Aux terrasses des cafés

Dans la ville se peuplent les terrasses en raison exacte de la clémence du temps. Main dans la main de Robinson, je passe devant des dizaines d’hommes et de femmes assis qui devant une bière, qui devant un vin rosé, qui devant une néo-limonade d’origine américaine. Par prudence, je me place entre Robinson et les tables que nous longeons, de peur que mon fils ne s’empare d’un verre vide ou plein, d’un cendrier ou d’un paquet de cigarettes. La permanence de mon souci paternel contraste avec la détente apparente de mes contemporains attablés, par deux ou par groupe, sous le premier soleil du printemps.

Suis-je jaloux de leur insouciance, de leur inaction, de leur verre de bière ? Il me semble que non : mon existence est si pleine que je n’ai guère le temps de m’en imaginer une autre. Je suis dans ma vie avec Robinson comme un oui-autiste est dans sa bulle autistique, sans dehors, sans extérieur, sans convoitise.