Le cadeau
— Tu n’es pas censé me voir avant le mariage. Ça porte malheur, précise Amelia une fois que tout le monde est sorti pour attacher les sièges auto et que nous sommes seuls dans la maison.
— Je pense que toi et moi, nous avons déjà conjuré le mauvais sort, dis-je en glissant une mèche de cheveux blonds derrière son oreille. Tu es belle.
Je l’attire à moi, découvrant avec plaisir le dos plongeant de la robe, à la fois sage et sensuelle.
Elle rougit et détourne le regard.
— Merci. Toi aussi.
— Le costume est désagréable à porter.
— Tu vas le supporter.
Je me penche pour l’embrasser légèrement sur les lèvres.
— J’ai hâte que tu quittes cette robe.
— Est-ce que ton cerveau pense parfois à autre chose qu’au sexe ?
— Rarement.
La porte s’ouvre et Sebastian jette un coup d’œil à l’intérieur.
— Vous êtes prêts, tous les deux ?
Amelia ouvre la bouche pour répondre, mais je l’arrête.
— On te suit. Tu peux y aller !
Sebastian prend un moment pour nous regarder, puis il hoche la tête et disparaît.
— Nous allons être en retard, s’exclame Amelia.
— Nous sommes l’attraction principale. Ils peuvent bien attendre.
Je l’entraîne dans le salon et choisis un cadeau spécial sur la pile pour les filles. Je le lui tends.
— Nous nous occuperons des cadeaux après, répond-elle en l’étudiant.
— Juste un. Celui-ci est rien que pour nous, de toute façon.
Elle tend la main, le prend et me lance un regard étrange quand elle se rend compte que ce n’est qu’une feuille de papier enroulée.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Ouvre-le !
Elle tire sur le ruban pour le déballer lentement, enlève le papier cadeau et déroule ce qu’il contient. Elle l’examine avant de hausser les sourcils.
— Qu’est-ce que c’est ? demande-t-elle en me regardant.
— Eh bien, lancé-je, tournant la feuille de sorte que nous puissions la voir tous les deux. Ça me représente…
— Mais c’est un crâne partiel.
— C’est mon côté obscur, dis-je avec un clin d’œil. Et ça, c’est toi, au cas où tu en douterais.
Elle avait compris, j’imagine, parce que ses yeux sont parfaits. Et à sa main sur mon visage, au baiser qu’elle me donne, le doute n’est pas permis.
— L’oiseau… dis-je.
— C’est celui que je vois toujours.
— Un nouveau départ. Pour effacer le passé.
— Un tatouage ?
Je hoche la tête.
— Ici.
J’effleure l’endroit où la scène inachevée du poteau de flagellation se trouve, dans mon dos.
Les larmes emplissent ses yeux et son regard alterne à nouveau de la feuille à moi. Quand je la tire dans mes bras, j’essuie la larme qui glisse sur sa joue.
— Ton maquillage, commencé-je.
Mais je ne m’inquiète pas qu’elle ait des stries noires sur le visage. Ce sera toujours la plus belle femme que j’aie jamais vue.
— Je t’aime tellement, tu le sais ? dit-elle.
— Je l’espère, étant donné que tu es sur le point de m’épouser, l’avisé-je en essayant de le prendre à la légère.
Je la serre plus fort encore. J’ai l’impression que je ne serai jamais assez proche, jamais assez près d’elle.
— Je t’aime, Amelia. Je ne peux pas m’imaginer sans toi. Et je ne veux jamais que tu me regardes, que tu poses tes yeux sur n’importe quelle partie de mon corps en pensant que tu n’es pas tout pour moi.
Elle pose sa tête sur mon épaule, me touche la joue.
— Parce que tu l’es, ajouté-je. Tu es mon tout.
Fin
Merci d'avoir lu Supplice. J'espère que vous avez aimé l'histoire d’Amelia et Gregory.
Ne ratez pas la parution prochaine d'Œil pour œil l'histoire de Stefan Sabbioni !