MELISSA

Les yeux de Melissa Crewe réagissent désormais de façon consensuelle. L’excitation est à son comble. Les deux pupilles s’élargissent quand Maude approche son doigt de l’une d’elles, et elles se rétrécissent ensemble quand Maude projette une lumière sur l’une d’elles. Les deux yeux la suivent à travers la pièce quand elle entre ou sort. Elle veut me connaître.

Melissa est désormais retournée toutes les quatre heures au lieu de six, ses poumons ne doivent pas se figer. Maude veut qu’elle soit constamment stimulée, la jeune femme a soulevé la tête quinze centimètres au-dessus de son lit.

Quand Maude lui touche la luette au moyen d’un abaisse-langue, elle a des haut-le-cœur. Elle a produit son premier son, un gaaaaaaaaa aussi râpeux qu’un cri de bébé chameau.

Ça fait trois jours que le docteur T a accepté de ne pas révéler les progrès de Melissa à l’inspecteur I. Perrino, mais il est désormais catégorique, ça ne peut plus durer.

Le bureau du procureur adjoint Meyerson appelle le Kipness un jour sur deux. Le docteur T demande à Maude quand ? Il lui dit qu’elle a tort d’agir comme ça, qu’il est peut-être temps que Perrino montre des photos de suspects à Melissa. En exerçant des pressions sur la main de Maude, elle pourrait donner des indications sur son âge, son appartenance ethnique, la couleur de sa peau, celle de ses cheveux, de ses yeux, sa taille, son poids. Il ajoute que garder les progrès de Melissa secrets est dangereux, que la dissimulation d’indices est un délit. Mais Maude s’inquiète pour Melissa. Si la police se met à lui tourner autour, elle deviendra soudain précieuse, sa vie sera peut-être mise en danger. Les médias seront avertis, il y aura des fuites.

Elle lui demande d’attendre une semaine de plus, Melissa sera peut-être stabilisée alors. Le docteur T accepte du bout des lèvres. Il n’y a pas de suspect.