LA VILLE (EXTRAIT)

La ville au loin s’étale et domine la plaine

Comme un nocturne et colossal espoir;

Elle surgit: désir, splendeur, hantise;

Sa clarté se projette en lueurs jusqu’aux cieux,

Son gaz myriadaire en buissons d’or s’attise,

Ses rails sont des chemins audacieux

Vers le bonheur fallacieux

Que la fortune et la force accompagnent;

Ses murs se dessinent pareils à une armée

Et ce qui vient d’elle encor de brume et de fumée

Arrive en appels clairs vers les campagnes.

C’est la ville tentaculaire,

La pieuvre ardente et l’ossuaire

Et la carcasse solennelle.

Et les chemins d’ici s’en vont à l’infini

Vers elle.