Nadar et Boulos se frayèrent un chemin au milieu des touristes sur l’étroite galerie Dorée au sommet du grand dôme de la cathédrale Saint-Paul. Ils attendirent que deux places se libèrent sur le côté nord qui dominait Paternoster Square et la Bourse de Londres. Nadar posa la mallette sur la rampe métallique pour brancher discrètement le détonateur. Ses précautions étaient inutiles. Les autres visiteurs, inconscients du rayonnement auquel ils étaient exposés, étaient absorbés par la vue sur la ville.
Exalté, il se tourna vers son jeune compagnon.
— Allahou Akbar ! s’écria-t-il.
Certains, autour de lui, se retournèrent, d’abord surpris puis inquiets.
Nadar hurla à nouveau, comme pris de folie :
— Allahou Akbar !
La mallette explosa dans une déflagration terrifiante. Des millions de particules de cobalt 60 se répandirent sur le quartier financier, le vent les portant jusqu’à Oxford Street à l’ouest, Pentonville Road au nord et le Moorfields Eye Hospital à l’est.
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Le vent du nord soufflait avec force sur le toit de la Willis Tower à Chicago. Touma et Botros lancèrent un dernier regard vers le lac Michigan.
— Aujourd’hui, on va mettre le grand Satan à genoux, dit Touma en branchant le cordon du détonateur à l’emplacement prévu dans la mallette.
Ils traversèrent le toit jusqu’à son extrémité sud dominant le quartier des affaires. Ici, des milliers d’employés surveillaient sur leurs écrans les fluctuations des marchés dans le monde entier. Le Dwight D. Eisenhower Expressway était bondé de voitures et de cars, et sur le West Jackson Boulevard, les cafés et les pizzerias étaient pris d’assaut.
— Faisons-le ensemble, proposa Touma.
Botros et lui joignirent leurs mains pour appuyer sur le détonateur.
— Allahou Akbar ! crièrent-ils à l’unisson.
L’explosion arracha les antennes fichées sur le toit et le vent dissémina rapidement le cobalt 60. En quelques minutes, le rayonnement se répandit sur la ville.