L’homme d’aujourd’hui n’accepte plus la maladie et la douleur. Lorsqu’il souffre, il désire connaître la cause de sa douleur et il en demande une explication scientifique. Il n’en était pas ainsi dans les premiers temps : le combat pour la vie était constant et la douleur une fidèle compagne de tous les instants. La lutte contre le monde extérieur était permanente : rien n’était épargné à l’homme, ni les bêtes sauvages, ni la pluie, ni le vent. Le rythme de sa vie et le rythme des saisons s’harmonisaient : l’été le travail, l’hiver le repos.
Lorsqu’une maladie le frappait, il en attribuait l’origine à une cause extérieure, à quelque démon. Puisqu’il s’agissait de démons, il devait être possible d’obtenir leur clémence par des dons, des sacrifices, des implorations. Les démons venant du ciel ou de la terre, il était nécessaire de se les concilier, et cela en vivant à leur rythme. Observant certains conflits du ciel (les orages) et de la terre (les tremblements), l’homme se considéra comme une antenne dressée entre ciel et terre. Habitué aux agressions externes, il ne pouvait concevoir la maladie autrement que provoquée par une influence extérieure et il se mit à étudier l’influence de la terre et du cosmos sur les maladies. Ce qu’il en déduisit nous surprend aujourd’hui par la rigueur et la vérité de son raisonnement.
Il constata qu’il est des maladies qui ne se déclarent que durant certaines périodes de l’année (et nous savons que les ulcères gastriques, par exemple, sont plus fréquents durant les mois d’automne) ; il constata également que certaines maladies apparaissent plus volontiers à des moments déterminés du cycle solaire (et nous savons aussi que les crises d’asthme se déclarent de préférence la nuit). Comment, il apprit que la
d’asthme se déclarent de préférence la nuit). Comment, il apprit que la stimulation de points particuliers situés sur la peau supprime la douleur et guérit les maladies, nous ne le saurons jamais ; mais il nous faut admirer que plusieurs milliers d’années avant la venue de l’ère commune, des hommes avaient structuré des connaissances portant sur les saisons, les heures, les planètes et l’humain en un ensemble cohérent de données, et utilisaient ce savoir pour guérir les maladies et, mieux encore, pour les prévenir.
Ce savoir millénaire porte le nom d’acupuncture. Nos connaissances scientifiques se développant, cette médecine du fond des âges, loin d’apparaître comme désuète et caduque trouve, au contraire, chaque jour, une actualité nouvelle.
Notre désir est d’initier le lecteur à ce savoir merveilleux qui s’exprime dans l’acupuncture. Le mode de pensée et de raisonnement y est très particulier mais nous espérons, en écartant le symbolisme des mots, en dévoilant le mystère de la pensée, laisser entrevoir l’extraordinaire logique et la remarquable efficacité de cette médecine chinoise. Si l’acupuncture traditionnelle reste du domaine du médecin spécialiste, il existe une technique dérivée de celle-ci dont chacun peut profiter : la pression ou le massage des points chinois. Cette méthode a reçu des noms divers et nous en discuterons dans le corps de l’ouvrage ; retenons pour l’instant, celui d’acupressing.
Le lecteur découvrira dans ce petit volume comment de l’acupuncture traditionnelle on arrive à l’acupressing et qu’actuellement, cette méthode est utilisée comme complément, dans de nombreux hôpitaux réputés, en France et ailleurs.
Le génie d’un peuple s’exprime souvent différemment et, sans pour autant généraliser, on peut affirmer que si l’Occident aime appliquer, l’Orient aime décrire. L’esprit scientifique, lui, aime expliquer. C’est autour de ces trois pôles de la connaissance que nous centrerons notre recherche.
La première partie — orientale — sera consacrée à la description de l’acupuncture. Nous insisterons essentiellement sur l’aspect logique de cette médecine. Au survol rapide de ses mécanismes fondamentaux, on pourrait dire de sa physiologie, nous ajouterons une vue globale de la situation médicale en Chine ancienne.
La seconde partie — occidentale — sera consacrée à la pratique du massage chinois. Le petit guide de tao (ce mot trouve sa définition plus loin) quotidien, que forme cette autre partie, vous sera très utile pour soigner les nombreux malaises de la vie quotidienne.
La dernière partie — scientifique — est réservée aux curieux et aux sceptiques. Nous espérons ces lecteurs fort nombreux !
L’acupuncture scientifique est fort récente mais les découvertes de ces dernières années en font espérer un rapide développement. Les Écoles occidentales d’acupuncture (françaises, japonaises et américaines) jouent un rôle très important et tout laisse croire que l’esprit de recherche y est encore vif.
L’ouvrage contient en outre un petit glossaire chinois-français, une table chronologique, des notes ainsi qu’une bibliographie réservée aux lecteurs chez qui ce modeste ouvrage a éveillé, mais sans la satisfaire, une légitime curiosité.
Les divers tableaux explicatifs ont été groupés en un bloc unique dans les annexes de ce volume. Nous en recommandons au lecteur la consultation régulière, ceci l’aidera dans sa lecture. Pour terminer, signalons que « la médecine chinoise est, à toutes ses périodes, intimement mêlée à la philosophie, à la religion, voire à la magie, à l’alchimie, à l’astrologie et à la géomancie (…). Elle ne peut être pleinement comprise que comme un des facteurs de la culture chinoise et replacée, à son rang hiérarchique, dans l’encyclopédie de la Sagesse et du Savoir qui, en Extrême-Orient, ne font qu’un » (Huard, 43-7)*.
Le lecteur ne s’étonnera donc pas de trouver dans cet ouvrage consacré à l’acupuncture et à l’acupressing, de très nombreuses digressions ; elles seules sont capables de placer la sagesse que nous voulons transmettre dans le cadre qui lui revient.
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* Les numéros renvoient à la bibliographie. Le premier chiffre indique la référence bibliographique, le second se rapporte à la page de l’ouvrage référencé.