Les biographes datent la rencontre avec la maréchale de Broglie, qui inspirerait l’Entretien d’un philosophe avec la maréchale de ***, de 1771. On suppose que Diderot a rédigé ce dialogue lors de son séjour à La Haye du printemps et de l’été 1774, à son retour de Russie. Dans une lettre du 13 septembre 1774 à Catherine II, il annonce : « J’ai ébauché un petit dialogue entre la maréchale de *** et moi » (in Œuvres, Robert Laffont, éd. L. Versini, t. V, p. 1258). En 1775, l’Entretien est publié, en deux livraisons, dans la Correspondance littéraire, une revue manuscrite envoyée à quelques grands princes européens, dirigée par Grimm jusqu’en 1773, puis par Meister. En 1777, Marc-Michel Rey, éditeur hollandais, fait paraître un curieux recueil attribué à Tommaso Crudeli (poète et libertin italien victime de l’Inquisition, mort en 1745) dans lequel se trouve, entre autres choses, le texte de l’Entretien, légèrement transformé : « Diderot » devient « Crudeli », la « maréchale » devient une « duchesse », et quelques variantes de détail viennent rendre vraisemblable la traduction de l’italien. Le manuscrit du fonds Vandeul, qui n’est pas de la main de Diderot, se fonde sur l’édition de 1777, et celui de Saint-Pétersbourg sur celui du fond Vandeul. (Nous remercions très vivement M. Roland Desné pour ses informations sur l’histoire du texte.)
Comme l’avait fait R. Lewinter dans son édition des Œuvres complètes de Diderot, nous reproduisons le texte de la Correspondance littéraire (les variantes les plus notables du fond Vandeul sont signalées en note sous la mention « var. »). Nous nous fondons sur le manuscrit conservé à la Staatsbibliothek de Berlin. Nous avons modernisé l’orthographe et laissé la ponctuation d’origine, sauf lorsqu’elle pouvait présenter une gêne pour la compréhension. Dans le manuscrit, tout le texte est présenté d’un bloc, sans alinéa. Conformément à la pratique courante aujourd’hui et pour alléger la lecture, nous allons à la ligne à chaque réplique.