CHAPITRE XII

MYSTÈRE D’ARIANE SELON NIETZSCHE

 

Dionysos chante :

« Sois raisonnable Ariane,

Tu as de petites oreilles, tu as mes oreilles

Mets-y un mot avisé

Ne faut-il pas commencer par se haïr lorsqu’on doit s’aimer

Je suis ton labyrinthe. »

Comme d’autres femmes sont entre deux hommes, Ariane est entre Thésée et Dionysos. Elle passe de Thésée à Dionysos. Elle a commencé par haïr Dionysos-Taureau. Mais, abandonnée par Thésée, qu’elle avait pourtant guidé dans le labyrinthe, elle est emportée par Dionysos, elle découvre un autre labyrinthe. « Qui, sauf moi, sait qui est Ariane ? »1. Est-ce dire : Wagner-Thésée, Cosima-Ariane, Nietzsche-Dionysos ? La question qui ? ne réclame pas des personnes, mais des forces et des vouloirs.

Thésée semble bien le modèle d’un texte de Zarathoustra, livre II, « Les Sublimes ». Il s’agit du héros, habile à déchiffrer les énigmes, à fréquenter le labyrinthe et à vaincre le taureau. Cet homme sublime préfigure la théorie de l’homme supérieur, dans le livre IV : il est nommé « le pénitent de l’esprit », nom qui s’appliquera plus tard à l’un des fragments de l’homme supérieur (l’Enchanteur). Et les caractères de l’homme sublime recoupent les attributs de l’homme supérieur en général : son esprit de sérieux, sa lourdeur, son goût de porter des fardeaux, son mépris de la terre, son impuissance à rire et à jouer, son entreprise de vengeance.

On sait que, chez Nietzsche, la théorie de l’homme supérieur est une critique qui se propose de dénoncer la mystification la plus profonde ou la plus dangereuse de l’humanisme. L’homme supérieur prétend porter l’humanité jusqu’à la perfection, jusqu’à l’achèvement. Il prétend récupérer toutes les propriétés de l’homme, surmonter les aliénations, réaliser l’homme total, mettre l’homme à la place de Dieu, faire de l’homme une puissance qui affirme et qui s’affirme. Mais en vérité l’homme, fût-il supérieur, ne sait pas du tout ce que signifie affirmer. Il présente de l’affirmation une caricature, un travesti ridicules. Il croit qu’affirmer c’est porter, assumer, supporter une épreuve, prendre en charge un fardeau. La positivité, il l’évalue au poids de ce qu’il porte ; l’affirmation, il la confond avec l’effort de ses muscles tendus2. Est réel tout ce qui pèse, est affirmatif et actif tout ce qui porte ! Aussi les animaux de l’homme supérieur ne sont-ils pas le taureau, mais l’âne et le chameau, bêtes du désert, habitant la face désolée de la Terre et qui savent porter. Le taureau est vaincu par Thésée, homme sublime ou supérieur. Mais Thésée est très inférieur au taureau, il n’en a que la nuque : « Il devrait faire comme le taureau, et son bonheur devrait avoir une odeur de terre et non de mépris de la terre. Je voudrais le voir semblable au taureau blanc qui souffle et mugit devant la charrue ; et son mugissement devrait chanter la louange de tout ce qui est terrestre... Rester les muscles détendus et la volonté dételée, c’est ce qui vous est le plus difficile à vous les sublimes »3. L’homme sublime ou supérieur vainc les monstres, pose les énigmes, mais ignore l’énigme et le monstre qu’il est lui-même. Il ignore qu’affirmer n’est pas porter, s’atteler, assumer ce qui est, mais au contraire dételer, délivrer, décharger ce qui vit. Non pas charger la vie sous le poids des valeurs supérieures, même héroïques, mais créer des valeurs nouvelles qui soient celles de la vie, qui fassent de la vie la légère ou l’affirmative. « Il faut qu’il désapprenne sa volonté d’héroïsme, je veux qu’il se sente à l’aise sur la hauteur, et pas seulement monté haut. » Thésée ne comprend pas que le taureau (ou le rhinocéros) possède la seule vraie supériorité : prodigieuse bête légère au fond du labyrinthe, mais aussi qui se sent à l’aise sur la hauteur, bête qui dételle et qui affirme la vie.

Selon Nietzsche, la volonté de puissance a deux tonalités : l’affirmation et la négation ; les forces ont deux qualités : l’action et la réaction. Ce que l’homme supérieur présente comme l’affirmation, c’est sans doute l’être le plus profond de l’homme, mais c’est seulement l’extrême combinaison de la négation avec la réaction, de la volonté négative avec la force réactive, du nihilisme avec la mauvaise conscience et le ressentiment. Ce sont les produits du nihilisme qui se font porter, ce sont les forces réactives qui portent. D’où l’illusion d’une fausse affirmation. L’homme supérieur se réclame de la connaissance : il prétend explorer le labyrinthe ou la forêt de la connaissance. Mais la connaissance est seulement le déguisement de la moralité ; le fil dans le labyrinthe est le fil moral. La morale à son tour est un labyrinthe : déguisement de l’idéal ascétique et religieux. De l’idéal ascétique à l’idéal moral, de l’idéal moral à l’idéal de connaissance : c’est toujours la même entreprise qui se poursuit, celle de tuer le taureau, c’est-à-dire de nier la vie, de l’écraser sous un poids, de la réduire à ses forces réactives. L’homme sublime n’a même plus besoin d’un Dieu pour atteler l’homme. L’homme à la fin remplace Dieu par l’humanisme ; l’idéal ascétique, par l’idéal moral et de connaissance. L’homme se charge lui-même, il s’attelle tout seul, au nom des valeurs héroïques, au nom des valeurs de l’homme.

L’homme supérieur est plusieurs : le devin, les deux rois, l’homme à la sangsue, l’enchanteur, le dernier pape, le plus hideux des hommes, le mendiant volontaire et l’ombre. Ils forment une théorie, une série, une farandole. C’est parce qu’ils se distinguent d’après la place qu’ils occupent le long du fil, d’après la forme de l’idéal, d’après leur poids spécifique de réactif et leur tonalité de négatif. Mais ils reviennent au même : ce sont les puissances du faux, un défilé de faussaires, comme si le faux renvoyait nécessairement au faux. Même l’homme véridique est un faussaire, parce qu’il cache ses motifs de vouloir le vrai, sa sombre passion de condamner la vie. Peut-être seul Melville est-il comparable à Nietzsche pour avoir créé une prodigieuse chaîne de faussaires, hommes supérieurs émanant du « grand Cosmopolite », et dont chacun garantit ou même dénonce l’escroquerie de l’autre, mais toujours de manière à relancer la puissance du faux4. Le faux n’est-il pas déjà dans le modèle, dans l’homme véridique, autant que dans les simulations ?

Tant qu’Ariane aime Thésée, elle participe à cette entreprise de nier la vie. Sous ses fausses apparences d’affirmation, Thésée – le modèle – est la puissance de nier, l’Esprit de négation, le grand escroc. Ariane est l’Anima, l’Ame, mais l’âme réactive ou la force du ressentiment. Sa splendide chanson reste une plainte, et, dans Zarathoustra où elle apparaît d’abord, est mise dans la bouche de l’Enchanteur : faussaire par excellence, abject vieillard qui se pare d’un masque de jeune fille. Ariane est la sœur, mais la sœur qui éprouve le ressentiment contre son frère le taureau. Dans toute l’œuvre de Nietzsche court un appel pathétique : méfiez-vous des sœurs. C’est Ariane qui tient le fil dans le labyrinthe, le fil de la moralité. Ariane est l’Araignée, la tarentule. Ici encore Nietzsche lance un appel : « Pendez-vous à ce fil ! »5. Il faudra qu’Ariane elle-même réalise cette prophétie (dans certaines traditions, Ariane abandonnée par Thésée ne manque pas de se pendre)6.

Mais que signifie : Ariane abandonnée par Thésée ? C’est que la combinaison de la volonté négative et de la force de réaction, de l’esprit de négation et de l’âme réactive, n’est pas le dernier mot du nihilisme. Vient le moment où la volonté de négation brise son alliance avec les forces de réaction, les abandonne et même se retourne contre elles. Ariane se pend, Ariane veut périr. Or c’est ce moment fondamental (« minuit ») qui annonce une double transmutation, comme si le nihilisme achevé laissait place à son contraire : les forces réactives, étant elles-mêmes niées, deviennent actives ; la négation se convertit, devient le coup de tonnerre d’une affirmation pure, le mode polémique et ludique d’une volonté qui affirme et passe au service d’un excédent de la vie. Le nihilisme, « vaincu par lui-même ». Notre objet n’est pas d’analyser cette transmutation du nihilisme, cette double conversion, mais de chercher seulement comment le mythe d’Ariane l’exprime. Abandonnée par Thésée, Ariane sent que Dionysos approche. Dionysos-taureau est l’affirmation pure et multiple, la vraie affirmation, la volonté affirmative ; il ne porte rien, il ne se charge de rien, mais allège tout ce qui vit. Il sait faire ce que l’homme supérieur ne sait pas : rire, jouer, danser, c’est-à-dire affirmer. Il est le Léger, qui ne se reconnaît pas dans l’homme, surtout pas dans l’homme supérieur ou le héros sublime, mais seulement dans le surhomme, dans le sur-héros, dans autre chose que l’homme. Il fallait qu’Ariane fût abandonnée par Thésée : « Ceci est le secret de l’Ame : quand le héros l’a abandonnée, alors seulement elle voit s’approcher d’elle en rêve le sur-héros »7. Sous la caresse de Dionysos, l’âme devient active. Elle était si lourde avec Thésée, mais s’allège avec Dionysos, déchargée, effilée, élevée jusqu’au ciel. Elle apprend que ce qu’elle croyait naguère une activité n’était qu’entreprise de vengeance, méfiance et surveillance (le fil), réaction de la mauvaise conscience et du ressentiment ; et, plus profondément, ce qu’elle croyait être une affirmation n’était qu’un travesti, une manifestation de la lourdeur, une manière de se croire fort parce qu’on porte et assume. Ariane comprend sa déception : Thésée n’était même pas un vrai Grec, mais plutôt, avant la lettre, une sorte d’Allemand, quand on croyait rencontrer un Grec8. Mais Ariane comprend sa déception à un moment où elle ne s’en soucie plus : Dionysos approche, qui est un vrai Grec ; l’Ame devient active, en même temps que l’Esprit révèle la vraie nature de l’affirmation. Alors la chanson d’Ariane prend tout son sens : transmutation d’Ariane à l’approche de Dionysos, Ariane étant l’Anima qui correspond maintenant à l’Esprit qui dit oui. Dionysos ajoute un ultime couplet à la chanson d’Ariane, qui devient dithyrambe. Conformément à la méthode générale de Nietzsche, la chanson change de nature et de sens suivant celui qui la chante, l’enchanteur sous le masque d’Ariane, Ariane elle-même à l’oreille de Dionysos.

Pourquoi Dionysos a-t-il besoin d’Ariane, ou d’être aimé ? Il chante une chanson de solitude, il réclame une fiancée9. C’est que Dionysos est le dieu de l’affirmation ; or il faut une seconde affirmation pour que l’affirmation soit elle-même affirmée. Il faut qu’elle se dédouble pour pouvoir redoubler. Nietzsche distingue bien les deux affirmations quand il dit : « Eternelle affirmation de l’être, éternellement je suis ton affirmation »10. Dionysos est l’affirmation de l’Etre, mais Ariane, l’affirmation de l’affirmation, la seconde affirmation ou le devenir-actif. De ce point de vue, tous les symboles d’Ariane changent de sens, quand ils se rapportent à Dionysos au lieu d’être déformés par Thésée. Non seulement la chanson d’Ariane cesse d’être l’expression du ressentiment, pour être une recherche active, une question qui affirme déjà (« Qui es-tu... C’est moi, moi que tu veux ? Moi tout entière ? ») ; mais le labyrinthe n’est plus le labyrinthe de la connaissance et de la morale, le labyrinthe n’est plus le chemin où s’engage, en tenant un fil, celui qui va tuer le taureau. Le labyrinthe est devenu le taureau blanc lui-même, Dionysos-taureau : « Je suis ton labyrinthe ». Plus précisément, le labyrinthe est maintenant l’oreille de Dionysos, l’oreille labyrinthique. Il faut qu’Ariane ait des oreilles comme celles de Dionysos, pour entendre l’affirmation dionysiaque, mais aussi qu’elle réponde à l’affirmation dans l’oreille de Dionysos lui-même. Dionysos dit à Ariane : « Tu as de petites oreilles, tu as mes oreilles, mets-y un mot avisé », oui. Il arrive encore à Dionysos de dire à Ariane, par jeu : « Pourquoi tes oreilles ne sont-elles pas encore plus longues ? »11. Dionysos lui rappelle ainsi ses erreurs, quand elle aimait Thésée : elle croyait qu’affirmer c’était porter un poids, faire comme l’âne. Mais en vérité Ariane, avec Dionysos, a acquis de petites oreilles : l’oreille ronde, propice à l’éternel retour.

Le labyrinthe n’est plus d’architecture, il est devenu sonore, et de musique. C’est Schopenhauer qui définissait l’architecture en fonction de deux forces, celle de porter et celle d’être porté, support et charge, même si elles tendent à se confondre. Mais la musique apparaît à l’opposé, quand Nietzsche se sépare de plus en plus du vieux faussaire, Wagner l’enchanteur : elle est la Légère, pure apesanteur12. Toute l’histoire triangulaire d’Ariane ne témoigne-t-elle pas d’une légèreté anti-wagnérienne, plus proche d’Offenbach et de Strauss que de Wagner ? Ce qui appartient essentiellement à Dionysos musicien, c’est de faire danser les toits, balancer les poutres13. Sans doute y a-t-il aussi de la musique du côté d’Apollon, et aussi du côté de Thésée ; mais c’est une musique qui se répartit d’après les territoires, les milieux, les activités, les éthos : un chant de travail, un chant de marche, un chant de danse, un chant pour le repos, un chant à boire, une berceuse..., presque de petites « rengaines », dont chacune a son poids14. Pour que la musique se libère, il faudra passer de l’autre côté, là où les territoires tremblent, ou les architectures s’effondrent, où les éthos se mêlent, où se dégage un puissant chant de la Terre, la grande ritournelle qui transmue tous les airs qu’elle emporte et fait revenir15. Dionysos ne connaît plus d’autre architecture que celle des parcours et des trajets. N’était-ce pas déjà le propre du lied, de sortir du territoire à l’appel ou au vent de la Terre ? Chacun des hommes supérieurs quitte son domaine et se dirige vers la grotte de Zarathoustra. Mais seul le dithyrambe s’étend sur la Terre et l’épouse tout entière. Dionysos n’a plus de territoire parce qu’il est partout sur la Terre16. Le labyrinthe sonore est le chant de la Terre, la Ritournelle, l’éternel retour en personne.

Mais pourquoi opposer les deux côtés comme le vrai et le faux ? N’est-ce pas des deux côtés la même puissance du faux, et Dionysos n’est-il pas un grand faussaire, le plus grand « en vérité », le Cosmopolite ? L’art n’est-il pas la plus haute puissance du faux ? Entre le haut et le bas, d’un côté à l’autre, il y a une différence considérable, une distance qui doit être affirmée. C’est que l’araignée refait toujours sa toile, et le scorpion ne cesse pas de piquer ; chaque homme supérieur est fixé à sa propre prouesse, qu’il répète comme un numéro de cirque (et c’est bien ainsi que le livre IV de Zarathoustra est organisé, à la manière d’un gala des Incomparables chez Raymond Roussel, ou d’un spectacle de marionnettes, d’une opérette). C’est que chacun de ces mimes a un modèle invariable, une forme fixe, qu’on peut toujours appeler vraie, bien qu’elle soit aussi « fausse » que ses reproductions. C’est comme le faussaire en peinture : ce qu’il copie du peintre original est une forme assignable aussi fausse que les copies ; ce qu’il laisse échapper, c’est la métamorphose ou la transformation de l’originial, l’impossibilité de lui assigner une forme quelconque, bref la création. C’est pourquoi les hommes supérieurs ne sont que les plus bas degrés de la volonté de puissance : « Puissent de meilleurs que vous passer de l’autre côté ! Vous représentez des degrés »17. Avec eux la volonté de puissance représente seulement un vouloir-tromper, un vouloir-prendre, un vouloir-dominer, une vie malade épuisée qui brandit des prothèses. Leurs rôles mêmes sont des prothèses pour tenir debout. Seul Dionysos, l’artiste créateur, atteint à la puissance des métamorphoses qui le fait devenir, témoignant d’une vie jaillissante ; il porte la puissance du faux à un degré qui s’effectue non plus dans la forme, mais dans la transformation – « vertu qui donne », ou création de possibilités de vie : transmutation. La volonté de puissance est comme l’énergie, on appelle noble celle qui est apte à se transformer. Sont vils, ou bas, ceux qui ne savent que se déguiser, se travestir, c’est-à-dire prendre une forme, et se tenir à une forme toujours la même.

Passer de Thésée à Dionysos, c’est pour Ariane affaire de clinique, de santé et de guérison. Pour Dionysos aussi. Dionysos a besoin d’Ariane. Dionysos est l’affirmation pure ; Ariane est l’Anima, l’affirmation dédoublée, le « oui » qui répond au « oui ». Mais, dédoublée, l’affirmation revient à Dionysos comme affirmation qui redouble. C’est bien en ce sens que l’Eternel retour est le produit de l’union de Dionysos et d’Ariane. Tant que Dionysos est seul, il a encore peur de la pensée de l’Eternel retour, parce qu’il craint que celui-ci ne ramène les forces réactives, l’entreprise de nier la vie, l’homme petit (fût-il supérieur ou sublime). Mais quand l’affirmation dionysiaque trouve son plein développement avec Ariane, Dionysos à son tour apprend quelque chose de nouveau : que la pensée de l’Eternel retour est consolante, en même temps que l’Eternel retour lui-même est sélectif. L’Eternel retour ne va pas sans une transmutation. Etre du devenir, l’Eternel retour est le produit d’une double affirmation, qui fait revenir ce qui s’affirme, et ne fait devenir que ce qui est actif. Ni les forces réactives ni la volonté de nier ne reviendront : elles sont éliminées par la transmutation, par l’Eternel retour qui sélectionne. Ariane a oublié Thésée, ce n’est même plus un mauvais souvenir. Jamais Thésée ne reviendra. L’Eternel retour est actif et affirmatif ; il est l’union de Dionysos et d’Ariane. C’est pourquoi Nietzsche le compare, non seulement à l’oreille circulaire, mais à l’anneau nuptial. Voilà que le labyrinthe est l’anneau, l’oreille, l’Eternel retour lui-même qui se dit de ce qui est actif ou affirmatif. Le labyrinthe n’est plus le chemin où l’on se perd, mais le chemin qui revient. Le labyrinthe n’est plus celui de la connaissance et de la morale, mais celui de la vie et de l’Etre comme vivant. Quant au produit de l’union de Dionysos et d’Ariane, c’est le surhomme ou le sur-héros, le contraire de l’homme supérieur. Le surhomme est le vivant des cavernes et des cimes, le seul enfant qui se fasse par l’oreille, le fils d’Ariane et du Taureau.


1.  Ecce Homo (« Ainsi parlait Zarathoustra », 8).

2 Zarathoustra III, « De l’esprit de lourdeur ». Et Par-delà le bien et le mal, 213 : « Penser et prendre une chose au sérieux, en assumer le poids, c’est tout un pour eux, ils n’en ont pas d’autre expérience. »

3 Zarathoustra II, « Les Sublimes ».

4 Melville, The Confidence Man (Le grand escroc, Minuit).

5 La volonté de puissance, Ed. Gallimard (trad. Bianquis), II, livre 3, § 408.

6 Jeanmaire, Dionysos, Payot, p. 223.

7 Zarathoustra II, « Les Sublimes ».

8 Fragment d’une préface pour Humain trop humain, 10. Cf. aussi l’intervention d’Ariane, dans La volonté de puissance, I, livre 2, § 226.

9 Zarathoustra II, « Le chant de la nuit ».

10 Dithyrambes dionysiaques, « Gloire et éternité ».

11 Crépuscule des Idoles, « Ce que les Allemands sont en train de perdre », 19.

12 Le cas Wagner.

13 Cf. Marcel Detienne, Dionysos à ciel ouvert, Hachette, p. 80-81 (et les Bacchantes d’Euripide).

14 A ses animaux même Zarathoustra dit : l’éternel retour, « vous en avez déjà fait une rengaine » (III, « Le convalescent », § 2).

15 Cf. les différentes strophes des « Sept sceaux », Zarathoustra III.

16 Sur la question du « sanctuaire », c’est-à-dire du territoire du Dieu, cf. Jeanmaire, p. 193 (« On le rencontre partout et pourtant il n’est nulle part chez lui... Il s’est insinué plus qu’il ne s’est imposé... »).

17 Zarathoustra IV, « La salutation ».