Robinson joue gentiment à côté de moi dans la chambre. Comme je suis fatigué, j’ôte mes chaussures et m’étends sur mon lit, un livre à la main, une bonne bande dessinée, tiens, pour varier un peu les plaisirs, Le train où vont les choses, dernier album de Philémon publié par Fred juste avant de mourir. Robinson s’approche alors de mes pieds et se met à les renifler avec ardeur. Une grimace chiffonnant son si joli petit visage me confirme ce que je savais déjà : les effluves qui émanent des extrémités de mes membres inférieurs n’ont rien d’un parfum hespéridé. Leur note de fond comme leur note de cœur n’appartiennent certes pas à la famille olfactive des semi-ambrés fleuris. Mais, pour être mauvaise, cette odeur n’en est pas moins intrigante, ou intéressante, ou attirante ou que sais-je : par trois fois, Robinson vient y goûter derechef, comme s’il s’agissait de la senteur du santal, du No 5 de Chanel ou de L’Eau d’Issey.