Seducere : détourner autrui de son chemin
Par Patrick Berger1
À Athènes, 350 ans avant notre ère, Phryné est la prostituée de luxe la plus célèbre de son époque. Modèle de statue pour Aphrodite, cette hétaïre2 est connue pour son odieuse et divine beauté érotique. Ses charmes sont tant recherchés qu’une nuit avec elle peut s’échanger contre la fortune d’un homme. Mais, à susciter autant de désirs, on s’attire quelques ennemis.
Accusée de profanation par un ancien amant frustré, Phryné doit être condamnée par le tribunal populaire chargé de la juger. Dans un geste désespéré, son avocat arrache la tunique de sa cliente et soumet sa sublime nudité à une assemblée médusée. Phryné ne peut être condamnée car son corps est l’œuvre des dieux. Elle sera acquittée.
L’habileté à séduire est un immense pouvoir. Il peut nous sortir des situations les plus désespérées en détournant l’attention de ceux qui peuvent nous nuire. D’ailleurs, séduire, au sens étymologique, c’est détourner autrui de son chemin pour l’amener sur le nôtre. Et après voir lu ce livre, vous ne parlerez plus de conviction ou de séduction. Vous parlerez de rupture de pattern, de recall, d’underground hypnosis… tant de méthodes différentes que vous aurez appris à maîtriser.
L’histoire de Phryné ne doit pas nous induire en erreur ; pour séduire, il n’est pas nécessaire d’avoir une belle esthétique même si cela représente un atout indéniable.
Au cours du procès de Phryné, celui qui séduit les juges et les détourne de leurs velléités malveillantes, c’est l’avocat (par ailleurs amant de Phryné…). Sans son audace et sa capacité à s’adapter à son auditoire, sa cliente (et amante) aurait sans doute été condamnée.
De l’audace, il en faut pour développer son art de séduire ; alors, comment être audacieux ? Pas d’audace sans confiance en soi et pas de confiance en soi sans réussite. L’art de séduire se développe donc en réussissant… à séduire. Le problème semble se mordre la queue.
C’est oublier que la réussite est toujours le fruit d’échecs passés. C’est en s’essayant à la séduction (professionnelle, amicale ou sexuelle) qu’on apprend à séduire. Celui qui n’est pas prêt à tomber n’apprendra jamais à marcher. C’est ce que nous rappelle John à travers les nombreuses expérimentations auxquelles chaque lecteur pourra s’essayer, et qu’il parviendra à réussir, grâce à ce second tome des Secrets d’un mentaliste.
Car cet ouvrage est un ouvrage fait par un praticien pour des praticiens (communicants apprentis ou confirmés). Je parle en connaissance de cause pour avoir vu l’auteur tester et pratiquer avec succès les techniques qu’il présente dans des contextes variés : conversations à la terrasse d’un café, interviews, animations de séminaires d’entreprise, conférences de conditionnement devant des centaines de personnes.
Cet art sert en toute situation.
Notre époque est celle des réseaux. Et pour tisser sa toile, chacun de nous ne peut compter que sur son pouvoir d’attraction, sa capacité à susciter et à maintenir le désir chez l’autre. Que ce soit avec nos amis, nos voisins, nos collaborateurs, nos clients… La séduction est une des clés sinon la clé de la réussite. Autant dire que vous ne vous êtes pas trompé d’ouvrage…
Mais ce livre n’est pas un simple « manuel » de séduction, de charisme ou de communication ; c’est le recueil des secrets d’un expert. Car, en plus d’être un praticien de talent, John est aussi un chercheur curieux et critique. Il a étudié, testé et synthétisé l’ensemble des connaissances pratiques et théoriques en matière de séduction et de communication, des plus traditionnelles aux plus récentes.
Le tout en entraînant le lecteur dans un arc narratif qui vous permettra de poursuivre l’expérience sur Internet. Technique de l’arc narratif contre laquelle l’auteur met en garde, tout en l’utilisant dans le même temps. C’est tout son profil. Blanc ou noir, on ne sait plus : d’illusionniste, l’homme est devenu avocat ; d’avocat, il devient conférencier ; de conférencier, il devient auteur. En partant d’une formation sur le renseignement humain. Le livre est à l’image de l’auteur : une fusion d’expériences acquises sur le terrain.
Ne soyez donc pas surpris de voir les dernières découvertes en neurosciences côtoyer des histoires de mages ésotériques au milieu de deux parenthèses de psychologie cognitive. John sait passer d’un domaine à un autre comme un virtuose changerait d’instrument tout en continuant à jouer le même morceau.
C’est ce côté éclectique de l’expert « multicasquette » qui nous a fait nous rejoindre, John et moi, au sein du groupe Maieutic3. Une équipe de chercheurs praticiens, réunissant scientifiques, professeurs d’université, conférenciers, mentalistes, et s’employant à innover dans le domaine du développement personnel, professionnel et organisationnel.
Le livre que vous tenez entre vos mains est un brillant exemple de cette démarche. Je vous souhaite d’en savourer chaque expérience et chaque révélation.
Professeur agrégé des universités et associé du cabinet de formation B+A, ancien rédacteur en chef du magazine Science extrême, membre (proactif) de www.maieutic.com.
Wikipedia explique : « Les hétaïres ne se contentent pas d’offrir des services sexuels et leurs prestations ne sont pas ponctuelles : de manière littérale, ἑταίρα/hetaíra signifie “compagne”. Elles possèdent généralement une éducation soignée et sont capables de prendre part à des conversations entre gens cultivés, par exemple lors des banquets. Seules entre toutes les femmes de Grèce, Spartiates exceptées, elles sont indépendantes et peuvent gérer leurs biens » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Prostitution_en_Gr%C3%A8ce_antique#H.C3.A9ta.C3.AFres).