Notes, références
 et documents

À l’exception de quelques renvois internes, ce livre ne comporte pas d’appels de notes ; le lecteur y pourvoira de lui-même, ce qui lui sera aisé et profitable en notre époque, dite numérique.

Les titres précédés d’un * sont ceux de livres ou de films qui ont joué un rôle déterminant dans l’élaboration du tissu associatif qui fait la substance de ce volume.

Soudain, l’été dernier

– p. 15 : Le fantasme principal de Wagner

« La meilleure approche de Wagner c’est de commencer par ses deux premiers opéras, Le Vaisseau fantôme en tant que le premier opéra où Wagner a trouvé sa propre voie […] et L’Or du Rhin, en tant que le premier drame musical, première et seule œuvre qui [en] suive rigoureusement les principes (pas d’improvisations mélodiques libres, la musique doit suivre de très près le drame, etc.). Ce que nous avons dans Le Vaisseau fantôme est quelque chose de très différent : c’est la mise en scène du “fantasme principal” de Wagner (celui de la femme qui, se sacrifiant pour la rédemption du héros condamné à une vie de souffrance éternelle, lui permet de mourir en paix), abordé de manière par trop directe, à la limite du kitsch. » Slavoj Zizek, Variations Wagner, trad. fr., Caen, Nous, 2010, p. 43.

Première nuit

Conversation sur le trait de côte

Benoît Mandelbrot, *Les Objets fractals, 2e éd., Paris, Flammarion, 1975, chap. II, « Combien mesure la côte de la Bretagne ? »

– p.50-51 : L’utopie de More et la destruction de l’isthme

« S’il faut en croire des traditions, pleinement confirmées du reste par la configuration du pays, cette terre ne fut pas toujours une île. Elle s’appelait autrefois Abraxa, et tenait au continent : Utopus s’en empara et lui donna son nom. Ce conquérant eut assez de génie pour humaniser une population grossière et sauvage, et pour en former un peuple qui surpasse aujourd’hui toutes les autres civilisations. Dès que la victoire l’eût rendu maître de ce pays, il fit couper un isthme de quinze mille pas qui le joignait au continent et la terre d’Abraxa devint ainsi celle d’Utopie », Thomas Moore, Utopia (1516), Paris, Éditions sociales, 1966.

 

– p. 51 : Lénine à Capri

Cf. Vittorio Strada, L’Altra Rivoluzione, Gor’kij - Lunacarskij - Bogdanov. La « Scuola di Capri » e la « costruzione di Dio », Capri, 1998.

– p. 54 : Leibniz et le point métaphysique

« Il y a des points plus grands que d’autres, mais d’un ordre plus petit que celui qui peut se montrer, c’est-à-dire d’un ordre qui dépasse infiniment toute connaissance sensible ; l’angle est la quantité d’un point », À Antoine Arnaud, novembre 1671.

« Il n’y a que les atomes de substance, c’est-à-dire les unités réelles et absolument destituées de parties, qui soient les sources des actions et les principes absolus de la composition des choses, et comme les derniers éléments de l’analyse des substances. On les pourrait appeler points métaphysiques ; ils ont quelque chose de vital et une espèce de perception, et les points mathématiques sont leur point de vue, pour exprimer l’univers […]. Les points mathématiques sont exacts, mais ce ne sont que des modalités : il n’y a que les points métaphysiques ou de substance (constitués par les formes ou âmes) qui soient exacts et réels ; et sans eux il n’y aurait rien de réel, puisque, sans les véritables unités, il n’y aurait point de multitude », Système nouveau de la nature et de la communication des substances (1691).

Deuxième nuit

L’échelle

– p. 66 : Les agiles navettes des années

Cf. Marcel Proust, *À la recherche du temps perdu, t. III, Le Temps retrouvé, p. 848 ; référence étant faite ici à l’édition Clarac de la « Bibliothèque de la Pléiade » en trois volumes dans laquelle le lecteur a directement et exclusivement accès au texte de Proust, sans avoir à en passer par tout l’attirail de préfaces de la nouvelle édition en quatre volumes.

Dans *Die Traumdeutung (La Science [ou l’Interprétation] des rêves), VI.1, Freud prend soin de citer ses sources : on se trouve dans le rêve (comme dans le temps chez Proust) au milieu d’une « fabrique de pensées » (in einer Gedanken-Fabrik) ou, à l’instar de ce qui vaut pour le chef-d’œuvre du tisserand (wie im Weber-Meisterstück), sinon du Web lui-même.

– p. 68 : Les échelles du Levant

André Hellé, *Le Tour du monde en quatre-vingts pages, Paris, 1927 (non paginé).

– p. 69 : Trouver l’entrée

Jean Dubuffet, Biographie au pas de course, Paris, Gallimard, 1985.

– p. 69-70 : Le sommet peu praticable des quatre-vingt-trois années

Proust, op. cit., p. 1048.

– p. 70 : La conférence de Nabokov

Vladimir Nabokov¸ « The Walk by Swann’s Place », in Lectures on Literature, New York, 1982, p. 208.

– p. 71 : Le devoir et la tâche d’un écrivain

Proust, op. cit., p. 890.

Fiction & Cie

Ce titre, repris ici avec son autorisation, est celui de la collection créée par Denis Roche aux Éditions du Seuil, en 1974, et qu’il a dirigée pendant trente ans avant que Bernard Comment ne prenne la relève. Un tel logo était à soi seul tout un programme, et d’une certaine manière les périmait tous dès lors qu’on ne saurait parler de fiction sans en prendre en compte les entours et les pratiques qui lui sont associés à un titre ou un autre.

– p. 99 : L’énigmatique leitmotiv de la vérité comme fiction

Jacques Lacan, « Le séminaire sur “La lettre volée” », in Écrits, Paris, Éd. du Seuil, 1966, p. 11-61.

– p. 101 : J’appelle fiction une violence faite à la vérité…

Aristote, Métaphysique, M 7, 1082b (trad. J. Tricot, Vrin, t. II, p. 758).

– p. 103 : La tyrannie du contexte

Je ne saurais manquer l’occasion qui s’offre ici à moi d’effacer avec quelque tapage le symptôme (sinon l’indice d’un complot !) qu’a représenté l’élision, lors du transfert au format de poche de L’Origine de la perspective, de la partie pour nombre d’historiens en effet la moins recevable de la citation qui y est faite d’un passage des « Notes de travail » pour Le Visible et l’Invisible de Maurice Merleau-Ponty. Il en allait selon celui-ci d’une œuvre d’art comme de la philosophie : « C’est un objet qui peut susciter plus de pensées que celles qui y sont “contenues” (peut-on les énumérer, peut-on dénombrer un langage ?), qui garde un sens hors de son contexte historique, qui n’a même de sens que hors de ce contexte » [je souligne, H. D.]. Le Visible et l’Invisible, Paris, Gallimard, 1964, p. 253, cité par Hubert Damisch, L’Origine de la perspective, 1re éd., Paris, Flammarion, 1987, p. 51 ; coll. « Champs », l993, p. 61.

– p. 106-107 : Le rite religieux recherche en général le grand jour

*Marcel Mauss et H. Hubert, Esquisse d’une théorie générale de la magie, 1902-1903 ; repris in Mauss, Sociologie et Anthropologie, préface de Claude Lévi-Strauss, Paris, PUF, 1950.

images

Troisième nuit

Quatrième nuit

Le naufrage du Lancastria

– p. 163

Serge Klarsfeld a définitivement mis un terme aux illusions que certains ont pu entretenir sur Pétain en découvrant un projet portant sur un premier train de mesures contre les Juifs, annoté de sa main, en septembre 1940. Alors que l’occupant n’avait encore formulé aucune demande en la matière, lesdites notes vont pour la plupart dans le sens d’une aggravation des mesures soumises à l’appréciation de celui que même Le Figaro a renoncé à gratifier plus longtemps du titre de « maréchal ».

– p. 165 : L’image à laquelle se sera arrêté Blaise Pascal…

« Si on regarde au travers d’un verre un vaisseau qui s’éloigne toujours il est clair que le lieu du diaphane où l’on remarque un point tel qu’on voudra du navire haussera toujours, par un flux continuel, à mesure que le vaisseau fuit. Donc, si la course du vaisseau est toujours allongée et jusqu’à l’infini, ce point haussera continuellement ; et cependant il n’arrivera jamais à celui où tombera le rayon horizontal mené de l’œil au verre, de sorte qu’il en approchera toujours sans y arriver jamais, divisant sans cesse l’espace qui restera sous ce point horizontal, sans y arriver jamais. D’où l’on voit la conséquence nécessaire qui se tire de l’infinité de l’étendue du cours du vaisseau, à la division infinie et infiniment petite de ce petit espace restant au-dessous de ce point horizontal », Pascal, « De l’esprit géométrique », Œuvres complètes, Paris, « Bibliothèque de la Pléiade », 1964, p. 590-591. Cf. Hubert Damisch, L’Origine de la perspective, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1993, p. 396-397.

– p. 166 : La configuration dite du « Naufrage avec spectateur »

*Hans Blumenberg, Schiffbruch mit Zuschauer, Francfort-sur-le-Main, 1979 ; trad. fr., Naufrage avec spectateur. Paradigme d’une métaphore de l’existence, Paris, L’Arche, 1994.

– p. 166 : « au départ du livre II du De natura rerum… »

« Suave, mari magno turbantibus aequora ventis, e terra magnum alterius spectare laborem » (« Il est doux, quand sur la vaste mer les vents soulèvent les flots, d’assister de la terre aux rudes épreuves d’autrui »), Lucrèce, De natura rerum, II, 1-2 ; trad. fr. d’Alfred Ernout, Paris, Les Belles Lettres, 1924, t. II, p. 49.