18

Lorsque le portier appela Wendy pour lui annoncer que sa sœur était dans le hall, elle se sentit tout excitée à l’idée de voir Violet la queue entre les jambes, ou, encore mieux, en mode combat. Elles allaient peut-être enfin avoir une vraie conversation pour la première fois depuis dix ans. Mais ce fut à Liza qu’elle ouvrit la porte une minute plus tard, une Liza blême et hagarde.

« Ryan m’a quittée. »

Wendy ne put s’empêcher de faire le parallèle avec Violet qui, quinze ans plus tôt, lui avait annoncé à peu près la même chose : Rob m’a quittée et je suis enceinte, même si, bien sûr, la situation était assez différente. Car si la nouvelle était terrible et que Wendy et Liza s’entendaient plutôt bien, elles n’avaient jamais été proches, en tout cas pas au point de se pointer en pleine crise sans prévenir.

« Jolie entrée en matière, dit-elle en faisant entrer Liza. Tu veux… de l’eau ? Un déca ? De l’arsenic ? »

Liza fit signe que non et alla s’asseoir en tailleur sur le canapé.

« Je suis désolée de débarquer comme ça. Mais je n’avais nulle part où…

– Pardon ? dit Wendy d’un ton moqueur, comme toujours, mais uniquement pour cacher qu’elle était vexée. Je suis donc ta première planche de salut en cas d’urgence ? La personne la plus sage et la plus équilibrée de ton entourage ? »

Liza eut un petit sourire. Wendy s’installa près d’elle.

« Qu’est-ce qui s’est passé ?

– Je ne sais pas trop. Beaucoup de choses.

– Genre, il est parti pour de bon ?

– Hier soir. Il va vivre dans le Michigan.

– Putain. Et pourquoi là-bas ?

– Il a un ami ingénieur du vent, ou quelque chose dans ce genre. » Liza secoua la tête très fort, comme un enfant qui refuse catégoriquement l’idée d’une punition.

« Ça a un rapport avec le fait que tu sentes le déodorant pour homme ? »

Liza s’empourpra.

« J’ai mis celui de Ryan. L’odeur du sien est moins amétique que le mien.

– Émétique », la corrigea Wendy car, depuis toujours, avec un père médecin, elles se battaient quant à la précision des termes médicaux.

Elle se souvint de Miles qui, au début de leur mariage, corrigeait ses phrases. Dans ces moments-là, il ressemblait tellement à son père qu’elle le menaçait de faire annuler leur union. Pour plaisanter, bien sûr.

« Regarde-toi. Tu es dans tous tes états et, en plus, tu mets un déodorant pour homme. » Sa sœur sourit à peine, et Wendy comprit qu’elle allait trop loin. Les gens réagissaient souvent mal à ses plaisanteries. « Dis-lui de revenir tout de suite. S’il ne comprend pas que c’est important, je m’en charge pour toi. » Elle se tut en pensant à Miles – non qu’elle ne pensait pas tout le temps à lui, puisqu’il était parti avec la moitié de son âme en lui laissant la moitié de la sienne. « Miles et moi, on a eu une terrible dispute au début de ma grossesse au sujet des humidificateurs. » Elle se revit face à lui dans la nurserie en travaux avec aux murs un papier peint inspiré des dessins de Richard Scarry. À l’époque, Wendy était moins avancée dans sa grossesse que Liza. Elle avait insulté son mari au sujet de la toxicité potentielle de l’air humidifié, car Miles avait imprimé un article trouvé sur Internet qu’il agitait devant le visage de sa femme en disant que ça ne polluait pas l’air, mais le purifiait au contraire, et que tout le monde dormirait mieux s’ils en installaient un près du berceau. « C’était débile, dit-elle. Mais il est parti pendant genre six heures. Quand il est rentré à onze heures du soir, je lui ai dit que, s’il m’avait quittée, il aurait fait preuve de lâcheté génétique.

– De lâcheté génétique ?

– Quand un homme quitte une femme enceinte, ça signifie qu’il est un maillon faible de la chaîne de l’évolution. Les disputes, ça arrive. Ce qui compte, c’est que Ryan revienne.

– Je ne suis pas sûre de vouloir qu’il revienne, annonça calmement Liza. Je ne suis pas sûre qu’un de nous deux le veuille. Je me dis que c’est peut-être mieux comme ça.

– C’est une déclaration terriblement fataliste.

– En réalité, j’essaie surtout d’être réaliste.

– Ça pourrait revenir au même, dit-elle en serrant le genou de Liza. Mon Dieu, c’est dur d’être un humain, hein ? »

Sa sœur se contenta de hocher la tête.

« Des fois, je ne sais même plus comment faire, continua Wendy. Tout est tellement nul, et nous, rien d’autre que des bébés géants qui s’imaginent maîtriser leur destin. À part nos propres parents, qui sont tellement heureux qu’ils me donnent envie de me mettre la tête dans le four.

– Tu… es sérieuse ? demanda Liza d’un ton tout à coup sévère.

– Définis sérieuse.

– Je voulais dire qu’on aurait tous compris », ajouta Liza.

Wendy encaissa cette affirmation sans broncher puis regarda sa sœur, qui donnait l’impression d’avoir pris des champignons hallucinogènes.

« Mon Dieu, Liza, tu plaisantes, j’espère ?

– Non, enfin, si… Ce que je voulais dire, c’est qu’à ta place, on serait… Vu comme tu as souffert, ce serait une réaction normale. À cause du trauma. Que tu perdes toute envie de…

– Tu es en train de me dire que tu comprendrais si je me foutais en l’air ?

– Non, juste que ce serait… Wendy, arrête de m’acculer.

– Rassure-moi, dans ton boulot, on ne te demande pas de soigner des gens, n’est-ce pas ?

– Pas vraiment.

– Ouf. Je plaisantais. Mais si on parlait plutôt de toi. Qui, pour une fois, semble en plus mauvaise posture que moi. »

Liza s’effondra. Et une fille-mère de plus au bord de la crise de nerfs sur son canapé.

« Je ne vais jamais m’en sortir toute seule. Je croyais être soulagée parce que… ces derniers temps, Ryan allait si mal. Il a résisté un moment, puis il est devenu totalement amorphe. J’avais l’impression d’avoir déjà un enfant et je m’inquiétais de sa capacité à devenir père, mais maintenant qu’il est parti, je ne sais plus où j’en suis. Et au travail, c’est le pire moment. Tout le monde s’imagine que j’ai attendu d’avoir un poste pour tomber enceinte. Si tu voyais les regards que me lance mon chef de département. J’ai l’impression d’être radioactive.

– Ça va s’arranger, dit Wendy.

– Il y a en moi un être à qui je suis censée donner la vie. » Wendy regarda Liza se rendre compte de la portée de ses propos. Puis sa sœur posa une main sur son ventre, comme pour s’excuser auprès de son bébé, et enfin attrapa le poignet de Wendy, ce que leur mère faisait parfois quand elle voulait insister sur quelque chose. « Mon Dieu, Wendy, je suis désolée… Je ne voulais pas…

– Ne t’en fais pas.

– Je voulais juste dire que…

– Que tu es perdue, déclara Wendy. Mais ça va aller, Lize. Nos parents sont fous de joie à l’idée de cette naissance, ils vont te proposer de l’aide. Et Violet sautera sur toutes les occasions pour te balancer des conseils et te rappeler combien elle est plus intelligente que toi. Quant à moi, je ne suis pas non plus totalement hors jeu. Je peux le gâter, ce bébé. Je n’arrête pas de voir cette jupe-culotte pour nouveau-né dans la vitrine de chez Dior. Je serai peut-être assez ridicule pour te l’offrir. »

Peu après que Wendy fut tombée enceinte, Miles était rentré avec une grenouillère taille adulte à l’effigie des Cubs achetée à proximité du stade et, pour la première fois, c’était devenu réel : son bébé aurait un père dévoué et aimant. Elle déglutit.

« Il y a un paquet de monde prêt à s’occuper de ton enfant, Liza. Tu le sais, non ?

– J’avais juste… cette image. De notre enfance. On a toutes envie que nos enfants connaissent ça.

– Mouais, question de point de vue, rétorqua Wendy. Mais la vie ne se passe pas toujours comme on aimerait. »

Liza marqua une pause.

« Je n’ai jamais dit qu’on ne t’en voudrait pas si…

– Je me foutais en l’air ? Merci, Lize.

– Tu comprends ?

– Je comprends que tu voulais me dire que j’ai eu des coups durs. Ce qui va dans mon sens. On souffre, parfois les gens disparaissent et, au final, on peut quand même se retrouver assez riche pour habiter dans le même immeuble qu’Oprah Winfrey.

– Je croyais qu’elle avait quitté Chicago ?

– Ça, c’est la version officielle.

– Oprah Winfrey n’habite pas dans ton immeuble, Wendy.

– Si tu continues sur cette voie, tu peux dire adieu à l’imperméable Burberry que je comptais offrir à ton bébé. »

Liza sourit.

« Je suis venue te voir dans l’espoir que tu me donnes l’illusion, un instant, que tout allait bien se passer.

– Et ? »

Liza lui reprit la main et, cette fois, refusa de la lâcher.

« Merci, Wendy. »

 

Il y avait du nouveau : Grace était attirée par un garçon, de plus elle gagnait suffisamment d’argent pour payer son loyer et s’acheter un avocat par trimestre ou des tampons hygiéniques de marque, si jamais elle avait envie de faire une folie. C’était bien peu, certes, mais ça avait son importance, alors elle avait décidé de se concentrer là-dessus. Elle passait régulièrement chez Orion en fin de journée. Elle avait rapidement établi l’emploi du temps de Ben, ce qui relevait soit d’un sentiment amoureux, soit d’un penchant inquiétant. Elle s’asseyait au comptoir, laissant ses jambes pendre du haut du grand tabouret, et ils se mettaient à discuter de tout et de rien – de la série The Adventures of Pete & Pete, sous-estimée à leurs yeux, de l’étrange patron hautboïste de Grace, des histoires entre joueurs dans l’équipe de foot amateur de Ben. Et là, chose merveilleuse, les heures se mettaient à filer : tout à coup, Grace jetait un coup d’œil à sa montre, et il était vingt-deux heures. Même si ça ne faisait que renforcer l’idée que le reste du temps s’écoulait trop lentement avant de sombrer dans un grand trou noir.

Quand elle téléphonait à sa famille, sa situation se rappelait douloureusement à elle. Loin des siens, elle réussissait le plus souvent à l’oublier, ou du moins à flouter les contours, comme quand elle regardait Netflix sans lentilles de contact. Elle tentait d’espacer les communications avec ses parents et ses sœurs, ce qui était bien plus facile avec ces dernières qu’avec Marilyn et David. C’était une période où chacune de ses sœurs semblait au summum de leur égoïsme, alors que ses parents l’appelaient au minimum une fois par semaine.

« Ma caille, dit sa mère quand Grace décrocha. Le son de cette petite voix me manquait. »

C’était un samedi en fin de journée. Grace venait de se faire un masque pour les cheveux avec deux œufs périmés depuis plus d’une semaine. Elle se cala contre le mur près du réfrigérateur, à la recherche de stabilité.

« Je n’ai pas une petite voix. J’ai une voix normale », protesta-t-elle. Elle se tut un instant, puis ajouta : « Désolée.

– J’appelle au mauvais moment, mon cœur ? demanda sa mère avec un rire circonspect.

– Non, non. Désolée, maman, c’est bon d’entendre ta voix.

– Papa et moi avons passé une grande partie du dîner à nous dire que tu nous manquais vraiment. Tu as beaucoup de travail ? J’ai vu qu’il pleut depuis une semaine, chez toi.

– Oui, je suis assez prise. Mais comment tu sais qu’il pleut ici ?

– Papa et moi avons mis ta météo en favori sur nos téléphones. »

C’étaient les paroles les plus gentilles qu’elle avait entendues depuis un bon moment. Il y avait donc sur terre des gens qui se souciaient qu’elle souffre de pluies excessives. Elle se passa une main dans les cheveux en se demandant s’ils étaient plus doux, si Ben remarquerait qu’ils brillaient davantage, ce que ça ferait s’il lui passait la main dedans puis continuait sur son dos. Ils allaient parfois boire une bière quand il avait terminé son service au café. La veille au soir, il lui avait retiré une poussière sur sa manche de chemise. Surprise par cette intimité soudaine, elle avait sursauté, et Ben s’était excusé en riant, mais elle avait l’impression de sentir encore son contact sur son bras tandis que sa mère déblatérait sur la quincaillerie et les arts martiaux de Jonah.

Grace déglutit. Pour la première fois de sa vie, elle s’intéressait au sexe. Elle avait emprunté en cachette D.H. Lawrence, Catulle et Lolita à la bibliothèque. Elle était même allée jusqu’à taper un mot honteux, porno, sur son ordinateur avant de refermer le couvercle d’un geste horrifié. Et elle pensait de façon obsessionnelle au corps de Ben, à la façon dont son T-shirt moulait ses épaules, aux poils sombres qu’elle avait un jour aperçus sur son bas-ventre quand il tendait le bras pour saisir un paquet de café en grains sur une étagère, à son odeur quand il était proche. Elle avait lu que certains garçons étaient capables de savoir si une fille était vierge, ce qui, bien sûr, la mortifiait.

« Avant que j’oublie », dit sa mère, ce qui la ramena d’un coup à la réalité. « Je voulais te donner mon nouveau numéro de carte de crédit pour que tu puisses prendre ton billet d’avion pour Noël. »

Grace ne pensait plus aux vacances à venir. Elle avait évité Thanksgiving en prétextant un important examen de mi-semestre, mais Noël lui était complètement sorti de la tête. Elle rêvait de voir sa famille, la maison lui manquait follement. Elle aurait adoré passer deux semaines à Fair Oaks, à câliner le chien, dormir jusqu’à midi et se goinfrer des sandwiches au fromage fondu de sa mère. Elle avait envie de voir Liza, aussi, elle voulait entendre de sa bouche comment c’était, d’être enceinte. Elle voulait boire un verre de bon vin sur le canapé de Wendy pendant que cette dernière, un peu pompette, achetait des sacs à main hors de prix sur Internet. Elle aurait aimé aller faire des courses avec son père, jouer au jeu de l’oie avec ses neveux et rencontrer enfin Jonah, ce mystérieux neveu secret déjà si bien intégré à la famille et porté aux nues d’une façon qui la rendait jalouse. L’arrivée de Jonah la privait de l’avantage d’être la petite dernière, elle changeait la donne et ne faisait que couper davantage Grace de sa famille.

Mais un sandwich au fromage impliquait de s’asseoir à la table de la cuisine avec sa mère et de devoir lui mentir en face, impliquait aussi que tout ce qu’elle raconterait à son nouveau neveu serait teinté de mensonge. Et puis, ses sœurs avaient un incroyable talent pour lui tirer les vers du nez. Tous ces risques lui parurent monstrueux. Grace ne pourrait pas garder son secret, la vérité allait surgir, sans doute très vite. Elle n’arrivait pas à croire qu’ils ne sachent toujours rien, qu’elle n’ait aucun projet pour l’année à venir, par exemple se présenter de nouveau aux examens d’aptitude en droit, ou bien candidater dans des facs moins réputées, voire opérer un courageux déménagement à San Francisco afin de rejoindre sa riche amie Caitlin et de prendre un poste sans qualification dans le marketing. Elle n’avait rien fait de tout ça et s’enfonçait toujours plus dans le mensonge chaque jour, ce qui diminuait davantage encore son champ d’action.

« Maman, dit-elle sans le vouloir, d’une petite voix, à présent.

– Qu’est-ce qu’il y a, ma caille ? » Sa mère parut inquiète, mais s’interrompit le temps de dire : « Chéri, je suis au téléphone avec Grace. Tu peux demander ça à David ? »

Elle parlait très certainement à Jonah, son enfant de substitution, celui qui comblait l’espace vacant laissé par Grace à un âge où il était encore normal qu’on s’occupe de lui.

« Tout va bien mon canard ? » reprit-elle.

Grace s’éclaircit la gorge.

« Oui. Je m’en veux, mais…

– Bien sûr que tu viens pour Noël », la coupa sa mère, une affirmation qui était cependant aussi un peu une question.

« C’est que… j’ai eu une proposition de la part d’amis que je peux difficilement refuser. »

En un instant, Grace s’imagina des amis bien nés qui passaient leurs vacances dans des chalets à la montagne.

« Je vais au ski. Avec des amis de la fac.

– Quels amis ? »

Elle tenta d’ignorer la façon dont la voix de sa mère se fanait d’un coup.

« Euh… Emily. » Grace avait déjà parlé d’Emily, une bisexuelle imaginaire du Wisconsin rencontrée en cours de littérature. « Et Sharon. » Mais d’où ça sortait ? Qui, à part quelqu’un né en 1960, s’appelait Sharon ? Elle allait maintenant devoir alimenter ce mensonge. C’était l’un des inconvénients de la duperie, cette nécessité constante d’avoir sans cesse dix longueurs d’avance.

« Leurs parents ont une maison dans les Alpes.

– Les Alpes ? En Europe, tu veux dire ? »

Merde, merde, merde.

« Non, pardon, à Aspen. Désolée, je suis fatiguée.

– Eh bien, ma chérie ! » Sa mère était indéniablement triste, mais faisait de son mieux pour mimer l’enthousiasme. « Ça paraît merveilleux. Même si je ne t’ai pas vue depuis des siècles. Tu me manques tellement. »

Cette impression qu’il serait si facile de tout dire, là, puis de sauter dans le premier vol de nuit vers Chicago et de laisser ses parents reprendre sa vie en main. À cet instant, son téléphone bipa. Elle l’éloigna de son oreille et lut : Dispo ? Un verre au Comeback à 8 h ? Chaque fois que son écran affichait le nom de Ben, elle sentait une porte s’ouvrir en elle, et ça lui donnait le sentiment d’être encore en vie. Elle rapprocha son téléphone de son oreille.

« Moi aussi, tu me manques », dit-elle. Si elle réfléchissait trop longtemps, elle allait être prise de vertiges. « Et je suis vraiment désolée de rater Noël, mais… c’est important que je me fasse de nouveaux amis ici. Depuis que les gens que je fréquentais à Reed sont partis, je…

– Bien sûr, l’interrompit sa mère. Bien sûr que c’est important. De toute façon, la famille sera réduite à sa portion congrue. Violet et Matt vont à Seattle. Et toi, tu as ta vie à vivre, ma caille. Papa et moi, on est là quand tu veux. »

Il y avait un inconvénient à avoir les parents les plus merveilleux du monde : la culpabilité. Grace ravala la boule dans sa gorge.

Je suis désolée d’être une fille aussi nulle, ne dit-elle pas.

« Je dois y aller, maman, j’ai rendez-vous avec une amie pour prendre un verre.

– Bien sûr, amuse-toi, ma chérie. Je t’aime.

– Moi aussi », dit-elle en raccrochant.

Elle envoya à Ben un sms : 20’, et sortit dans le brouillard glacial avant d’avoir le temps de se dire qu’elle était vraiment devenue un monstre.