… a écrit Nietzsche.
Plus la piste de décollage est longue, plus l’avion va loin.
Plus on met du temps à aimer, plus on aime longtemps.
Je me souviens d’un disque que je n’arrivais pas à écouter : les quatuors de Beethoven. Je devais me forcer. Un jour, je les ai aimés. Je crois que je les aimerai toujours.
En revanche combien de coups de foudre pour des musiquettes aimées tout de suite mais pas longtemps, comme ces parfums qui ne tiennent pas.
L’éclair d’un coup de foudre n’éclaire pas, il éblouit, il aveugle. L’éclair va trop vite, il ne dure pas.
Il n’a pas le charme de la lumière d’une bougie. Pensez aux tableaux de Georges de La Tour.
« Quand je lis un livre, quand j’écoute de la musique ou quand je vais au cinéma, c’est avec le temps que je découvre l’œuvre. Pour la peinture, c’est autre chose. Les heures peuvent passer, un tableau ne gagnera ni ne perdra la moindre parcelle de lui-même. Il n’a ni commencement, ni milieu, ni fin. J’aime la peinture parce que, dans son inaltérable immobilité, elle paraît exister en dehors du temps d’une manière impossible à toute autre forme d’expression. Un tableau crée l’illusion d’un présent éternel, d’un lieu où mes yeux peuvent se reposer comme si le tic-tac de la pendule avait cessé par magie. » Siri Hustvedt.