X
Toute croyance habite au fond de notre amour.
On lie une pensée ardente aux moindres choses:
A l’éveil d’un bourgeon, au déclin d’une rose,
Au vol d’un frêle et bel oiseau qui, tour à tour,
Arrive ou disparaît, dans l’ombre ou la lumière.
Un nid, qui se disjoint au bord moussu d’un toit
Et que le vent saccage, emplit l’esprit d’effroi.
Un insecte qui mord le cœur des fleurs trémières
Épouvante: tout est crainte, tout est espoir.
Que la raison, avec sa neige âpre et calmante,
Refroidisse soudain ces angoisses charmantes,
Qu’importe, acceptons-les sans trop savoir
Le faux, le vrai, le mal, le bien qu’elles présagent;
Soyons heureux de nous sentir enfants,
Pour croire à leur pouvoir fatal ou triomphant;
Et gardons-nous, volets fermés, des gens trop sages.
Vous m’avez dit, tel soir, des paroles si belles
Que sans doute les fleurs qui se penchaient vers nous
Soudain nous ont aimés et que l’une d’entre elles,
Pour nous toucher tous deux, tomba sur nos genoux.
Vous me parliez des temps prochains où nos années,
Comme des fruits trop mûrs, se laisseraient cueillir;
Comment éclaterait le glas des destinées,
Et comme on s’aimerait, en se sentant vieillir.
Votre voix m’enlaçait comme une chère étreinte,
Et votre cœur brûlait si tranquillement beau
Qu’en ce moment j’aurais pu voir s’ouvrir sans crainte
Les tortueux chemins qui vont vers le tombeau.