22

 

 

 

Je me détourne en hâte. Tête baissée, je fuis le commissariat et débouche dans la rue, à deux doigts de m’évanouir. J’ignore de quelle direction Lorcan va venir, si bien que je reste adossée au mur, jetant des regards furtifs d’un côté et de l’autre. Jamais je n’ai éprouvé une telle frayeur. Elle me consume… me dévore de l’intérieur.

Je me force à réfléchir. La police a reçu un coup de fil affirmant que j’étais l’auteur du meurtre, qu’on m’avait vue sur les lieux du crime. Et j’y étais bel et bien. Mes empreintes sont sur les affaires de Bernard. Si les policiers récupèrent son téléphone portable, ils trouveront mon message.

Ils sont déjà à sa recherche.

Les paroles de la policière résonnent à mes oreilles. Mon cerveau trébuche, s’emballe jusqu’à imaginer que je suis arrêtée, inculpée.

Toujours aucun signe de Lorcan. Vite. Vite.

La panique me prend à la gorge. Je me force à la refouler. Quand Lorcan apparaît, je me précipite vers lui et le saisis par le bras.

— Allons-nous-en ! Tout de suite !

— Quoi ?

Je lui explique la situation en deux mots, debout dans la rue.

— Art a raconté à la police que j’avais tué Bernard. Lui ou la femme qui est avec lui.

Lorcan fronce les sourcils.

— Mais tu dois aller t’expliquer. Donner ta version des faits.

— Ils vont trouver mes empreintes sur toutes ses affaires… je l’ai appelé de devant le garage. J’ai dû arriver quelques minutes à peine après sa mort.

— Et alors ? Ça ne fait pas de toi une coupable. D’ailleurs, comment saura-t-on qu’il s’agit de tes empreintes ?

— Si je vais au commissariat, ils les relèveront. Et même si je n’y vais pas, ils pourront les obtenir chez Loxley Benson. Elles sont archivées là-bas… pour le système d’ouverture des portes.

— Mais…

— J’ai vu une affiche qui dit que je suis recherchée, avec ma photo dessus !

— Bon Dieu, Art est un vrai salopard, rugit Lorcan. Je me doutais bien qu’il te menait en bateau en te conseillant de « t’éloigner ».

— Je ne sais pas. Il a dit que cette femme et lui s’étaient disputés… qu’il essayait de la convaincre de me laisser en paix si je m’en allais. Peut-être qu’il ne l’a pas convaincue. Qu’elle a agi dans son dos.

— Ou peut-être qu’il t’a menti, Gen. Une fois de plus.

Il hésite une seconde.

— Je crois quand même qu’on devrait tout dire à la police. Quand ça sortira au grand jour, il sera évident qu’Art et cette femme avaient un mobile pour le meurtre de Bernard O’Donnell…

Je jette un coup d’œil vers le commissariat, la gorge nouée. J’ai tellement peur que je m’attends à moitié à voir une meute d’agents surgir vers moi.

Mon téléphone sonne. C’est Art.

— Où es-tu ? demande-t-il, d’un ton désespéré. Je ne peux pas m’attarder. Elle ne sait pas où je suis. Je t’en prie, Gen, nous n’avons pas le temps de…

— Tu m’as menti.

Ma voix est rauque.

— Tu as dit qu’elle allait me tuer. Mais tu m’as tendu un piège. La police croit que c’est moi qui ai tué Bernard et…

— Non, Gen. Je n’ai rien fait. Je ne sais rien de tout ça.

Tout s’embrouille dans mon esprit. Je ne sais que penser.

— Gen, écoute-moi. J’ai vingt minutes, max. Il faut que je retourne à… à la maison. Elle me croit là-bas. Je… Je l’ai persuadée de sortir, d’aller régler certaines choses, d’aller voir Bitsy avant de s’en aller pour de bon. Mais elle sera de retour dans une demi-heure au grand maximum et il faudra que je sois présent, que je puisse lui confirmer que tu as accepté de lâcher prise… Ils vont quitter le pays, alors il ne nous reste pas beaucoup de temps.

Ils.

— Elle emmène Ed ? À l’étranger ?

Ma voix s’étrangle. Non. Pas après avoir réussi à le retrouver. Je ne peux pas perdre mon enfant de nouveau.

— Elle l’emmène pour de bon ? Non, Art, je t’en prie.

— C’est la meilleure solution, murmure-t-il d’une voix abattue. Je t’en prie, Gen, tu ne sais pas combien j’ai dû me battre pour qu’elle accepte de quitter Shepton au lieu de s’en prendre à toi.

— Mais elle l’a fait ! Elle a téléphoné à la police…

— La police ne trouvera aucune preuve contre toi, Gen. Si tu veux qu’on se voie, il faut que ça soit tout de suite. Si je ne suis pas là dans une demi-heure, quand elle rentrera, elle va s’affoler – et elle risque de changer d’avis. Il faut que tu comprennes que j’essaie de te protéger. De te garder en sécurité. Où es-tu ?

— J’arrive. S’il te plaît, attends-moi.

— D’accord, mais fais vite.

Je coupe la communication et me retourne vers Lorcan.

— Elle s’en va. Avec Ed.

— Raison de plus pour retourner au commissariat.

— Non.

Une seconde passe. Lorcan a raison, bien sûr. Nous devrions tout raconter à la police. Mais la question n’est pas là.

— Ça prendra trop longtemps de les convaincre que je suis innocente du meurtre de Bernard – à supposer que j’y parvienne. Cette femme aura pu emmener Ed n’importe où…

— Mais…

— C’est en train d’arriver en ce moment même. D’après Art, ils doivent se rejoindre à la maison dans une demi-heure et partir pour l’étranger dans la foulée.

Des voitures passent toujours autour de nous à vive allure, la rue est toujours pleine de gens qui font leurs courses. C’est un décor bruyant, où l’effervescence règne, pourtant, pour la première fois depuis que j’ai quitté la maison hier, je vois clairement ce que je dois faire.

Lorcan me dévisage.

— Qu’est-ce que tu es en train de me dire, alors ? demande-t-il, incertain. Tu veux t’en aller aussi, suivre les consignes d’Art ?

— Pas si ça signifie vivre en cavale en sachant que je ne reverrai jamais Ed.

Je ferme les yeux un instant, imaginant un tel avenir… le bouleversement que serait l’abandon de toute ma vie… la souffrance de savoir que mon enfant est là, quelque part, en train de grandir sans moi.

— Non. Pas question. Je ne prendrai pas la fuite.

— Alors ?

— Je suis vraiment désolée de t’avoir entraîné là-dedans. Si tu veux t’en aller, je comprendrai parfaitement.

— Pas question. Dis-moi seulement ce que tu veux faire.

Je l’étreins rapidement, sa barbe naissante frotte, rugueuse, contre ma joue. Puis nous remontons en voiture et je lui expose mon plan.

Lorcan roule à tombeau ouvert pour regagner la maison de Shepton Longchamp. Il se gare devant et je vérifie l’heure. Art devrait toujours être en train de m’attendre au Dog and Duck. Je l’imagine faisant les cent pas devant la porte en me cherchant des yeux.

— Tu es sûre de vouloir faire ça ? demande Lorcan.

Je regarde la grande maison en brique derrière les grilles. Il fait presque nuit maintenant et la lumière est allumée dans plusieurs pièces au rez-de-chaussée. Ed est à l’intérieur. Il faut que je le trouve et que je l’emmène à la police. C’est la seule solution pour empêcher qu’il me soit enlevé pour toujours. Dès que la police aura procédé aux tests ADN et qu’elle aura la preuve qu’il est mon fils, toutes les autres pièces du puzzle se mettront en place. Je sais que ce sera effrayant pour lui. Pourtant, comment pourrais-je jamais me pardonner de n’avoir rien tenté ?

Et si un jour Ed apprenait mon existence ? S’il se mettait à ma recherche et me demandait pourquoi je ne me suis pas battue.

— Art doit toujours être au pub et elle est sortie aussi. Par conséquent, Ed est seul avec la fille qui est venue le chercher à l’école.

— Il y a peut-être un système d’alarme, objecte Lorcan. Et Art et cette femme sont peut-être déjà rentrés…

— Non, dis-je, essayant de m’en persuader. De toute façon, ils ne s’attendront pas à nous voir.

— Bon. Fais attention, d’accord ?

— Promis. Allons-y.

Alors que nous descendons de voiture, un sourire amusé se dessine sur les lèvres de Lorcan.

— Quoi ?

— Rien. C’est juste que, quand je t’ai vue pour la première fois, chez toi, tu avais l’air tellement perdue. Je veux dire… sûre de toi en apparence mais désespérément triste aussi, comme vaincue par la vie. Et maintenant, regarde-toi, tout feu tout flamme !

Je lui rends son sourire. Une flamme m’anime jusqu’à la moelle, c’est vrai – je brûle de détermination.

Nous nous approchons du portail et j’étudie la demeure avec plus d’attention. Elle est ancienne, dotée d’un perron flanqué de deux piliers. Il y a deux étages, un large bow-window de part et d’autre de la porte d’entrée. Devant, un élégant jardin se compose d’une pelouse à gauche de l’allée, et de parterres bien entretenus. Deux jolis ficus en pot agrémentent le perron. C’est tout à fait le genre d’endroit où Charlotte West pourrait habiter.

Nous contournons la grille. Elle s’étend jusqu’au bosquet qui sépare la propriété de la route. Je m’égratigne la main en l’escaladant. Lorcan fait un accroc à sa chemise. Quelques secondes plus tard, nous avons atterri sur le sol meuble, à l’ombre des arbres. Dissimulée sous le couvert des branches basses, j’observe Lorcan qui s’avance sur le gravier en direction de la porte. Je retiens mon souffle alors qu’il presse la sonnette. Les secondes s’écoulent. L’air est doux en ce début de soirée. Pas de brise. Un chien aboie au loin.

La porte s’entrebâille, retenue par une chaîne de sécurité.

— Oui ?

C’est Kelly, la fille qui est venue chercher Ed à l’école. Sa voix est soupçonneuse.

— Bonsoir, dit Lorcan tranquillement. Je suis désolé de vous déranger. Nous nous sommes vus tout à l’heure, dans la cour. Euh… mon fils a rapporté une console de jeux à la maison. Je crois qu’elle appartient à Ed. Je suis vraiment gêné, je crois que Sammy a dû la lui prendre par inadvertance. Excusez-moi de ne pas avoir téléphoné à l’avance, mais on n’arrivait pas à trouver le numéro et ma femme m’a dit qu’elle vous avait vue entrer ici avec Ed.

— Je ne crois pas qu’elle soit à Ed, dit Kelly d’un ton incertain.

— Vous êtes sûre ? Ça vous ennuierait de lui poser la question ?

— Je ne…

Avant que la jeune femme ait eu le temps de terminer sa phrase, Lorcan se jette contre la porte avec tant de force que la chaîne se brise. En une fraction de seconde il a franchi le seuil, attrapé Kelly par le bras et l’a fait pivoter, une main plaquée sur sa bouche. Elle se débat, essaie de crier, mais Lorcan la repousse dans le couloir. Je me rue en avant et me faufile à sa suite. Un vase sur la table de l’entrée retient mon regard. Il m’est vaguement familier, mais je n’ai pas le temps de me demander où je l’ai déjà vu. Quand j’arrive au pied de l’escalier, Kelly me voit. Ses yeux s’écarquillent d’inquiétude. Le cœur battant à tout rompre, je monte quatre à quatre les marches du premier étage.

Je suis aussi silencieuse que possible. Aucun son ne me parvient. Tout est ultra-moderne, excessivement ordonné, luxueusement aménagé. Élégant, stylé. À présent que je suis à l’intérieur, le décor me paraît plus jeune, plus frais que celui que choisirait Charlotte West. Je passe devant un bibelot en porcelaine – abstrait, une forme incurvée qui ressemble à une vague. Brusquement, tout cela me semble très français. Il y a indéniablement un parfum international dans ces meubles, ces tableaux. Plus Sandrine que Charlotte.

Je marche sur la pointe des pieds sur le revêtement en chanvre, remarque une rangée de disques en bois sur le rebord de la fenêtre qui donne sur le jardin à l’arrière. La première porte du couloir s’ouvre sur une salle de bains à carreaux bleus et blancs. La pièce suivante doit être une chambre d’amis. Les rideaux jaune pâle sont assortis à la couette. Une des vestes d’Art traîne sur le lit. Un sac de voyage qui vient de chez nous se trouve à côté. Cela signifie-t-il qu’Art dort ici ? Ou seulement qu’il y range ses affaires ? Je continue. Une autre chambre d’amis, beaucoup plus grande, avec salle de bains contiguë. Toujours aucune trace d’Ed.

Je retourne sur le palier. Plus que trois portes. J’essaie la première et découvre un petit bureau équipé d’un ordinateur. Quelques jouets – un train et deux ours en peluche – traînent par terre. Ce sont les seules choses qui suggèrent la présence d’un enfant dans cette maison.

Je tente la porte suivante. Dès que je la pousse, je sais que je l’ai trouvé. C’est une chambre d’enfant, avec une bibliothèque remplie à craquer, une énorme corbeille pleine de jouets, un lit contre le mur du fond. Les rideaux sont tirés et une veilleuse tourne sur la table de chevet, projetant des ombres qui dansent autour de la pièce. Je m’avance sans faire de bruit, le cœur battant. Il paraît si paisible, une mèche de cheveux bruns qui barre son petit visage. Je le contemple un instant. Une fois de plus, je vois mon père. J’essaie de définir la ressemblance… il y a la bouche, oui, mais quoi encore ? La forme de son menton ? La courbe de sa joue ? Et puis je me rends compte qu’elle tient à l’espace qui sépare ses traits : au dessin de ses yeux, à l’écart entre son nez et sa bouche.

Je me baisse et effleure son bras. La veilleuse donne assez de lumière pour que je distingue le motif de la couette, un personnage de dessin animé. Je ne sais pas lequel. Pour une étrange raison, cela me rappelle combien je suis en dehors de la vie d’Ed et me fait plus mal que tout le reste.

La peau d’Ed est douce. Je soulève son bras – un poids mort. Il dort profondément. Je le secoue doucement, mais il ne se réveille pas. Un fracas soudain me fait tressaillir – le bruit d’une chaise qui s’est renversée. Est-ce Lorcan qui a fait ça ? Kelly a-t-elle tenté de s’enfuir ?

À moins qu’Art ne soit revenu ? Je vérifie l’heure. Il m’a promis d’attendre vingt minutes au pub et quinze seulement se sont écoulées. Il est sûrement toujours là-bas.

J’essaie de redresser Ed, mais il continue à dormir. Il est lourd. Je ne suis pas sûre de pouvoir le porter jusqu’en bas de l’escalier toute seule. Je lui secoue le bras de nouveau. Pas de réaction. Un autre bruit me parvient – celui d’une porte qui claque.

Je repose Ed sur le lit. Il faut que j’aille chercher Lorcan. Il pourra m’aider à le porter. Je me rue hors de la chambre, en direction des marches. Au rez-de-chaussée, tout est redevenu silencieux.

Je fais de mon mieux pour me rassurer, me dire qu’il n’y a personne dans la maison, et me faufile vers l’endroit où j’ai vu Lorcan pour la dernière fois. Il allait vers la porte au bout du couloir. Kelly et lui ont dû passer par là.

Je pousse le battant avec précaution. Une table en poirier trône au milieu d’une grande cuisine qui, comme le reste de la maison, est minimaliste et bien rangé, tout en chrome étincelant et crédence vert Nil. Seule une chaise qui gît sur le côté vient rompre l’ordre parfait qui règne dans la pièce. Il y a deux portes, une à chaque extrémité. Celle du fond, grande ouverte, laisse entrer un air froid et mordant. Elle doit conduire au garage que nous avons vu dehors. Est-ce là que Lorcan a emmené Kelly ?

Je n’ose pas appeler au cas où il y aurait quelqu’un d’autre dans les parages. Je traverse la cuisine à pas de loup, assaillie par un flash-back soudain du garage abandonné que j’ai traversé dans le noir pour atteindre le terrain vague… et le corps de Bernard.

Je n’entends rien hormis les battements de mon propre cœur. Une goutte de sueur dégouline le long de ma nuque alors que j’atteins la porte. Au-delà, le garage est obscur. Je distingue tout juste des rayonnages et un carton de bouteilles. Je cherche à tâtons un interrupteur, mais il n’est pas là où je m’attends à le trouver. Je fais un pas dans le noir, laissant mes yeux s’accoutumer à la pénombre.

À l’autre bout de la pièce, derrière une étagère pleine d’outils, une silhouette est affaissée sur une chaise.

Lorcan.

L’espace d’une seconde, je n’arrive pas à comprendre ce que je vois. Il a été ligoté ; il a un bâillon autour de la bouche et le visage tuméfié. Ses yeux, cependant, étincellent de fureur.

Figée sur place, je prends conscience d’une autre présence. Le colosse qui m’a agressée est là, lui aussi. Il porte un manteau foncé, dont la capuche lui dissimule presque tout le visage. Quand il relève la tête, je le vois nettement pour la première fois : des pommettes rondes, slaves, des cheveux coupés ras. C’est vraiment un géant. Large d’épaules et très grand. Il a un revolver entre les mains. Je regarde le canon en métal. Va-t-il tirer sur moi ? Cette pensée filtre à travers mon esprit avec une absolue clarté.

— Qui êtes-vous ?

Il agite son arme, me fait signe d’approcher.

— Par ici, grogne-t-il.

Je n’ai guère le choix. Tremblante de froid et de peur, j’obtempère. Lorcan tape des pieds, tente de me crier quelque chose à travers son bâillon.

— Donnez-moi votre téléphone, gronde l’homme d’une voix sourde, menaçante.

Là non plus, je n’ai pas le choix. À regret, je lui tends mon unique moyen de contact avec le monde extérieur, les yeux rivés sur le revolver. Il retire la carte SIM et l’empoche séparément du téléphone, puis me bouscule, gagne la porte et s’engouffre dans la cuisine. Je le suis du regard, perplexe. Il nous laisse seuls ? Je me souviens de Kelly et la cherche des yeux. Elle est invisible.

— Hmm !

La voix de Lorcan est toujours étouffée, pourtant on dirait qu’il essaie de prononcer mon nom. Qu’il cherche à m’avertir. Je me précipite vers lui, palpant le nœud qui le retient à la chaise. Lorcan jette des coups d’œil anxieux vers le fond du garage. Une fois de plus, il semble vouloir m’avertir, mais je ne vois rien dans l’obscurité.

Je tâtonne en vain pour défaire le lien.

Le son léger d’un pas me fait lever la tête. Je scrute les ténèbres. Une silhouette se tient à côté de l’entrée. Je ne distingue que ses chaussures crème à petits talons.

— Qui est là ?

Ma voix est incertaine.

Et puis, elle fait un nouveau pas en avant et sort de l’ombre.