J’ai devant ma maison un escalier que les jeunes viennent envahir aux beaux jours.
Ils sont très bruyants, ils laissent traîner des papiers gras. En gros, ils sont sympathiques.
Je discute avec eux. Mon fond d’instituteur refoulé me donne envie de leur apprendre des choses : il y a beaucoup à faire.
Ils écoutent toute la journée sur un petit poste pourri leur musique, des chansons qui bientôt ne pourront plus dépasser 2 minutes, car la capacité de concentration d’un être humain est aujourd’hui inférieure à celle d’un poisson rouge.
Je leur ai parlé de Mozart. Ils ont répondu : « C’est pas de notre époque. »
Ils doivent penser que je suis né en même temps que Mozart.
Les malheureux se pensent condamnés à leur époque. Ils ignorent qu’avant leur époque il y a eu beaucoup d’autres époques. Moi je ne suis pas prêt à partager leur époque. En revanche, je suis prêt à partager avec eux mon époque.
Le passé est à tout le monde et dans le passé tout n’est pas à jeter.
Mozart, Bach, Beethoven, ça ne les branche pas, c’est normal. Ils ne connaissent pas. Je vais essayer de leur faire connaître.