Lauryn
Elle ouvrit les yeux et les referma aussitôt. La lumière était bien trop vive après le néant obscur dans lequel elle avait plongé plusieurs heures durant. Lauryn sentit qu’elle était allongée dans l’herbe. Il faisait plutôt chaud, aux alentours de vingt degrés. Des chants d’oiseaux lui parvinrent tandis qu’une odeur de fleurs lui envahissait les narines. Elle ouvrit prudemment un œil. Elle ne ressentait pas la moindre envie de se lever. Le ciel était uniformément bleu, d’après ce qu’elle apercevait entre ses paupières plissées. Elle tâtonna à ses côtés. C’était bien de l’herbe. Soudain, elle se rappela pourquoi elle était là, allongée au beau milieu de nulle part. Elle se redressa d’un coup, tournant la tête de tous côtés, chancelant légèrement après l’inhalation de gaz qu’elle avait subie. Un cri inarticulé s’échappa de ses lèvres lorsqu’elle distingua enfin le décor dans son ensemble.
Elle se trouvait au milieu des montagnes. Des sommets qui s’étendaient à perte de vue autour d’elle. Magnifique n’était pas un adjectif encore assez apte à qualifier cette vision enchanteresse. Maintenant totalement éveillée, elle se frotta les yeux pour se persuader qu’elle ne rêvait pas. Après quelques secondes, elle tenta de se relever, flageolant sur ses jambes. Ce qu’elle vit une fois debout faillit la faire tomber à la renverse.
Devant elle, une centaine de mètres plus bas, une ville de pierre s’étendait sur le versant d’une montagne surplombant une vallée verdoyante. Lauryn cligna plusieurs fois des yeux, puis secoua la tête d’un air indécis et incrédule. C’était proprement impossible. Un rapide regard jeté nerveusement autour d’elle lui apprit qu’elle était seule.
Soudain, un grognement derrière elle l’arracha à sa contemplation. Elle s’immobilisa, les nerfs à vif, frissonna. Ce grognement n’avait rien d’humain. Il se répéta une nouvelle fois. Elle voulut crier, mais aucun son ne jaillit de sa bouche. Lentement, elle pivota, priant de tout son cœur pour qu’une solution s’impose à elle rapidement. Elle manqua hurler en voyant l’origine du grognement. Un ours. Un ours noir, aux tâches plus claires sur le visage, qui la regardait d’un air curieux. Elle recula de quelques pas ; il grogna de plus belle. Elle inspira longuement. Elle eut beau chercher dans les moindres recoins de sa mémoire, on ne lui avait jamais dit quel était le comportement approprié face à un ours. Adoptant la technique qu’elle estimait prudente, elle s’adressa à l’animal d’une voix basse et douce.
— Euh, écoute, je ne sais pas ce que tu veux, mais j’aimerais bien sortir vivante de cette aventure, et en bon état si possible, alors, ce que je te suggère, c’est de t’en aller…
L’ours grogna de plus belle, réduisant sa propre voix à un filet étranglé. Lauryn sentit son cœur faire une embardée. Visiblement, il n’avait pas encore appris à parler. Elle leva un bras, mais ce geste malheureux suffit à déclencher la colère de la bête. Sans prévenir, il fonça en accompagnant sa charge d’un rugissement digne d’un lion. La jeune fille hurla de terreur et leva les mains dans un geste de protection automatique. L’ours fit un vol plané de plusieurs mètres avant de s’étaler de tout son long dans l’herbe. Lauryn en profita pour courir le plus loin possible de l’animal, en direction de la ville de pierre. Elle dévala la pente plus vite que sa sécurité ne l’exigeait. Un faux pas, et elle ne put éviter la chute due aux cailloux et aux éboulements. Avec un cri de surprise, elle dérapa sur plusieurs mètres et finit miraculeusement sur le derrière, les jambes écorchées de toutes parts.
Un vague coup d’œil affolé derrière elle lui apprit que l’ours se tenait en haut de la pente, l’air d’hésiter entre descendre à la poursuite de l’ennemi et rebrousser chemin. Après quelques secondes de réflexion, il leva la tête vers le ciel et lança un long rugissement de désespoir. Puis il se détourna et partit dans la direction opposée. Lauryn soupira de soulagement et se laissa aller contre le sol. Un instant plus tard, son esprit pratique l’emporta et elle se redressa en tentant de mettre de l’ordre dans ses idées, malgré son cœur battant. Elle était au milieu des montagnes. Le Lâchage avait donc été effectué. Il ne lui restait plus qu’à…
Qu’à quoi, au fait ?
Milly
L’adolescente regarda les alentours, la gorge nouée par l’angoisse. La forêt l’entourait. Une forêt dont elle n’avait pas l’habitude, humide, au sol légèrement spongieux et aux troncs gorgés de sève, aux lianes pendantes. Des sifflements et des bruits étranges émanaient des bois autour d’elle, des bruits dont elle ne voyait pas la source. Elle était seule, en tout cas. À travers les branches des arbres, elle apercevait les montagnes. Elle les regarda longuement, puis inspira à fond pour se donner du courage et se mit en marche. Où pouvaient donc bien être Lauryn et Julien ? Où pouvaient donc être les autres ? Était-elle condamnée à affronter cette épreuve seule ? Ça n’était guère envisageable !
Milly poursuivit sa marche au hasard en direction de la montagne, son seul point de repère dans cette jungle inconnue. Elle avançait prudemment, soucieuse d’éviter les rencontres indésirables. Elle avait une sainte horreur des serpents.
Découragée, elle s’arrêta à un endroit plus dégagé que les autres. Tout en réfléchissant, elle se massa les tempes. Il fallait qu’elle trouve quelqu’un, n’importe qui. À deux, on s’en sortait toujours mieux et elle ne pouvait se résigner à errer dans cette forêt luxuriante jusqu’à la fin de ses jours. Elle regarda le soleil : il devait être deux heures de l’après-midi. Elle avait jusqu’au soir pour trouver un compagnon de voyage, sinon il lui faudrait trouver un abri et remettre sa recherche au lendemain. Et la perspective de passer la nuit seule, dans l’obscurité, entourée de ces bruits étranges, ne l’enthousiasmait pas particulièrement.
Machinalement, elle porta une main au-dessus du sol et sentit des fourmillements la parcourir. Soudain, un filet d’eau émergea de la terre. Elle sourit en comprenant que si elle faisait attention, jamais la soif ne la tourmenterait. Sur cette pensée elle but une gorgée d’eau fraîche avant de se remettre en route, plus déterminée que jamais.
Il ne s’était pas écoulé dix minutes qu’un cri s’éleva non loin, suivi d’un grondement. Elle se figea et tendit l’oreille, le cœur battant, ignorant la panique qui s’insinuait lentement en elle. Le cri se répéta, de plus en plus pressant. Sans réfléchir, elle s’élança dans sa direction, ignorant les plantes qui lui griffaient les bras, sautant par-dessus les aspérités du terrain. Le grondement s’intensifia, suivi d’un feulement menaçant. Le hurlement se répéta une nouvelle fois, de plus en plus proche.
Le cœur de Milly bondissait dans sa poitrine. Quelqu’un était en danger et elle pouvait faire quelque chose pour lui. Une part d’elle-même ne put s’empêcher d’éprouver de la joie. Si elle sortait vivante de l’affrontement, elle ne serait plus seule. Elle bondit par-dessus un tronc d’arbre couché en travers de son chemin et faillit trébucher, mais se rattrapa in extremis. Les bruits étaient tout proches.
Sans prévenir, les arbres laissèrent place à une clairière. En son centre, un jeune homme dévisageait la nouvelle arrivante. Sa posture était menaçante, sa mâchoire contractée. Deux boules de feu étaient comme suspendues au-dessus de ses mains. Heureusement, elles n’étaient pas dirigées contre elle… Mais contre le puma qui dévoilait ses crocs en face de lui.
Julien
Un hurlement strident arracha brutalement Julien à son lourd sommeil. Il balbutia quelques mots qu’il ne saisit pas lui-même et se redressa en tournant la tête de tous les côtés, prêt à réagir au quart de tour. Il tomba des nues en voyant qu’il n’y avait aucun danger. Juste une fille qui lui criait dans les oreilles, des glapissements qui résonnaient désagréablement dans son crâne.
— Ah ! Tu es enfin réveillé ! Ce n’est pas trop tôt !
Julien haussa un sourcil, ahuri. Il détailla la fille et secoua la tête pour chasser les dernières brumes du sommeil. Ses cheveux étaient longs et flamboyaient sous le soleil, les yeux qui le dévisageaient pareillement avait la couleur du chocolat. Des taches de rousseur parsemaient sa peau diaphane, elle possédait de longs cils et une bouche en cœur. Il secoua la tête, encore mal remis de ce réveil peu conventionnel. Il avait l’impression d’avoir déjà vu cette fille.
— Amélie ? demanda-t-il prudemment.
— Évidemment, Julien Neith ! Il était temps que tu te secoues, je commençais à me sentir seule !
Julien se releva lentement, avec mille précautions, attentif à ne pas réveiller de nouvelles migraines. Tout en se frottant les yeux, il s’étira et découvrit le paysage autour de lui. À sa grande surprise, il constata qu’il était au-dessous d’une ville, au milieu des montagnes. Une ville entièrement de pierre. Et d’après ce qu’il distinguait, elle n’avait pas pour ainsi dire l’air moderne…
— Bon alors, tu as un plan ? s’exclama l’autre, impatiente.
Exaspéré, le jeune homme lui tourna ostensiblement le dos, feignant de profiter du panorama qui s’offrait à lui. Il inspira à fond et s’étira longuement… avant de recevoir une gifle. Furieux, il se tourna vers Amélie et l’apostropha.
— Ça va ! Déjà que tu m’as réveillé comme une brute, faudrait pas que tu te croies tout permis !
— Je n’ai pas envie de louper mon Lâchage, imbécile ! Il nous faut trouver un plan !
— Tu n’es pas dans un film, ma pauvre ! On ne va pas construire une cabane en une heure et partir pêcher joyeusement en revenant avec de bonnes prises !
— Et pourquoi pas ? répliqua-t-elle avec colère. En tout cas même si on n’est pas dans un film on devrait s’or-ga-ni-ser !
— Propose tes idées alors, Mademoiselle-Je-Sais-Tout !
Cette dernière phrase sembla clouer le bec d’Amélie qui le dévisagea avec rancœur et s’enferma dans son silence. Julien cessa de s’en préoccuper et détailla les alentours. Montagnes, forêts et ville de pierre, voilà quels en étaient les principaux composants. Laissant sa fierté de côté, il engagea la conversation.
— Par où es-tu passée avant de me trouver ? demanda-t-il.
— Par la ville, maugréa-t-elle. Un peu sinistre si tu veux mon avis. J’ai vu quelqu’un au loin, mais il n’a pas répondu à mon appel. Je crois qu’il ne m’a pas entendue à cause de la distance.
Julien réfléchit quelques secondes. Il n’avait pas la moindre idée d’où il était, mais une chose était sûre, ce n’était pas en France. Le climat et l’environnement ne correspondaient pas. Étrangement, il n’avait pas peur. Pas la moindre angoisse ne venait troubler sa tranquillité. Il devait juste retrouver Lauryn et Milly et…
Comme si c’était si simple ! lui souffla une part de lui-même, qu’il tenta d’ignorer. Il les retrouverait. Il mettrait des jours s’il le fallait, mais il les retrouverait. Amélie claqua des doigts devant son visage, le faisant sursauter. Plongé dans ses pensées, il ne s’était pas aperçu qu’elle s’était rapprochée de lui. Il la repoussa avec agacement.
— J’ai faim ! déclara-t-elle.
— Tu veux un hamburger, peut-être ? fit Julien, sarcastique.
— Ne joue pas avec moi, Julien Neith. Tu es quel élément ?
— Terre…
— Ben, fais-nous pousser un truc ! Je suis Eau, alors, ce n’est pas moi qui vais le faire !
— Ce n’est pas si facile que ça ! protesta-t-il.
Elle croisa les bras dans une posture d’attente. Un soupir agacé lui échappa. Cette fille avait visiblement un don pour le titiller désagréablement. Elle devait avoir l’habitude de parvenir rapidement à ses fins… Fermant les yeux, il se concentra pour trouver quelque chose de comestible. Ses sens l’attirèrent sans aucun doute possible vers sa gauche. Il marcha, les yeux toujours fermés. Il savait qu’il ne pouvait pas trébucher. Il sentait les moindres variations de terrain en dessous de lui. Il sentait aussi les vibrations des pas d’Amélie qui le suivait en marmonnant des mots inintelligibles.
Soudain, il s’arrêta et ouvrit les yeux. Devant lui, un buisson plein de baies. Il sourit. Son premier déjeuner l’attendait.
Lauryn
D’accord. Un ours. Il fallait qu’elle se calme. Sa première confrontation avec un ours. Elle aurait dû être heureuse, non ? Ce n’était pas tous les jours qu’on en voyait un d’aussi près. Sans cage en plus ! Elle était vraiment trop gâtée.
— Ouais, franchement, vous n’auriez pas dû, grommela-t-elle entre ses dents. Trop de générosité tue la générosité.
Elle avait conscience que le fait de parler toute seule au milieu de la nature pouvait sembler quelque peu étrange vu de l’extérieur, mais après tout, elle était seule. Alors, autant paraître folle aux bestioles environnantes, elle s’en fichait comme d’une guigne.
Après s’être relevée, elle était descendue jusqu’à la ville par un gigantesque escalier construit de la main de l’Homme. Enfin, si on pouvait parler de ville… Les herbes sauvages avaient poussé un peu partout, envahissant les rues. Personne n’avait pris la peine de les tailler depuis longtemps. La plus grande partie des habitations étaient en ruine, aucune trace n’indiquait qu’il y ait eu un jour un vrai chemin entre ces maisons de pierre.
Lauryn commençait à transpirer sous son sweat et l’enleva en le nouant autour de sa taille. La température était vraiment élevée pour un mois de mai… Elle se reprit. Elle raisonnait comme si elle était toujours en France. Mais elle pouvait se trouver n’importe où dans le monde. En Afrique, en Asie, sur une île ! Elle n’en avait aucune idée.
Elle marcha entre les constructions silencieuses. Pas un bruit indiquant une quelconque présence. Juste les crissements des insectes. La jeune fille espéra de tout son cœur qu’il n’y avait pas de serpents dans ces herbes, aussi hautes que trompeuses, qui pouvaient dissimuler n’importe quoi.
Elle songea un instant à appeler, mais se figea avant de crier. C’était toujours comme ça qu’il arrivait des ennuis aux héros dans les films. Seuls, ils criaient comme des dératés et forcément, n’attiraient pas en premier lieu les personnes – ou les choses - qu’ils espéraient… Elle secoua la tête. Autant ne pas prendre de risques.
Avisant la porte d’une maison, elle s’y engouffra avant d’avoir le temps de le regretter. Il allait bien falloir qu’elle sache à quoi s’en tenir, de toute façon. À l’intérieur, la température était un peu plus fraîche, grâce à la pierre qui protégeait des trop grandes chaleurs. Le cœur battant à cent à l’heure, l’adolescente fut déçue de constater qu’il n’y avait absolument rien d’intéressant. Rien qui puisse l’aider, en tout cas. Un intérieur bas de plafond, au sol envahi par les plantes indomptées. Aucun meuble, évidement, ni aucun objet d’une quelconque utilité.
Dépitée, Lauryn ressortit au grand air. Elle regarda une énième fois les alentours, mais rien ne bougeait : elle était désespérément seule. À quelques pas de là, une allée plus grande que les autres traversait une grande partie du village. Peut-être que les gens seraient attirés par cet espace rassurant… sa priorité était de retrouver ses amis. Elle préférait ne pas penser à la suite pour le moment, car elle n’avait pour ainsi dire aucune idée de ce qu’elle allait faire.
À ce moment-là, quelque chose la saisit par les épaules. Elle hurla.
Milly
Sa gorge se noua. Elle avait toujours aimé les félins, mais celui-ci demeurait un peu trop menaçant à son goût. Il tourna sa tête vers elle et le garçon en profita pour propulser une boule de feu dans sa direction. Le fauve rugit de douleur et sauta à la gorge de l’adolescent, qui se protégea du mieux qu’il put avec son bras. Milly prit environ une demi-seconde pour réagir. Avant que le puma ait pu trop s’en prendre à l’autre, elle éleva sa main au-dessus de la terre. Aussitôt, un filet d’eau chaude sortit du sol. Elle diminua la température de façon à ce qu’elle soit proche du zéro, puis augmenta le flux et le dirigea vers le félin. L’animal se cabra presque lorsque le liquide glacé le trempa jusqu’aux os.
Rugissant de plus belle, il laissa de côté sa proie et se dirigea à pas lents vers Milly qui n’avait pas bougé d’un pouce. Elle soutint le regard de la bête, les mains tremblantes. Comment l’eau pouvait-elle la sauver en cet instant précis ? Il lui fallait être inventive. Le garçon était toujours étendu à terre et il avait l’air un peu amoché. En tout cas, il ne lui serait d’aucune aide. Inspirant à fond, elle tira l’eau de tout ce qu’elle pouvait trouver autour d’elle – la forêt était assez humide – et se concentra pour la changer en glace sous une forme bien précise. Des centaines de stalactites miniatures se formèrent au-dessus de la tête du puma, qui leva les yeux, l’air surpris par l’atmosphère glaciale qui l’environna soudain. Alors, sans prévenir, Milly lâcha tout.
Avec un grognement de douleur, le félin s’effondra et se releva à grand-peine. De nombreuses écorchures saignaient abondamment sur son pelage souillé par la terre. Les morceaux de glace s’étaient brisés tout autour de lui. Jetant un regard féroce à la jeune fille, il poussa un dernier rugissement et détala du mieux qu’il put. Chancelante, elle le regarda partir et lorsqu’elle fut certaine d’être en sûreté, transforma les morceaux de glace en liquide et les laissa s’enfoncer sous terre. Elle ne devait pas laisser de traces trop marquées de son passage, même si elle était consciente que les traces de sang à terre n’étaient pas anodines. Là-dessus, elle n’y pouvait rien.
Un gémissement la tira de ses pensées. Elle s’aperçut que l’adolescent qui avait été attaqué s’asseyait du mieux qu’il pouvait. À part une coupure à la joue et une trace de morsure légère au bras, il ne semblait pas vraiment blessé, juste un peu sonné. Malgré tout, Milly se précipita à ses côtés et l’aida à se relever. Il marmonna un faible remerciement et accepta son aide de mauvaise grâce. Tout en passant un bras sur ses épaules, elle le détailla rapidement.
Il était brun, avec des cheveux coupés mi-longs dans un style ébouriffé et devait la dépasser de quelques centimètres à peine. Ses yeux étaient ambre tirant sur l’or, il portait un t-shirt bleu, manches retroussées. La gauche avait subi quelques dégâts lors de la confrontation et elle entraperçut la plaie causée par la morsure du puma. Il lui faudrait désinfecter ça… La jeune fille ne put s’empêcher de se dire qu’il était plutôt athlétique en sentant ses muscles alors qu’elle effleurait son dos. Elle rougit violemment, priant pour qu’il ne s’aperçoive pas de son trouble.
— Je suis Milly, lui dit-elle lorsqu’il se fut relevé. Milly Ryuma. Et toi ?
Le garçon la dévisagea quelques secondes. Elle frissonna et résista à la tentation de baisser les yeux. Le regard d’ambre de l’adolescent était captivant. Elle le soutint fermement, haussa un sourcil, l’air d’attendre une réponse qui ne venait pas.
— Skandar, grommela-t-il enfin, réticent. Je m’appelle Skandar Tarnes.