Novembre est clair et froid et sa belle lumière
Se déplie en splendeur sur le pâle gazon;
Un son de cloche au loin fait parler l’horizon
Et dans mon clos fleurit une rose dernière.
S’il fallait que mon cœur se refroidît d’autant
Pour goûter la beauté de cette heure sereine,
Temps, j’admets ta rigueur et j’excuse ta haine
Qui m’impose l’hiver où régnait mon printemps.
Mon désir est sorti de moi-même et du monde
Comme d’un lumineux et colossal palais,
Mais pour aimer encor le temps calme qu’il fait,
Je me sens comme armé d’une arme plus profonde.
Avec sa grande paix la nature entre en moi,
Elle éprouve mon être à sa force éternelle,
Déjà je m’habitue à m’effacer en elle
Et quand viendra la mort, je serai sans effroi.
Tout est tranquille enfin, et la règle est suivie.
De mes longs désespoirs, il ne me reste rien.
Où donc le vieux tourment, où le regret ancien?
Un soleil apaisé se couche sur ma vie.