ouverte.

On exhume le corps, des analyses toxicologiques sont réalisées et révèlent une fois encore la présence d’arsenic. Marie Dabert et Théodore-Étienne Cohadon sont immédiatement suspectés et comme lors de la précédente instruction, ce n’est qu’une fois le couple conduit à la maison centrale de Riom que les langues se délient. Le foyer Cohadon, qu’aucun jusqu’alors n’avait pu approcher, semble familier à tous. Il est rare en effet, comme le souligne Sylvie Lapalus dans sa réflexion sur les parricides, que le voisinage ne soit pas au courant d’une manière ou d’une autre, des tensions familiales du foyer d’à-côté ou d’en face [1326] , et ce, même si l’habitation est éloignée du reste du hameau. Ainsi, on apprend que la veuve Graneix n’approuvait guère l’union contractée entre son fils et « l’empoisonneuse de Freydefont », une désapprobation balayée d’un revers de la main par Marie Dabert qui, dans ses interrogatoires, insiste sur l’amour maternel qui existait entre elle et sa belle-mère. Un amour qu’elle prouve en citant une lettre de la défunte, bienveillante à son égard, et que l’on finira par reconnaître comme fausse. Tout le monde évoque également les inquiétudes et les craintes qu’avait Marie Graneix à l’égard de la femme de son fils :

« Elle avait [...] l’intention de se séparer de son fils et de sa bru... Elle m’a fait connaître qu’elle ne mangeait que la nourriture qu’elle se faisait elle-même [1327] . »

Fig. 4. – « L’empoisonnement de Freydelfont », Avenir du Puy-de-Dôme, 25 octobre 1915, p. 1-2.

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Quant au frère de la victime, il apporte un élément accablant à la charge de son neveu : une lettre de Marie Graneix évoquant les mauvais traitements que lui infligeait son fils [1328] . Marie Dabert, cette fois-ci, préfère en dire le moins possible et prétend ne pas comprendre tout en insistant sur la santé fragile de sa belle-mère. Une fois encore, sa défense est maladroite et sa crédibilité sérieusement écornée quand elle accusera l’inspecteur de la police mobile d’avoir lui-même introduit dans ses affaires une petite enveloppe contenant des traces d’arsenic. L’hypothèse du suicide est une nouvelle fois avancée : « Les époux Cohadon ont [...] dit qu’il y avait longtemps que la Marie Planeix se plaignait et que c’était le chagrin de la guerre qui l’avait emporté parce que son Théodore pourrait y aller [1329]  », mais comme dans l’affaire de Freydefont, cette explication ne convainc personne : « Elle était d’humeur normale », affirme Léger Pélissier, maire de Vernet-Sainte-Marguerite, « la mort de son mari survenue il y a un an environ ne l’avait affectée que comme d’usage, de même le décès de sa mère [1330]  ».

Les époux Cohadon sont jugés par la cour d’assises du Puy-de-Dôme le 27 avril 1915. Dans d’autres circonstances, l’affaire aurait certainement eu un impact exceptionnel dans les journaux clermontois. Jamais en effet la cour d’assises du Puy-de-Dôme n’avait jugé une empoisonneuse récidiviste de cette stature. Entourée de toutes ces morts suspectes, ayant bénéficié d’un acquittement perçu et présenté comme scandaleux par la communauté villageoise et la presse locale, cette nouvelle affaire pouvait faire de Marie Dabert une grande figure de la criminalité féminine auvergnate. Pourtant, l’éclairage médiatique de l’empoisonnement de Saignes est limité. Dans le Moniteur comme dans l’Avenir du Puy-de-Dôme, l’instruction ne fait l’objet d’aucun suivi. Marie Graneix succombe sous les effets de l’arsenic le 3 septembre 1914, soit un mois après la mobilisation générale. La préoccupation de la presse régionale s’est depuis tournée vers les nouvelles internationales, la situation des troupes françaises et le tribut que paye le département dans les combats. L’ennemi est allemand et les criminels locaux ne sont désormais plus les acteurs privilégiés de la chronique locale, à l’exception de ceux, escrocs et voleurs, qui profitent du contexte pour commettre leurs méfaits. Qui plus est, les journaux commencent à subir les premiers effets économiques de la guerre : la pagination se réduit et les rédacteurs-reporters sont soit mobilisés, soit réquisitionnés pour suivre l’évolution du conflit. Si le compte-rendu d’audience du procès bénéficie tout de même de plusieurs colonnes dans la chronique locale des quotidiens clermontois, les photos ont disparu et les titres se font moins accrocheurs. Les descriptions physiques et comportementales de Marie Dabert sont strictement identiques à celles du premier procès, et le chroniqueur du Moniteur du Puy-de-Dôme ira jusqu’à reprendre certains passages de son précédent compte-rendu d’audience [1331] . Le contexte social et économique a radicalement changé : l’âge d’or de la presse écrite où triomphaient l’actualité criminelle et le fait divers a définitivement laissé sa place à la période trouble de la guerre, qui voit la propagande, la censure et le discours patriotique imprégner la chronique locale.

Marie Dabert n’échappera pas cette fois-ci au verdict de culpabilité. Considérée une nouvelle fois comme partiellement responsable de ses actes par les médecins Ernest Vigenaud, Pierre Mably et Gabriel Mornac [1332] , elle bénéficiera des circonstances atténuantes et sera condamnée à dix ans de travaux forcés. Son départ pour le bagne marquera la fin de l’histoire médiatique de l’empoisonneuse du canton de Saint-Nectaire [1333] .

Fig. 5. – « L’empoisonnement de Vernet-Sainte-Marguerite », Avenir du Puy-de-Dôme, 28 avril 1915, p. 2.

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Nous aurions pu nous étendre encore sur la vie de Marie Dabert, sur ses relations avec ses enfants qui ne souhaitaient plus la rencontrer, sur la façon dont elle se procurait et administrait le poison, sur ces rumeurs parfois saugrenues qui lui attribuaient des relations coupables avec untel et des sorties nocturnes dans la chambre du maire d’Olloix, ou encore sur l’abondante correspondance que conserve les deux dossiers de procédure criminelle. Mais il ne s’agissait pas, ici, de réaliser une biographie du personnage. Le cas Marie Dabert offre la possibilité d’étudier assez distinctement, dans les limites d’un canton, sur trois années, deux instructions et deux procès aux assises, la construction d’une réputation au sein d’une communauté villageoise et l’appropriation par la presse écrite départementale d’une figure de la criminalité féminine. Le cas Marie Dabert a aussi la particularité de présenter aux chercheurs trois dénouements possibles d’affaires d’empoisonnement. Le premier cas de figure, l’absence de réactionjudiciaire à la mort – naturelle ou pas – du premier mari, montre combien la révélation des empoisonnements peut être délicate et hasardeuse. Dans le deuxième cas de figure, tous les éléments sont réunis pour que la justice opère efficacement : l’alerte est donnée aux autorités locales puis au Parquet, une instruction est ouverte et débouche sur un procès. Cette fois-ci, faute de preuves, c’est le jury populaire qui permet à Marie Dabert de sortir libre de la salle d’audience de la cour d’assises du Puy-de-Dôme. Enfin, le dernier dénouement : la mise hors d’état de nuire de Marie Dabert à l’issue d’une nouvelle instruction et d’un deuxième procès, s’apparente à l’aboutissement triomphal d’un processus judiciaire qui, en osmose avec la clameur publique, ne saurait davantage souffrir de voir libre une femme qu’aucun ne considère comme innocente.

 

L’étude de la personnalité de Marie Dabert est à l’image des ces dénouements : pleine d’incertitude et de questionnement. La lecture des différentes pièces des dossiers de procédure ouvre autant de pistes qu’elle n’en ferme. Marie Dabert était-elle, comme elle ne cessait de le clamer, la victime d’une situation conjugale oppressante associée à une hostilité et un mépris injustifiés de la part des habitants de Freydefont et de Saignes ? Une victime qui n’aurait trouvé son salut que dans la consommation d’alcool et l’usage du poison ? L’hypothèse est séduisante mais après une étude plus approfondie des relations de Marie Dabert avec son père, ses enfants, sa belle-famille et ses voisins, force est de constater qu’elle est discutable. Qui plus est, une fois débarrassée d’un mari violent, pourquoi aurait-elle dès lors entrepris d’éliminer la mère de son troisième mari au risque d’attirer de nouveau les soupçons sur elle ? Malgré sa ou ses récidives, nous ne sommes pas non plus en présence d’une véritable « prêtresse du crime », comme l’affirme le ministère public et une partie de la presse écrite quand s’ouvre le procès de 1915. Les multiples maladresses qui causeront sa perte font davantage penser à des actes irréfléchis qu’à des actes minutieusement préparés,« comme si la faculté de raisonner avait abdiqué [1334]  ». Il reste l’hypothèse avancée par la médecine psychiatrique de la Belle Époque : Marie Dabert était-elle une hystérique avec dégénérescence mentale qui, bien que consciente de ses actes, devait nécessairement bénéficier de circonstances atténuantes ? Ce serait là accorder au discours criminologiste de l’époque un crédit qu’il convient, aujourd’hui, de relativiser. Pour la presse quotidienne clermontoise, hystérique ou pas, une chose est certaine : un soulagement général parcourt le canton de Saint-Nectaire à l’annonce du verdict de culpabilité de Marie Dabert, celle qui « ne valait pas les quatre fers d’un cheval » pour reprendre l’expression d’un témoin anonyme interrogé deux ans plus tôt par l’Avenir du Puy-de-Dôme [1335] .

       
1275

. S Soulier., La chronique criminelle dans la presse du Puy-de-Dôme de 1852 à 1914, Paris, Fondation Varenne/L. G. D. J, 2012, p. 329-360.

1276

. C. Bard, F. Chauvaud, M. Perrot, J.-G Petit (dir), Femmes et justice pénale (xixe-xxe siècles), Rennes, PUR, 2002, p. 10.

1277

. M.-E. Thérenty, La littérature au quotidien. Poétique journalistique au xixe siècle, Paris, Seuil, 2007, p. 280.

1278

. Ce n’est toutefois pas le seul. Parmi les autres « tares » récurrentes dans les portraits médiatiques d’empoisonneuses, la lâcheté et la sournoiserie occupent le haut du tableau. A.-E. Demartini rappelle que les figures d’empoisonneuses se construisent autour de la « rencontre entre les représentations du crime d’empoisonnement et les représentations de la femme qui relèvent du préjugé partagé et qui sont validées par la criminologie », A.-E. Demartini, « La figure de l’empoisonneuse. De Marie Lafarge à Violette Nozière », dans L. Cadiet, F. Chauvaud, Cl. Gauvard, P. Schmitt-Pantel, M. Tsikounas (dir), Figures de femmes criminelles de l’Antiquité à nos jours, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010, p. 30.

1279

. Pour clarifier la localisation des événements, Freydefont et Saignes sont deux petits villages du canton de Saint-Nectaire, arrondissement d’Issoire, dans le département du Puy-de-Dôme. Le premier se

1280

0. Ces lettres sont consultables dans les deux dossiers de procédure criminelle, n° 208, U 27894, et 226, U 10928, AD63.

1281

0. Déposition d’Antoine Dabert, 24 juillet 1914. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1282

0. Lettre de Louis Favier au procureur de la république, non datée. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1283

0. Registre État-Civil, Saint-Nectaire, 1883-1892, 6 E 400/16, AD63.

1284

. Déposition d’Antoine Dabert, 24 juillet 1914. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1285

. Lettre de Louis Favier au procureur de la république, non datée. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1286

. Rapport médico-légal du docteur Joseph Dubois, 30 septembre 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1287

. Lettre de Marie Dabert, non datée. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1288

. Déposition de Marie Gratadeix, 16 novembre 1914. Dossier n° 226, U 10928, AD63.

1289

. Déposition de Jacques Faure, 20 juin 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1290

. Déposition de Pierre Bellot, 30 juin 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1291

. Déposition de Jacques Garnaud, procès-verbal de gendarmerie, 27 septembre 1913. Dossier ° 208, U 27894, AD63.

1292

. G. Gagnon, « L’homicide conjugal et la justice française au xixe siècle », dans C. Bard, F. Chauvaud, M. Perrot, J.-G Petit (dir), Femmes et justice pénale (xixe-xxe siècles), op. cit., p. 145.

1293

. Déposition de Vincent Bouche, 20 juin 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1294

. Déposition de Pierre Bost, 17 juillet 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1295

. Déposition du docteur François Bayard, procès verbal de gendarmerie, 30 mai 1913. Dossier criminelle n° 208, U 27894, AD63.

1296

. Déposition d’Émile Favier, procès-verbal de gendarmerie, 26 mai 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1297

. Déposition d’Antoine Dabert, 24 juillet 1914. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1298

. Ibid.

1299

. Renseignements recueillis par l’inspecteur de police mobile, 21 juillet 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1300

. Déposition de Vincent Bouche, 20 juin 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1301

. Déposition de Pierre Bellot, 30 juillet 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1302

. « L’empoisonnement de Saint-Nectaire », Avenir du Puy-de-Dôme, 22 juin 1913, p. 2.

1303

. Déposition d’Antoine Versepuy, 21 août 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1304

. La question de la complexité de la révélation des crimes par empoisonnement est désormais bien connue des historiens, notamment depuis l’article de M. Bloch, « Justice et science au xixe siècle ou la difficile répression du crime d’empoisonnement », Recherches contemporaines, 4, 1997, p. 101-123.

1305

. Déposition de Vincent Favier, 9 juin 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1306

. « L’affaire de Saint-Nectaire. Arrestation de la femme Favier », Moniteur du Puy-de-Dôme, 22 juin 1913, p. 2.

1307

. Confrontation de Marie Dabert et d’Éléonore Rabany, femme Rigaud, 17 juillet 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1308

. Déposition de Pierre Bost, 17 juillet 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1309

. Déposition de Pierre Bellot, 30 juillet 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63.

1310

. « Une femme accusée d’avoir empoisonné son mari, à Saint-Nectaire, est acquittée », Moniteur du Puy-de-Dôme, 25 octobre 1913, p. 2-3 et « L’empoisonneuse de Freydefont. Célestine Dabert est acquittée », Avenir du Puy-de-Dôme, 25 octobre 1913, p. 2-3.

1311

. « Une femme accusée d’avoir empoisonné son mari, à Saint-Nectaire, est acquittée », Moniteur du Puy-de-Dôme, 25 octobre 1913, p. 2-3. Nous retrouvons cette insistance de la presse sur l’attitude sévère voire méprisante de l’accusée dans l’affaire des Chartrons présentée par CBertrand,« L’affaire des Chartrons : une « semi-empoisonneuse » bordelaise à la Belle Époque »,Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 116, 1, 2009, p. 115-125. Ce n’est d’ailleurs pas la seule similitude existante entre ces deux affaires.

1312

. M. Renneville, Crime et folie. Deux siècles d’enquêtes médicales et judiciaires, Paris, Fayard, 2003, p. 334-353 étudie en détails le problème de la responsabilité atténuée.

1313

. Rapport médico-légal du docteur Joseph Dubois, 30 septembre 1913. Dossier n° 208, U 27894, AD63. Les conclusions du rapport ne sont pas surprenantes, elles rejoignent le discours criminologique de la fin du xixe siècle et de la Belle Époque qui intègre les empoisonneuses dans la catégorie des criminelles hystériques, A.-E. Demartini, « La figure de l’empoisonneuse. De Marie Lafarge à Violette Nozière », op. cit., p. 36.

1314

. « Une femme accusée d’avoir empoisonné son mari, à Saint-Nectaire, est acquittée », Moniteur du Puy-de-Dôme, 25 octobre 1913, p. 2-3.

1315

. « L’affaire de Saint-Nectaire », Moniteur du Puy-de-Dôme, 26 juin 1913, p. 2.

1316

. Ibid.

1317

. Renseignements sur les inculpés Cohadon Théodore et Dabert Célestine, commissaire de police mobile Parisot, 21 novembre 1914. Dossier n° 226, U 10928, AD63.

1318

. Ibid.

1319

. S. Soulier, La chronique criminelle dans la presse du Puy-de-Dôme de 1852 à 1914, op. cit., p. 245.

1320

. Renseignements sur les inculpés Cohadon Théodore et Dabert Célestine, commissaire de police mobile Parisot, 21 novembre 1914. Dossier n° 226, U 10928, AD63.

1321

. Déposition de François Jamot, 21 septembre 1914. Dossier n° 226, U 10928, AD63.

1322

. Ibid.

1323

. Déposition de Michel Tardif, 12 septembre 1914. Dossier n° 226, U 10928, AD63.

1324

. Sur le rôle stratégique des maires dans les enquêtes judiciaires, l’article de F. Ploux, « Enquêtes sur les conflits villageois dans le Quercy du xixe siècle » dans J.-C. Farcy, D. Kalifa, J.-N. Luc (dir), L’enquête judiciaire en Europe au xixe siècle, Paris, Creaphis, 2007, p. 337-348.

1325

. Déposition de Michel Edmond Faure, 5 novembre 1914. Dossier n° 226, U 10928, AD63.

1326

. S. Lapalus, La Mort du vieux, Paris, Tallandier, 2004, p. 195.

1327

. Déposition de Marguerite Brunel, 17 novembre 1914. Dossier n° 226, U 10928, AD63.

1328

. Déposition de Michel Planeix, 10 novembre 1914. Dossier n° 226, U 10928, AD63.

1329

. Déposition d’Eugénie Vigineix, 3 novembre 1914. Dossier n° 226, U 10928, AD63.

1330

. Déposition de Léger Pélissier, 28 septembre 1914. Dossier n° 226, U 10928, AD63.

1331

. « L’empoisonneuse de Saignes est condamné par la cour d’assises à dix ans de travaux forcés », Moniteur du Puy-de-Dôme, 28 avril 1915, p. 2.

1332

. Rapport médico-légal des docteurs Vigenaud, Mably et Mornac, 10 décembre 1914. Dossier n° 226, U 10928, AD63.

1333

. Absent au moment des faits, Théodore-Étienne Cohadon est acquitté mais il ne ressortira pas libre de la salle d’audience pour autant : condamné quelques mois plus tôt par le tribunal militaire à cinq ans de réclusion pour vol d’effets militaires, il est conduit à la maison d’arrêt pour y purger sa peine.

1334

. F. Chauvaud, La chair des prétoires. Histoire sensible de la cour d’assises, Rennes, PUR, 2010, p. 332.

1335

. « L’empoisonnement de Freydefont », Avenir du Puy-de-Dôme, 26 juin 1913, p. 3.