Trois traitements de textes

[Le principe de ces productions pseudo-génétiques consiste, comme on le devine aisément, à traiter ces trois pages célèbres, avec leurs divers avant-textes, comme autant de brouillons où l’auteur aurait omis de biffer les bribes abandonnées ou remplacées, ainsi que l’imagine Vladimir Nabokov aux dépens de son héros Sebastian Knight, « … si bien que, par exemple, la phrase sur laquelle j’étais tombé se déroulait comme suit : “Comme il avait le sommeil. Ayant le sommeil profond, Roger Rogerson, le vieux Rogerson acheta, le vieux Rogers acheta, craignant tellement Ayant le sommeil profond, le vieux Rogers craignait tellement de manquer le lendemain. Il avait le sommeil profond. Il craignait mortellement de manquer l’événement du lendemain la splendeur un des premiers trains la splendeur aussi ce qu’il fit fut d’acheter et de rapporter chez lui un d’acheter ce soir là et de rapporter chez lui non un mais huit réveils différents par la taille et la vigueur du tic tac neuf huit onze réveils de différentes tailles lesquels réveils neuf réveils qu’il plaça qui fit ressembler sa chambre plutôt à.” Je regrettai qu’il n’y en eût pas plus long. »1

En voici donc un peu plus long, de trois autres sources, cette fois non fictionnelles – je n’ose dire authentiques. Le premier texte mixe les trois ou quatre versions recueillies dans l’Essai sur les révolutions, dans le Génie du christianisme et dans les Mémoires d’outre-tombe, de la fameuse « Nuit dans les déserts du nouveau monde », comme fit, d’une autre page américaine, Michel Butor dans 6 810 000 litres d’eau par seconde. Le deuxième résulte plus ou moins des six versions subsistantes d’un passage du chapitre III-5 de Madame Bovary. Le troisième, des huit premiers états de l’incipit de la Recherche tels que Claudine Quémar les a transcrits2 ; la manière dont, après tant de tâtonnements bégayants, la « bonne forme » surgit à l’improviste, illustre peut-être ce propos du même auteur : « On a frappé à toutes les portes qui ne donnent sur rien, et la seule par où on peut entrer et qu’on aurait cherchée en vain pendant cent ans, on y heurte sans le savoir, et elle s’ouvre. »3

Comme, sauf bévue de ma part, chacun des mots de chacun de ces textes « sort de la plume » de l’auteur ainsi malmené, je ne sais trop non plus si l’on doit les qualifier d’apocryphes ; ce qui l’est à coup sûr, c’est le déplacement historique qui résulte de cette manipulation hypertextuelle, pourtant minimale et même proche du degré zéro, puisque la règle du jeu stipule évidemment de tricher le moins possible. Cela s’appellerait donc faire du neuf avec du vieux, si l’on savait vraiment où est le neuf, et où le vieux.]

1 – Nuits américaines

La lune était au plus haut point du ciel, on voyait ça et là, dans de grands intervalles épurés, scintiller mille étoiles, la lune monta peu à peu au zénith du ciel, tantôt la lune, tantôt elle reposait sur un groupe de nuages qui ressemblait à la cime de hautes montagnes, des hautes montagnes couronnées de neige, tantôt elle s’enveloppait dans ces mêmes nues qui peu à peu ces nues s’allongeaient, se déroulaient en zones diaphanes et onduleuses, en zones diaphanes de satin blanc ou se transformaient en légers flocons d’écume, en innombrables troupeaux errants dans les plaines bleues du firmament. L’astre solitaire monta peu à peu dans le ciel, tantôt il suivait paisiblement sa course azurée, tantôt il reposait sur des groupes de nues qui ressemblaient à la cime des hautes montagnes couronnées de neige, tantôt elle s’enveloppait dans ces mêmes nues ployant et déployant leurs voiles, qui se déroulaient en zones diaphanes de satin blanc ou se dispersaient en légers flocons d’écume. Une autre fois la voûte aérienne paraissait changée en une grève où l’on distinguait les couches horizontales, les rides parallèles tracées comme par le flux et le reflux régulier de la mer. Quelquefois un voile uniforme s’étendait sur la voûte azurée, une bouffée de vent venait encore déchirer le voile et partout se formaient dans les cieux de grands bancs d’une ouate éblouissante de blancheur, si doux à l’œil qu’on croyait ressentir leur mollesse et leur élasticité mais soudain, une bouffée de vent déchirant ce rideau, on voyait se former dans les cieux des bancs d’une ouate éblouissante de blancheur, si doux à l’œil qu’on croyait ressentir leur mollesse et leur élasticité. L’astre solitaire gravit peu à peu dans le ciel, tantôt il suivait sa course, tantôt il franchissait des groupes de nues qui ressemblaient au sommet d’une chaîne de montagnes couronnées de neige. Ces nues ployant et déployant leurs voiles se déroulaient en zones diaphanes de satin blanc, se dispersaient en légers flocons d’écume ou formaient dans les cieux des bancs d’une ouate éblouissante, si doux à l’œil qu’on croyait ressentir leur mollesse et leur élasticité, leur mollesse et leur élasticité.

La scène sur la terre n’était pas moins ravissante ; le jour céruléen et velouté de la lune flottait silencieusement sur la cime des forêts et, descendant dans les intervalles des arbres, le jour bleuâtre et velouté de la lune descendait dans les intervalles des arbres et poussait des gerbes de lumière jusque dans l’épaisseur des gerbes de lumière jusque dans l’épaisseur des plus profondes ténèbres. L’étroit ruisseau qui coulait à mes pieds, s’enfonçant tour à tour sous des fourrés de chênes-saules et d’arbres à sucre, une rivière qui coulait devant nos huttes, tantôt se perdait dans le bois tantôt s’enfonçait sous des fourrés de chênes-saules et d’arbres à sucre, reparaissant un peu plus loin dans des clairières toute brillante des constellations de la nuit, ressemblait à un ruban de moire et d’azur semé de crachats de diamants et coupé transversalement de bandes noires, tantôt reparaissait dans des clairières de chênes-saules et d’arbres à sucre, brillante des constellations de la nuit qu’elle répétait dans son sein, semée de crachats de diamants qu’elle répétait transversalement dans son sein. La rivière qui coulait à mes pieds tour à tour se perdait dans le bois, tour à tour reparaissait dans des clairières brillantes des crachats de la nuit qu’elle répétait dans son sein. De l’autre côté de la rivière, dans une vaste prairie naturelle, la clarté de la lune dormait sans mouvement sur les gazons où elle était étendue comme des toiles. Dans une savane, de l’autre côté de la rivière, la clarté de la lune dormait sans mouvement sur une vaste prairie naturelle où elle était étendue sans mouvement sur les gazons comme des toiles ; des bouleaux dispersés çà et là dans la savane, agités par les brises et dispersés dans la savane, tantôt selon le caprice des brises se confondaient avec le sol en s’enveloppant de gazes pâles, tantôt se détachaient du fond de craie en se couvrant d’obscurité et, dispersés çà et là, formaient dans la savane comme des îles d’ombres flottantes enveloppées de gazes pâles en se couvrant d’obscurité, sur une mer immobile de lumière, sur cette mer immobile de lumière, immobile de lumière. Auprès tout était silence et repos, hors la chute de quelques feuilles, tout aurait été silence et repos sans la chute de quelques feuilles, le passage brusque d’un vent subit, tout était silence et repos sans la chute d’un vent subit, les gémissements rares et interrompus de la hulotte, silence et lumière sans les gémissements subits de la hulotte, les gémissements sans repos d’un vent subit, le passage rare et interrompu de la hulotte, silence et repos de la hulotte ; mais au loin, par intervalles, on entendait les roulements solennels de la cataracte de Niagara qui dans le calme de la nuit se prolongeaient de désert en désert et expiraient, silence et repos, à travers les forêts solitaires ; au loin par intervalles, on entendait les sourds mugissements de la cataracte de Niagara qui dans le calme de la nuit se prolongeaient comme des toiles de désert en désert et expiraient comme des îles d’ombres flottantes à travers les forêts solitaires. Et au loin du fond de craie, on entendait les sourds mugissements solennels de la cataracte de Niagara qui dans le calme de la nuit se prolongeaient selon le caprice des brises, comme une mer immobile de lumière, et expiraient à travers les forêts solitaires. Au loin, on entendait les sourds mugissements de la hulotte qui dans la nuit se prolongeaient à travers les forêts solitaires. Au loin, on entendait la cataracte de Niagara qui se prolongeait à travers les forêts solitaires et dans le calme de la nuit expirait de désert en désert à travers les forêts solitaires. Au loin on entendait les mugissements des forêts solitaires au plus haut point du ciel, mais la scène sur la terre n’était pas moins ravissante, l’astre solitaire expirait de désert en désert à travers les forêts solitaires, si doux à l’œil qu’on croyait ressentir leur mollesse et leur élasticité.

2 – Vues de Rouen

Toute la ville apparaissait, on longeait un grand mur, et la ville entière apparaissait, enfin, d’un seul coup, la ville apparaissait, d’un seul coup d’œil, la ville apparaissait. Elle longeait un mur et la ville entière apparaissait, puis, d’un seul coup d’œil, la ville apparaissait. Descendant en amphithéâtre, noyée dans le brouillard entre deux lacs, le champ de Mars lac blanc à gauche et la prairie de Bapaume à droite, tandis que du côté de Guivelly les maisons allaient indéfiniment jusqu’au môle, à l’horizon qui remontait. Descendant tout en amphithéâtre jusqu’au fleuve et perdue dans le brouillard, elle semblait resserrée entre deux lacs, le champ de Mars à gauche qui était blanc et la prairie de Bapaume à droite qui était verte, tandis qu’elle s’étalait, s’élargissait au-dessous et peu à peu s’éparpillait inégalement, elle se répandait en filets comme de grandes rainures jusqu’à l’horizon, traversée par une barre d’un livide sombre, la forêt des sapins : descendant tout en amphithéâtre et noyée dans le brouillard elle s’élargissait au-delà des ponts confusément, qui allaient en s’interrompant çà et là. La campagne prolongeait inégalement ses constructions blanches jusqu’au renflement de l’horizon, jusqu’à l’extrémité du paysage que terminait comme une longue barre verte la forêt des sapins. Descendant tout en amphithéâtre et noyée dans le brouillard elle s’élargissait au-delà des ponts confusément puis elle rayait les prairies, la pleine campagne, avec le prolongement multiplié de ses constructions plus blanches qui s’arrêtaient à la fois inégalement éparpillées, et ensuite une large surface verte que coupait comme une barre sombre la forêt de sapins montait toujours d’un mouvement égal et monotone jusqu’à toucher au loin la base indécise du ciel pâle. Descendant tout en amphithéâtre et noyée dans le brouillard, elle s’élargissait au-delà des ponts, confusément. La pleine campagne que traversait comme une ligne sombre la forêt des sapins remontait ensuite d’un mouvement monotone jusqu’à toucher au loin la ligne indécise du ciel pâle. Descendant tout en amphithéâtre et noyée dans le brouillard elle s’élargissait au-delà des ponts confusément. La pleine campagne remontait ensuite d’un mouvement monotone jusqu’à toucher au loin la base indécise du ciel pâle, la rivière pleine jusqu’au bord, sa courbe, les bateaux dessus, forêt de mâts rayant le ciel gris dans hauteur de bord, aplatis, étant vus à vol d’oiseau et avec une immobilité d’estampe, les îles sans feuilles comme de grands poissons noirs arrêtés. Ainsi vue d’en haut et presque à vol d’oiseau d’horizon, la Seine pleine jusqu’au bord, arrondissant sa courbe, semblait ne pas couler. Les navires tassés contre les maisons avaient l’air aplatis sur l’eau, et leurs mâts comme une forêt d’aiguilles perçaient le ciel gris avec une immobilité d’estampe, et les longues îles sans feuilles semblaient çà et là de grands poissons noirs arrêtés. Ainsi vu d’en haut et presque à vol d’oiseau, le paysage tout entier avait l’air immobile comme une peinture : la Seine pleine jusqu’aux bords arrondissait, allongeait sa courbe au pied des coteaux verts, les navires du port tassés tous ensemble à l’ancre, aplatis sur l’eau restaient avec une immobilité d’estampe, les îles de forme ovale semblaient de grands poissons noirs arrêtés. Ainsi vu d’en haut et presque perpendiculairement le paysage tout entier avait l’air immobile comme une peinture. Les navires du port que l’on eût crus aplatis sur l’eau se tassaient dans un coin amarrés contre les maisons avec leurs mâts plus serrés qu’un bataillon d’aiguilles. Le fleuve plein jusqu’au bord s’arrondissait largement au pied des coteaux, des collines vertes et les îles de forme ovale semblaient de grands poissons noirs arrêtés. Ainsi vu presque perpendiculairement, le paysage tout entier avait l’air immobile comme une peinture, les navires ancrés avec leurs mâts tassaient leurs mâts comme une forêt d’aiguilles, le fleuve plein jusqu’aux bords s’arrondissait largement au pied des collines vertes, et les îles de forme oblongue semblaient être sur l’eau de grands poissons noirs arrêtés. Ainsi vu d’en haut, le paysage tout entier avait l’air immobile comme une peinture : les navires à l’ancre se tassaient dans un coin, le fleuve arrondissait sa courbe au pied des collines vertes, et les îles de forme oblongue semblaient sur l’eau de grands poissons noirs arrêtés. Les flots blanchissants aux piles des ponts où les parapluies, tortues. Des taches blanches se roulaient contre les piles des ponts où l’on croyait voir à cause des parapluies des tortues qui se traînaient sur le pavé. La fumée des usines poussée par le vent sortait en gros flocons décrivant de grands panaches qui s’effaçaient par le bout, tourbillonnaient et se courbaient comme des panaches avec les fumées plus minces filets des maisons, la fumée des usines poussait, sortait à gros flocons des longs tuyaux de brique, faisait déchirait de grands d’immenses panaches noirs qui se perdaient par le bout, les hautes cheminées des usines poussaient à gros flocons d’immenses panaches qui se perdaient s’envolaient par le bout, les hautes cheminées des usines poussaient à gros flocons d’immenses panaches bruns qui s’envolaient par le bout, les cheminées des usines poussaient à gros flocons d’immenses panaches bruns qui s’envolaient par le bout, les cheminées des usines poussaient d’immenses panaches bruns qui s’envolaient par le bout. Les toits d’ardoise noirs trempés de pluie luisants sur des plans inégaux, selon les quartiers les toits d’ardoise tout reluisants de pluie brillaient chatoyaient inégalement selon la hauteur diverse des quartiers, les églises, les flèches des églises et les mâts comme les lances d’une armée. On entendait vaguement monter le ronflement des fonderies avec le carillon éparpillé vague des églises, dont les clochers piquaient perçaient la brume grise. On entendait monter le ronflement des fonderies et le carillon éparpillé clair des églises, dont les clochers se dressaient dans la brume on entendait monter le ronflement des fonderies, avec le carillon clair des églises qui se dressaient dans la brume on entendait le ronflement des fonderies avec le carillon clair des églises qui se dressaient dans la brume. Le cercle jaune ou violet des boulevards, comme une couronne brisée en maints endroits les boulevards sans feuilles dessinaient un cercle, faisaient de place en place des bouquets violets entre les maisons dont les toits d’ardoise tout reluisants de pluie chatoyaient à l’œil inégalement, suivant la hauteur diverse des quartiers. La courbe des boulevards sans feuilles défeuillés dont les arbres n’avaient plus de feuilles faisaient des bouquets d’un violet foncé au milieu des maisons, faisaient comme des broussailles violettes au milieu des maisons et les toits d’ardoises, tout reluisants de pluie, chatoyaient diversement selon la hauteur des quartiers. Les arbres des boulevards sans feuilles interrompus parfois faisaient comme des broussailles violettes au milieu des maisons, et les toits tout reluisants de pluie chatoyaient diversement. Selon la hauteur des quartiers les arbres des boulevards sans feuilles faisaient des broussailles violettes au milieu des maisons et les toits tout reluisants de pluie miroitaient inégalement selon la hauteur des quartiers. Quelquefois un grand coup de vent d’ouest chassait les brumes contre la côte blanche de Sainte-Catherine, comme des flots légers qui se brisaient silencieusement contre la falaise, la côte Sainte-Catherine se dressait à gauche et quelquefois, quand un grand coup de vent d’ouest soufflait, les brumes venaient se briser contre elle, comme les grands flots qui se brisaient en silence contre une falaise, quelquefois, un coup de vent chassait les brumes de la ville, emportait d’un seul souffle les vapeurs éparpillées qui allaient se tasser contre la côte Sainte-Catherine. Comme de grands flots aériens qui venaient se briser silencieusement contre cette falaise pâle, parfois un grand coup de vent balayait d’un seul souffle les vapeurs éparpillées, et quand il venait de l’orient, les poussait vers la côte Sainte-Catherine, comme des flots aériens qui se brisaient en silence, contre une falaise, parfois un coup de vent emportait les nuages vers la côte Sainte-Catherine comme des flots aériens qui se brisaient en silence contre une falaise, qui se brisaient en silence contre une falaise, en silence contre une falaise, contre une falaise, une falaise, falaise.

3 – Une pomme au fond d’une armoire

Autrefois j’avais comme tout le monde la douceur de m’éveiller un instant dans l’obscurité au milieu de la nuit, et de sentir goûter un instant le noir l’obscurité le silence, quelque sourd craquement, comme pourrait le faire une pomme au fond d’une armoire, une pomme appelée pour un instant à une faible conscience de sa situation. À cette époque, j’avais étais déjà pris l’habitude malade et ne pouvais plus me coucher et de dormir que le jour. Mais je pouvais me souvenir comme d’un temps, bien lointain aujourd’hui, très rapproché il est, où si je me réveillais au milieu de la nuit, ce n’était pas pour bien longtemps et seulement pour prendre conscience un instant. À cette époque, j’étais déjà malade et ne pouvais plus me être couché et dormir, que le jour. Mais je me souvenais comme d’un temps assez voisin et que j’avais alors l’illusion de voir revenir le temps n’était pas bien lointain encore – et je nourrissais l’illusion de le voir bientôt revenir – où je dormais toute la nuit ne faisant qu’un avec mon lit et ma chambre et ne m’éveillais que le temps de prendre conscience juste le temps juste le temps de prendre conscience de l’obscurité de la chambre, de son silence et de ses sourds craquements, comme pourrait aurait pu le faire un pot de confitures ou une pomme appelée pour un instant à une vague conscience, au fond de l’armoire où elle repose sur une planche. À l’époque dont je vais veux parler, je ne pouvais déjà plus dormir, aujourd’hui j’étais malade, et ni même être couché, que le jour. Mais le temps n’était pas encore lointain très loin, où je m’endormais le soir (et chaque jour j’espérais, je pouvais encore espérer qu’il reviendrait) où j’entrais dans mon lit à dix heures du soir, et avec quelques courts réveils dormais jusqu’au lendemain matin. Au temps de cette matinée dont je veux fixer je ne sais pourquoi le souvenir, j’étais déjà malade, j’étais je restais levé toute la nuit, et ne dormais me couchais le matin et dormais le jour. Mais le temps n’était pas encore très, mais alors était encore très près de moi un temps que j’espérais voir revenir et qui aujourd’hui me semble avoir été vécu par une autre personne où j’entrais dans mon lit à dix heures du soir, et avec quelques courts réveils dormais jusqu’au lendemain matin. Au temps de cette matinée dont je veux, je ne sais pourquoi voudrais fixer le souvenir, j’étais déjà malade, j’étais obligé de passer rester debout passer toute la nuit debout levé, et n’étais couché que le jour. Mais alors le temps n’était pas encore très lointain très lointain et j’espérais encore qu’il reviendrait, où j’entrais dans mon lit à dix heures du soir et, avec quelques réveils plus ou moins brefs, dormais jusqu’au lendemain matin. Au temps à l’époque de cette matinée dont je voudrais fixer le souvenir, j’étais déjà malade, j’étais obligé de passer toute la nuit debout levé, et n’étais couché que le jour. Mais alors le temps n’était pas très lointain et j’espérais encore qu’il pourrait revenir, où j’entrais dans mon lit je me couchais à dix heures du soir tous les soirs et, avec quelques réveils plus ou moins longs, dormais jusqu’au lendemain matin matin. À l’époque de cette matinée dont je voudrais fixer le souvenir j’étais déjà malade ; j’étais obligé de passer toute la nuit levé et n’étais couché que le jour. Mais alors le temps n’était pas très lointain et j’espérais encore qu’il pourrait revenir où je me couchais tous les soirs de bonne heure et, avec quelques réveils plus ou moins longs, dormais jusqu’au matin. Longtemps je me suis couché de bonne heure.

1.

La Vraie Vie de Sebastian Knight, trad. Yvonne Davet, Paris, Gallimard, 1962, p. 55.

2.

Bulletin d’informations proustiennes, automne 1978.

3.

À la recherche du temps perdu, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. IV, 1989, p. 445.