Grâce au mystère qui a entouré durant des siècles son théorème éponyme, Fermat est le plus connu des mathématiciens parmi les non-mathématiciens. Bien qu’il apporta des contributions originales et importantes dans les domaines de la géométrie, des probabilités, de la physique et du calcul infinitésimal, et qu’il est maintenant salué comme le fondateur de la théorie moderne des nombres, Fermat garda toute sa vie, et avec acharnement, son statut d’amateur. Il communiqua toutes ses idées et découvertes par correspondance et sous une forme manuscrite. Il évita toute publication durant son vivant, peut-être parce qu’il ne voulait pas que ses notes et théories soient imprimées officiellement. Comme son mentor, François Viète (1540-1603), il fut un homme de loi, conseiller au parlement de Toulouse. Il se tint à l’écart du monde académique afin de ne pas avoir besoin de démontrer rigoureusement ses preuves ou de souffrir de l’examen de ses pairs. En effet, certains de ses collègues murmuraient d’un air conspirateur que, s’il ne produisait aucune preuve, c’est qu’il n’en avait pas et ils l’accusaient de les défier avec des problèmes trop difficiles à résoudre ! Fermat riposta en prouvant que certains problèmes n’ont pas de solutions. Il fut hautement considéré par les célébrités du moment comme Beaugard, Cavanci, et Mersenne, lorsqu’il vécut et travailla à Paris. Newton affirma publiquement qu’il n’aurait jamais découvert le calcul différentiel sans les travaux de pionnier de Fermat concernant les courbes et les tangentes et le remercia pour le progrès qu’il apporta grâce au concept d’adégalité *. Il entretint avec plaisir une correspondance avec Pascal sur le problème des jeux et des principes de la théorie des probabilités. Inévitablement, Fermat entra en conflit avec Descartes (sûrement le plus irascible des mathématiciens !), au sujet de la théorie géométrique. Il le vainquit en mettant en lumière sa propre théorie une année avant que le philosophe ne publia la sienne. Fermat avait raison mais Descartes, homme de l’establishment, usa de son influence et de ses relations pour noircir le nom de Fermat et répéter des inanités entachant sa réputation. Controversé, brillant et énigmatique jusqu’à la fin, Fermat quitta ce monde en laissant derrière lui une autre énigme : son fameux « dernier théorème », gribouillé en marge d’un de ses recueils de notes et resté irrésolu pendant plus de 300 ans après sa mort.
Naissance à Beaumont de Lomagne, Tarn-et-Garonne
1620s
Étudie à Bordeaux
1631
Diplômé de droit civil, université d’Orléans
1636
Engagé à la Bibliothèque royale
1636
Son manuscrit, De Locis planis (Des lieux plans), circule, anticipant La géométrie de Descartes
1654
Correspond avec Pascal sur la théorie des probabilités
1656
Correspond avec Huygens
1659
Notes sur les découvertes en science des nombres, envoyé à Huygens et Carcavi
12 January 1665
Décès à Castres
1670
Édition de l’Arithmetica de Diophante, publié par Samuel Fermat, annoté par Pierre de Fermat
1679
De Locis planis (Des lieux plans) publié à titre posthume dans Varia opera mathematica
1994
Andrew Wiles prouve le « dernier théorème de Fermat ·
* Adégalité : égalité approximative. Fermat affirma l’avoir empruntée à Diophante (N.D.T.).