Épilogue

 

 

 

Au bar de l’Ermitage, alors que la nuit a fini par tomber sur la Savoie

 

Exténué et ô combien soulagé, Bornand n’a pas hésité à passer derrière le comptoir pour faire le service suivant : un triple whisky sec pour le commissaire et une double dose de pastis pour lui, dans laquelle se sont joints deux beaux cailloux d’Esquimaux et une lichette d’eau fraîche.

Ceci fait, il se roula une cibiche, tandis que son compère, baignant dans un état d’esprit semblable, s’humidifiait un havane grand comme le canal de Panama, avant de lancer avec contentement :

— Toute vérité n’est pas bonne à croire, disait Beaumarchais !

Par contre, il est sûr que la plupart des gens qui ont fait partie du casting de notre histoire, vont devoir vivre avec de drôles de vérités jusqu’à la fin de leurs jours… Et que pour certains, ces jours-ci sont plus que comptés !

— En attendant, je ne suis pas près d’oublier cette affaire.

— Surtout avec les galons que vous allez gagner grâce à elle.

— Si Dieu pouvait vous entendre !

— La fille d’un général de gendarmerie devrait suffire dans le cas présent…

Le visage transformé et l’esprit en vacances, le militaire allume à son tour son brin d’Eden et s’apitoie :

— Et dire que dès demain matin, avec les zigotos de ma brigade d’Aix, on va retrouver notre train-train quotidien. Les rapports du garde champêtre…

— Qui pue qui pète… !

— Dans sa brouette ! Les exploits des pickpockets du marché de la place Clemenceau. Ceux des monte-en-l’air des hôtels de la ville. Sans oublier les dépôts de plaintes des maris cocus du canton. La grande classe, quoi ! Ah ! on est loin de la fièvre du 36 quai des Orfèvres !

— Vous n’avez qu’à demander votre mutation dans une grande ville, plaisante Milan en cueillant un cendrier à proximité.

— Bof ! Vous savez à mon âge… J’ai des habitudes de vieux célibataire et en fin de compte, j’ai pas trop de besoins ni trop de vices. Sans oublier qu’il est sûr que j’aurais du mal à quitter ma région et mon lac… Et puis, faut savoir que depuis le printemps dernier, j’ai dans les mirettes un p’tit lot sympatoche qui crèche à deux pas de chez moi !

— Une « coucounette » ?

— Oui. Une brunette pas trop moche et pas trop farouche dont j’aimerais gagner le cœur et pourquoi pas le reste de sa personne… Ah ! si j’avais un peu plus de tifs sur le caillou, un quart de votre allure et vos billes bleues ?

— Ne dit-on pas qu’il faut lutter avec ses propres armes ?

— Alors au sens propre comme au figuré, j’suis pas près de tirer un coup !

Ravi par cette gauloiserie, le policier lève son verre et dit avec ravissement :

— À votre santé, brigadier !

— À la vôtre, commissaire… Vu que la boutique s’est quasiment vidée, on peut désormais siroter nos délices en toute quiétude, sans risquer un empoisonnement ou un coup de couteau dans le bide !

— Tous les pensionnaires ont donc rendu leur chambre ?

— Excepté nos amis british, oui. La plupart en taxi, et certains autres, Valloire et Cusy pour ne pas les nommer, en fourgon cellulaire.

— A-t-on des nouvelles de l’épouse de ce dernier ?

— À peine sortie de son coma de cinéma, la grognasse aurait replongé dans ses vapes hystériques.

— Ne vous en faites pas, l’ami. Le juge Curienne se fera un régal de la sortir de ses errances.

— À propos ! c’tantôt, vous m’avez parlé des trois preuves concernant la culpabilité de Valloire dans la mort de la comtesse…

— En effet.

— Et pour ce qui est de celle de Bonneville ?

— La lumière me vint en allant traîner dans toutes les laveries de la région. Excepté, tout naturellement, celle où les domestiques des Valloire amenaient le linge à laver ou à dégraisser…

— Et alors ?

— Alors, j’ai appris que le surlendemain de l’assassinat du clerc de notaire, Jean-Charles Valloire en personne, avait amené à laver un ballot de linge à la boutique Burnel père et fils du quartier de la Rize de Chambéry.

— Et je présume que c’était un ballot rempli de vêtements noirs de grande taille ? interroge Bornand sûr de lui.

— De grande taille, oui, mais de couleur tirant plutôt sur le vert-de-gris… Pour faire simple, il s’agissait d’un costume, d’une cape et de gants de chasse, soi-disant tâchés du sang d’un chevreuil tué la veille lors d’une battue.

— Pas mal joué !

— Exact. Et pour être complet : un ballot de linge qui a séjourné 48 heures au fond de la cale du Carola II. Abri dans lequel Valloire a dû se changer avant et après avoir accompli son second forfait.

— Bien vu !

— Merci…

Cela dit, le gendarme remplit à nouveau grassement leur verre, sous l’œil brillant de l’enquêteur qui lui glisse discrètement :

— On entend des pas dans les étages. Les fantômes d’Églantine et de Saturnin seraient-ils déjà en place pour hanter les lieux ?

— Je pense plutôt que c’est Delphine qui finit ses bagages.

— À la bonne heure !

— Reste que l’angelot n’a pas séché ses larmes depuis midi.

— Après tant d’années à travailler ici, estime Milan sans hausser le ton, il est normal qu’elle choppe une sorte de sinistrose. Sans oublier qu’en plus d’avoir perdu son emploi, elle a aussi perdu son petit ami. Même s’il ne valait pas une tune… Mais je ne m’inquiète pas trop pour l’avenir de la mignonne.

— Ah bon !

— J’ai ouï dire qu’elle serait sur le point d’être embauchée dans un restaurant de premier ordre de la région. Restaurant dans lequel elle aura parfois le bonheur d’y rencontrer quelqu’un de pas commun.

— Qui ça ?

— À votre avis ?

 

***

 

Deux verres d’apéritif plus tard…

 

Vêtu et coiffé comme lors de son arrivée ici, il y a une semaine, Sir Howler longe une dernière fois le majestueux hall d’entrée de ce qui fut pour lui, depuis une décennie, un lieu incontournable pour ses vacances estivales, et qui, dans un délai plus ou moins long, devrait devenir un paradis pour les araignées, les rats, la poussière, l’humidité et pourquoi pas… pour quelques spectres.

Alors que le chauffeur de son taxi attache ses bagages sur la galerie de sa guimbarde, sous l’œil inquiet de son compatriote, le vieil enseignant s’offre une dernière pause teintée de grisaille.

L’air chagriné et le ventre noué malgré lui, il s’immobilise et lève les yeux vers le haut plafond en arrondi de l’endroit, immaculé telle une neige éternelle.

Mais soudain, la voix de Milan retentit comme par magie à travers le marbre et le bois de ce coin de l’hôtel :

— J’ai l’impression, Sir, que cette demeure vous manquera jusqu’à votre dernier souffle !

— Oui, cher ami, avec sa silhouette gracieuse, sa terrasse à la vue unique et son parc admirable dont la roseraie semble avoir été dessinée par des anges…

— Sans oublier la cuisine exquise du chef Publier, la cave exceptionnelle du père Cusy et le cherry adorablement servi par la jolie Delphine.

— J’ai dans le cœur, quelque part de la mélancolie - Mélange de sang barbare et de vin d’Italie… commençait un superbe poème de je ne sais plus qui, se souvient le théoricien dont l’émotion du moment n’a pas l’air d’être feinte.

— Et le chemin est souvent bien court entre la mélancolie et la nostalgie… écrivait un autre, enchaîne le policier aux anges.

— Ainsi c’est avec de tels sentiments que nous vous cherchions, ce cher Warren et moi, pour vous saluer une dernière fois.

— Me voilà donc, Sir ! s’exclame le lauréat de la semaine en jetant un œil sur la une du Petit Savoyard du jour, posé sur le comptoir d’accueil, et qui, en retard sur le coup, titre à la une :

LA POLICE MISE EN ÉCHEC PAR LE DIABLE LUI-MÊME !

— C’est donc l’heure ! envoie le gentilhomme britannique sur un ton chargé de regret.

— L’heure de retourner sur votre île tellement imprenable ?

— Non. L’heure de changer de crèmerie, comme aurait dit notre ami Bornand car voyez-vous, malgré nos premières intentions, avec mon vieux complice nous avons décidé de poursuivre et d’achever notre séjour dans la région… Comment est-il possible de quitter ce soleil, ces bords du lac, cette gastronomie et ces tables vertes tellement attirantes pour de vrai Anglais ?

— Sans oublier ces courtisanes désœuvrées qui ne détestent pas les grands crus de Bourgogne et de Bordeaux, les casinos et les champs de courses, ainsi que les historiettes gentiment grivoises racontées avec un léger accent londonien ?

— C’est ma foi vrai… Alors nous avons réservé deux chambres au Grand Hôtel du Parc. Un établissement de premier ordre planté à deux pas des thermes.

— Espérons que celui-ci ne soit pas infesté de fantômes ni de criminels ! Toutefois, j’ai ouï dire que d’exquis menus pour curistes y sont proposés… Avec crudités et eau fraîche à volonté.

— Je pensais que l’humour noir était l’apanage de mes concitoyens, commissaire mais je me rends compte depuis huit jours, et pour une fois sans fanfaronnade aucune, qu’il peut être pratiqué avec art par un étranger. Et qui plus est un français !

La figure baignée d’une douce euphorie, face au grand miroir planté à droite de la porte d’entrée de l’établissement, Sir Steven Howler rajuste son nœud papillon noir.

Puis, il saisit son parapluie qui sommeillait là depuis vendredi dernier, et se tourne vers son interlocuteur pour lui dire :

— Votre enquête est donc bel et bien bouclée ?

— Oui, Sir. Et ce n’est pas trop tôt !

— Alors, laissez-moi vous féliciter d’avoir enfin trouvé la lumière dans un tel marasme.

— Venant de la part d’une pareille sommité de la criminologie internationale, ces compliments me vont droit au cœur.

— Sachez que leur sincérité n’a d’égale que leur rareté… Et si j’étais doté de votre polissonnerie, je rajouterais que vous n’êtes pas loin de la trempe des meilleurs limiers de Scotland-Yard !

— Limiers à qui il arrive pourtant de faire appel vous…

— Oui mais uniquement dans les cas extrêmes et en tout dernier recours.

— Et d’après vous, Sir, les deux crimes de l’Ermitage ne font pas partie de cette catégorie ?

— Non, puisque vous n’avez pas eu besoin de mes services.

— Je vais donc vous voir partir dans l’habit de l’humble pèlerin, cher ami !

— Humble, certes. Mais également conscient de la part de génie que les fées ont déposé dans mon berceau.

Sur ce, Howler ôte son chapeau et serre la main du policier, avec autant de chaleur que d’agrément. Puis, il lui demande d’une voix détachée :

— Que pensez-vous qu’il advienne de cet hôtel ?

— Il est probable qu’on ne le rouvrira jamais. Lors de ces derniers jeux macabres ici, la malédiction a été la plus forte et a donc gagné la partie… Alors, on rasera tout ceci un jour et on rendra ses traits originels à ce coin ; ce coin devenu paradisiaque ces dernières décennies grâce à ses propriétaires, et rendu maudit depuis trop de siècles à cause de funestes sorts et de néfastes personnes… Puis, dans un temps plus ou moins long, tout ceci ne sera qu’herbes folles, broussailles et sous-bois anarchiques.

— Et vous pensez que des démons traîneront encore dans les environs au beau milieu de certaines nuits d’orages ?

— Oui. Et qu’ils se plairont à effeuiller les dernières merveilles de la roseraie agonisante… Et puis, dans un futur plus ou moins lointain, alors qu’on aura quasiment oublié les drames antérieurs et les légendes démoniaques, un type achètera ce domaine et en fera à son tour son paradis… Et il se peut même qu’un jour, un écrivaillon déterre ces vilaines histoires et en fasse un roman !

— Et il aura du succès ?

— Dieu seul le sait… et le Diable peut-être aussi !

 

***

 

Toujours un peu plus tard, à la tombée de la nuit

 

Milan a frappé à la porte vitrée de la maison d’Émilia et de son fils mais personne n’est venu lui ouvrir.

Les derniers rayons rouges du soleil couchant illuminent d’une douce lumière le parterre de hautes marguerites qui décorent et colorent les parages.

Avec un vent nul et une température raisonnable, le temps est délicieux. On n’entend que le gazouillis d’étourneaux chahuteurs qui, comme bon nombre de vacanciers du coin, doivent en être au digestif après une longue et belle journée d’insouciance et de paresse.

À la fois chagriné et déçu, il ne reste à l’enquêteur qu’à gagner son taxi qui l’attend dans la cour de l’hôtel, lorsqu’une voix féminine, venant du fond du parc, le fige sur place :

— Ce n’est pas la peine d’aller voir si je suis dans mon carré de verdure pour bronzer, commissaire !

— Ah ! Émilia ! s’exclame-t-il, à la fois surpris et soulagé, il m’était impossible de partir sans vous saluer tous les deux.

— C’est gentil… dit-elle simplement en s’approchant de lui.

Ce soir, moulée dans une robe légère de couleur fuchsia qui laisse apparaître le maximum de sa peau brunie, elle a libéré ses longs et superbes cheveux d’encre, et s’est parée d’un collier de grosses perles assorti à sa tenue.

En s’apprêtant de la sorte tout à l’heure, il est à parier qu’elle pensa : Il viendra peut-être ici avant de partir. En souhaitant très fort : Et pourvu que ça ne soit pas uniquement par politesse !

Le sourire enjôleur, sur ses lèvres pareilles à un fruit sucré idéalement mûr, elle s’est arrêtée à deux bons mètres de lui. L’instant devient magique.

Grâce à la complicité friponne de monsieur le Soleil couchant, notre ami peut admirer l’un des plus beaux paradis terrestres qui soient à travers le transparent du bas de la robe de la belle.

Se rendant compte de cette situation, elle rougit légèrement et croise ses bras sur son buste comme lorsqu’on ressent un vilain coup de froid ou… ou un divin frisson.

Compatissant et délicat (mais oui, il peut l’être !), il s’écarte d’un pas et empêche l’astre du jour de poursuivre ce jeu d’ombres enivrant.

— Silvio n’est pas dans les parages ? demande-t-il enfin.

— Non. Il est dans la campagne environnante avec un neveu des Taninges, officiellement pour attraper une brebis égarée, et officieusement pour poser des collets au pied de la montagne.

— Alors, vous l’embrasserez pour moi.

— Je n’y manquerai pas. Il sera déçu de vous savoir parti…

Soulagée autant que troublée, elle a failli rajouter : mais pas autant que moi !

— Vous avez là un p’tit homme extraordinaire, Émilia, dit-il, un p’tit homme qui, plus tard, deviendra certainement un type bien, travailleur et droit dans ses bottes.

— Je l’espère…

— Toutefois, avec toujours un point d’eau plus ou moins grand pas trop loin de chez lui.

— Ça, c’est plus que sûr ! confirme-t-elle, de plus en plus grisée.

— Mais avant ça, qu’allez-vous devenir ?

— Je n’en sais fichtre rien. Le plus important, c’est que le maire de Brison m’a assuré que je pouvais continuer à vivre ici le temps de me retourner.

— Il est sûr que ça ne doit pas être facile, surtout pour votre fils, de quitter ce coin du bord du lac que vous avez transformé en jardin d’Eden au fil du temps, sans oublier le solarium…

— C’est vrai, mais ne dit-on pas que le soleil brille de partout ? N’est-ce pas ?

— Certes, bien qu’il faille trouver un carré de verdure cerné d’une haie assez haute pour échapper au regard d’autrui…

— Oui, même s’il arrive que cette hauteur ne suffise pas !

— C’est vrai. Mes iris me piquent encore par moment à cause de votre satané miroir…

— Vous n’avez qu’à porter plainte !

— Auquel cas, dit-il, définitivement conquis, en souhaitant que votre mise en garde à vue dure le plus longtemps possible…

À ce moment, un silence, ô combien révélateur, entoure les deux jeunes gens plus pressés de rien.

Déstabilisé à son tour, il veut reprendre le dessus mais elle le devance avec enchantement :

— Au fait ! je voulais vous remercier pour le canot de mon fils.

— Ah oui ! après le constat d’huissier indispensable, j’ai exigé qu’on l’emmène chez un menuisier du coin pour qu’il le retape de fond en comble. D’après lui, c’est l’affaire d’une semaine, et puis la République se fera une joie de payer ce genre de dégâts.

— Ainsi, grâce à votre gentillesse, Silvio récupérera son jouet préféré à la fin du mois d’août.

— Pas avant ?

— Non, car dans moins d’une semaine, il part un mois en colonie de vacances dans l’Ain, à une centaine de kilomètres d’ici. Il séjournera dans un manoir d’un village du nom de Verjon, planté au bas d’une colline du Revermont.

— Ça lui fera le plus grand bien.

— Oui, et puis surtout, ça le poussera à vivre en communauté et à quitter pour un temps son lac et ses cannes à pêche !

— En espérant pour lui qu’il y ait au moins un cours d’eau à proximité…

— Je me suis renseignée, il y a bien une rivière. Elle s’appelle le Solnan mais ne doit pas dépasser plus de cinq ou six mètres de large quand elle traverse l’endroit.

— Alors, il faudra qu’il s’en satisfasse… Toujours est-il, Émilia, il est temps pour moi de vous laisser.

Le visage lumineux de la belle s’est obscurci subitement. Le cœur chaviré, elle parvient tout de même à lui redonner un certain éclat pour susurrer :

— Laissez-moi vous dire encore merci, commissaire.

— Vous pouvez m’appeler Antoine dorénavant.

— Antoine ? alors là, ça risque de ne pas être facile pour moi !

— Ah bon ! je ne suis donc toujours qu’un policier à vos yeux… à vos yeux tellement sublimes d’ailleurs.

— Oui, enfin, non… bafouille-t-elle sans pouvoir contrôler l’émoi qui la submerge.

Sur ce, il lui prend la main, la baise avec délicatesse, ce qui l’électrifie comme on peut l’imaginer, et feint d’avoir oublié de lui dire ce qui suit, avec ce sourire qu’on ne lui avait jamais vu ici :

— Ah ! dimanche matin prochain, vers 10 heures, alors que votre fils sera déjà parti en colo…

— Oui ?

— Une voiture viendra vous chercher au bout du chemin de la ferme des Taninges, à l’angle de la route qui mène à Grésine…

— En… Encore le père Freney et sa jument ? interroge-t-elle, suffoquée.

— Non. Cette fois-ci, il s’agira d’un taxi.

— Un taxi ?

— Oui, car il faudra un véhicule beaucoup plus puissant et performant que celui de notre cocher préféré, pour grimper jusqu’au Praz-de-Lys. Vous connaissez ?

— Non…

— C’est un hameau d’une vingtaine d’âmes qui culmine à plus de 1 500mètres d’altitude, à un jet de pierre de la route qui monte vers Morzine.

— Ah bon !

— Vous verrez, là-bas, sur une colline couverte d’immenses sapins, il existe depuis peu une charmante auberge baptisée : Le Chalet des Bichets.

— Le Chalet des Bichets ?

— Oui, et je me suis laissé dire qu’au lever du soleil, sur la terrasse des chambres, la vue est imprenable sur la chaîne du Mont-Blanc… Mince ! voilà qu’il n’est pas très élégant de ma part de vous parler de chambres !

— Oh ! vous savez, Antoine, glisse-t-elle en récupérant une once de ses esprits et un souffle de candeur, je pense qu’il est faisable de louer deux chambres là-bas…

— Oui, et de n’en utiliser qu’une.