Peg grimaça.
— Je connais bien la différence entre le vol et la prestidigitation, milady. Ce que j’sais point, c’est comment rendre ses affaires à Cath sans qu’elle apprenne que Sa Seigneurie les a en sa possession ?
— Comme il s’agit seulement de bimbeloterie, je pense que nous allons simplement l’informer de ton délit, dit Jenny. Après tout ce qui s’est passé, je doute que Cath pleure leur perte. Maintenant, va me chercher un peignoir. Je compte attendre le retour de sir Hugh pour me mettre au lit.
Peg lui lança un regard compatissant, trouva rapidement son plus seyant peignoir et l’aida à se changer. Tandis que la servante rangeait la tenue que Jenny avait portée au souper, sa maîtresse écouta attentivement pour entendre le pas de Hugh dans les marches.
***
Dans la pièce privée où Hugh avait amené Pasquin, il lui dit :
— Je suis extrêmement désolé pour votre fils, monsieur. Toutefois, je veux vous encourager à vous montrer franc quand vous répondrez aux questions d’Archie lors de votre conversation. Il n’est point homme à prendre à la légère.
Pasquin répondit :
— J’suis un sage bouffon et non un idiot, Hugo. Et j’aime mes gens autant sinon plus qu’vous aimez les vôtres ou que vot’ femme aime les siens.
— Morbleu, savez-vous qui nous sommes depuis le début ?
— Nenni, point avant ce soir, répondit-il avec un léger sourire plutôt énigmatique. J’avais point compris qui était not’ Jenny avant d’vous reconnaître, c’que j’ai fait lorsque j’vous ai vu sur l’estrade ici, vous ayant remarqué sur une aut’ semblable une fois avant, à Annan House. J’ignorais à l’époque qui vous étiez, par contre. Si j’avais su, comme maintenant, que vous étiez le frère aîné de son fiancé, on aurait p’t-être point fait ce qu’on a fait. Mais croyant qu’vous étiez un bon troubadour qui aimait une si jolie jeune fille et qu’elle avait d’l’affection pour vous, cela nous aurait fait honte de point faire tout c’qu’on pouvait pour bien vous marier. J’suis tout à fait désolé, par contre, si on vous a causé des embrouilles, comme j’le crains.
— Je ne vais point me plaindre de cela maintenant, dit Hugh. J’aimerais que vous répondiez à quelques questions en suspens, toutefois, si vous voulez bien m’obliger.
— Si j’le puis, j’le ferai, acquiesça-t-il.
— Premièrement, quant à ce qui s’est passé exactement ce soir…, commença Hugh.
Après avoir entendu Pasquin et être tombé d’accord pour dire qu’Archie serait satisfait de son explication, même amusé par elle, Hugh s’attarda seulement assez longtemps pour lui souhaiter une bonne nuit avant de monter en hâte à sa propre chambre à coucher.
Trouvant Lucas sur le palier, il lui ordonna d’aller au lit.
— Je vais m’organiser seul, ce soir, ajouta-t-il. Cependant, réveille-nous tôt, car je veux partir dès que possible.
— Partir, m’sieur ?
— Oui, pour Thornhill, Lucas. J’amène ma dame à la maison. Alors, dors bien.
Ouvrant la porte, il entra dans la chambre, où il vit Peg assise en silence près du feu et Jenny sur le lit.
— Bonsoir, Peg, dit-il avec insistance.
— Bonsoir, m’sieur, dit-elle en exécutant une petite révérence rapide et en se précipitant hors de la chambre.
Il attendit qu’elle eût refermé la porte avant de rejoindre Jenny.
Elle se leva pour l’affronter tandis qu’il approchait du lit.
— A-t-il tout expliqué ?
— Oui, presque tout, dit Hugh. Assez pour satisfaire Archie, en tous les cas. Aviez-vous compris que les ménestrels avaient tendu un piège à Bowyer et à son homme pour les faire passer pour des voleurs ?
— J’en ai été convaincue quand ils ont trouvé ces bijoux sur Drogo, dit-elle.
— Moi aussi, dit Hugo. Je me doute qu’entendre comment ils s’y sont pris amusera Archie.
Jenny contempla son torse et dit :
— Je doute que peu importe ce que je trouverai pour ma défense, cela vous amuse, monsieur. Toutefois, je crois que vous souhaitez des explications de ma part aussi.
— Regardez-moi, dit-il.
Quand elle s’exécuta, il l’attira près de lui, l’enlaça et marmonna d’une voix rauque :
— J’ai voulu vous tenir dans mes bras depuis que vous avez touché ma joue sur les marches, Jenny mon amour. Si vous me refaites une telle peur, je jure que je…
— Embrassez-moi, Hugo, dit-elle, son souffle chaud lui chatouillant le menton.
Il obéit sans commentaire, l’étreignant avec force et, par conséquent, capable de se libérer des restes persistants de la tension que ses peurs précédentes pour sa sécurité avaient fait monter en lui.
Plongeant la langue dans sa bouche, il la pilla et, quand elle répondit avec enthousiasme, il relâcha son étreinte et commença à laisser ses mains apprécier la douceur de son peignoir soyeux et de son corps plantureux dessous.
Sous peu, par contre, son propre corps commença à exprimer ses exigences sur lui et le poussa à adopter un rythme plus rapide. Lui retirant son peignoir pour découvrir qu’elle ne portait pas de chemise dessous, il l’allongea sur le lit et commença à se délester lui-même de ses vêtements.
Toutefois, sa femme désobéissante ne resta pas là où il l’avait mise. Au lieu de cela, elle se releva brusquement et se glissa hors du lit pour l’aider. Délaçant son collant, ses doigts seuls faillirent causer la perte de Hugh. Lui attrapant la main, il la retint pendant qu’il défaisait lui-même le laçage.
— Maintenant, tirez dessus, ma mie.
— Oui, mon seigneur, répondit-elle en lui jetant un coup d’œil à travers ses cils.
Encouragé, il s’efforça à la patience pendant qu’elle tirait et réussissait enfin à les lui retirer. Ensuite, la relevant encore une fois, il délaça sa chemise et se baissa vivement afin qu’elle puisse la soulever au-dessus de sa tête. La prenant de nouveau dans ses bras, il rejeta les couvertures, la posa sur le lit et la suivit. Quand elle se tourna vers lui, il la cloua sous lui en l’embrassant, s’obligeant à progresser plus lentement que la nature l’exigeait, déplaçant ses lèvres sur son corps jusqu’à ses seins et son ventre, puis plus bas.
Quand il arriva à la fourche entre ses jambes et la toucha là avec ses lèvres, et ensuite avec sa langue, elle haleta.
— Aimez-vous cela ? murmura-t-il.
— Oui, mais…
— Alors, profitez-en, ma mie, comme je compte le faire.
— Oui, mon seigneur, dit-elle en se détendant.
Il l’excita et l’enjôla jusqu’à ce qu’elle gémisse, puis le réclame en elle et, ensuite, il la prit avec force, laissant la nature prendre la relève, ses passions augmentant grâce à sa possession d’elle et à cause de la reconnaissance écrasante de la bonne fortune qu’il avait eue de trouver sa jolie Jenny.
***
Se délectant de toutes les sensations que Hugh provoquait en elle, Jenny s’envola avec lui, de plus en plus haut et avec des sensations plus intenses jusqu’à ce qu’elle soit sûre de ne plus pouvoir le supporter. Toutefois, elles continuèrent à prendre de la force jusqu’à l’explosion sous un orgasme, qui vibra en elle longtemps après que Hugh se fut effondré sur elle.
— Ah ! ma mie, dit-il quand il put à nouveau parler, j’ignorais ce que l’amour pouvait être avant de vous trouver.
— Je vous aime aussi, murmura-t-elle alors qu’elle se dégageait délicatement de son corps. Cela veut-il dire que vous n’êtes plus furieux contre moi ?
Il soupira et lui embrassa le cou, provoquant de nouveaux frissons dans un corps qu’elle avait cru épuisé.
— Je vous avais prévenue que j’avais du tempérament, dit-il. Je crois que vous le verrez davantage au fil des années que nous avons devant nous, mais j’en suis aussi venu à constater que même si vous pouvez être impulsive, vous êtes également sensée et intelligente.
— Et j’avais raison de soupçonner un complot contre Archie, dit-elle.
— En effet, dit-il tandis qu’il remontait les couvertures sur eux.
L’attirant plus près jusqu’à ce qu’elle pose sa tête sur son épaule, il ajouta :
— Vous avez fait quelque chose que vous seriez sage de ne point répéter, mais je ne vais point m’éterniser sur ce fait.
Croyant que presque toute réponse qu’elle pourrait fournir serait mal avisée, elle lui dit :
— A-t-il couru le risque d’expliquer les bijoux pris à Annan House ?
— Oui, en grande partie. Il a rejeté la responsabilité des vols sur les deux Anglais, mais il ne m’a point tout à fait convaincu qu’ils méritent tout le blâme. Par exemple, il s’est montré un peu désinvolte à propos des actions de Cuddy. Il a admis que Cuddy avait récupéré les bijoux volés à Annan House, mais cela suggérerait qu’il a assommé l’équarrisseur Parland Dow.
— Mais comment aurait-il su que Dow avait les bijoux ? demanda Jenny.
— Apparemment, Cuddy a dit à Pasquin que Drogo avait vu les gardes fouiller presque tout le monde qui s’en allait, et qu’il avait glissé les articles sous l’un des paquets chargés de Dow parce que Bowyer lui avait dit que ce dernier jouissait du droit de passage dans cette famille.
— Doux Jésus, dit Jenny. Et Reid en a parlé à Bowyer !
— Oui, acquiesça Hugh. Je pense que Reid a besoin de se mettre au service d’Archie pendant un temps, ne serait-ce que pour acquérir plus de bon sens que d’aller répéter de telles choses à des étrangers. En tous les cas, Pasquin a passé plutôt rapidement sur la manière dont Cuddy aurait pu être au courant pour Drogo, Bowyer et les paquets chargés s’il n’avait pas été partie prenante à toute l’affaire.
— Je crois qu’il l’était, dit Jenny en se blottissant plus près. Je pense aussi que Cuddy était le voyageur qui a rendu les bijoux. Quand je l’ai rencontré avec Cath, le lendemain matin, elle le réprimandait, disant qu’elle n’avait pas tenu en place de la nuit à se demander ce qu’il avait fabriqué.
— Comme je l’ai dit, jeune fille, Pasquin a presque tout expliqué. Il est très rusé et il se montre, ainsi que ses camarades ménestrels, sous le meilleur jour possible.
— Obligerez-vous vraiment Reid à entrer au service d’Archie ?
— Je vais fortement le recommander, dit Hugh. Je doute qu’il ait su ce que Phaeline et votre oncle ont fait avec ces clauses. Il a semblé stupéfait quand je les ai confrontés, et son attitude a été très différente à Threave. Connaissant Phaeline, je parierais qu’elle l’a gardé dans le noir et a simplement promis que vous lui apporteriez la richesse et un titre.
— Est-ce que Phaeline dit de véritables mensonges, Hugo ?
Il s’écoula un moment avant qu’il réponde :
— Je ne sais point pour aujourd’hui. Elle mentait bien lorsque nous étions enfants si elle pensait pouvoir s’en tirer. Pourquoi posez-vous la question ?
— Parce que je crois qu’elle ment sur sa grossesse, dit Jenny. Peg et Sadie le pensent aussi, et elles sont en posi-tion de le savoir. De plus, il y a la question de ses perles. Elles ne sont jamais réapparues, mais Sadie a dit qu’elle a découvert trois perles sur le plancher. Phaeline l’a giflée quand elle a demandé si elles faisaient partie du rang manquant.
— Je vois, mais à présent que vous avez parlé des perles, n’y a-t-il pas autre chose qui a disparu ?
— Le collier de lady Johnstone. Mais elle l’a elle-même trouvé là où elle l’avait laissé.
— Bien, je pense que nous allons laisser Phaeline s’inquiéter de ses propres mensonges, ma mie. Nous partons pour Thornhill au matin.
— Mais je n’ai jamais vu un tournoi. Et vous avez promis de tout m’expliquer.
— Ma tête me fait encore mal, dit-il. Si je reste…
— Pensez-vous vraiment que je croirai cela, monsieur, après tout ce qui s’est passé aujourd’hui, que vous laisseriez un mal de tête vous empêcher d’assister à un tournoi ?
— Rappelez-vous qu’Archie s’attend à ce que j’y participe.
— Alors, à lui, dites que vous avez un mal de tête.
— Je vous veux tout à moi pendant un temps, Jenny mon amour, dit-il doucement.
— Certes, voilà une meilleure raison, acquiesça-t-elle. D’ailleurs, nous n’avons point encore signé notre propre contrat de mariage. Toutefois, nous n’en avons peut-être point besoin.
— Nous devons rédiger quelque chose pour protéger nos domaines, dit-il. Cependant, nous allons d’abord discuter de tout et nous mettre d’accord avant de signer quoi que ce soit.
— Et vous ne me donnerez plus aucun ordre ?
Il garda le silence.
— Une idée, c’est tout, dit-elle en se nichant plus près de lui.
— Je vais accepter de ne plus vous donner des ordres si vous acceptez de m’obéir quand je vous le demande.
Elle garda le silence.
— Exactement ce que je croyais, dit-il en se relevant sur un coude pour baisser les yeux sur elle. Comment, en passant, cette minuscule pochette de bijoux s’est-elle retrouvée dans la botte de ce bandit ?
Jenny lui raconta et quand il rigola, elle tendit la main pour lui caresser le visage.
— Savez-vous ce que cela me fait lorsque vous me touchez ainsi ?
— Oui, dit-elle avec un sourire en lui effleurant la joue.
Ensuite, elle déplaça sa main plus bas, sur son torse, sur son ventre, et encore plus bas.
— Embrassez-moi, là, murmura-t-il.
— Oui, mon seigneur, dit-elle docilement, et elle se pencha sur sa tâche.
— Maintenant, prenez-moi dans votre bouche, Jenny, mon amour.
— Oui, mon seigneur.
Et elle s’exécuta.
— Par la Sainte-Croix, dit-il, l’avenir est prometteur.
Et c’était le cas.
Chères lectrices,
J’espère que vous avez aimé l’histoire de la jolie Jenny. Pour celles qui désireraient savoir qui sont les personnages réels et fictifs, Jenny, Hugh et Reid sont des parents fictifs de la véritable famille Dunwythie d’Annandale, qui comprenait lord Dunwythie, Phaeline, Mairi et Fiona. Le shérif Maxwell a également existé. Et, bien sûr, Archie le Terrible était le seigneur de Galloway, devenu plus tard le troisième comte Douglas.
Les Anglais ont continué à occuper le château Lochmaben pendant dix ans avant qu’Archie le Terrible rassemble une force formidable et les chasse enfin d’Annandale.
Pendant leur longue occupation, malgré les efforts des habitants d’Annandale, ils ont ruiné une bonne partie des terres et détruit les forêts environnantes.
Les femmes ménestrels étaient courantes depuis une époque ancienne, particulièrement en tant que jongleuses, musiciennes et danseuses. Employer les ménestrels comme espions est une pratique qui remonte aux Saxons et aux premiers jongleurs danois qui suivaient les armées en temps de guerre et jouissaient d’un accès aux deux camps. Le roi Alfred a déjà endossé le rôle d’un jongleur pour entrer dans un camp danois où il a « fait de telles observations qui ont été d’une utilité infinie ». D’autres ont ensuite imité ce stratagème avec un succès équivalent.
Pour celles que les pièces de monnaie anciennes intéressent, la pièce d’argent que sir Hugh a gagné contre Lucas valait quatre pennies. Les pennies écossais étaient en argent jusqu’au XVIIIe siècle et s’appelaient « sterling ». En 1357, l’Écosse a frappé son premier écu d’or, la couronne. Elle valait un demi-mark, qui lui-même équivalait aux deux tiers d’une livre de sterling. Donc, si vous vous êtes déjà interrogé sur l’origine du terme britannique « livre sterling »…
On pouvait se procurer les licences spéciales auprès de l’Église dès le début du XIVe siècle — pour les gens possédant beaucoup d’argent et jouissant d’influence. À l’époque, comme maintenant, de telles licences permettaient aux couples de se marier n’importe où, n’importe quand, sans la formalité de l’annonce préalable.
L’épellation correcte d’Annan (la rivière et la ville) bien avant 1374 et pendant de très nombreuses années ensuite était « Annand », du nom de la famille française qui s’y était installée. J’ai choisi de l’épeler à la façon moderne pour éviter la confusion.
Le pont Devorgilla comptait neuf arches en 1374. Il ne lui en reste que six de nos jours.
Une fois de plus, je suis redevable à mon ami Donal MacRae pour son assistance inestimable — cette fois, encore plus que d’habitude parce que Donal a découvert les bases pour ce roman et les deux tomes suivants de cette trilogie dans un manuscrit du XVIe siècle détaillant des événements du XIVe siècle à Galloway et dans le Dumfriesshire.
Mes sources historiques principales pour la famille Douglas comprennent A History of the House of Douglas, Vol. I, par le très honorable sir Herbert Maxwell (Londres, 1902), et The Black Douglases, par Michael Brown (Écosse, 1998).
Les sources pour les ménestrels incluent Sports and Pastimes of the People of England, par Joseph Strutt (Londres, 1903), et Fools and Jesters of the English Court, par John Southworth (Gloucestershire, 1998).
Comme toujours, j’aimerais remercier mes merveilleux agents, Lucy Childs et Aaron Priest, ma formidable éditrice, Frances Jalet-Miller, le relecteur-correcteur principal, Sean Devlin, la directrice artistique, Diane Luger, la rédactrice et responsable de la rédaction, Amy Pierpont, la vice-présidente et éditrice en chef Beth de Guzman, et tous les autres chez Hachette Book Group’s Grand Central Publishing, qui ont contribué à faire de ce livre ce qu’il est.
Si vous avez aimé Apprivoisée par un laird, je vous invite à mettre la main sur le deuxième livre de la série, Séduite par un ennemi, chez votre libraire favori. Entre-temps, Suas Alba !
Sincèrement,
Amanda Scott
http://home.att.net/~amandascott
Chères lectrices,
Ne ratez pas la prochaine histoire d’amour écossaise d’Amanda Scott ! Tournez la page pour un aperçu de son prochain roman, Séduite par un ennemi.