DE L’ORGANE DE L’ÂME (1795)1
[AK XII, 31] Vous soumettez à mon jugement, très vénérable Monsieur, votre ouvrage parfaitement abouti sur un certain principe de la force vitale2 dans les corps animaux, principe que l’on appelle instrument immédiat des sens (πρώτον αὶσθητήριον) lorsqu’il est question de la simple faculté de percevoir, mais emplacement commun de la sensation (sensorium commune) pour ce qui est de l’unification de toutes les perceptions dans une certaine partie du cerveau3. Je vous suis pleinement reconnaissant d’un tel honneur, d’autant qu’il m’est adressé comme à quelqu’un qui n’est pas tout à fait un novice dans la science de la nature. – Mais votre démarche interpelle aussi la métaphysique (dont l’oracle, comme on dit, s’est tu depuis longtemps4), ce qui me met dans l’embarras de savoir si je dois accepter ou refuser un tel honneur5 : car cela pose alors aussi la question du siège de l’âme (sedes animae6), celui de sa réceptivité sensorielle (facultas sensitive percipiendi) comme de sa faculté motrice (facultas locomotiva)7. On cherche alors un responsum8 susceptible de provoquer un conflit de juridiction entre deux facultés (en raison de leur forum competens9), à savoir entre la faculté de médecine dans sa discipline anatomico-physiologique, et la faculté de philosophie dans sa discipline psychologico-métaphysique, ce qui, comme dans toutes les tentatives de coalition, suscite des tensions entre ceux qui veulent tout fonder sur des principes empiriques et ceux qui exigent en premier lieu des principes a priori (un cas qui se présente toujours dans les tentatives d’unification entre la doctrine pure du droit et la politique en tant que théorie empiriquement conditionnée, de même qu’entre la doctrine pure de la religion et la doctrine révélée, qui est pareillement empiriquement conditionnée)10. Ces tensions reposent purement et simplement sur le conflit entre les différentes facultés dont relève la question lorsqu’on recourt à un responsum dans une Université (en tant qu’établissement qui englobe la totalité du savoir). – Celui donc qui, dans le cas présent, donne satisfaction au médecin en tant que physiologiste, se disqualifie aux yeux du philosophe en tant que métaphysicien ; et réciproquement, quelqu’un qui contente le métaphysicien heurte le physiologiste.
Mais comme c’est proprement le concept d’un siège de l’âme qui suscite la discorde entre les facultés à propos de l’instrument commun des sens, on fait donc mieux de le laisser totalement hors du jeu11 ; [AK XII, 32] et ce à plus forte raison que ce concept exige une présence locale qui assigne une condition spatiale à la chose qui n’est qu’un pur objet du sens interne et qui n’est dans cette mesure déterminable que par des conditions de temps. Mais ce concept se contredit ainsi précisément lui-même, tandis qu’au contraire une présence virtuelle12, qui relève simplement de l’entendement, mais qui, précisément pour cette raison, n’est pas locale elle non plus, fournit un concept permettant de traiter simplement la question posée (celle du sensorium commune) comme un problème physiologique13. – Car la plupart des hommes ont beau croire qu’ils sentent la pensée dans leur tête, il ne s’agit toutefois que d’une simple faute de subreption14 consistant à prendre le jugement concernant la cause de la sensation en un certain endroit (du cerveau) pour la sensation de la cause à cet endroit, et à poser ensuite que les idées accompagnent suivant les lois de l’association15 les traces cérébrales des impressions qui se produisent sur le cerveau, connues sous le nom d’idées matérielles (Descartes)16 : bien qu’il s’agisse là d’hypothèses très arbitraires, au moins ne nécessitent-elles pas un siège de l’âme, et ne mêlent-elles pas le problème physiologique à la métaphysique. – Nous ne nous intéressons donc ici qu’à la matière qui permet d’unifier toutes les représentations des sens dans le mental17. – Or, selon la découverte tirée de votre profonde science de la dissection anatomique, le seul matériau qui se qualifie pour cela (comme sensorium commune) se trouve dans la cavité cérébrale, et ce n’est que de l’eau18 : en tant qu’organe immédiat de l’âme, d’une part elle sépare les terminaisons des filaments nerveux les unes des autres afin qu’ils ne s’entremêlent pas – et avec eux pas non plus les sensations – et d’autre part elle instaure une communauté générale entre elles [AK XII, 33] qui empêche que certaines sensations, alors même qu’elles sont reçues par le même mental, ne soient cependant hors de lui (ce qui est une contradiction).
Mais c’est là que se présente la difficulté majeure : l’eau étant une fluidité, elle ne saurait être pensée comme organisée, alors même qu’aucune matière ne peut faire office d’organe immédiat de l’âme sans organisation, c’est-à-dire sans un ordonnancement des parties finalisé et persistant dans sa forme19. Cette belle découverte n’aurait donc pas encore atteint son but20.
Est fluide une matière continue dont chaque partie peut être mue par la moindre force et déplacée à l’intérieur l’espace qu’elle occupe21. Mais cette propriété semble contredire le concept d’une matière organisée que l’on se représente comme une machine, par conséquent comme une matière rigide22, 23 qui résiste avec une certaine force au déplacement de ses parties (par conséquent aussi à la modification de sa configuration interne). Mais penser cette eau en partie comme fluide, en partie comme rigide (un peu comme l’humeur cristalline de l’œil), ce serait anéantir aussi en partie la raison pour laquelle on a admis cette propriété de l’organe immédiat du sens afin d’en expliquer la fonction.
Qu’en serait-il si, à la place de l’organisation mécanique dont la production de formes repose sur la juxtaposition des parties, je proposais une organisation dynamique, fondée sur des principes chimiques (de même que celle-ci sur des principes mathématiques), qui soit alors conciliable avec le caractère fluide de cette matière ? – De même que la division mathématique d’un espace et de la matière qui l’occupe (par exemple de la cavité cérébrale et de l’eau qui la remplit) se poursuit à l’infini, il se pourrait que la division chimique, en tant qu’elle est dynamique (dissociation de différentes espèces dissoutes réciproquement les unes par les autres dans une matière)24 se poursuive de même à l’infini pour autant que nous le sachions (in indefinitum). – L’eau pure ordinaire que l’on considérait encore il y a peu comme un élément chimique simple peut à présent être décomposée par des expérimentations pneumatiques en deux gaz d’espèces différentes25. Chacune de ces espèces de gaz renferme, en plus de sa base, le calorique26, qui est sans doute susceptible [AK XII, 34] d’être décomposé à son tour par la nature en matière de la lumière27 et en d’autres éléments, tout comme par ailleurs la lumière se décompose en différentes couleurs, etc. Si l’on ajoute à cela l’incroyable diversité des matériaux – volatils pour une part – que le règne végétal sait produire à partir de cette eau ordinaire en procédant vraisemblablement par décomposition et par d’autres sortes de combinaison –, on peut alors se figurer toute la variété des instruments que l’eau du cerveau (qui n’est peut-être rien de plus que de l’eau ordinaire) offre aux nerfs à leurs extrémités pour être réceptifs au monde des sens, et, réciproquement, y être actifs à leur tour.
Admettons à présent à titre d’hypothèse que l’activité mentale dans la pensée empirique, à savoir la dissolution et la composition de représentations sensibles données, est sous-tendue par une faculté des nerfs capable de décomposer l’eau présente dans les cavités cérébrales en ses matériaux élémentaires en fonction de la diversité des nerfs, et ainsi de faire jouer différentes sensations en dégageant certains d’entre eux (par exemple la sensation de la lumière par l’excitation du nerf optique, ou celle du son par les nerfs acoustiques, etc.), mais de façon cependant à ce que ces matériaux fusionnent à nouveau les uns les autres dès que cesse l’excitation nerveuse ; on pourrait alors dire que cette eau devient continuellement organisée, sans cependant l’être jamais : or c’est exactement ce que nous avions en vue en parlant d’organisation persistante – faire saisir l’unité collective de toutes les représentations des sens dans un organe commun (sensorium commune), mais d’après sa simple dissection chimique.
Mais le véritable problème, tel qu’il se pose depuis
Haller28, n’est pas encore résolu pour autant. Il est vrai
qu’il n’est pas simplement physiologique mais qu’il
exige aussi de fournir le moyen de se représenter
l’unité de la conscience de soi (ce qui est du ressort de
l’entendement) dans des relations spatiales entre l’âme
et les organes du cerveau (ce qui relève des sens
externes), et par conséquent un moyen de rendre
représentable le siège de l’âme pris au sens de la présence locale de celle-ci. C’est une tâche pour la métaphysique, mais qui est cependant non seulement
insoluble pour elle, mais encore contradictoire en soi.
– En effet, si je dois rendre intuitionnable quelque part
dans l’espace le lieu de mon âme, c’est-à-dire de mon
moi absolu, il faut alors que je me perçoive moi-même
par le sens par lequel je perçois également la matière
auprès de moi qui m’entoure ; exactement comme
cela se passe [AK XII, 35] lorsque je veux déterminer
mon lieu dans le monde en tant qu’homme, c’est-à-dire que je dois considérer mon corps par rapport à
d’autres corps hors de moi. – Or l’âme ne peut se percevoir que par le sens interne tandis que le corps ne
peut être perçu (que ce soit intérieurement ou extérieurement) que par les sens externes. Elle ne peut par
conséquent s’assigner absolument aucun lieu, parce
qu’il lui faudrait pour cela se prendre comme objet de
sa propre intuition externe et se transposer hors d’elle-même, ce qui est contradictoire. – La solution au
problème du siège de l’âme que l’on exige de la
métaphysique aboutit donc à une grandeur impossible
(√̅-2) ; et l’on peut crier avec Térence à quelqu’un se
lance dans une telle tâche : Nihilo plus agas quam si des
operam, ut cum ratione insanias29 ; tandis qu’on ne peut
pas reprocher au physiologiste qui se contente de
suivre autant que possible la simple présence dynamique30 jusqu’à la présence immédiate, d’avoir sollicité le métaphysicien pour combler les lacunes restantes.
1 Texte initialement publié en annexe au traité de Sömmerring, Über das Organ der Seele, Königsberg, Nicolovius, 1796, p. 81-86. Selon Manfred Wenzel, l’éditeur Nicolovius aurait inséré le commentaire de Kant de son propre chef, sans en référer à l’auteur (Cf. M. Wenzel : Über das Organ der Seele, Basel, Schwabe, 1999, p. 80 sq.).
Samuel Thomas Sömmerring (parfois orthographié Sömmering) (1755-1830) était un professeur réputé d’anatomie et de chirurgie, auteur d’un manuel sur « la structure du corps humain » (Vom Baue des menschlichen Körpers, 1791-1796). Avec ses travaux d’anatomie comparée et de craniologie – La Différence entre le Maure et l’Européen (1785) et La Différence corporelle entre le nègre et l’Européen (1786) – il participe avec Georg Forster (1754-1794) à la formation d’une anthropologie raciste dans l’Allemagne des Lumières (cf. Sur l’emploi, AK VIII, 169 – Opuscules sur l’histoire, GF-Flammarion, p. 180).
Sömmerring envoie à Kant son manuscrit « pour examen » au début de l’été 1795, qui lui répond : « vous avez probablement voulu m’inviter à unir en vue d’une fin commune nos deux domaines de travail, le vôtre où vous êtes le premier à disséquer philosophiquement ce qu’il y a de visible en l’homme, et le mien qui s’occupe de la dissection de ce qu’il y a d’invisible en lui.[…] Je vous fais parvenir ci-joint une esquisse sur, d’une part, la compatibilité de nos deux projets et, d’autre part, leur incompatibilité » (lettre 671, AK XII, 30 – Corr., p. 634). Sömmerring en fait part à son ami Oelsner : « j’ai soumis mon traité à Kant, et devine quoi ! Il tient encore la route » (cité par Wenzel, op. cit., p. 80) ; et, à Goethe : « Kant a accueilli con amore mon idée du proton aistheterion […], il a planté des lignes et des batteries qui tiendront en respect les profanes » (Lettre du 1er sept. 1795, ibid.). Mais les lecteurs croient lire chez Kant un désaveu de Sömmerring. Ce dernier demande alors au philosophe une mise au point publique. Cf. Lettre 871, AK XII, 320-320 – Corr., p. 729.
Warda a retrouvé plusieurs ébauches du texte, que je cite en note lorsqu’elles apportent un éclairage significatif. Cf. Altpreussischen Monattschrift (40, 1903, p. 84-120) ; Rudolf Reicke Löse Blätter, III, 1898, p. 73 sq. ; repris en AK XIII, p. 398-412.
2 Dans la physiologie allemande de la fin de XVIIIe siècle, la notion de force vitale tend à se substituer à celle d’âme. Le médecin philosophe Ernst Platner (1744-1818) développe par exemple une théorie physiologique de la force vitale fondée sur le fluide nerveux dans ses Quaestiones Physiologicae (1794). Cf. aussi Joachim Dietrich Brandis (1762-1846), Versuch über die Lebenskraft (1795) ; Johann Christian Reil (1759-1813), « Von der Lebenskraft », Archiv für die Physiologie, I, 1, 1795, p. 8-162. Dans ses brouillons, Kant écrivait : « je suis tenté d’admettre une force vitale particulière (qu’on peut toujours à la rigueur appeler irritabilité) dans toutes les parties sur lesquelles agissent les nerfs », AK XIII, 398.
3 Kant reprend le vocabulaire de Sömmerring. Les concepts de proton aistheterion et de sensorium commune se rattachent, à travers l’histoire des doctrines de l’âme, à la psychologie aristotélicienne (Cf. Traité de l’âme, 424b-425b). Ils désignent notre capacité à éprouver des sensations, en se référant chacun à un aspect distinct du principe sensoriel : le premier évoque le simple fait de pouvoir percevoir ce que nous percevons, le second se réfère à notre capacité de fondre en une seule représentation les diverses sensations que nous communiquent les différents organes des sens. Le « sensorium commune » est la faculté qui unifie des sensations hétérogènes. C’est l’idée qu’au-delà de la simple réceptivité sensorielle, il y a un sens qui réunit tous les sens, un sens commun aux cinq sens. Le sensorium commune est conçu dans le même temps comme un organe du corps, la question étant alors de savoir lequel. La définition de l’Encyclopédie illustre ce double aspect, anatomico-métaphysique, de la question : « sensorium, le siège du sens commun. C’est cet endroit ou cette partie où l’on suppose que l’âme sensible réside le plus immédiatement ». Kant dénonce la confusion des différents registres, en montrant qu’elle entraîne immanquablement des apories, autant en science qu’en philosophie. L’enjeu, à partir d’une analyse critique du concept de sensorium commune, consiste à débarrasser la recherche anatomique du questionnement métaphysique qui l’anime. Dans son brouillon, Kant écrivait : « vous avez très bien fait de vous servir de l’expression de monsieur Platner (πρώτον αὶσθητήριον) ou de monsieur Descartes (commune sensorium) et d’éviter autant que possible celle d’un siège de l’âme (sedes animae), en ce que cette dernière vous aurait inutilement mélé à la métaphysique. Or, en vous limitant aux premières, vous vous êtes bornés à traiter d’un objet des sens externes et quelque chose d’observable dans la nature corporelle, et le responsum à votre question se trouve simplement dans votre faculté dans son département de physiologie », AK XIII, 408. Platner reprend lui-même la notion de proton aistheterion à Abraham Kaau Boerhaave, qui l’emploie pour désigner le lieu des terminaisons nerveuses dans le cerveau (Impetum faciens Hyppocrati (1745), p. 170).
4 Au médecin Oribase, mandaté à Delphes par Julien l’Apostat, la Pythie aurait répondu : « Allez dire à l’empereur que le bel édifice est à terre, Apollon n’a plus ni cabane ni laurier prophétique, la source est tarie et l’eau qui parlait s’est tue », Anthologie palatine, 3.6.122. Kant, répondant lui-même à un médecin, établit un parallèle ironique entre la fin de la divination et celle de la métaphysique.
5 Dans le brouillon : « En adressant au métaphysicien votre ouvrage très abouti sur le principe de la force vitale dans les corps animaux, sur le siège de l’âme, ne cherchez-vous pas en réalité à lui faire risquer un pied hors de la limite qui est la sienne, à le faire entrer dans le champs de la physiologie, et à exposer ainsi ses points faibles à découvert ? Cela se peut. Un tel guet-apens ne serait d’ailleurs pas tout à fait immérité, car en effet, pourquoi aussi prendre des airs dogmatiques à vouloir expliquer le rapport du sujet aux objets du sens externe par sa représentation, qui relève simplement du sens interne ? Le bon mathématicien Maupertuis, pour avoir de même expliqué dans ses Lettres la formation organique de la matière dans la génération des animaux par l’amour et la haine que particules nutritives se portent les unes aux autres, et pour les avoir faites s’accoupler entre elles sur le modèle de leurs parents, passa entre les mains du docteur Akakia (Voltaire) qui lui administra une correction impitoyable en guise d’avertissement contre toute impertinence future » (AK XIII, 398). Et, plus loin : « Je ne veux certes pas vous attribuer l’intention malicieuse d’amener le métaphysicien à se risquer dans une aventure pour laquelle il n’est pas armé, car le danger est en effet tout aussi grand des deux côtés, aussi bien pour le physicien qui pose la question de savoir quel est l’organe dans le cerveau sur lequel l’âme agit immédiatement ou de la part duquel elle reçoit des influx, que pour le psychologue (métaphysicien) qui se demande en vertu de quelle force l’âme peut agir sur la matière, ou la matière agir sur l’âme », AK XIII, 401.
6 Au débat sur la matérialité ou l’immatérialité de l’âme se surimpose depuis l’Antiquité une polémique sur sa localisation : faut-il penser l’âme comme coextensive au corps dans son ensemble, comme matérialisée seulement dans certains de ses éléments (le sang, le souffle), ou bien encore comme ayant son siège dans des organes particuliers suivant ses différentes parties ou fonctions ? (Cf. la tripartition platonicienne dans le Timée, 73d, 90a 77b et dans la République, IV, 434d-441c ; la théorie aristotélicienne du cœur comme siège de l’âme sensitive, Parties des animaux, II, 10 ; la localisation épicurienne de la partie rationnelle de l’âme dans le cœur. Lucrèce, De la nature, III, 136.) Descartes croit découvrir le siège de l’âme dans la glande pinéale (cf. note 37, p. 213). Sömmerring s’inscrit en Allemagne dans la lignée de Haller, Boerhaave et de Platner, médecins de renom qui ont tous produit des théories de la localisation. Dans ce contexte, son originalité consiste – malgré ce que son titre pourrait laisser penser – à ne pas identifier le sensorium à un organe, mais à un fluide. Le liquide cérébro-spinal au contact des terminaisons nerveuses situées sur la paroi des ventricules cérébraux explique physiologiquement notre capacité à lier des sensations hétérogènes, les différents nerfs baignant pour ainsi dire dans la même eau.
7 À comparer avec le cours Metaphysik Vigilantius, 1794-1795 : « on a cherché à découvrir le siège de l’âme, autrement dit l’endroit où se trouve le sensorium commune, c’est-à-dire d’une part l’endroit où l’âme reçoit toutes les impressions des objets, c’est-à-dire la sensation de ces objets, d’autre part l’endroit correspondant à cette sensation, qui peut être appelé le primum movens de l’animal, c’est-à-dire par lequel le corps entier peut être mis en mouvement. – On appelle cette capacité de l’âme la facultatem locomotivam, par différence avec la facultate cogitandi ; les deux facultés, à savoir de sentir et de communiquer le mouvement, on les place dans le sensorio communi, duquel elles doivent sortir des deux côtés », AK XXIX, 1027. Voir aussi la note 3 page 245.
8 Responsum : consultation, avis d’expert.
9 Notion juridique : le forum competens désigne le champ de compétence d’une institution, par exemple la juridiction d’un tribunal.
10 À comparer avec le brouillon du texte : « Parmi toutes les demandes, les plus captieuses sont celles qui exigent un responsum d’une faculté sans savoir exactement de laquelle relève la question : il ne faut pas en effet s’attendre à ce que les facultés se répartissent la tâche entre elles […] – Si donc un conflit s’élève à propos des lois et des principes de la vitalité parce que celle-ci concerne l’influence réciproque de l’âme et du corps, à quelle faculté doit-on adresser sa question ? À la faculté de philosophie et à son département de métaphysique ou bien à la faculté de médecine et à son département de physiologie ? En effet la question (en raison de l’hétérogénéité essentielle des objets) est ici proprement double et il n’y a pas d’autre moyen pour y répondre convenablement que par l’unification des voix des deux facultés (un cas qui se produit aussi dans les tentatives de connexion entre la théorie pure du droit et la politique en tant que théorie empirique, et de même entre la théorie pure de la religion et la religion révélée comme théorie empirique et qui divisera à jamais respectivement les juristes aussi bien que théologiens dans leurs facultés), unification qui ne peut finalement se produire en vertu d’aucune autre autorité qu’à vrai dire en vertu de celle du juge invisible mais non moins réel qui a le commandement suprême, c’est-à-dire de la raison humaine universelle qui connaît d’elle-même en vertu de sa connaissance les sources, les facultés de l’esprit et les limites, et par conséquent seulement par la philosophie toute seule, mais qui par suite ne doit non pas être considérée en tant que faculté particulière pour laquelle les objets sont traités selon les différentes doctrines de l’École (quid Academia, quid Lycaeum, quid Porticus, quid Horti tulerint) mais (personnifiée) en tant que directeur de toutes les classes, parmi lesquelles l’une s’appelle la classe de philosophie. Cette dernière peut se tromper, à l’instar tous les autres pouvoirs qui sont des pouvoirs exécutifs, alors que la première en tant que légiférante (Philosophia legislativa) ne peut jamais se tromper, cela étant, puisqu’elle laisse ouverte la liberté du jugement pour tout homme, elle ne donne son responsum qu’à titre d’avis consultatif (votum consultativum) », AK XIII, 404. Ce texte annonce la problématique du Conflit des facultés (1798).
11 Sömmerring répond : « J’ai vraiment exclu partout l’expression siège de l’âme […] je m’en tiens toujours au sensorium commun, car je vois bien le caractère irrecevable de l’expression […] c’est la raison pour laquelle j’ai expressément indiqué au § 4 que le Professeur Jakob considère la question du siège de l’âme comme totalement dénuée de sens, et qu’il a parfaitement raison sur ce point. Même les expressions proton aistheterion et sensorium commune ne me semblent pas encore pleinement satisfaisantes, et je les emploie faute de mieux » (Lettre 677, AK XII, 39).
12 Kant résout le problème de la localisation en distinguant entre deux modes de la présence. Le virtuel s’oppose au local, et le dynamique au mathématique. Être présent virtuellement, c’est être présent quelque part via la force que l’on y exerce. Dans le vocabulaire scolastique, virtualiter s’oppose à formaliter : on dit qu’un roi est présent virtualiter dans tout son royaume, c’est-à-dire qu’il y exerce sa souveraineté, et non formaliter, ce qui signifierait qu’il est lui-même physiquement partout en même temps. De même, on peut attribuer à l’âme « un rapport dynamique, une virtualité à l’égard du corps, et ce n’est qu’en vertu de ce nexus dynamici qu’elle est en lien avec lui. […] On peut admettre que l’âme est dans le cerveau virtualiter, mais pas localiter. […] L’âme n’a pas d’endroit déterminé ou de rapport local au corps ; car cela serait un rapport mathématique, que nous ne pouvons tout bonnement pas concevoir, alors que nous ne pouvons nous faire un concept que du rapport dynamique de l’âme », Metaphysik Vigilantius 1794-1795, AK XXIX, 1028-1030. Cf. aussi Metaphysik Mrongovius : « l’âme est un objet du sens interne et n’occupe par conséquent aucun espace. Mais si je lui donne un espace, alors j’en fais un objet du sens externe et j’en fais de la matière. C’est pourquoi sa présence dans le corps ne peut pas être déterminée localiter, mais virtualiter, par l’influence qu’elle a sur le corps. Cette influence n’est immédiate que sur les nerfs (c’est-à-dire l’âme est présente immédiatement à chaque nerf) et elle est la plus forte dans le cerveau, parce que les nerfs s’y rassemblent. Dans le cas de la matière, il est vrai que la présence dans le lieu précède l’influence, mais pas dans le cas de l’âme. – De même, l’omniprésence de Dieu ne peut pas s’expliquer autrement que virtualiter » (AK XXIX, 909).
13 La transition entre question métaphysique et question physiologique était plus développée dans le brouillon : « La question de savoir, ce qu’est l’instrument immédiat des sens […], quelle partie du cerveau unifie toutes les représentations des sens (en tant que sensorium commune), ou bien où se trouve le siège de l’âme, […] cette question, prise littéralement, s’annihile elle-même car elle pourrait être traduite à peu près de la façon suivante : quelle relation spatiale pourrait-on admettre entre une chose qui ne peut aucunement être un objet du sens externe (parce qu’elle est simple) et le corps de l’homme qui est un tel objet, étant donné qu’une relation spatiale ne peut s’établir qu’entre deux objets des sens externes ? – par conséquent, la question doit être posée autrement ou bien être interprétée autrement, à savoir : dans quelle relation virtuelle (et non pas locale) de l’influence immédiate (que nous ne pouvons à vrai dire pas nous expliquer) se tiennent l’âme et le corps dans l’homme ? […] – La chose prend une autre tournure avec la question physiologique, où l’on demande quelle matière de quelle partie du cerveau est l’objet et l’organe immédiat de nos représentations des sens externes et de leurs organes dans leur ensemble dans le cerveau, quel est le premier élément matériel qui affecte notre force de représentation et qui est à son tour affectée par elle, le lieu où se trouvent les traces des représentations qui sont conservées dans le cerveau pour les réactiver (ideae materiales cartesii) et qui est en même temps l’instrument immédiat de la force motrice volontaire (peut-être même des mouvements vitaux) de l’esprit humain (facultas locomotiva). Ici, la question ne porte pas sur le rapport entre la matière à l’immatériel, mais sur le rapport entre une matière et une autre, et à vrai dire pour en savoir plus sur la première condition corporelle de l’influence des nerfs sur la force de représentation et inversement. Pour ce faire, tout est jugé simplement d’après des lois physico-mécaniques, hormis un seul moment métaphysique où l’on pose que ce mécanisme doit s’accorder avec l’unité de la conscience dans l’esprit » (AK XIII, 401-402).
14 « Un jugement d’expérience est discursif, un jugement de perception est intuitif. On commet une faute de subreption, vitium subreptionis, si on prend ce qui n’est qu’un jugement de perception pour un jugement d’expérience », Logik Dohna-Wundlacken, AK XXVI, 767. Cf. Metaphysik Dohna, AK XXVIII, 673 ; Rêves, AK II – Vrin, p. 50, note ; Dissertation, § 27, AK II, 412 – Vrin, p. 97-98. L’argument se trouve chez Euler : « Ce sera donc aussi une question absurde de demander en quel lieu un esprit existe ; car, dès qu’on attache un esprit à un lieu, on lui suppose une étendue. Je ne saurais dire non plus en quel lieu se trouve une heure, quoiqu’une heure soit sans doute quelque chose : ainsi quelque chose peut être sans qu’elle soit attachée à certain lieu. De la même manière je puis dire que mon âme n’existe pas dans ma tête, ni hors de ma tête, ni en quelque lieu que ce soit, sans qu’on en puisse tirer la conséquence que mon âme n’existe point du tout. […] Un esprit existe donc sans qu’il existe dans un certain lieu ; mais si nous faisons réflexion au pouvoir qu’un esprit peut avoir d’agir sur un certain corps, cette action se fait sans doute dans un certain lieu. Ainsi mon âme n’existe pas dans un certain lieu, mais elle agit dans un certain lieu », Euler, Lettres à une princesse d’Allemagne, XII, Charpentier, Paris, 1843, p. 235-236.
15 « La loi d’association est celle-ci : des représentations empiriques qui se sont souvent succédé produisent dans l’esprit l’habitude de faire surgir la seconde quand la première est suscitée. En fournir une explication physiologique est vain ; on peut se servir d’une hypothèse (qui sera elle-même une invention comme celle de Descartes à propos de ce qu’on appelle les idées matérielles du cerveau) », AP, AK VII, 119 – Vrin, trad. Foucault, p. 11.
16 Dans ses brouillons, Kant notait : « Ces fluides qui se trouvent non pas dans le cerveau mais dans les cavités de celui-ci sont beaucoup plus susceptibles que la moelle des nerfs […] de retenir, les impressions d’idées appelées ideae materiales ou de les reproduire à l’occasion après qu’elles ont été éclipsées. Ces impressions sont des traces requises aussi bien pour l’intuition que pour la remémoration, dont l’âme dispose et qui l’accompagnent dans la pensée », AK XIII, 400. Dans le Traité de l’homme, Descartes évoque « les idées qui se forment sur la superficie » de la glande pinéale (AT XI, 184). Jean Ferrari remarque que l’expression « idées matérielles » ne figure pas chez Descartes (Les Sources françaises de la philosophie de Kant, p. 34), mais Reinhard Brandt rappelle que la locution « ideae materiales » apparaît dans la version latine des Passions de l’âme (Passiones animae, § 23, 33, 35, 42). Au XVIIIe siècle, les médecins-philosophes et les métaphysiciens allemands continuent de parler d’« idées matérielles », qu’ils conçoivent moins comme des figures hiéroglyphiques que comme des mouvements complexes dans le cerveau (cf. Max Dessoir, Geschichte der neueren deutschen Psychologie, p. 226). Kant évoque cette conception non figurative de l’idée matérielle dans les Rêves : « ce qu’admettait Descartes et que la plupart des philosophes à sa suite ont approuvé : à savoir que toutes les représentations de la faculté d’imaginer s’accompagnent de certains mouvements dans le tissu nerveux, ou l’esprit nerveux, du cerveau, qu’on appelle ideae materiales, c’est-à-dire s’accompagnent peut-être du frémissement ou de la vibration de l’élément subtil sécrété par les nerfs, cette vibration étant analogue au mouvement que produirait l’impression sensible dont la représentation imaginaire est la reproduction », AK II, 345 – Vrin, trad. Courtès, p. 81. C’est ce qui explique que l’on croit sentir la pensée dans sa tête : « La cause qui fait que l’on croit sentir l’âme pensante principalement dans le cerveau est peut-être celle-ci : tout effort de réflexion requiert la médiation de signes […]. Or si l’évocation de ces signes appelés par Descartes ideae materiales consiste proprement à exciter dans les nerfs un mouvement analogue à celui que la sensation produit antérieurement, le tissu du cerveau dans la représentation sera contraint essentiellement à vibrer en harmonie avec des impressions antérieures, d’où une fatigue pour lui », Rêves, AK II, 325 – Vrin, trad. Courtès, p. 56.
17 Par mental [Gemüth] on entend seulement la faculté de composer les représentations données et de produire l’unité de l’aperception empirique (animus), pas encore la substance (anima) entièrement distincte de la matière selon sa nature. On fait donc abstraction de la substance, ce qui présente l’avantage, lorsqu’on considère le sujet pensant, de nous interdire de verser dans la métaphysique en tant qu’elle a affaire à la conscience pure et à son unité a priori dans la composition de représentations données (à l’entendement). Nous devons nous en tenir au contraire à l’imagination, dont les intuitions (même sans la présence de leur objet) peuvent être admises comme des représentations empiriques correspondant à des impressions dans le cerveau (véritable habitus de la reproduction) et appartenant à un même tout de l’intuition interne de soi-même.
18 Les ventricules cérébraux vus par Sömmerring (cf. Organ der Seele, Planches) :
19 Cf. CJ, § 65, 66, AK V, 372 sq. – GF-Flammarion, p. 364 sq. ; Principes téléologiques, AK VIII 179 – GF-Flammarion, p. 193.
20 Après avoir présenté la structure anatomique du cerveau et mis en évidence la convergence des nerfs vers les ventricules, Sömmerring conclut : « s’il y a un sensorium commune, il a alors vraisemblablement pour organe le liquide des cavités cérébrales », Organ der Seele, § 28, p. 31. La question est alors de savoir si un liquide peut être organisé ou animé, condition sine qua non pour être identifié à l’organe commun de la sensibilité. Sömmerring la qualifie de « question a priori » et cite Kant pour dire qu’elle relève de la « psychologie transcendantale » et de la métaphysique (ibid., p. 37).
21 Selon l’Encyclopédie, un fluide est « un corps dont les parties cèdent à la moindre force, et en lui cédant sont aisément mues entre elles ». Sömmerring cite sur ce point le Traité de l’équilibre et du mouvement des fluides, de d’Alembert (1744) et le mémoire d’Euler sur les Principes généraux de l’état d’équilibre des fluides (1755) (Organ der Seele, p. 74). Sur la définition kantienne du fluide, cf. Premiers principes (AK IV, 528 – Vrin, p. 104 sq.) ; CJ, § 58 (AK V, 348 sq. – GF-Flammarion, p. 336 sq.) ; OP, AK XXII, 218 ; 275 ; 423 – PUF, trad. Marty, p. 21, 23.
22 Au fluide (fluidum) s’oppose à proprement parler le rigide (rigidum), au sens où Euler emploie ce terme par opposition avec le premier. Au solide s’oppose le vide.
23 Le physicien et mathématicien Leonhard Euler (1707-1783) définit le rigide par opposition au fluide dans sa Mechanica sive motus scientia analytice exposita, I, Saint-Pétersbourg, 1736, § 98, et dans la Theoria motus corporum solidorum seu rigidorum, Greifswald, 1790, § 260. Kant reprend cette distinction dans ses cours de physique : « De la rigidité ou de la flexibilité ou de la dureté et de la souplesse. Celle-ci consiste en ce que les parties d’un corps sont déplacées (décalées) par une charge plus ou moins grande. […] Il faut distinguer en général toutes les matières en rigides et fluides, rigida et fluida (le célèbre Euler fait cette distinction et elle est très bonne) », AK XXIX, 116.
24 Kant distingue deux types d’organisation et de division des corps : mécanique et mathématique d’une part, chimique et dynamique d’autre part : « l’action qu’exercent les uns sur les autres des corps en mouvement par la communication de leur mouvement s’appelle mécanique ; celle des matières, en tant que même au repos, elles modifient mutuellement par leurs propres forces la connexion de leurs parties, est dite chimique. cette action chimique s’appelle dissolution tant qu’elle a pour effet la séparation des parties d’une matière (la division mécanique par exemple au moyen d’un coin, enfoncé entre les parties d’une matière, est tout à fait différente d’une division chimique parce que le coin n’agit pas par sa propre force), mais l’action qui a pour effet de séparer deux matières dissoutes entre elles se nomme décomposition », Premiers principes, AK IV, 530 – Vrin, trad. Gibelin, p. 107-108. (Cf. Mai Lequan, « La chimie selon Kant », in La Philosophie de Kant, PUF, 2003, p. 162.)
25 Référence aux expériences d’Antoine Laurent de Lavoisier (1743-1794). La combustion de 2/3 d’hydrogène et de 1/3 d’oxygène produit de l’eau : « nous ne balançâmes pas à en conclure que l’eau n’est point une substance simple, et qu’elle est composée poids pour poids d’air inflammable et d’air vital », Lavoisier, « Mémoire dans lequel on a pour objet de prouver que l’eau n’est point une substance simple », in Mémoires de l’Académie royale des sciences, année 1781, publié en 1784, p. 473). Kant se convertit à partir des années 1790 à la chimie de Lavoisier, dont il reprend les principaux acquis théoriques : « décomposition de l’eau, combustion-oxydation, matière calorique, chimie des gaz, classification des éléments », Mai Lequan, op. cit., p. 187, qui signale toutefois la prudence de cette adhésion (cf. Géographie, AK IX, 184).
26 Concept opposé au « phlogistique » de Stahl, le calorique désigne dans la chimie de Lavoisier la « matière de la chaleur », fluide substantiel qui modifie l’état des matières qu’il imprègne : « solidité, liquidité, élasticité, sont trois états différens de la même matière, trois modifications particulières, par lesquelles presque toutes les substances peuvent successivement passer, et qui dépendent uniquement du degré de chaleur auquel elles sont exposées, c’est-à-dire, de la quantité de calorique dont elles sont pénétrées » (Lavoisier, Traité élémentaire de chimie, Paris, Cuchet, 1789, p. 31). Lavoisier établit un rapport entre les notions de gaz, de base et de calorique : « Le mot gaz est donc pour nous un nom générique, qui désigne le dernier degré de saturation d’une substance quelconque par le calorique ; c’est l’expression d’une manière d’être des corps. Il s’agissoit ensuite de spécifier chaque espèce de gaz, et nous y sommes parvenus en empruntant un second nom de celui de sa base. Nous appellerons donc gaz aqueux, l’eau combinée avec le calorique, et dans l’état de fluide élastique aériforme » (ibid., p. 54). Cf. CJ, § 58, AK V, 348 – GF-Flammarion, p. 336 ; Géographie, § 34, AK IX, 221 – Aubier, p. 130 ; OP, AK XXI, p. 498 sq. – PUF, p. 24, p. 71.
27 Pour l’usage du concept de matière de la lumière chez Lavoisier, voir notamment ses « Réflexions sur le phlogistique », in Histoire de l’Académie royale des sciences (1783), 1786, p. 505 sq. Chez Kant, cf. OP, AK XXII, 214.
28 Sömmerring conteste ce point : « Je me suis bien gardé de vouloir résoudre le problème précis posé par Haller », Lettre 677 – AK XII, 40. Sömmerring citait pourtant dans son traité les Éléments de physiologie de Haller afin d’indiquer les critères auxquels devait se conformer une partie du corps pour pouvoir être identifiée au siège de l’âme. Cf. Haller, Elementa physiologiae corporis humani, Lausanne, 1757-1766, IV, p. 395 (cité par Sömmerring, op. cit., § 59, p. 65). Dans son brouillon, Kant écrivait : « La recherche n’est pas physiologique, mais bien métaphysique, car il s’agit bien de l’objet du sens interne […] c’est ce qu’indique la citation de Haller au § 59, le problème du sensorium commun consistant à servir de sous-bassement à l’unité de la conscience », AK XIII, 412.
29 « Tu n’y réussiras pas plus que si tu essayais de déraisonner raisonnablement », Térence, Eunuque, I., sc.1.
30 « … on ne peut […] attribuer à l’âme qu’un rapport dynamique, une virtualité à l’égard du corps, et ce n’est qu’en vertu de ce nexus dynamici qu’elle est en lien avec lui », Metaphysik Vigilantius, 1794-1795, AK XXIX, 1028. Cf. note 12, p. 248.