Les féministes n’ont pas d’humour
Jérôme Cotte
Introduction
Dans la présentation du numéro « Les voies secrètes de l’humour des femmes », publié en 2012 dans la revue Recherches féministes, Lucie Joubert et Brigitte Fontille observent que le rire au Québec semble être l’affaire des hommes. Ceux-ci, beaucoup plus nombreux sur scène que les femmes, établissent les critères de ce que plusieurs considèrent être l’humour avec un grand H. Nous devons ainsi composer avec « une idée reçue qui a la vie dure et qui confine au truisme : les gars font de l’humour tout court, les filles font de l’humour de filles1 ». S’il est vrai que ce préjugé semble parfois moins rigide qu’il y a quelques années, les résistances à l’égard du déploiement de l’humour des femmes et, plus particulièrement, de l’humour féministe sont toujours bien réelles. L’enjeu de ce texte consiste précisément à voir comment un antiféminisme tout à fait insidieux est au cœur de notre rapport à l’humour. Cet antiféminisme sévit autant dans les cercles militants solidaires du féminisme que dans le milieu de l’industrie du divertissement. Afin de rendre compte de cette thèse, je commencerai par exposer comment le rire ambiant du Québec contemporain est empreint, jusque dans ses manifestations les plus progressistes, d’une certaine hostilité à l’égard des femmes et du féminisme. Ce portrait d’ensemble permettra de mieux comprendre pourquoi le gala-bénéfice de la Coalition des humoristes indignés (CHI) lors de la grève étudiante de 2012 a soulevé la colère de certaines féministes impliquées dans le mouvement de contestation ; il sera surtout question des répliques condescendantes que ces militantes ont dû encaisser. Je terminerai en revenant sur l’impératif moral qui anime ce genre de résistances patriarcales et qui est de plus en plus répandu : le devoir de rire de tout. L’ensemble de cette réflexion sera alimenté par une série d’entrevues que j’ai réalisées en 2010 avec cinq femmes engagées dans la lutte féministe2.
Les assises de l’antiféminisme en humour
La complaisance à l’égard de l’humour sexiste, misogyne et antiféministe
La philosophie, la politique et l’humour qui m’intéressent sont tournés vers l’émancipation, dans la mesure où ils répondent à une tâche éthique sans destination politique précise ou prédéterminée : permettre l’expression des voix et des possibilités de vie qui sont étouffées par les pouvoirs de l’idéologie et du patriarcat. L’antiféminisme fait exactement le contraire. Il bloque la prise de parole féministe, la ridiculise, la méprise et la déforme de manière à la comprendre, encore et toujours, selon les préjugés du sens commun. Or, lorsque l’antiféminisme prend une forme humoristique, il devient parfois difficile de voir à quel point cette aversion pour le féminisme persiste dans notre société. Comme le souligne Christine Bard, il existe parallèlement à l’« antiféminisme explicite [...] un antiféminisme ordinaire qui doit sa banalité à l’ancienneté des préjugés hostiles aux femmes (voir les dictons populaires) et à son médium privilégié : l’humour, la blague, la caricature, le comique3 ». Cette observation trouve toute sa portée dès lors qu’on remarque que même les humoristes reconnus pour leur progressisme ont reconduit ce genre de propos depuis les années 1960 (années qui devaient nous débarrasser de l’obscurantisme). Le cas des Cyniques, quatuor qui proposait un humour mordant contre les excès de l’Église et des politiques conservatrices au cours de la Révolution tranquille, ne fait pas exception. Présentés le plus souvent comme des monuments de l’humour québécois à l’abri de toute critique, ils ne se gênaient pourtant pas pour débiter des blagues sexistes et misogynes. Même s’ils visaient surtout les personnalités publiques masculines et qu’on ne peut supposer que « les Cyniques eux-mêmes auraient aujourd’hui envie de (re)faire ce genre de farce4 », Lucie Joubert observe que, dans l’ensemble de leur œuvre,
les types féminins les plus évoqués sont des personnages anonymes, mais fortement connotés sexuellement, comme la prostituée, la danseuse, la vierge à conquérir et, agissant comme repoussoirs, la vieille (qui « arrange des vieux restants » en se maquillant [Le Grand Mandrake, 1968]), mais surtout l’obèse5.
Elle illustre ses propos à l’aide du personnage de Gontran de L’Aiguille joué par Serge Grenier, qui sera plus tard l’un des scripteurs de l’émission Piment fort, reconnue pour ses blagues douteuses à l’égard des femmes. Celui-ci donne des conseils aux dames en leur disant ce qu’elles devraient porter en fonction de leur silhouette. Les « échalotes » (les minces) ont un style bien à elles, « mais si vous êtes grasse et qu’on vous appelle “la grosse toutoune”, portez du noir, y’en a autant, mais ça paraît moins... Mais si vous êtes très très grasse et qu’on vous appelle “la pompe à steam”... sortez pas6 ». D’autres exemples bien pires pourraient être évoqués. L’admiration sans bornes vouée aux Cyniques, à plusieurs égards méritée, a freiné jusqu’à tout récemment la possibilité d’élaborer une critique sur cet aspect de leur humour.
S’il est vrai que, de nos jours, les femmes commencent à occuper plus de place sur la scène de l’humour au Québec et que plusieurs humoristes masculins de la relève, dont Fred Dubé, Adib Alkhalidey et les Appendices (qui comptent Sonia Cordeau dans leurs rangs et Anne-Élisabeth Bossé comme comédienne), ne reproduisent pas la tradition sexiste et misogyne de l’humour grand public, celle-ci reste tout de même encore bien présente. L’idée ici n’est pas de faire un bêtisier ou une liste des blagues avilissantes contre les femmes dans l’histoire de l’humour. Ce travail de recension serait fastidieux dans un contexte où les exemples sont innombrables. De plus, comme le souligne Christine Bard, il se pourrait très bien qu’en fin de compte ce soit contre-productif : « Comment se défendre de la séduction qu’exerce le bon mot, ou la formule cinglante ? Réveiller l’indignation est-il suffisant ? Ces dictionnaires ne risquent-ils pas de banaliser le mépris, les préjugés et parfois la haine7 ? » Il vaut peut-être mieux rappeler brièvement, à l’aide d’un nombre limité d’exemples, ce qu’est une blague sexiste, misogyne ou antiféministe. Ce genre de plaisanteries montre à quel point nous avons intériorisé des stéréotypes participant d’un antiféminisme que sa banalité rend d’autant plus efficace8.
Tout d’abord, nous avons affaire à un humour sexiste lorsqu’il est « discriminatoire à l’encontre du sexe opposé9 », le plus souvent en faisant appel à la supposée « nature » masculine ou féminine. Quand Mario Jean, dans un gala du Grand Rire de Québec, dit que le cerveau des femmes est incompréhensible puisqu’il est à l’image de leur sacoche, nous avons affaire à ce genre d’humour. L’humour misogyne, se distinguant pour son mépris affiché des femmes10, trouve l’un de ses meilleurs exemples dans l’émission Testostérone diffusée sur les ondes de TQS de 2002 à 2004. L’animation était assurée par François Massicotte, tandis que Mike Ward était l’un des collaborateurs. Leur humour ressassait les pires clichés : les femmes étaient présentées comme irrationnelles et prisonnières de leurs émotions ou encore réduites au statut d’objet sexuel. Je partage, comme plusieurs autres sans doute, le sentiment d’Iraïs Landry à l’égard de plusieurs professionnels de la blague qui fondent leur carrière sur ce genre d’« observations » humoristiques en concordance parfaite avec l’idéologie dominante :
Je ne comprends pas pourquoi ce que je regarde est supposé être drôle. Je ne comprends pas pourquoi ils font de l’argent avec un ramassis de conneries sous-élaborées, des redites idéologiques piètrement ânonnées qui passent pour de la culture. On me dit il y a un deuxième degré. C’est donc que je suis épaisse. [...] Avoir un discours à plusieurs degrés, ça demande un travail textuel assez poussé, me semble-t-il11.
Finalement, même si l’humour antiféministe est indissociable de cette culture hostile à l’émancipation des femmes, sa particularité consiste à s’opposer clairement aux mouvements féministes12. Il est rare que les humoristes adoptent ouvertement cette position, il faut sortir de la scène officielle pour entendre un humour antiféministe assumé. L’expression « féminazi » en témoigne : son origine est attribuée à l’animateur de radio américain ultraconservateur Rush Limbaugh13. Quelques blogueurs québécois, dont Jean-Claude Rochefort qui avait ouvert un site Web à la mémoire du tueur de l’École polytechnique, présenté comme « héros ou martyr », reprennent la formule et lui attribuent une valeur humoristique. Rochefort dit faire de l’humour lorsqu’on le questionne sur ce qui le motive à associer le nazisme et le féminisme14.
De l’espace médiatique à la vie militante
Une militante raconte ainsi la réaction de certains hommes lorsque des femmes demandent un temps de discussion entre elles lors d’une réunion mixte où les privilèges des hommes se reproduisent15 (par exemple, des hommes monopolisent le temps de parole) :
[Certains d’entre eux] voulaient comprendre, ils voulaient appuyer la lutte, mais c’est souvent dans l’humour que les « petits trucs qui gossent » sortent. L’humour, c’est un moyen facile de dire des trucs que tu ne dirais pas autrement. Au cégep, par exemple, on se faisait traiter de « féminazi ». Au début ça fesse, mais sans plus. Puis plus tu y penses, plus ça révèle quelque chose (F-1).
Force est de constater que des décennies de passivité à l’égard d’une culture humoristique sexiste engendrent des blagues antiféministes jusque dans les milieux où les hommes veulent soutenir la lutte des femmes. Les cinq femmes rencontrées reconnaissent des problèmes à cet égard à l’intérieur même de leurs espaces politiques. Par exemple, les hommes vont avoir tendance à rire du patriarcat comme quelque chose d’extérieur et qui ne les concerne pas. Cela concorde tout à fait avec une distorsion que repère Francine Descarries dans le sens commun dominant : « la distorsion qui, aujourd’hui, m’apparaît la plus préjudiciable est celle qui mène à croire et à penser que l’égalité entre les sexes serait déjà là, qu’elle est chose faite et que l’on doit passer à autre chose16 ».
Ce présupposé perdure dans les milieux qui se disent féministes. Une militante raconte que les hommes, par l’éducation qu’ils reçoivent, arrivent mieux à « saisir la petite mini ouverture, le petit silence, pour faire une joke qui fait rire tout le monde » et ils s’en servent pour consolider « une sorte de leadership doux ».
Les hommes vont souvent passer par l’humour pour imposer un certain charisme. Je crois que ce n’est pas quelque chose qui est aussi disponible pour les femmes. [Ils] vont, par l’humour, critiquer l’extérieur : la société patriarcale. Mais ils ne vont jamais déconstruire leurs propres comportements dominants. Surtout pas par l’humour. Ils vont surtout s’en servir pour renforcer leur statut d’homme (F-3).
En somme, même s’il n’est pas manifestement antiféministe, l’humour des hommes peut bloquer, par son omniprésence au détriment de l’humour des femmes ou par la distance qu’il permet face aux manières d’agir à l’intérieur d’une collectivité, les avancées du féminisme. L’humour dominant dans la société et dans les cercles militants peut donc s’opposer au féminisme dans la mesure où les hommes s’en servent, parfois à leur insu, pour renforcer leurs privilèges tout en tenant des discours (sérieux ou humoristiques) sur l’importance du féminisme.
Le problème général qui découle de cette situation consiste à rendre extrêmement difficiles la dénonciation et la mise en évidence de l’antiféminisme, du sexisme ou de la misogynie dans l’humour. Toutes les militantes interviewées s’entendent sur ce point.
nous on était réduites à des femmes incapables de faire de l’humour, alors que ce qu’on dénonçait c’est que l’humour dans ce cas-ci c’est une arme de dominant pour nous faire taire et nous réduire à ce qu’on dénonce : un statut de femme-objet. Quand un proféministe veut maintenir malgré tout son statut de dominant, il peut très bien utiliser ce genre d’arguments : les féministes n’ont pas le sens de l’humour. [...] Avec l’humour, ça devient beaucoup plus difficile de nommer ou de dénoncer que c’est politique ou que c’est dérangeant. Il peut toujours se rabattre sur le fait que c’est de l’humour, que c’était une blague et que c’est toi le problème là-dedans. [...] L’humour, utilisé à mauvais escient, force le silence (F-2).
Le fardeau de la dénonciation leur incombe, ajoute-t-elle, du fait que, le plus souvent, les hommes n’osent pas s’en mêler :
Pourquoi ? Parce que [pour] eux, ce n’est pas un sentiment d’oppression ressentie, c’est plutôt la peur de briser la solidarité entre eux et de ne plus être dans la gang de gars. Et ça, des fois, ça nous laisse seules par rapport à la dénonciation (F-2).
Une autre militante observe à quel point la difficulté de dénoncer l’humour sexiste est renforcée lorsque, pour ce faire, elle utilise un ton qui casse l’ambiance :
Ça me rend profondément mal à l’aise, mais je n’ai pas été capable de répondre à cet humour-là de façon humoristique. Je suis intervenue de façon très émotive, moralisatrice à la limite. Je n’ai pas été capable de répondre sur le même registre. [...] Je ne trouve pas ça drôle de rire de caractéristiques supertypées. Je suis profondément intolérante de l’humour ou des affirmations de sens commun qui maintiennent ça. [...] J’ai l’impression que, parce que j’ai cassé l’humour, je devais légitimer mon intervention. [...] Moi-même, j’ai plein de commentaires qui continuent d’être racistes ou homophobes parce que je ne peux pas dépasser ce que je suis comme individu, mais je pense que c’est à nous d’être capables d’être critiques de ça. C’est vrai que ça passe souvent sous le couvert de l’humour (F-4).
Cette militante est consciente des difficultés et des pièges inhérents à la critique. Elle sait qu’il est impossible de condamner sans réserve des individus au nom d’une quelconque prétention à la pureté morale17.
Cette même militante résume le tout par une formule révélatrice de l’esprit des entrevues réalisées : « si on ne change pas l’humour dans notre discours, les choses ne changent pas (F-4) ». Cette invitation à modifier nos manières de rire est un enjeu de taille. Il ne s’agit pas d’émettre des prescriptions strictes sur ce qui est drôle ou pas, mais plutôt d’aller chercher ce qui se cache sous le discours de l’idéologie dominante. C’est dans ces moments que l’humour – par le regard paradoxal qu’il pose sur le monde – nous surprend réellement. Développer cette sensibilité peut nous amener à trouver puéril et violent ce qui nous a déjà bien fait rire. Cela dit, il arrive aussi que certaines blagues auxquelles on préfèrerait ne pas rire nous fassent tout de même rigoler. Comme le dit Simon Critchley, « si l’humour te dit quelque chose sur qui tu es, ce peut être un rappel que tu n’es peut-être pas la personne que tu voudrais être18 ». En entretenant un regard critique à l’égard de ce que nous sommes, l’humour peut nous permettre de prendre conscience que l’on peut, encore et toujours, changer. Se laisser secouer par le rire montre que notre identité et nos vérités sont moins figées qu’on ne le croit.
Pourtant, certaines personnes semblent plutôt défavorables à l’idée du changement en protégeant l’humour de « gars » au sujet des revendications féministes. Afin de creuser la question, nous analyserons un épisode évocateur où l’industrie du rire s’est mêlée aux activités du mouvement de grève au Québec en 2012.
Quand les humoristes deviennent militants
Un « gala-déficit » pour le féminisme
Au mois de juin 2012, alors que la grève étudiante en est à son cinquième mois et que des milliers de personnes ont été arrêtées, des humoristes forment la Coalition des humoristes indignés (CHI) pour dénoncer la loi 78 (loi spéciale antigrève) en organisant un spectacle-bénéfice au Théâtre Saint-Denis. Les humoristes mobilisé.e.s19 voulaient amasser des fonds pour la clinique juridique Juripop qui défend les fédérations étudiantes ainsi que la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (la CLASSE). Mitigée sur les enjeux de la lutte étudiante en tant que telle, la CHI vise surtout à exprimer une indignation à l’égard d’une loi qui mine la liberté d’expression et à emboîter le pas de la colère populaire à l’endroit du gouvernement libéral de Jean Charest. Cela dit, la CHI et la CLASSE elle-même ont oublié que cette dernière défend des principes féministes. Solidaires entre eux, les humoristes ne semblent pas reconnaître le problème que pose la participation de Mike Ward et de François Massicotte, pour ne nommer que ceux-là, aux yeux de plusieurs militant.e.s très critiques à l’égard du sexisme. Convaincus de venir jouer les héros, certains humoristes sont étonnés par les critiques que suscite leur projet, exprimées en particulier par le Comité femmes de la Grève générale illimitée (GGI), qui comptait plusieurs des militantes démissionnaires de la CLASSE déçues par l’« oubli » de ses principes féministes, plus fréquent qu’on pourrait le croire20. Après avoir soumis une proposition à la CLASSE pour que celle-ci se retire de l’organisation de l’événement, les militantes décident d’agir lors de la soirée du gala. Déguisées en mimes, elles se présentent à l’entrée du Théâtre Saint-Denis avec des pancartes sur lesquelles des paroles d’humoristes sont exposées. Par exemple, elles affichent une blague tirée du répertoire de Maxim Martin : « Si t’engraisses à cause du sperme, le problème, c’est pas les calories. Je pense que je peux commencer à utiliser le mot salope21 ». Le procédé utilisé par le Comité femmes GGI est plein d’audace. Il montre que les féministes sont capables de répliquer de manière originale lorsque les critiques plus classiques ont été répétées au point où elles deviennent, malheureusement, parfois inaudibles. En ce sens, deux ans avant la grève, une militante observait ceci :
L’humour c’est un régime de langage envers lequel il est difficile de répliquer par un autre régime de langage qui serait critique. À l’inverse, l’humour arrive toujours à déconstruire le langage critique. Par exemple : « regarde la féministe fru ». Oui, c’est des blagues, mais en même temps ça vient mettre fin à ta parole. [...] J’aimerais que les gens contre-attaquent aussi sous la forme de l’humour (F-3).
C’est ce qu’a fait le Comité femmes GGI. Face à la tradition sexiste du rire, il convient de contre-attaquer par une mise en évidence ironique et humoristique des contradictions de notre société dite égalitaire. C’est un véritable contre-spectacle qu’elles proposent à l’entrée du Théâtre Saint-Denis. Si nous avons l’habitude des blagues sexistes répétées dans des galas où une musique trépidante éclate entre chaque numéro qui commence par des « ça va bien ? » hurlés sur un ton enthousiaste, les militantes ont préféré sortir de la formule banale pour dénoncer la misogynie en silence dans la rue :
Est-ce que c’est notre devoir de toujours se plier à l’explication, à tout moment ? De se plier à la violence verbale potentielle des spectateurs se sentant basculer hors de leur zone de confort ? Ils veulent qu’on se la ferme, on pourrait très bien se la fermer, tout le monde serait content. En plus ce serait pas pire d’opposer le silence aux braillements insupportablement sonores des humoristes. Pas juste celui des humoristes, aussi le son constant du sexisme ambiant, qu’on se tape, encore et encore, tout le temps, je suis pu capable non plus. Un peu de silence, pour une fois, ça ferait peut-être pas de tort, et ça ferait un clash avec l’incessance de leur redondante cacophonie. [...] Y’en a, de l’humour silencieux, non22 ?
Contre la gaieté de commande imposée par l’industrie du divertissement, le silence est en effet une manière tout à fait éloquente de faire de l’humour. L’action du Comité femmes GGI fait d’ailleurs penser au rire que Samuel Beckett évoque dans Watt : « un rire qui rit du rire, hommage à la plaisanterie suprême, bref le rire qui rit – silence s’il-vous-plaît – de ce qui est malheureux23 ». Or, pour notre malheur, certains humoristes s’entêtent à confirmer le monde tel qu’il est.
Des militantes actives dans les instances de la CLASSE auraient appuyé les positions du Comité femmes GGI24, mais, sauf erreur, leur parole n’a pas eu d’écho en dehors de l’association étudiante. En outre, Martine Delvaux, Gabrielle Desrosiers, Elsa Galerand et Vanessa L’écuyer observent, dans leur texte à ce sujet, que « les humoristes rassemblés ont pour la plupart bâti leur carrière sur de l’humour dégradant – sexisme, homophobie, hétérocentrisme, haine de classe, racisme, âgisme –, et ces grévistes féministes refusent la marchandisation de leurs principes25 ». Le son de cloche est le même – ou presque – pour des groupes qui refusent d’agir de concert avec la CLASSE tout en restant solidaires à son égard. Par exemple, dans un livre sur la grève, le Collectif de débrayage se souvient ainsi des événements :
le Comité femmes GGI décide de contester ce cadeau provenant d’un milieu pourri, carburant sur des blagues sexistes, racistes et homophobes. L’affaire devient publique, et les initiatrices se voient reprocher par les têtes dirigeantes de l’ASSÉ de « foutre la marde », tandis que les organisateurs du spectacle s’acharnent à les salir en les décrivant comme une « bande d’hystériques ». [...] Au détriment de sa consistance propre, le rapprochement entre l’état-major de la CLASSE et le monde du vedettariat engagé qu’assument déjà les Fédérations étudiantes ne fera que s’aggraver tout au long de l’été. Cette épuration, qui permet aux figures « présentables » du mouvement de se démarquer, se paie de l’isolement des éléments jusqu’au-boutistes, que l’on peut de nouveau présenter comme des fous, des extrémistes parlant une langue incompréhensible26.
Effectivement, les membres du Comité femmes GGI ont subi les foudres du milieu de l’humour et de certaines personnes pourtant solidaires au mouvement féministe. Si l’historien Robert Aird célèbre le courage de Mario Jean et de François Massicotte pour avoir participé au gala de la CHI même s’ils prenaient le « risque de perdre une partie » de leur « large public »27, force est de constater que les militantes du Comité femmes GGI, avec leur humour peu orthodoxe, couraient pour leur part un danger tout aussi grand. En fait, comme le remarque Nancy Reincke dans la revue féministe Rain and Thunder, il est fréquent de se faire demander « where is your sense of humor ? » (« où est votre sens de l’humour ? ») lorsque l’on refuse de rire ou de tolérer l’humour sexiste28. Avec l’action du Comité femmes GGI, nous pouvons renverser la question : où est le sens de l’humour des professionnels du rire lorsque l’on se moque d’eux ?
Encaisser le ressentiment patriarcal
Venons-en aux attaques antiféministes que le Comité femmes GGI a dû essuyer. Ces réactions ne sont pas sans trouver écho dans l’histoire de la lutte des femmes. Par exemple, en 1904, quelques féministes ont brûlé le Code civil à la Sorbonne lors de la célébration du centenaire du code Napoléon ; « le dessinateur de L’Assiette au beurre croque l’événement avec ses préjugés : aux pancartes “À bas le code !”, il a ajouté “À bas les hommes !”, “Plus d’hommes !”, et il a représenté un groupe d’ “horribles mégères” hurlant autour d’un feu... les sorcières ne sont pas loin...29 » Les sorcières ne sont jamais loin. La première méthode utilisée pour dénigrer les militantes vient de Daniel Thibault, l’organisateur du gala de la CHI. Celui-ci, qui semble étonné d’apprendre que certaines personnes n’apprécient pas la tradition humoristique au Québec, cherche autant à isoler les militantes qu’à les humilier :
Ceux qui généralisent en traitant les humoristes de racistes, de sexistes et d’homophobes sont des tatas. Ces tatas, d’après ce que j’ai appris, sont au nombre de 5. Ce sont des tatas crinqués, mais dans le grand schème des choses, c’est pas beaucoup de tatas. [...] Comme souvent dans ce conflit, l’arbre cache la forêt. On fait de 5 tatas des représentants officiels de la cause étudiante. [...] Bref, ne soyez pas aussi tatas que les tatas en traitant tout le monde de tatas. C’est ça30.
Cette attaque véhicule un certain nombre de faussetés, puisque contrairement à ce qui est affirmé, plusieurs personnes dans le milieu militant endossent le geste du Comité femmes GGI, même si seules ses membres ont eu le courage de mener cette action. Ensuite, tout comme celles et ceux qui les appuient, elles sont tout à fait conscientes que ce ne sont pas tous les humoristes qui carburent aux propos discriminatoires. Elles dénoncent plutôt les propos sexistes qui sont aussi fréquents que tolérés et banalisés par la majorité des personnes du milieu. Cette solidarité généralisée au sein de la « grande famille de l’humour » a posé problème aux féministes. L’humoriste Guy Nantel, associé à l’événement, semble lui aussi insensible aux discours féministes plus revendicateurs. Il a publié un tweet plein de ressentiment : « Voyons donc, manifester contre les gens qui t’aident #BandeDeNouilles31 ».
Un texte du politologue François Charbonneau publié dans le site Web de la revue Argument avance le même type de propos, sur un ton qui se veut plus sérieux. Il dénonce vivement le comportement du Comité femmes GGI qui – comble de bizarrerie – préfère défendre des intérêts politiques plutôt que des intérêts financiers. Il soutient qu’agir de la sorte avec « ses alliés les plus proches » mène « aux pires dérives » et qu’il s’agit d’un comportement digne d’un « idéologue dangereux »32. Ici, le féminisme est réduit, une fois encore, à un enjeu de moindre importance au sein d’un mouvement de contestation. Il s’agit d’une vieille rengaine, qui vise à éviter l’inclusion véritable du féminisme dans les luttes émancipatrices. La lutte dite générale l’intègre plus ou moins, « comme si le féminisme n’avait pas de teneur politique générale, comme si une lutte sexiste ne pouvait avoir une portée globale...33 » Le deuxième problème du discours de Charbonneau est qu’il considère que ceux-là mêmes qui reproduisent sans cesse des blagues sexistes et misogynes sont des « proches alliés » qui aident le mouvement. En fait, ils le deviennent seulement si, comme il a été dit, les enjeux féministes sont mis de côté au nom de la Cause.
Ces arguments qui concernent le cas spécifique du gala-bénéfice de la CHI et du Comité femmes GGI sont en quelque sorte l’écho des discours de celles et ceux qui veulent faire taire les critiques féministes de l’humour. La section suivante vise à explorer un troisième argument en apparence imparable : il faut savoir rire de tout, au risque d’être identifié comme un « idéologue dangereux ».
Rire de tout
Nous pouvons désormais appeler cette autorisation à rire de tout « argument Dieudonné ». Contre les « gardien-ne-s de la morale » et les « censeurs », il est de bon ton, et tout à fait dans l’air du temps, de soutenir que l’on doit rire de tout. Ainsi, danser sur une chanson intitulée « shoananas » avec le négationniste français Robert Faurisson serait, si l’on suit la logique de Dieudonné et de son public, une preuve de souplesse morale, d’ouverture d’esprit et même de justice à l’égard des victimes des autres génocides34. Il n’est pas surprenant que cet humoriste soit considéré par certain.e.s comme le « haut-parleur » d’Alain Soral, idéologue d’extrême droite qui évoque souvent le complot juif et ne se gêne pas pour injurier les homosexuels et les féministes35. Sous le couvert d’un humour qui se proclame polémique et même humaniste en disant s’en prendre au système, l’impératif de rire de tout est, le plus souvent, un appel à peine voilé à maintenir une tradition réactionnaire consistant à faire des gorges chaudes des plus faibles. Dans cet humour, « la femme (au singulier) est, comme le juif, l’étranger, le vagabond, le pauvre, une figure de bouc émissaire dans l’imaginaire36 ». Bien que Dieudonné soit loin de faire l’unanimité dans les médias et que les autorités françaises en aient fait une sorte de martyr, la logique qu’il tente de faire valoir est souvent utilisée à mots à peine couverts pour défendre le droit de rire de tout, c’est-à-dire de tout ce qui est déjà méprisé. Les casuistiques douteuses sur la liberté d’expression et les valeurs dites démocratiques de l’Occident viennent ensuite clouer le bec aux personnes qui refusent que ce que l’on présente à tort comme une pensée critique et libre (re)devienne hégémonique.
De quelle façon les critiques féministes de l’humour sont-elles condamnées ? François Charbonneau déplore par exemple la prétention à la « supériorité morale » et à la « pureté idéologique » du Comité femmes GGI37. Selon l’intellectuel, le projet de ces militantes féministes consisterait à séparer le monde selon deux catégories : les pures et les impurs. Il nous faudrait donc craindre ces femmes révoltées qui semblent avoir pour but de censurer, à la manière du tyran, les pratiques de l’humour dans le « nouveau régime » qu’elles veulent instaurer. Si ces propos étaient ceux d’une militante, l’ironie pourrait être savoureuse. Pourtant, c’est avec un sérieux déconcertant que l’image de la « castratrice » incapable de rire de tout est réitérée. Il semble qu’il faille encore aujourd’hui rappeler à quel point le féminisme est lui-même traversé par des débats et des conflits qui ne laissent pas de place pour une utopie autoritaire. Le féminisme, comme le souligne Françoise Collin, « ne répond pas à un plan, ni divin, ni humain, mais il invente pas à pas. C’est ce qui fait son originalité et sans doute aussi sa difficulté : rien n’y est donné à l’avance. Et ce qu’il refuse est souvent évident, plus incontesté, que ce qu’il vise38 ». Autrement dit, si plusieurs féministes s’entendent sur l’importance de dénoncer avec vigueur l’humour sexiste et misogyne, cette critique ne se fait pas au nom d’un quelconque modèle politique préétabli. De même, une militante interviewée, à la fois solidaire et critique de certains courants féministes par lesquels elle se sent moins interpellée, affirme : « [j]e pense qu’on peut porter différentes identités. Quand je suis dans tel milieu, je vais peut-être faire ressortir davantage un certain côté de moi. Et ce n’est pas grave en soi. Il n’y a pas de pureté à maintenir. [...] Le féminisme est une pratique très libre et subversive. Les féministes sont capables de se moquer d’elles-mêmes constamment (F-3). » La richesse du féminisme, en effet, passe par la pluralité des voix qui le composent autant que par sa capacité à s’autocritiquer. Il ne faut pas confondre la « pureté » avec la recherche – à la fois rigoureuse et toujours imparfaite – de cohérence à l’intérieur du féminisme à laquelle répond l’appel du Comité femmes GGI.
Ne seraient-ce pas les détracteurs des « gardien-ne-s de la morale » qui sont eux-mêmes les idéologues les plus rigides ? Même ceux qui se disent solidaires du féminisme, lorsqu’ils ne reconnaissent que ses figures « présentables » ou majoritaires, peuvent participer à cette dynamique. Comme le remarque Christine Bard, ceux-ci se donnent souvent le devoir de « dénoncer les excès des féministes39 » en empruntant toujours le même ton paternaliste et en faisant appel à ce qu’ils considèrent être le bon sens. Contre les supposés excès du Comité femmes GGI et son refus d’être complice du rire dominant dans la société, il est facile de soutenir ce genre d’évidence :
[...] le vrai, le beau ou le bien ne sont pas des vérités éternelles qu’il suffirait de découvrir et d’imposer, mais plutôt des notions relatives vers lesquelles l’on ne peut que tendre par le dialogue avec nos concitoyens, en acceptant que les autres ne partagent peut-être pas notre point de vue et qu’il soit possible de ne pas voir le sien triompher. Cela suppose donc que la vérité se situe plus généralement du côté du compromis que du côté de l’intransigeance40.
À une époque où le libéralisme, le capitalisme et le patriarcat triomphent comme s’ils détenaient justement des vérités éternelles sur la nature humaine, les féministes sont encore souvent réduites au silence. Les discours dominants imposent les modèles de ce qui est considéré être une prise de parole recevable. Certaines revendications du féminisme sont alors muselées avant même d’avoir été entendues. Une militante constate ainsi :
ça appartient aux dominants de définir les enjeux et les modalités du débat. Alors que tu veux recadrer le débat à partir de tes paradigmes ou de ton langage, tu as l’air fou. Ça prend deux fois plus de temps pour te faire comprendre si tu refuses les cadres dominants. Comme je disais, c’est l’effort. C’est épuisant de déconstruire le sens commun (F-2).
Françoise Collin soutient, dans un texte remarquable sur l’éthique et le féminisme, que « là où l’autre tente de s’imposer comme seul décideur de la relation, le souci de l’humanité en nous et entre nous me commande de résister à cet impérialisme destructeur – au prix de perdre la relation – pour sauvegarder à la fois ma dignité et celle qu’en agissant de la sorte il trahit en lui41 ». La distance ou encore le silence, en tant que prise de parole négative, sont parfois les seuls moyens disponibles pour contester l’ordre patriarcal des choses. Pour revenir à l’action du Comité femmes GGI, privilégier la figure du mime correspond tout à fait à ce genre de résistance, puisqu’elle illustre la fatigue éprouvée à force de ne pas se faire entendre lorsque les femmes jouent les jeux discursifs dominants. Les tracts distribués lors du gala de la CHI et certains textes qui ont suivi l’événement sont venus mettre des mots sur le malaise que le recours au silence a révélé.
Conclusion
L’antiféminisme, en profitant de l’adhésion dont jouit l’humour dans notre société, entonne un hymne à la « liberté » qui est souvent une façade pour promouvoir une harmonie sociale factice. Ressasser des stéréotypes dépréciateurs concernant les femmes en prétendant candidement être subversif participe à étouffer les nouvelles manières de rire propres à la résistance féministe. Celles-ci donnent pourtant une force véritable à l’humour. Elles transforment notre façon de percevoir les injustices que l’idéologie dominante nous vend comme s’il s’agissait d’une situation naturelle et indépassable. Ce genre d’humour arrive non seulement à saisir les « mini-ouvertures » des discours habituels, pour reprendre les mots d’une militante, mais aussi à les investir. L’humour féministe, en tant qu’outil de transformation sociale, peut ainsi élargir les brèches qui commencent à être de plus en plus visibles sur le bloc idéologique de l’humour dominant et de l’antiféminisme ambiant. Le féminisme lance cet appel. L’antiféminisme, nous l’avons vu, s’en moque amèrement.
1.Lucie Joubert et Brigitte Fontille, « Présentation », Recherches féministes, vol. 25, n° 2, 2012, p. 1.
2.Les questions portaient sur leur rapport à l’humour autant au quotidien que dans les milieux où les hommes disent être sensibles au féminisme. Ces femmes n’appartiennent pas aux mêmes courants du féminisme. Certaines militantes se disent solidaires du féminisme en général tandis que d’autres revendiquent une position poststructuraliste ou matérialiste. Les entrevues étaient toutes semi-dirigées et d’une durée d’environ une heure trente. Dans les extraits cités ici, les répondantes sont identifiées par des numéros (F-1, F-5).
3.Christine Bard, « Pour une histoire des antiféminismes », dans Christine Bard (dir.), Un siècle d’antiféminisme, Paris, Fayard, 1999, p. 24.
4.« Les Cyniques, le sexe et les femmes », dans Lucie Joubert et Robert Aird (dir.), Les Cyniques : Le rire de la révolution tranquille, Montréal, Triptyque, 2013, p. 410.
5.Ibid., p. 400-401.
6.Serge Grenier (Gontran de L’Aiguille) cité dans ibid., p. 405.
7.Christine Bard, op. cit., p. 23.
8.Francine Descarries, « L’antiféminisme “ordinaire” », Recherches féministes, vol. 18, n° 2, 2005, p. 140.
9.Ibid., p. 22.
10.Ibid.
11.Iraïs Landry, « Les mimes du Comité femmes GGI : Histoire d’une action à contre-sens de l’humour sexiste », dans Marie-Ève Surprenant et Mylène Bigaouette (dir.), Les femmes changent la lutte : Au cœur du printemps québécois, Montréal, Remue-ménage, 2013, p. 71.
12.Ibid.
13.Susan Faludi, Backlash : La guerre froide contre les femmes, Paris, Éditions des femmes/Antoinette Fouque, 1993, p. 24.
14.Barbara Debays, « Marc Lépine, un tueur transformé en héros », Radio-Canada, 2009 [en ligne], http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2009/11/27/001-polytech-lepine-masculinistes.shtml (page consultée le 18 décembre 2014).
15.Il est à noter que les caucus non mixtes peuvent aussi regrouper des gens selon leur degré d’étude (secondaire, cégep, université) ou leur orientation sexuelle. Ces espaces permettent simplement une circulation plus libre de la parole lorsque l’on se trouve en position minoritaire. Martine Delvaux et coll., « Militantes féministes grévistes : Du comité femmes de l’ASSÉ au Comité femmes GGI de l’UQAM », dans Francis Dupuis-Déri et Marcos Ancelovici (dir.), Un printemps rouge et noir : Regards croisés sur la grève étudiante de 2012, Montréal, Écosociété, 2014, p. 134.
16.Francine Descarries, op. cit., p. 144.
17.Je me dois, dans la même veine, d’avouer écrire ces lignes en sachant que certains de mes comportements pourraient être eux aussi l’objet de critiques féministes.
18.Simon Critchley, De l’humour, Paris, Kimé, 2004, p. 76.
19.La féminisation est due à la présence de Claudine Mercier : seule femme prenant part à un spectacle où les humoristes ont défilé à tour de rôle pendant trois heures et quarante minutes.
20.Pour plus de détails sur la reproduction des normes patriarcales dans le fonctionnement interne de la CLASSE et de l’ASSÉ ainsi que sur les pratiques égalitaires du Comité femmes GGI, voir Martine Delvaux et coll., op. cit., p. 115-145.
21.Ibid., p. 139.
22.Iraïs Landry, op. cit., p. 66.
23.Samuel Beckett, Watt, Paris, Minuit, p. 55. Je souligne.
24.Iraïs Landry, op. cit., p. 66.
25.Martine Delvaux et coll., op. cit., p. 138.
26.Collectif de débrayage, On s’en câlisse : Histoire profane de la grève du printemps 2012, Québec, Montréal, Sabotart, 2013, p. 215.
27.Robert Aird, « Les humoristes de l’industrie dans le printemps érable », Bulletin d’histoire politique, vol. 22, no 3, 2014, p. 254.
28.Nancy Reincke, « Antidote to Dominance : Women’s Laughter as Counteraction », Rain and Thunder, n° 58, 2014, p. 22.
29.Christine Bard, op. cit., p. 25.
30.Daniel Thibault, « #tatas », Voir [en ligne], http://voir.ca/daniel-thibault/2012/06/22/tatas/ (page consultée le 5 janvier 2012).
31.Guy Nantel cité dans Martine Delvaux et coll., op. cit., p. 139.
32.François Charbonneau, « Les purs », Argument [en ligne], http://www.revueargument.ca/article/2012-06-22/553-les-purs.html (page consultée le 22 décembre 2014).
33.Martine Delvaux, op. cit., p. 135.
34.La question de la mémoire d’Auschwitz est tout à fait complexe et je ne souhaite pas entrer dans une discussion à ce sujet dans le cadre de ce texte. Cela dit, nous ne sommes absolument pas plus solidaires à l’égard du sort des Autochtones ou des autres atrocités perpétrées par l’humain (le cas palestinien, l’esclavagisme, etc.) en niant la terreur des camps de concentration. Au contraire.
35.Annette Lévy-Willard, « Alain Soral, la haine des juifs et des tapettes », Libération [en ligne], http://www.liberation.fr/societe/2014/02/02/alain-soral-la-haine-des-juifs-et-des-tapettes_977333 (page consultée le 23 décembre 2014).
36.Christine Bard, op. cit., p. 26.
37.François Charbonneau, op. cit.
38.Françoise Collin, Anthologie québécoise : 1977-2000, Montréal, Remue-ménage, 2014, p. 225-226.
39.Christine Bard, op. cit., p. 23.
40.François Charbonneau, op. cit.
41.Françoise Collin, op. cit., p. 194.