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L’espace d’une seconde, Justin craignit que Vivi ne le repousse. Puis, elle entrouvrit les lèvres et toute pensée rationnelle cessa dans son esprit. Elle se glissa en lui, aussi fluide que l’eau qui coulait sur leurs corps et collait le tissu de sa robe légère. Justin approcha doucement la pointe de sa langue de la sienne, un premier contact furtif avant de s’engouffrer en elle. Vivi sembla fondre contre lui lorsqu’il la prit dans ses bras et commença à lui caresser le dos. Elle passa les bras autour de son cou, glissant ses doigts à la naissance sensible de sa chevelure, sur sa nuque. Justin poussa un petit gémissement. Ce simple contact avait suffi à éveiller mille frissons sur sa peau. Déjà, son sexe durcissait. L’intensité de sa réaction le surprit. Il l’embrassa de plus belle, la serrant davantage contre lui. Il sentait chacune de ses courbes douces, chacun de ses muscles fermes pressés contre son corps. Elle répondait à ses caresses inquisitrices de sa langue et planta doucement ses ongles dans la chair de ses épaules en pressant ses hanches et son ventre contre son membre érigé qui frémissait entre eux. Leur baiser se fit soudain plus vorace, plus exigeant. Au cœur de cette brume érotique, Justin sentit la faim s’éveiller doucement.

Il arracha sa bouche à la sienne pour tracer un chapelet de baisers le long de sa mâchoire. Vivi poussa un soupir et se mit à onduler de plaisir contre lui lorsqu’il commença à mordiller et à lécher la peau fine et palpitante de son cou, les plongeant tous les deux dans un état d’excitation brutal. Il était enveloppé par son parfum, à la fois doux et décadent. Sous la peau, il sentait l’odeur plus obscure de son sang qui coulait dans ses veines. Comment y résister ? Les canines de Justin jaillirent, alors même qu’il luttait contre le besoin impérieux de la pénétrer, de son sexe et de ses dents, d’unir leurs deux corps de la façon la plus intime qu’il connaisse. N’y tenant plus, il lui mordilla le lobe de l’oreille et savoura les minuscules gouttes de sang qui y perlèrent. Elle avait une saveur sombre et riche, comme un chocolat fin ou un vin précieux. Il en avait la tête qui tournait. L’essence de Vivi était différente de tout ce qu’il avait pu connaître. Il caressa le lobe de sa langue, savourant les dernières traces, alors même qu’il comprenait avec une certitude effroyable qu’il en voulait davantage. Et plus encore.

— Vivi, murmura-t-il.

Toute son impatience était concentrée dans ce souffle. Elle se pressa contre lui avec un petit cri. Son petit corps entier était tendu vers lui, trahissant qu’elle était aussi subjuguée par l’instant. Avec un soupir haletant, il la serra contre lui, la soutenant dans l’orgasme qui s’emparait déjà d’elle. Si seulement il avait pu être en elle pour en percevoir les moindres répliques. Soudain, avec un cri de fureur étouffé, Vivi le repoussa avec brutalité et s’éloigna en chancelant. Dégoulinante d’eau, elle le regarda, les yeux écarquillés d’effroi et de plaisir. Elle frissonnait violemment, mais Justin se doutait que ce n’était pas de froid. A tâtons, il coupa l’eau et fit un pas vers elle. Comme un animal effrayé, elle se crispa aussitôt, prête à prendre la fuite.

— Ce n’est pas possible, dit-elle d’une voix soudain dure.

— Vivi…, lâcha-t-il, en s’efforçant de parler d’une voix calme, malgré l’ouragan qu’elle avait fait naître en lui. Ne pars pas. Je t’en prie. Tout va bien.

— C’est faux ! rétorqua-t-elle en portant la main à son oreille. Tu… Tu m’as mordue !

— Une toute petite morsure. Tu n’en seras pas affectée, Vivi, mais je suis désolé si cela t’a choquée.

Il comprit soudain qu’elle risquait de partir.

— Choquée ? Tu as bien vu l’effet que ça a eu sur moi. Choquée n’est pas vraiment le terme que j’aurais employé.

Elle croisa les bras, toujours frissonnante.

— Mon Dieu. Je… Je dois partir.

— Je ne te ferai aucun mal. Je te le jure. Je suis désolé.

— Ce n’est pas toi, Justin. Tu n’y peux rien, c’est ce que tu es. C’est juste que ce n’est pas compatible avec moi. Je ne peux pas… Pas avec toi. Cela risquerait de tout gâcher.

Elle se dirigea d’un pas rapide, bien qu’un peu incertain, vers son sac à main. Justin resta immobile. Il craignait qu’elle ne se mette réellement à courir s’il faisait le moindre mouvement. Il ne se le pardonnerait jamais. Lorsqu’elle se tourna vers lui, son adorable visage trahissait son trouble.

— Merci, bafouilla-t-elle. Je… A la prochaine.

— Laisse-moi au moins te raccompagner à l’hôtel.

— Non. J’ai besoin d’être seule pour reprendre mes esprits.

Tournant les talons, elle se dirigea vers l’escalier qui menait à un parking. Il la laissa partir en se demandant ce qui venait de se produire. Il s’était laissé complètement dépasser par une nymphe aux pieds nus et à la robe mouillée. Pieds nus. Elle avait oublié ses sandales. Il se retint de se lancer à sa poursuite, sachant qu’il risquait de recevoir un pieu dans le cœur pour sa peine. Il redescendit sur la plage. Quelques minutes plus tard, il retrouva les chaussures. A présent, il avait un prétexte pour la revoir. Il avait le reste de la nuit pour trouver un moyen de la convaincre qu’une semaine en sa compagnie ne risquait pas d’entacher sa réputation de chasseresse. Et que quelques jours de vacances avec un vampire, c’était peut-être exactement ce dont elle avait besoin.