Ernst Ludwig Kirchner,
Rue à Dresde, 1907-1908.
Huile sur toile, 150,5 x 200,4 cm.
The Museum of Modern Art, New York.
D’autres eurent des carrières tragiquement courtes, nous laissant imaginer la façon dont aurait évolué leur Œuvre. Paula Modersohn-Becker et Richard Gerstl disparurent avant même que le terme ne soit entré dans l’usage. Avant la fin de l’année 1914, le peintre August Macke et les poètes Alfred Lichtenstein et Ernst Stadler étaient morts au champ de bataille. Un autre poète, Georg Trakl, absorba une overdose de cocaïne, incapable de surmonter les horreurs endurées dans une unité médicale de Pologne pendant son service militaire. Franz Marc tomba en 1916. À Vienne, le jeune Egon Schiele ne survécut pas à l’épidémie de grippe dévastatrice de 1918, et Wilhelm Lehmbruck demeura tellement traumatisé par l’expérience de la guerre, qu’il se suicida à Berlin en 1919.
Il est plus facile de déterminer ce que l’expressionnisme n’était pas que ce qu’il était. Assurément, l’expressionnisme n’était pas une entité cohérente et uniforme. Contrairement aux futuristes de Marinetti en Italie, qui fondèrent et proclamèrent haut et fort l’identité de leur groupe, il n’existait pas de communauté unifiée d’ « expressionnistes ». Néanmoins, à la différence des petites entités réunissant les peintres « Fauves » ou « cubistes » en France, les « expressionnistes » de l’une ou l’autre tendance étaient si nombreux à travers les arts, qu’on a parfois qualifié cette période de l’histoire culturelle allemande de « génération expressionniste ».