Je pense au jugement dernier avec inquiétude. Moi le dernier de la classe, je n’aime pas le mot dernier, surtout quand il est devant « soupir ».
Je pense au monde qu’il doit y avoir là-haut. Il va falloir faire la queue comme chez le fromager.
Heureusement, là-bas, le temps n’existe plus.
On va d’abord donner par ordre alphabétique les noms de ceux qui vont au paradis. Des Fournier il risque d’y en avoir beaucoup. Quoique ce soit mon nom propre, c’est un nom très commun. Peut-être même qu’il y a des Jean-Louis. On va me demander ma carte d’identité. Elle était dans mon portefeuille dans ma poche, je n’ai plus de poche, je n’ai plus de pantalon, je n’ai plus de corps. Il ne reste rien de moi. Mon âme ?
Est-ce que j’ai une âme, moi qui suis un drôle d’animal ?