J’ai raconté l’épisode à maman, et ça a produit sur elle un effet plus grand encore que je ne l’avais imaginé. Peut-être elle aussi a-t-elle été soulagée que le revolver n’ait pas été acheté pour l’occasion, vu le rôle que Fabrice avait pu jouer dans l’histoire ; ça l’a libérée du secret qu’elle tenait à garder.

– Tu avais vu juste, m’a-t-elle dit. C’était bien une liaison pour de l’argent. Il en est sorti quelque chose, qui existe encore.

Elle est restée silencieuse quelques instants, et je lui ai demandé « Où ? » en promenant le regard autour de moi, pensant que la chose en question était dans l’appartement. Mais elle m’a dit :

– Oh ! ce n’est pas ici, penses-tu. Je ne l’aurais gardée chez moi pour rien au monde. D’un autre côté, je ne l’ai pas non plus jetée, donc… Je pense que c’est pour toi, parce que je prévoyais que ce jour arriverait.

La chose en question était à La Bastide, m’a-t-elle dit ; elle l’avait laissée aux nouveaux propriétaires ? Non, ils n’en savaient rien. C’était caché là-bas.

– Mais il va bien falloir leur en parler, pour la reprendre…

Elle a secoué la tête sans répondre. Elle avait un air indifférent, presque détaché, et j’ai compris qu’elle n’avait pas envie d’en dire plus. Tant mieux après tout, un parfum de mystère entourerait la scène.

Quelques jours plus tard, nous avons pris l’avion pour Albi. J’avais tout raconté à Ariane et lui avais proposé de nous accompagner, pour la forme, sachant qu’elle refuserait : elle m’avait toujours soutenu dans mes démarches pour connaître la vérité, mais cette histoire lui pesait, elle aurait voulu qu’elle s’efface de nos vies.

– Je pense que ce sera le dernier épisode, lui ai-je affirmé, un peu vite.

Elle a eu ce sourire apaisant qui lui était familier, en face duquel je m’en voulais toujours : profiter de sa compréhension était si facile, si confortable… Mais bientôt une nouvelle vie commencerait, délivrée du passé.

– J’espère bien…, m’a-t-elle dit d’un ton encourageant.

C’était encore de l’indulgence : elle aurait continué à me soutenir, même si d’autres épisodes devaient suivre. Les dieux avaient décidément eu pitié de moi quand ils avaient permis notre rencontre. Quant à savoir s’ils avaient eu raison ou tort, je penchais plutôt pour la seconde hypothèse ; j’étais parfois tout près de lui dire, quand mes démons me rongeaient : « Quitte-moi, tu seras plus heureuse sans moi… » Mais elle disait : « Heureusement qu’on s’a », alors…

Arrivés à Albi, nous avons loué une voiture ; maman n’avait pas prévenu ceux de La Varenne pour qu’on vienne nous chercher, comme elle le faisait d’habitude. C’était bien entre elle et moi que ça se passait – elle, moi et Arnaud. Mais une fois à La Bastide, que ferions-nous ? Sonner à la porte, dire : « J’ai oublié quelque chose dans le déménagement » ? Encore faudrait-il que les nouveaux propriétaires soient là – je n’osais pas lui demander si elle s’en était assurée ou non.

C’est elle qui en a parlé la première quand nous avons approché de Chantenac.

– Je crois que j’ai gardé une clé de la buanderie, en fait, m’a-t-elle expliqué.

– Tu crois ?

Elle m’a regardé.

– Oui, je crois. Il y a des choses qu’on est sûr d’avoir faites, parce qu’elles étaient logiques, et d’autres qu’on croit qu’on a faites, même illogiques. En se disant qu’elles seraient peut-être utiles un jour, même si on ne le prévoyait pas au départ. À moins qu’ils aient changé la serrure, mais je ne vois pas pourquoi ils l’auraient fait.

– Tu veux dire qu’on va entrer comme ça, par effraction ?

– Je ne crois pas que ce soit le terme exact. Effraction, ça veut dire briser une fenêtre, ou une serrure.

– Tu joues sur les mots… On va entrer illégalement, si tu préfères.

– Mais on ne fera rien d’illégal à l’intérieur, juste récupérer quelque chose qui m’appartient, qui nous appartient. D’ailleurs, on commencera par sonner, ce sera plus simple si les Castelnau, les nouveaux propriétaires, sont là.

Quand nous avons approché de la maison, je lui ai suggéré que nous nous garions à distance, pour ne pas éveiller l’attention ; puis j’ai songé aussitôt, comme papa l’avait fait aux Mesnuls, avec sa vieille Alfa Romeo. Il y avait quelque chose d’implacable dans cette démarche, un chemin que je suivais malgré moi, comme une bille qui dévale une pente sans savoir où elle va ; mais maman avait l’air si déterminée que je la suivais sans trop me poser de questions.

– Inutile de se cacher, on ne fait rien de mal. D’ailleurs, on n’en a pas pour plus de dix minutes.

Les volets de la maison étaient ouverts, donc les nouveaux propriétaires étaient là, au moins dans les parages ; c’était un couple de retraités qui se partageait entre ici et leur appartement parisien. Nous nous sommes arrêtés près du portail, avons sonné et fixé le perron à travers la grille, mais personne n’est venu ouvrir. Maman a sonné de nouveau, deux fois, puis a fini par dire :

– On y va, tant pis. Dix minutes.

C’était le pire des scénarios ; si au moins les volets étaient fermés, ils seraient absents, mais là, ils pouvaient revenir à tout moment. Maman a glissé la main dans la trappe qui dissimulait un loquet intérieur, censé être plus sûr – moins visible en tout cas – qu’une poignée extérieure. J’avais fait si souvent ce geste que ça m’a un peu rassuré, comme si je replongeais dans une routine anodine, inoffensive. Le portail s’est ouvert comme autrefois, ils n’avaient pas jugé bon de changer le système. Mais ils n’avaient pas non plus fermé à clé, donc ils n’avaient pas dû partir pour longtemps, et l’appréhension m’a repris aussitôt. Maman, elle, ne paraissait pas émue le moins du monde. Sans doute parce qu’elle venait régler un très vieux compte avec le passé, et les dix minutes que nous resterions à l’intérieur n’étaient rien à côté des dizaines d’années pendant lesquelles elle avait repoussé ce moment, ou cette chose, au fond d’elle-même. Elle m’avait parlé, un jour, de souvenirs qui la torturaient si elle les exhumait : quelque chose avait dû décider, en elle, qu’il valait mieux les exhumer une bonne fois, comme on arrache un organe malade.

De revoir le jardin ne m’a guère ému. J’avais connu des bons moments ici, les premières années, entre les rires de maman quand nous jouions aux dames, nos promenades à vélo, et l’affection de Thérèse, nos visites à la cathédrale d’Albi ; mais d’autres souvenirs les avaient recouverts ensuite. La maison ne m’avait jamais vraiment plu : ces buis bien taillés (le jardin était resté tel quel), ces allées de gravier bien ratissées, cette orgueilleuse « maison de maître ». À l’intérieur, il y avait un hall inutilement vaste, de grandes pièces de réception, des plafonds trop hauts. La vieille bâtisse de Salies, ramassée sur elle-même, était bien plus à mon goût.

La clé a bien ouvert la porte de la buanderie, à l’arrière de la maison. Quand j’ai entendu le grincement familier de ses gonds rouillés, j’ai presque eu un moment de doute, malgré mon malaise. J’avais si souvent entendu ce grincement, déjà en compagnie de maman – c’était là que nous rangions nos bicyclettes, quand nous rentrions de promenade –, et elle semblait agir si naturellement.

Elle a appuyé sur un interrupteur.

– Tu crois vraiment qu’il faut allumer ? lui ai-je demandé.

– Et comment sinon, tu as une lampe de poche ? Autant y voir clair et en finir vite.

Elle m’a fait traverser la salle à manger d’été, de plain-pied avec le jardin et dont on ouvrait la porte-fenêtre au moment des repas, puis la cuisine, ensuite prendre l’escalier menant à l’étage. J’enregistrais des changements au passage, la cuisine était plus moderne qu’avant ; ils renforçaient l’idée que nous n’étions plus chez nous et que quelqu’un allait surgir, outré, prêt à prévenir les gendarmes. Maman me précédait, et j’ai eu peur qu’elle bifurque vers les pièces de réception, afin de revoir les lieux pour lesquels elle avait eu des projets à une époque. Mais elle n’en a rien fait et a filé directement vers le deuxième étage. Il comportait plusieurs belles chambres mansardées, chacune avec sa décoration différente, éclairées par des chiens-assis ; l’une d’elles avait été la mienne, mais je n’avais aucune envie de la revoir. Maman s’est dirigée vers la chambre qui avait été celle d’Arnaud, et aussi la sienne à une époque. Elle m’avait plusieurs fois raconté comment Élisabeth avait eu du mal à fermer les yeux la première fois qu’elle y avait passé la nuit avec Arnaud ; ça ne l’empêchait pas de la présenter comme « une amie des enfants », ainsi qu’on le fait dans les familles respectables, et non comme la maîtresse de son fils.

Des trappes amovibles étaient pratiquées dans les parois, masquées par des baguettes de bois, et qu’on ouvrait par de discrets onglets ; elles permettaient de faire le tour des combles, d’un chien-assis à l’autre, pour vérifier qu’il n’y avait pas de fuites dans la toiture. Elle a ouvert celle de gauche, s’est glissée à l’intérieur, et je l’ai vue se dresser sur la pointe des pieds ; puis elle en est ressortie avec un objet qui devait être coincé sur le faîte du chien-assis. Il était protégé par un plastique noir entouré de ruban adhésif. D’après sa forme, c’était sans doute un tableau ; on distinguait la surépaisseur formée par le cadre. Elle a remis la cloison en place, puis a dit :

– Voilà, on s’en va. Pas plus de dix minutes, je te l’avais dit. Je te montrerai ce que c’est tout à l’heure.

Nous sommes ressortis de la pièce, avons éteint la lumière et commencé à redescendre l’escalier ; mais nous n’avions pas encore atteint le premier étage que nous avons entendu une voix d’homme qui criait d’en bas, sévèrement :

– Qui est là-haut ?

J’ai sursauté, mais pas elle, et elle a mis un doigt sur sa bouche pour me dire de ne pas répondre. Arrivés au palier du bas, nous sommes tombés nez à nez avec l’homme en question. C’était un voisin (j’avais bien cru reconnaître sa voix) qui faisait office de gardien et de jardinier quand nous possédions la maison, et les nouveaux propriétaires lui avaient demandé de continuer. Un homme bourru, dont j’avais toujours eu l’impression qu’il ne nous appréciait guère, maman et moi : je savais qu’il n’aimait pas les gens de La Varenne, pour d’obscures querelles de village. Ce jour-là, il n’apprécia visiblement pas de nous trouver dans la maison.

– Qu’est-ce que vous faites ici ? nous a-t-il demandé d’un ton qu’il voulait rogue, sans y parvenir tout à fait.

Mais maman ne s’est pas laissé démonter.

– Bonjour Marcel, lui a-t-elle dit de son ton le plus naturel, comment allez-vous ? Et madame Dourneau ?

– Mais qu’est-ce que vous faites ici ? a-t-il répété sans lui répondre. J’ai vu la voiture devant la grille, ensuite la porte de derrière ouverte… Et ça, c’est quoi ? a-t-il demandé en montrant le paquet.

– Quelque chose que j’avais oublié d’emporter au moment du déménagement. Je viens de m’en souvenir, et nous sommes venus le rechercher. Il était caché là-haut, derrière les trappes des combles. Je peux vous montrer ce que c’est, si vous voulez. Vous avez un couteau sur vous ?

Il a commencé à sortir un canif de sa poche, puis a hésité, et elle lui a dit en souriant :

– C’est juste pour ouvrir le paquet, rassurez-vous.

Il a dû se sentir un peu ridicule, parce qu’il lui a tendu le canif. Elle a entrepris de découper le ruban adhésif, puis a retiré le plastique noir.

– C’est juste un tableau, vous voyez ? a-t-elle dit en le tournant pour le lui mettre sous les yeux.

J’en ai fait le tour, pour le regarder moi aussi. On voyait deux enfants en costume d’époque, sans doute du dix-septième siècle, assis sur un tapis chamarré, avec une lourde tenture rouge dans le fond. Un garçon et une fille. Lui semblait déguisé, avec un casque militaire sur la tête, mais qui était trop grand pour lui, et lui donnait un air comique. La fille, elle, avait des lèvres épaisses pour une fillette, et sa poitrine tendait trop sa robe, largement décolletée. En y regardant de plus près, ce n’étaient pas des enfants mais des nains, aux visages de petits adultes.

– Regardez-le bien, lui a dit maman, comme ça, vous pourrez le décrire aux Castelnau. Dites-leur que c’est un tableau espagnol et qu’il y a une étiquette au dos, a-t-elle dit en le retournant : « Atelier de Vélasquez, vers 1642. » Vous verrez que ça ne leur dira rien, qu’ils ne l’ont jamais vu. De toute façon, ils savent comment me contacter sinon, par ma famille à La Varenne. Je voulais juste le récupérer, et maintenant on s’en va.

Mais l’homme n’en démordait pas.

– Attendez un peu, vous êtes entrés comment ?

– On a d’abord sonné au portail, d’ailleurs vous avez vu la voiture garée devant. Puis comme personne ne répondait, je me suis souvenue qu’il y avait toujours eu une clé de la buanderie cachée sous le seuil. Je me suis dit : « On ne sait jamais, si elle y est encore, on ne dérangera personne. » D’ailleurs, j’en profite pour vous la rendre, tenez…

Il l’a prise, mais a répété en fronçant les sourcils :

– Une clé cachée sous le seuil ?

– Mais oui, vous ne le saviez pas ? Ça doit bien faire quarante ans qu’elle y est…

Il n’avait pas l’air convaincu.

– Quand même, ça ne se fait pas d’entrer comme ça !

Mais elle m’entraînait déjà avec elle, le tableau sous le bras. Il nous a laissés passer, sans oser nous barrer le chemin, se contentant d’un :

– Je devrai le dire à monsieur et madame Castelnau !

Une fois que nous avons eu regagné la voiture, elle m’a demandé si je voulais revoir le tableau ; je lui ai dit que non, pas pour l’instant. Elle a remis le plastique de protection autour puis l’a glissé dans un sac qu’elle avait apporté pour l’occasion. Nous avons roulé quelques kilomètres, puis elle m’a dit :

– Ton père n’était pas du tout quelqu’un comme toi, tu comprends. Ses études n’avaient rien donné, il n’était pas fait pour ça. Mais il était très séduisant, les filles lui tombaient dans les bras. Alors, il a misé sur ses atouts à lui… Et il aimait ce qui était à la limite, ça l’amusait. Ça désespérait Thérèse, et pourtant elle disait qu’il n’y avait rien de mauvais en lui. Elle avait raison, le mal, c’est ce qui fait du mal aux autres, non ? Donc, il est sorti avec cette… cette femme, par intérêt. Ils étaient plus ou moins manipulés tous les deux, on les avait présentés exprès l’un à l’autre, et il s’en rendait peut-être compte, mais il s’en moquait. Quand je dis « on », tu m’en as parlé un jour, de qui, et tu avais sans doute raison… Il est sorti avec elle par intérêt, mais il lui donnait quelque chose, elle lui donnait autre chose en échange, ça ne posait pas de problème dans son esprit. La preuve, c’est qu’il m’a apporté le tableau, le soir même où elle le lui a donné, en me racontant tout. Et qu’on allait le vendre et ce qu’on ferait avec l’argent. C’était un dur, mais c’était aussi un enfant… Tu es horrifié par ce que je te raconte ?

– Horrifié ?

– Je ne sais pas, tu pourrais l’être…

– Non, pas du tout. Le mal, c’est ce qui fait du mal aux autres, tu l’as dit toi-même. Même Thérèse l’a dit, alors… Et j’ai appris à mieux le connaître (j’avais raconté à maman ma rencontre avec Hornung), ça m’a aidé…

– Je pense que lui-même ne se connaissait pas très bien. Mais que ce n’était pas non plus son but dans la vie, de se connaître…

– Et avec le tableau, qu’est-ce qu’il s’est passé ensuite ?

– Rien. Il n’en a pas eu le temps, elle le lui a donné deux semaines avant que… avant qu’ils meurent tous les deux. Sur le moment, j’avais espéré qu’il ne retournerait plus la voir. Mais lui a sans doute pensé que ce ne serait pas très chic de sa part, juste prendre son cadeau et ensuite adieu. Je ne savais pas toujours ce qu’il faisait, je sortais souvent le soir et lui, les réceptions…

– Oui, ai-je dit en souriant. Tu m’avais dit qu’il était sauvage, et ça me faisait penser aux Hommes sauvages d’Albi…

– Je ne voulais pas avoir l’air de le surveiller, ça ne lui aurait pas plu. Donc, ça en est resté là, lui mort, et moi avec cette chose.

– Et tu as essayé de savoir s’il vaut quelque chose ?

– Pas sur le moment, non. Je l’ai caché dans un coin, je ne voulais même plus en entendre parler. Quelques années plus tard, je l’ai montré à quelqu’un…

– Et alors ?

– Disons que ça ne m’a pas donné envie d’en savoir plus. Mais ce n’était pas vraiment un expert. Tu peux essayer de ton côté si tu veux. Elle le lui a donné officiellement, avec un papier à en-tête de la galerie, signé par Hugues Ribeyrol. Il lui avait donné le tableau, et elle le donnait à son tour à Arnaud. Je suppose que ça faisait partie du piège au départ, pour qu’elle ait de quoi l’appâter… Je n’ai pas voulu laisser le papier avec le tableau, pour le cas où quelqu’un serait tombé dessus, pour qu’on ne puisse pas reconstituer l’histoire. Mais je te le donnerai si tu veux.

Une fois rentré à Paris, j’ai emporté le tableau à Drouot où il y a un service d’expertise. L’expert qui m’a reçu a souri dès qu’il a vu « Atelier de Vélasquez » au dos, et plus encore quand il a passé la main sur la toile.

– Ceux qui ont fait ça n’ont même pas cherché une toile qui fasse un peu d’époque. « Vers 1642 », on peut le dire. À trois cents ans près.

Puis il a retourné le tableau, et il a continué :

– La seule chose qui est bien pensée, c’est le thème. Deux nains, deux bouffons de cour, bien dans le style de Vélasquez. Lui déguisé en soldat d’opérette, elle un peu obscène avec ce décolleté. Comment est-ce que vous avez eu ça ?

– Oh, ça traînait dans la famille, ai-je murmuré… J’ai quand même voulu venir vous le montrer, mais je me doutais bien de ce que c’était. Une espèce de canular, en fait.

– Oui, un canular, c’est le mot.

Deux bouffons de cour, morts d’un canular qui avait mal tourné. C’était peut-être Fabrice qui avait donné l’idée du soldat ridicule. Et Hugues, pour sa belle-mère sous les traits d’une naine obscène. Ils en avaient peut-être ricané ensemble. Par son métier, Hugues avait dû facilement trouver quelqu’un pour exécuter le tableau. Et les deux autres, s’étaient-ils rendu compte de la moquerie ou bien « Atelier de Vélasquez » les avait-il aveuglés ?

Je ne l’ai pas raconté à maman, juste que c’était un faux. Mais elle avait pu le deviner, et aussi ce que ça cachait en voyant les personnages, et c’est pourquoi elle n’avait pas eu envie d’en savoir plus.